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Le bruit des talons de Gabriel résonnait dans le grand salon alors qu'il entrait, une enveloppe en main et une expression indéchiffrable sur son visage. Léa, qui feuilletait distraitement un magazine sur le canapé, releva la tête, curieuse. Il s'arrêta devant elle, la dominant de toute sa hauteur, et tendit l'enveloppe sans un mot.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle, fronçant légèrement les sourcils, hésitante.
« Une invitation pour le gala annuel de l'entreprise, » répondit-il d'un ton neutre, comme s'il annonçait une formalité. « Tu seras à mes côtés cette année. »
Le cœur de Léa fit un bond. Ce gala était l'un des événements les plus prestigieux de la région, où se réunissaient les hommes et femmes les plus influents. Gabriel, toujours discret sur sa vie personnelle, n'y avait jamais emmené quelqu'un d'aussi proche de lui. Elle se redressa, fixant l'enveloppe comme si elle contenait un secret précieux.
« Pourquoi cette année ? » osa-t-elle demander, bien qu'une partie d'elle redoutait la réponse.
« Il est temps que le monde sache qui tu es pour moi, » répondit-il, croisant les bras. « Pas comme une enfant à protéger, mais comme quelqu'un qui a sa place à mes côtés. »
La déclaration fit vibrer quelque chose en elle, une chaleur inattendue, mais aussi une confusion qu'elle peinait à dissimuler. Elle hocha simplement la tête, murmurant un « D'accord » qui sonnait plus incertain qu'elle ne l'aurait voulu.
Le reste de la journée se déroula dans une étrange torpeur. Léa essayait de ne pas s'attarder sur ce que cette invitation signifiait, mais chaque fois qu'elle y pensait, son esprit revenait à la mystérieuse Camille. Était-ce pour elle que Gabriel faisait cela ? Voulait-il simplement afficher une image respectable au milieu de ses affaires ? Ces questions la rongeaient.
En fin d'après-midi, alors qu'elle descendait les escaliers pour aller chercher un livre dans la bibliothèque, elle entendit des voix provenir du bureau de Gabriel. La porte était légèrement entrebâillée, et bien que tout en elle lui criait de continuer son chemin, elle s'arrêta.
« Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, Gabriel, » disait Camille, sa voix douce et teintée d'un amusement presque provocateur.
« Ce n'est pas une question de choix, Camille, » répondit Gabriel, visiblement tendu. « C'est nécessaire. »
Léa s'approcha lentement, son souffle suspendu. À travers l'ouverture, elle vit Camille s'appuyer nonchalamment contre le bureau, son sourire étiré alors qu'elle jouait avec un stylo entre ses doigts. Gabriel était debout face à elle, ses bras croisés, mais son visage trahissait une frustration qu'il ne laissait que rarement paraître.
« Nécessaire ? » répliqua Camille en s'approchant, réduisant l'espace entre eux. « Ou bien est-ce une façon de te convaincre que tu as encore le contrôle ? »
Léa sentit une montée d'adrénaline. Cette proximité, cette tension palpable entre eux... c'était insupportable. Elle se détourna brusquement, sentant une vague de colère et de jalousie s'emparer d'elle. Elle monta les escaliers à toute vitesse, le cœur battant à tout rompre.
Une fois dans sa chambre, elle se laissa tomber sur le lit, les poings serrés. Elle ne pouvait pas continuer ainsi, à être témoin de ce qu'elle ne comprenait pas mais qui l'affectait si profondément. Camille... cette femme était tout ce qu'elle n'était pas : sophistiquée, sûre d'elle, séduisante.
Léa se leva soudain, déterminée. Elle se dirigea vers son miroir et observa son reflet avec un regard critique. Ses cheveux, toujours attachés en une queue-de-cheval simple, encadraient un visage qu'elle jugeait trop jeune, trop naïf. Ses vêtements confortables et discrets ne faisaient rien pour mettre en valeur sa silhouette. Si Gabriel la voyait toujours comme une enfant, c'était parce qu'elle continuait à se présenter comme telle.
Elle fouilla dans son Armoire, sortant des robes qu'elle n'avait jamais osé porter, des chaussures à talons qu'elle avait achetées sur un coup de tête mais jamais utilisées. Elle passa une heure à expérimenter, à se maquiller, à laisser ses cheveux tomber en vagues naturelles sur ses épaules. Lorsque finalement elle se redressa devant le miroir, elle ne reconnut presque pas la jeune femme qui lui faisait face.
Le lendemain matin, elle descendit dans la salle à manger avec une nervosité qu'elle cachait sous un masque d'assurance. Gabriel était déjà là, comme à son habitude, lisant un dossier tout en sirotant son café. Lorsqu'il leva les yeux et la vit entrer, son regard se figea une fraction de seconde.
« Léa ? » murmura-t-il, incapable de dissimuler sa surprise.
Elle s'assit à table, feignant l'indifférence, bien que son cœur tambourinait dans sa poitrine. « Oui ? » répondit-elle, un sourire léger aux lèvres.
Il posa son dossier, ses yeux scrutant chaque détail de son apparence. Ses cheveux, son maquillage subtil mais sophistiqué, la robe ajustée qui soulignait sa silhouette... Elle n'était plus l'adolescente qu'il avait toujours vue.
« Tu es différente ce matin, » dit-il finalement, sa voix plus basse qu'à l'accoutumée.
« Peut-être que j'ai juste décidé d'arrêter de me cacher, » répliqua-t-elle, son ton teinté d'un défi qu'elle ne s'était jamais permis auparavant.
Gabriel la regarda longuement, comme s'il essayait de comprendre quelque chose qui lui échappait. Mais au lieu de répondre, il se leva, prenant sa tasse de café. « Ne sois pas en retard pour le gala ce soir, » dit-il avant de quitter la pièce, sa posture raide, ses mouvements presque nerveux.
Léa resta là, seule, un mélange de satisfaction et de confusion dans le cœur. Elle avait réussi à attirer son attention, mais ce qu'elle avait vu dans ses yeux n'était pas exactement ce à quoi elle s'attendait. C'était autre chose, quelque chose de plus profond, de plus complexe. Et cela ne faisait que renforcer son envie de percer les mystères qui entouraient Gabriel.