Lorsqu'elle était arrivée ici, elle n'avait aucune idée de ce à quoi s'attendre. Adrian l'avait à peine regardée après la cérémonie, se contentant de la guider vers ses quartiers avant de disparaître sans un mot de plus. Désormais, elle se retrouvait dans cette prison dorée, seule et sans la moindre idée de ce que son avenir lui réservait.
Alors qu'elle passait devant une grande porte en bois massif, un léger bruit attira son attention. Une voix, basse, autoritaire, provenait de l'intérieur. Elle s'approcha à pas de loup, curieuse malgré elle. La porte était entrouverte, laissant entrevoir une pièce luxueuse au décor sombre et élégant. Un bureau imposant trônait au centre, et derrière celui-ci, Adrian Castellano, au téléphone.
Maya n'avait pas l'intention d'écouter, mais ses paroles la figèrent sur place.
« Oui, tout est en place », disait-il d'un ton calme mais tranchant. « Le mariage s'est déroulé comme prévu. Elle n'est pas un problème, elle suivra les règles. »
Le cœur de Maya se serra. Elle n'était pas un problème ? C'est ainsi qu'il la voyait ? Comme une simple pièce dans un plan plus vaste, un obstacle à éviter. Elle aurait dû s'y attendre. Ce mariage n'avait jamais été basé sur des sentiments, mais sur une nécessité. Pourtant, entendre Adrian parler d'elle de cette manière la blessait plus qu'elle ne l'aurait cru.
« Oui, j'ai signé les documents. La dette est couverte. La famille Arlen n'a plus rien à craindre », ajouta-t-il, avant de raccrocher sèchement.
Maya se recula doucement, tentant de reprendre son souffle. Alors, tout était vraiment réglé. Sa famille était sauvée, du moins financièrement. Mais elle, que devenait-elle dans tout ça ? Une mariée sans âme, enfermée dans un manoir glacial avec un homme qui ne la considérait même pas comme une personne à part entière.
Elle décida de retourner dans ses quartiers, mais avant qu'elle ne puisse s'éloigner, la porte s'ouvrit brusquement. Adrian la fixait de ses yeux perçants, une lueur de surprise passant rapidement dans son regard avant de disparaître derrière son masque d'indifférence.
« Qu'est-ce que vous faites ici ? » demanda-t-il d'une voix basse mais tranchante.
Maya, prise de court, balbutia une réponse. « Je... je me promenais, je suis tombée sur cette pièce par hasard. »
Il la scruta un instant, semblant évaluer si elle disait la vérité, puis ses lèvres se plissèrent légèrement en une expression indéchiffrable. « Il y a des endroits dans cette maison où il vaut mieux ne pas errer. »
Elle hocha la tête, mal à l'aise. « Je suis désolée. »
Adrian ne répondit pas, se contentant de la fixer en silence. Le poids de son regard était presque insupportable, mais Maya refusait de détourner les yeux. Elle voulait comprendre qui était vraiment cet homme, ce mari avec qui elle devait partager sa vie.
Finalement, il soupira doucement, brisant la tension. « Vous devez être perdue. »
Ce n'était pas une question, mais une simple constatation. Il s'éloigna légèrement, faisant signe à Maya de le suivre. « Je vais vous montrer vos quartiers. Vous ne les avez sûrement pas encore vus dans leur entièreté. »
Elle le suivit sans protester, sentant à chaque pas la froideur de la maison l'envelopper. Adrian la mena à travers plusieurs corridors avant d'arriver devant une grande porte en bois sculpté.
« Voici vos appartements », annonça-t-il en ouvrant la porte.
Maya entra dans une pièce spacieuse, presque aussi imposante que le hall d'entrée. Les murs étaient recouverts de tentures aux motifs anciens, et un grand lit à baldaquin trônait au centre, entouré de meubles en bois massif. Il y avait un coin salon avec des fauteuils confortables, et même une grande baie vitrée donnant sur le jardin, baigné dans la lumière pâle du crépuscule.
« Vous trouverez tout ce dont vous avez besoin ici », déclara Adrian, se tenant à l'entrée. « Si vous avez des demandes, vous pouvez en informer le personnel. »
Maya tourna lentement sur elle-même, observant chaque détail de la pièce. C'était magnifique, mais incroyablement oppressant. Tout semblait si parfait, si ordonné, comme si sa vie elle-même était devenue une vitrine figée dans le temps.
« Pourquoi cette chambre est-elle si loin de la vôtre ? » demanda-t-elle soudainement, se surprenant elle-même par l'audace de sa question.
Adrian la fixa, impassible. « Parce que c'est ainsi que les choses fonctionnent ici. »
Cette réponse ne la satisfaisait pas, mais elle n'insista pas. Elle savait qu'il n'avait aucune intention de lui offrir plus que le strict minimum.
« Vous n'êtes pas une prisonnière, Maya », ajouta-t-il, un éclat étrange dans les yeux. « Mais vous devrez vous adapter à certaines règles. »
Elle le regarda, confuse. « Quelles règles ? »
Adrian fit un pas en avant, son regard devenant plus intense. « Vous n'êtes pas libre de circuler où vous voulez dans cette maison. Certaines pièces, certains couloirs vous seront interdits. »
Maya fronça les sourcils. « Pourquoi ? »
Un sourire froid effleura ses lèvres. « Il y a des affaires dont vous n'avez pas besoin de vous occuper. Contentez-vous de rester à votre place, et tout se passera bien. »
Cette réponse ne faisait qu'ajouter à son malaise. Elle n'aimait pas cette idée de zones interdites, de secrets bien gardés entre ces murs. Mais que pouvait-elle faire ? Elle était piégée ici, au cœur de cette forteresse, avec un homme qu'elle ne connaissait pas et ne comprenait pas.
« Bien. Je resterai dans ma chambre », finit-elle par dire, résignée.
Adrian la regarda un instant de plus, puis tourna les talons sans un mot, la laissant seule dans cette vaste pièce.
Le silence retomba, aussi lourd que le poids de la situation dans laquelle elle se trouvait désormais. Maya se laissa tomber sur le grand lit, fixant le plafond richement décoré. Cette maison, aussi belle soit-elle, ressemblait de plus en plus à une cage.
Alors qu'elle fermait les yeux, un sentiment de solitude la submergea. Sa nouvelle vie venait de commencer, et elle ne savait pas si elle était prête à affronter ce qui l'attendait.
Le lendemain, Maya se réveilla dans la même atmosphère glaciale, son esprit embrouillé par les événements de la veille. Après avoir passé une nuit agitée dans ce grand lit étranger, elle se leva lentement, ses muscles raides de tension. Le silence du manoir était assourdissant, lui rappelant à chaque instant qu'elle était seule dans cet endroit imposant.
Elle ouvrit les rideaux de la baie vitrée, laissant entrer la lumière du matin. Le jardin qui s'étendait à perte de vue derrière le manoir semblait parfaitement entretenu, mais étrangement vide. Pas un oiseau, pas une fleur épanouie, seulement des buissons taillés au millimètre près, comme si la nature elle-même avait été domptée et contrôlée, à l'image de cette maison.
Maya soupira et décida de sortir prendre l'air. Elle avait besoin de s'éloigner de ces murs étouffants, même si ce n'était que pour un moment. Peut-être que le jardin lui offrirait un peu de répit, loin de l'aura oppressante d'Adrian.