Chapitre 7 Nicolas Shen

Stark a serré ses lèvres fines, a fixé Jeanne pendant un long moment, et a demandé : « Dis-tu la vérité? »

« Je suis honnête avec toi. S'il te plaît, pardonne-moi et laisse-moi partir. » Jeanne n'a pas hésité à répondre.

Dans l'esprit de Stark, les mots « laisse-moi partir » lui ont fait rappeler ce que Joe lui avait dit plus tôt. La prise ferme de Stark sur son poignet s'est relâchée.

Après un silence profond, il a retiré sa main, et ses yeux ont révélé une grande complexité difficilement lisible.

Sa voix acerbe était teintée de haine. « D'accord! Jeanne, souviens-toi toujours de ce que tu as dit aujourd'hui. Ne te montre plus jamais devant moi après ça, dans le cas contraire je ne te laisserai plus jamais t'échapper de ma vie! »

Après qu'il ait fini de parler, Jeanne n'a même pas eu le temps d'essayer de comprendre ce qui se passait puisque Stark était déjà monté au bord de sa voiture et s'était déjà éloigné.

Pendant ce temps, derrière le volant, Stark était très en colère.

Il a appuyé plus fort sur l'accélérateur et a accéléré alors qu'un froid soudain s'installait autour de son cœur. Sa respiration était angoissante et le fond de ses yeux affichait une imperceptible tristesse.

La laisser partir si facilement?

C'était elle qui avait fait irruption dans sa vie sans tenir compte de tout le reste, et maintenant elle lui demande de la laisser partir.

Jeanne a émis un soupir de soulagement après son départ. En secouant la tête, elle s'est également retournée pour rentrer chez elle.

Elle ferait tout son possible pour l'éviter, elle ne voudrait pas que leurs chemins se croisent à nouveau.

Une fois qu'elle est rentrée chez elle, après avoir ouvert la porte, elle a vu Eric, Amanda et Andy qui étaient assis sur le canapé du salon, l'attendant.

D'un seul coup d'œil et sans aucune supposition, il était évident qu'ils avaient l'air impatients de savoir ce qu'il en était de leur rendez-vous.

Jeanne s'est frayé un chemin pour les rejoindre.

« Papa, maman », a-t-elle dit en les saluant.

Amanda a échangé un regard avec Eric et a demandé à Jean : « Comment s'est passé ton rendez-vous aujourd'hui? Garry est un homme décent dont le milieu familial n'est pas différent du nôtre. Même s'il a un frère qui quant à lui est un homme assez égocentrique... »

Lorsque le sujet de Nicolas a été abordé, Amanda a tout de suite pris un air maussade. On aurait dit qu'elle avait une assez mauvaise impression de lui.

Jeanne n'a pas pu lui dire que c'était Nicolas qui s'était présenté au rendez-vous. Elle voulait éviter de contrarier à nouveau sa mère.

« Ça s'est bien passé. Il s'est avéré être un homme très attentionné qui sait comment s'occuper des filles. » Jeanne s'est remué les méninges et a à peine réussi à prononcer ces mots.

Amanda était débordante de joie. « Vous vous êtes échangé vos coordonnées après? Tu es rentrée si tard à la maison aujourd'hui, parce que tu étais avec Garry? »

« Oui, maman. Nous avons d'abord pris un café, puis manger dans un restaurant. Et ensuite, nous sommes allés au cinéma. »

« On dirait que vous vous entendez très bien. »

En voyant à quel point Amanda avait l'air heureuse, Jeanne y a réfléchi à deux fois pendant un instant, mais a quand même mentionné ce qu'elle pensait sur le chemin du retour.

« Maman, tu te souviens que tu m'as dit la dernière fois que je devrais aller à la ville B et travailler comme responsable du hall d'un hôtel là-bas? Je pense que je vais tenter le coup et me mettre en route le plus rapidement possible. »

« Tu es à peine de retour et tu veux déjà t'enfuir dans une autre ville? Ça serait plus raisonnable que tu te reposes quelques jours de plus à la maison », a dit Andy.

Jeanne savait pour quoi il s'inquiétait. Le coin de sa bouche s'est retroussé en un petit sourire. « Andy, tu me connais. Je ne peux pas me permettre de me reposer trop longtemps. Plus tôt j'y serai, plus tôt je serai de retour pour être à nouveau avec toi, maman et papa. Alors je dois me familiariser avec le fonctionnement de l'hôtel, pour pouvoir vous aider à l'avenir. »

« Mais... »

« Écoute ta soeur et laisse-la faire ce qu'elle veut. Elle pourra mieux faire son travail et revenir travailler avec nous quand elle aura pris l'habitude de travailler dans ce milieu. »

La décision d'Amanda étant déjà définitive, Andy n'avait d'autre choix que de ravaler les mots qui étaient suspendus sur le bout de sa langue.

Amanda a pris la main de Jeanne, et son expression sévère habituelle a révélé une trace de chagrin.

« Ton père et moi appellerons l'hôtel demain et ferons le nécessaire pour que tu y sois là-bas le lundi prochain. Après quelques jours, tu pourras revenir à la maison. Ne te pousse pas à bout si tu es vraiment très fatiguée. N'oublie pas de nous tenir au courant de tes nouvelles, d'accord? »

Jeanne a hoché la tête : « Oui, maman. Je le ferai, ne t'inquiète pas.

Je me sens épuisée par mon rendez-vous de tout à l'heure. Je vais vous laisser et aller me reposer dans ma chambre. »

Pendant que Jeanne montait à l'étage, Eric la regardait, perdu dans ses pensées. Puis il s'est tourné vers Amanda et a demandé : « Est-ce que nous ne poussons pas notre fille trop fort? Je veux dire... »

« Je pense qu'elle est d'accord avec ça, et c'est déjà bien. « Mis à part Nicolas et Stark, peu importe avec qui Jeanne se mettra, j'ai la certitude qu'elle vivra une meilleure vie qu'il y a quatre ans. »

Eric semblait avoir quelque chose à ajouter, mais il l'a gardée pour lui-même. Il a pris le bras de sa femme et a accompagné celle-ci à l'étage pour aller se reposer.

Dans le même temps, Nicolas est lui aussi arrivé chez lui.

En entrant, il a entendu la voix de Garry qui ricanait sur le canapé. « Comme prévu, le goût du bâtard pour les femmes est vraiment peu flatteur, il s'intéresse même à cette femme aux mœurs légères de la ville que Stark avait abandonnée. »

Garry avait été furieux quand il avait appris que la fille avec laquelle il était censé sortir était Jeanne. Il avait regardé dans un classeur contenant une compilation des détails sur Jeanne. Dans sa colère, il avait jeté le dossier et s'était mis à jurer.

Nicolas lui, avait ramassé le classeur et avait vu tomber une photo avec le visage souriant de Jeanne. Avec un sourire, il lui avait dit : « Garry, puisque tu ne veux pas y aller, laisse-moi prendre ta place. Je serai son cavalier. »

En regardant Nicolas partir avec les dossiers de Jeanne, Garry avait serré les dents de haine au lieu de se sentir rassuré. Il a toujours détesté qu'on lui prenne ses affaires, même si c'était quelque chose qu'il n'a jamais voulu.

Soudain, Nicolas s'est arrêté sur ses pas alors qu'il s'apprêtait à monter à l'étage. Avec un regard froid, il a fait volte-face et s'est tourné vers son frère.

Il s'est tenu tranquillement derrière Garry, avec ses mains négligemment posées sur le canapé. Avec un léger sourire, il s'est penché et a chuchoté à son l'oreille : « Ceci est un conseil fraternel. Je te suggère de t'occuper de toi-même plutôt que de te préoccuper de mes affaires. Veux-tu que je te recommande un andrologue? »

« Va te faire foutre! Ferme ta gueule! » Le corps de Garry tremblait de colère.

Garry avait huit, voir neuf ans de plus que Nicolas. Il était aussi connu comme un briseur de cœur à l'université. Une fille était venue le voir avec une grossesse dès lors son obtention de diplôme.

Vincent était tellement en colère qu'il leur a demandé de se rendre à l'hôpital pour un contrôle. Si le bébé était effectivement le sien, ils devraient se marier tout de suite.

Le résultat du test de laboratoire ne correspondait pas aux attentes d'aucuns d'eux. Garry avait un problème de fertilité.

Suite à cela, un mois plus tard, le fils illégitime Nicolas a été ramené dans la famille Shen, où il a ensuite été présenté à la société comme le deuxième fils de Vincent.

« Garry, ne sois pas contrarié. Je ne fais que faire ce qui est à tes avantages. Tu ne voudrais pas qu'un jour, lorsque tu hériteras de toute la fortune familiale, de devoir la donner à un étranger, n'est-ce pas? »

Le visage de Garry est devenu tout de suite furieux. Il a serré les poings sur ses genoux et avait hâte de mettre Nicolas en pièces.

De son côté, Nicolas était de bonne humeur. Il a tapoté sur l'épaule de Garry et a monté l'escalier en sifflotant un air joyeux.

Garry est resté assis, la mine sinistre.

« Nicolas! Attendons de voir! Je te ferai payer pour tout ce que tu m'as dit et fait, un jour ou l'autre. »

Au même moment, Stark rentrait en voiture à sa villa.

Une fois arrivé chez lui, il s'est dirigé vers le casier à vin, a sorti une bouteille de Merlot et l'a ouverte d'un coup sec. Il a pris une grande gorgée de vin rouge directement de la bouteille comme si sa gorge était desséchée.

Peu de temps après, la bouteille était à moitié vide.

Le corps de Stark est rapidement devenu mou et il s'est effondré sur le sol. Sa main délicate couvrait la moitié de son visage, rendant son apparence difficile à discerner.

Stark s'est faufilé sous le meuble à vin et en a sorti un carnet avec une couverture en cuir jaune. Son nom était délicatement inscrit sur la première page, et à en juger par l'écriture, on pouvait affirmer que c'était une fille qui l'avait écrit.

Il a ouvert le carnet, et une photo aux bords décolorés est apparue. On pourrait supposer que quelqu'un la touchait très régulièrement.

La fille sur la photo avait un sourire brillant et jeune sur son visage. C'était une photo de Jeanne qui datait d'il y a trois ans.

Après un long moment, Stark a sorti son téléphone et a composé un numéro.

« La filiale de la ville B prépare un appel d'offres pour un terrain, n'est-ce pas? Arrange-toi pour que je m'y rende demain. »