Chapitre 3 Chapitre 3

Les lumières du grand hall scintillaient, se réfractant sur les lustres en cristal qui pendaient majestueusement au plafond. La salle était un tourbillon de conversations élégantes, de robes de soirée somptueuses et de smokings parfaitement ajustés. Léa inspira profondément, ses talons claquant légèrement sur le sol en marbre alors qu'elle avançait aux côtés de Gabriel.

Elle portait une robe émeraude qui épousait ses formes, rehaussée de détails subtils en dentelle qui ajoutaient une touche de mystère. Ses cheveux, relevés en un chignon sophistiqué, laissaient apparaître la courbe délicate de son cou. Elle sentait les regards se poser sur elle, mais aucun ne la perturbait autant que celui de Gabriel.

Il était impeccable, comme toujours, dans un smoking noir classique, mais ce soir, il avait une tension inhabituelle dans son regard. Il semblait sur le point de dire quelque chose à plusieurs reprises, mais à chaque fois, il se ravisait, son visage reprenant son masque impassible.

« Tu es parfaite, » murmura-t-il finalement, sa voix basse se perdant presque dans le brouhaha.

Léa se tourna vers lui, surprise par la douceur de son ton. « Merci. » Elle voulait ajouter autre chose, peut-être une remarque légère pour détendre l'atmosphère, mais il détourna déjà les yeux, saluant un groupe de partenaires d'affaires qui les attendaient près du bar.

Les premières heures du gala se déroulèrent dans un mélange d'excitation et d'appréhension pour Léa. Elle était présentée à des hommes et femmes influents, chacun la scrutant avec un mélange de curiosité et de respect, probablement plus dû à son association avec Gabriel qu'à ses propres mérites.

« Mademoiselle Léa, n'est-ce pas ? » Une voix grave et suave l'interrompit alors qu'elle sirotait un verre de champagne. Elle se retourna pour faire face à un homme d'une quarantaine d'années, élégant et visiblement sûr de lui.

« Oui, c'est moi, » répondit-elle poliment, bien qu'elle sentît immédiatement un malaise dans la manière dont ses yeux parcouraient sa silhouette.

« Je suis Thomas Valmont, un ancien associé de Gabriel. C'est un plaisir de rencontrer quelqu'un d'aussi charmant. »

Il prit sa main avant qu'elle ne puisse protester et y déposa un baiser, ses lèvres effleurant sa peau un peu trop longtemps. Léa esquissa un sourire forcé, essayant de se dégager discrètement.

« Gabriel a bien caché son trésor, » continua Thomas, son sourire se faisant plus prédateur. « Vous devriez être sous les projecteurs bien plus souvent. »

« Merci pour le compliment, mais je préfère rester discrète, » répondit-elle, son ton devenant plus ferme.

Alors qu'il allait répliquer, une ombre s'interposa entre eux. Gabriel. Son regard était glacial, et même si son sourire restait de façade, il y avait une menace palpable dans sa posture.

« Thomas, » dit-il d'une voix qui vibrait d'une autorité incontestable. « Je vois que vous avez rencontré Léa. »

Thomas, visiblement pris au dépourvu, recula d'un pas. « Oui, je faisais connaissance avec votre... protégée. »

« Elle est plus que cela, » répliqua Gabriel sans sourciller, posant une main possessive sur le bas du dos de Léa. « Et je vous conseille de respecter cette limite. »

Le message était clair, et après un rire nerveux, Thomas s'éclipsa rapidement, laissant Léa seule avec Gabriel.

« Je pouvais gérer la situation, » murmura-t-elle, se tournant vers lui.

« Peut-être, » répondit-il, mais son regard disait autre chose. Il scruta son visage, comme pour s'assurer qu'elle allait bien, avant d'ajouter : « Mais je ne prends pas de risques quand il s'agit de toi. »

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais il la devança. « Viens, nous avons d'autres personnes à saluer. »

Cependant, l'incident laissa une tension entre eux, une tension que même Camille, qui observait la scène à distance, ne put ignorer. Plus tard dans la soirée, alors que Léa faisait une pause sur le balcon pour échapper à l'agitation, elle sentit une présence derrière elle.

« Tu t'amuses bien ? » La voix de Camille était douce, mais elle contenait une pointe de sarcasme.

Léa se retourna pour la voir s'approcher, un verre à la main et un sourire presque cruel sur les lèvres.

« Oui, » répondit-elle simplement, bien qu'elle sentît la provocation dans le regard de Camille.

« Gabriel est très protecteur envers toi, » continua Camille, jouant distraitement avec le pied de son verre. « C'est touchant... presque trop. »

Léa haussa un sourcil. « Peut-être parce qu'il tient à moi. »

Camille éclata d'un rire léger, mais qui semblait dénué de joie. « Oh, je ne doute pas qu'il tienne à toi. Mais tu es jeune, Léa. Tu ne sais pas tout de lui. »

« Et vous, vous savez tout ? » répliqua Léa, décidant qu'elle n'allait pas se laisser intimider.

Camille s'avança, réduisant l'espace entre elles. « Disons que je sais des choses qu'il ne t'a probablement pas dites. Des choses qui pourraient te surprendre... ou te blesser. »

Léa sentit une boule se former dans son estomac, mais elle refusa de laisser Camille voir son trouble. « Peut-être que je devrais lui demander, alors. »

Camille se contenta de sourire, reculant doucement. « Bonne chance avec ça, » murmura-t-elle avant de disparaître dans la foule.

Le reste de la soirée fut un flou d'émotions pour Léa. Elle était à la fois exaspérée par Camille, troublée par l'attention de Gabriel, et agitée par un sentiment qu'elle ne parvenait pas à nommer. Alors qu'elle quittait finalement le gala à ses côtés, elle ne put s'empêcher de tester les limites de leur relation.

Dans la voiture, alors que le silence s'étirait entre eux, elle se tourna vers lui. « Pourquoi étais-tu si énervé avec Thomas ? »

Gabriel, qui regardait droit devant lui, serra légèrement le volant. « Parce qu'il est imprudent, et que je ne tolère pas qu'on te manque de respect. »

« Ce n'était pas si grave, » insista-t-elle, cherchant à percer sa façade.

Il se tourna vers elle, ses yeux s'assombrissant. « Pour toi, peut-être. Mais pour moi... » Il s'interrompit, serrant les mâchoires avant de murmurer : « Tu es plus importante que tu ne le crois, Léa. »

Cette phrase, si simple mais si lourde de sens, laissa Léa sans voix. Elle détourna les yeux, son cœur battant à tout rompre. Ce soir-là, alors qu'elle s'endormait, elle ne pouvait s'empêcher de se demander où tout cela les mènerait.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022