Chapitre 6 Chapitre 6

La lumière tamisée du bureau de Gabriel baignait la pièce dans une aura mystérieuse, les lourds rideaux de velours filtrant les derniers rayons du soleil. Léa hésitait devant la porte entrouverte, son cœur battant à tout rompre. Elle savait qu'elle ne devrait pas être là, mais la curiosité l'emportait sur la prudence. Les derniers jours avaient été un tourbillon de mystères non résolus, et son intuition lui soufflait que les réponses se trouvaient ici, cachées parmi les documents soigneusement rangés de Gabriel.

Elle entra à pas feutrés, refermant la porte derrière elle pour étouffer tout bruit. Ses doigts glissèrent sur le bois poli du bureau, s'attardant sur les dossiers empilés, les lettres soigneusement classées, les notes éparpillées. Elle commença à fouiller méthodiquement, ses gestes rapides mais silencieux. C'est alors qu'elle la vit, une enveloppe noire distincte des autres, glissée sous un livre épais.

Léa tendit la main, son souffle court, et tira lentement l'enveloppe. Elle portait le sceau familier de Gabriel, mais le papier semblait plus usé, plus ancien. Elle sentit une montée d'excitation mêlée de crainte. Qu'allait-elle découvrir ?

Ses doigts tremblants brisèrent le sceau, révélant une lettre écrite à la main, les mots tracés d'une encre noire élégante mais légèrement tremblante, comme si l'écrivain avait été pris par l'émotion. Avant qu'elle ne puisse lire la première ligne, un bruit dans le couloir la fit sursauter.

« Léa ? »

La voix de Gabriel, basse mais teintée d'une pointe d'agacement, résonna derrière la porte. Elle rangea précipitamment la lettre dans l'enveloppe et tenta de la remettre à sa place, mais ses mains étaient maladroites sous la pression. La poignée de la porte tourna, et elle eut juste le temps de se redresser, un air faussement innocent sur le visage.

Gabriel entra, ses yeux sombres scrutant immédiatement la pièce. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il, son ton glacial.

Léa haussa les épaules, jouant l'insouciance. « Je cherchais un livre. Tu as tellement d'ouvrages fascinants, Gabriel. »

Il ne sembla pas convaincu, son regard passant des livres éparpillés sur le bureau à l'expression nerveuse de Léa. « Les livres que tu cherches sont dans la bibliothèque, pas ici, » répondit-il sèchement, croisant les bras.

« Peut-être, » murmura-t-elle, détournant les yeux. « Mais je me disais que je pourrais trouver quelque chose d'intéressant ici. »

Gabriel fit un pas vers elle, son aura dominante envahissant la pièce. « Léa, je t'ai déjà dit que certaines choses ici ne te concernent pas. »

Elle releva le menton, défiant son regard. « Et pourquoi pas ? Tu ne peux pas continuer à tout cacher, Gabriel. »

Un silence tendu s'installa entre eux, et pendant un instant, Léa pensa qu'il allait céder, qu'il allait lui dire quelque chose, n'importe quoi. Mais il se contenta de secouer la tête, un mélange d'exaspération et de frustration dans ses yeux.

« Sors d'ici, » ordonna-t-il finalement, sa voix plus basse mais tout aussi ferme.

Léa quitta la pièce, le cœur lourd mais déterminée. Elle avait senti quelque chose dans son regard, une fissure dans son armure. Gabriel lui cachait des secrets, mais il ne pourrait pas les garder éternellement.

Le lendemain, il devint encore plus strict, renforçant les règles, lui imposant des limites qu'elle trouvait étouffantes. Il surveillait ses moindres déplacements, ses conversations, et même ses lectures.

« Tu ne fais pas ça pour me protéger, Gabriel, » lui lança-t-elle au dîner, où ils étaient seuls. « Tu fais ça pour te protéger toi-même. »

Il posa lentement sa fourchette, ses yeux perçant les siens. « Tu ne comprends pas ce que tu dis, Léa. Ce monde n'est pas aussi simple que tu le crois. »

« Alors explique-le-moi ! » s'écria-t-elle, sa voix tremblante d'émotion. « Arrête de me traiter comme une enfant. »

Mais il resta silencieux, reprenant son repas comme si de rien n'était, un mur infranchissable entre eux.

Plus tard dans la journée, Camille vint la trouver. Leur relation, autrefois marquée par la méfiance, semblait évoluer. Camille, toujours souriante mais plus distante, s'assit près de Léa dans le jardin.

« Tu sembles troublée, » observa-t-elle.

Léa hésita avant de répondre. « Gabriel devient de plus en plus strict. C'est insupportable. »

Camille la regarda longuement avant de hocher la tête. « C'est sa façon de gérer les choses. Il pense qu'en contrôlant tout, il peut éviter les drames. »

« Et toi, tu le défends ? » demanda Léa, un brin accusatrice.

Camille haussa les épaules. « Je comprends ses motivations, mais ça ne veut pas dire que je les approuve. »

Léa sentit une pointe de doute l'envahir. Camille jouait-elle un double jeu ? Ou essayait-elle simplement de l'aider ?

Cette étrange proximité avec Camille ajouta une couche de confusion à son quotidien déjà chaotique, mais cela ne l'empêcha pas de concocter une nouvelle stratégie. Si Gabriel voulait ériger des barrières, elle allait les briser, une à une.

Ce soir-là, elle enfila une robe rouge audacieuse, moulante et provocante, qu'elle avait achetée sur un coup de tête. Lorsque Gabriel la vit descendre les escaliers, son regard se durcit instantanément.

« Où comptes-tu aller, habillée comme ça ? » demanda-t-il, sa voix trahissant une colère qu'il peinait à contenir.

Léa sourit doucement, un mélange d'innocence et de défi. « Juste au salon. Est-ce interdit maintenant ? »

Il serra les mâchoires, ses poings se crispant légèrement. « Tu sais très bien ce que tu fais, Léa. »

« Peut-être, » répondit-elle en s'asseyant gracieusement sur le canapé, croisant les jambes avec une lenteur calculée. « Mais tu devrais être fier. Après tout, je suis juste ta protégée. »

Il fit un pas vers elle, et pendant un instant, elle crut qu'il allait exploser. Mais au lieu de cela, il s'arrêta, reprenant le contrôle de lui-même avec une difficulté évidente.

« Tu joues à un jeu dangereux, » murmura-t-il, sa voix basse mais lourde de signification.

Elle haussa les épaules, feignant l'indifférence, mais son cœur battait à tout rompre. « Peut-être que c'est toi qui as fixé les règles de ce jeu, Gabriel. »

Un silence tendu s'installa entre eux, rempli d'émotions non dites et de désirs inavoués. Puis, sans un mot, il quitta la pièce, la laissant seule mais triomphante.

Léa savait qu'elle avait franchi une ligne, mais elle ne regrettait rien. Elle était prête à aller plus loin, à tester les limites de Gabriel jusqu'à ce qu'il craque. Après tout, les secrets ne pouvaient pas rester enfouis pour toujours.

            
            

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