Chapitre 1 Le retour au bercail

Jeanne Jian est sortie de l'aéroport international de la ville A avec des talons aiguilles de 10 cm.

Ses talons combinés avec une chemise en mousseline blanche et un pantalon noir à taille haute, lui donnait l'apparence d'une femme d'affaires très dynamique.

Ce style mettait parfaitement en valeur sa grande silhouette. Ses cheveux courts dévoilaient sa nuque blanche et fine, et son visage délicat était protégé par une grosse paire de lunettes de soleil. Pour la plupart des stars de cinéma, le style et l'élégance de cette femme auraient valu une véritable fortune.

Elle suscitait les regards admiratifs de tous ceux qui l'entouraient.

S'arrêtant à la porte de l'aéroport, elle a plissé les yeux et regardé le ciel bleu clair.

Cela faisait trois ans qu'elle n'avait plus remis les pieds dans cette ville. Les paysages familiers, mais qui ont connu des changements au fil du temps, ont fait naître un sentiment étrange dans le cœur de Jeanne.

Au même moment, son téléphone a sonné pour l'avertir d'un message de son amie, Sabina Shangguan.

« Viens directement au bar Nature dès ton atterrissage. Sinon, tu peux être sûre qu'on ne se verra plus jamais! »

Jeanne a froncé les lèvres en un doux sourire. Sabina est restée la même.

En hélant un taxi, elle a suivi les ordres de la femme.

Les embouteillages ont pris une demi-heure de son temps avant qu'elle n'arrive au

bar Nature et n'entre directement.

Les lumières vives et la musique assourdissante du bar lui ont fait froncer les sourcils. En scrutant les alentours, elle n'a pas réussi à trouver la personne qu'elle cherchait.

Elle a sorti son téléphone et a envoyé un message à Sabina : « Où es-tu? »

Sa réponse a été rapide. « À la chambre 9, dépêche-toi! »

En rangeant son téléphone, Jeanne s'est dirigée vers la chambre 9.

Dans la chambre 6, un homme séduisant était assis sur le canapé. Il était habillé d'une chemise noire dont les deux boutons supérieurs étaient négligemment déboutonnés. Son torse imposant était à peine visible.

Son regard était fixé sur le contenu de son verre, qui oscillait doucement. Il dégageait une aura si froide que les gens n'osaient pas s'approcher de lui. D'une certaine manière, il parvenait à semer le trouble dans leur cœur par sa seule présence.

« Stark, étant présent pour nous amuser, peux-tu changer cette tête que tu fais? Tu es vraiment décevant avec cette tête. »

En voyant l'insatisfaction sur le visage de Joe Guan, Stark Lu s'est contenté de sourire. « Tu aurais pu ne pas m'appeler. »

« Penses-tu que j'en avais envie? Je me retrouve ici avec toi en ce moment, parce que j'ai entendu dire que tu n'avais pas quitté ton bureau depuis deux mois. Je craignais que tu ne meures d'ennui, alors je t'ai invité à prendre un verre. »

En lui lançant un regard, Stark a roulé des yeux. « Mêle-toi de tes affaires. Ne te conduis pas comme une mamie qui se mêle de tout! »

Ignoré et méprisé de la sorte, Joe était furieux. Il a crié avec rage : « Tu as raison! C'est moi qui me suis inquiété pour rien! Je suis la grand-mère qui se mêle de tout. Et tu sais quoi? J'aurais dû te laisser tranquille et te laisser t'enliser! »

En voyant l'air indifférent de Stark malgré son accès de colère, Joe est devenu presque fou. En ramassant le verre devant lui, il l'a vidé d'un seul trait, le faisant claquer ensuite avec le plus fort bruit possible. Stark ne l'a même pas regardé.

N'ayant toujours pas évacué sa colère, Joe a tiré une serveuse et l'a jetée sur lui.

« Il a horreur que les femmes s'approchent de lui n'est-ce pas? Alors je le ferai en souffrir aujourd'hui », a pensé Joe intérieurement.

« Toi! », a-t-il aboyé à la servante. « Tiens-lui compagnie et procure-lui du plaisir. »

Le visage de Stark s'est assombri aussitôt et il a commencé à dégager une aura oppressante. Au moment où il allait renvoyer la femme, quelqu'un a poussé la porte de la chambre.

À la vue du visage de celle entrée sans invitation, les pupilles sombres de Stark se sont légèrement contractées. Il n'en croyait pas ses yeux.

« Très bien, Sabina. Me voilà. Peux-tu arrêter de te comporter comme à ton habitude? Arrête tes menaces, et essaie d'être gentille pour une fois! Tu aurais pu juste... »

Jeanne a fait une pause car elle sentait que quelque chose clochait. Cela faisait trois ans qu'elle et Sabina ne s'étaient plus vues. Celle-ci devrait normalement lui sauter au cou et la serrer dans ses bras au point de lui briser les os en ce moment même.

En levant la tête, elle a rencontré les yeux inquisiteurs d'un homme.

Elle a eu l'impression d'avoir été jetée dans une chambre froide.

Stark Lu!

Pourquoi était-ce lui?

Pourquoi l'a-t-elle croisé dès son retour à la ville?

L'instant d'après, ses yeux se sont posés sur la femme dans les bras de Stark et un sourire moqueur est apparu sur son visage. En baissant les yeux, elle a refoulé toutes ses émotions.

Se raclant la gorge, elle s'est excusée d'un ton léger et impassible : « Je suis désolée. Je me suis trompée de chambre. » Elle a fermé la porte et est partie.

Derrière elle, une atmosphère glaciale régnait dans la pièce.

En regardant les expressions sombres sur le visage de Stark, Joe a demandé d'une voix faible : « Si je ne me trompe pas, c'était bien Jeanne? Quand est-ce qu'elle est revenue? »

Sans lui répondre, Stark a repoussé la femme dans ses bras et a couru derrière celle qui s'en allait.

Une fois dehors, Jeanne a fermé la porte et a gloussé. Elle aurait dû consulter une voyante avant de venir ici. La première personne qu'elle a rencontrée dans la ville était bien la dernière qu'elle voulait rencontrer.

Après avoir refermé la porte, elle s'est rendu compte de son erreur en entrant dans la chambre 6 au lieu de la 9. Elle était furieuse de son inattention.

Alors qu'elle se dirigeait vers la chambre 9, son poignet fin a soudainement été saisi par-derrière et avant même qu'elle puisse réagir, son corps a été plaqué contre le mur du couloir.

Une haleine familière mais en même temps inconnue lui est parvenue.

Jeanne était stupéfaite.

En soulevant de force son menton délicat, Stark l'a forcée à regarder dans ses yeux sombres.

Il y avait dans ses yeux quelque chose d'inexplicable alors qu'il relevait le coin de ses lèvres.

Il n'y avait cependant aucune trace de sourire sur son visage.

« Cela fait trois ans que nous ne nous sommes pas vus. Tu ne veux même pas passer le bonjour avant de repartir? Jeanne! »

Il a souligné son nom de façon assez particulière, comme s'il l'avait pressé entre ses dents.

En haussant les sourcils, Jeanne a répondu en souriant : « C'est vrai, cela fait trois ans, c'est vraiment un honneur pour moi que monsieur Lu se rappelle encore de moi. Je ne m'y attendais pas. »

La mention de monsieur Lu l'a encore plus irrité, et il lui a pincé le menton plus fort.

En la regardant, il semblait vouloir la manger toute crue, mais elle souriait calmement.

« Pourquoi es-tu revenue? », a-t-il demandé.

« Jeanne! Pourquoi? Es-tu revenue ici pour... »

Avant la fin de sa phrase, quelqu'un s'est précipité vers eux et l'a repoussé à la hâte. Sabina était sortie de la chambre pour accueillir son amie et elle tirait maintenant Jeanne derrière elle à la manière d'une poule protégeant son poussin.

« Stark! Qu'est-ce que tu veux? Je te préviens, je ne te laisserai pas t'en sortir si facilement si tu oses la malmener comme tu l'as fait il y a trois ans! »

Sur le coup, le visage de Stark est devenu aussi sombre que de l'encre noire et il fixait Sabina avec une haine immense dans les yeux.

« Dégage! », a-t-il rugi.

Surprise, Sabina a frissonné et a dégluti.

Jeanne, remarquant sa peur, a avancé, lui a pris la main, en se tenant devant elle.

Voyant le regard inquiet de son amie, elle a secoué la tête pour assurer à Sabina qu'elle allait bien.

Puis elle s'est tournée vers Stark. « Monsieur Lu, je ne pense pas que nous soyons si proche au point de devoir se saluer lors d'une rencontre. Ce serait plus convenable que nous nous ignorons mutuellement la prochaine fois que nous nous croiserons. À présent, j'ai autre chose à faire, alors veuillez m'excuser. »

Stark se tenait simplement debout, ébahi. Jeanne était partie sans même se retourner. Finalement, Joe l'a ramené dans la pièce.

À l'intérieur, Stark a crié à la serveuse : « Hors de ma vue! » Joe lui a fait un clin d'œil, indiquant qu'elle pouvait partir.

Stark a commencé à déglutir le vin en silence, sans que Joe ne remarque que sa main droite tremblait.

Dehors, Sabina a fait entrer Jeanne dans la chambre 9.

Les voyant entrer avec des visages effarés, Ashley Fang a demandé avec confusion : « Qu'est-ce qui se passe? »

« Rien de sérieux. On a juste rencontré le bâtard Stark. »

« Hein? Jeanne, est-ce que tu... »

Jeanne a interrompu Ashley avec un doux sourire.

« Ne t'inquiète pas. Je ne suis plus celle que j'étais il y a trois ans. »

C'était vrai. Elle n'était plus la fille qui aimait tellement Stark au point de s'être perdue elle-même.

Cet amour avait disparu depuis longtemps au profit d'une femme forte et puissante.