Chapitre 10 Cauchemar

« Jeanne? Jeanne! Réveille-toi! Réveille-toi! »

Elle ne réagissait toujours pas, après que Stark ait crié à plusieurs reprises son nom à tue-tête. Son cœur s'est mis à battre dans sa poitrine, et ses yeux sombres ont laissé transparaître une pointe de panique.

Il s'est penché pour soulever Jeanne et s'est dirigé à grands pas décisifs vers la porte en la portant dans ses bras.

Après avoir fait quelques pas, il s'est arrêté et s'est senti un peu gêné.

Stark a entendu le faible ronflement de Jeanne. Il s'est avéré que son inquiétude était inutile puisque Jeanne ne faisait que dormir pendant tout ce temps.

Il s'est retourné et l'a allongée délicatement sur le fauteuil. Puis il a pris la couverture du lit et l'a recouverte. Stark s'est accroupi sur le sol après l'avoir recouverte confortablement et a regardé la femme endormie d'un regard complexe et intrigué.

Son visage n'affichait plus le même air menaçant que tout à l'heure, lorsqu'ils étaient en pleine discussion.

« Tu dois être vraiment très épuisée, pour pouvoir t'endormir si profondément dans une telle situation. »

Les doigts fins de Stark caressaient les cernes sous ses yeux, et une onde d'affection est apparue sur son visage.

Jeanne se tenait au coin d'une rue dans un endroit étrange et inconnu tout en tenant dans sa main un bilan de test de grossesse. Son visage délicat était aussi blanc qu'un drap après avoir découvert le résultat du laboratoire.

La réponse de l'homme et la voix séduisante et étouffée de la femme se répétaient sans cesse dans son esprit.

« Bon. Dépêche-toi de dire ce que tu as à dire. Je suis très occupé. Qu'est-ce qui se passe? Est-ce que tu me téléphones exprès pour me dire à quel point ta vie est heureuse dans un autre pays? »

« Monsieur Lu, j'ai fini de prendre mon bain. Combien de temps allez-vous me laisser attendre? Venez ici vite. »

Dans un bruit de froissement de vêtements tombant pièce par pièce, le ton ambigu de l'homme a sonné. « Chérie, attend une minute. J'arrive tout de suite. »

La voix sans pitié de l'homme a fait tressaillir les lèvres sèches de Jeanne, qui a répondu avec raideur : « Oui. »

« Jeanne! Tu... »

Jeanne a souri avec amertume, et ses yeux brillaient de larmes. Elle a failli s'écrier misérablement : « Oui! C'est vrai! Après avoir passé trois mois ici aux États-Unis, j'ai finalement réalisé à quel point j'étais stupide avant de venir ici. Désormais, je sais à quel point je pourrais être heureux sans toi dans ma vie, Stark! Un nombre incalculable d'hommes dans ce monde sont bien meilleurs que toi. Je regrette de n'avoir pas pris conscience plus tôt. C'était stupide de ma part d'avoir gâché mes quatre années d'université avec un playboy comme toi, Stark! »

Après un long et gênant silence, la tonalité du son de raccrochage de téléphone a retenti.

Jeanne a regardé le résultat du test de grossesse et s'est avancée, hébétée, l'air perdu au-delà de tout espoir.

Elle était enceinte de douze semaines, et le bébé dans son ventre était son enfant avec Stark.

Soudain, un klaxon a retenti dans son oreille. Jeanne a levé la tête, et un véhicule est venu droit sur elle.

La voiture l'a percutée avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir.

Le choc soudain a projeté son corps dans les airs, et elle s'est effondrée lourdement sur le sol à un mètre de là.

Il y avait des cris de panique et de choc partout, et beaucoup de bruits de pas.

Jeanne était allongée sur le trottoir, et son visage était plein de sang. Son corps souffrait énormément, elle avait l'impression qu'on le déchirait. Sa vision était troublée, et tout ce qu'elle pouvait voir était une faible lumière rouge.

Elle a essayé de bouger légèrement ses lèvres minces, et elle a parlé d'une voix faible : « Sauvez... Mon bébé...

Je vous en prie! Aidez-moi. Sauvez mon enfant... »

Le jour était presque levé, et la faible lumière du soleil se reflétait à travers la fenêtre. Les murmures douloureux ont réveillé Stark.

Dès qu'il a ouvert les yeux, il a vu Jeanne allongée sur le fauteuil avec un froncement de sourcils inquiétant. Il y avait d'épaisses perles de sueur sur son front, et son expression semblait affligée. Elle essayait de dire quelque chose qui était difficile de comprendre.

« Aidez... Mon bébé... S'il vous plaît... Sauvez... »

Les oreilles de Stark pouvaient à peine distinguer les mots de son cauchemar. Il a essayé de la réveiller, mais elle dormait toujours. Il n'avait pas d'autre choix que de secouer fortement l'épaule de Jeanne.

« Réveille-toi! Jeanne, réveille-toi! »

Les yeux de Jeanne se sont soudainement ouverts en grand, et elle s'est rapidement levée du fauteuil. Elle se sentait toujours perdue dans son cauchemar et n'avait pas encore retrouvé ses sens. Elle a mordu ses lèvres pâles avec force, et sa poitrine s'est gonflée de manière violente. Son corps mince tremblait encore à cause de son mauvais rêve.

« Faisais-tu un cauchemar? »

Lorsqu'elle a entendu la voix de Stark, Jeanne a levé soudainement les yeux vers lui. Pendant un instant, elle n'a pas pu faire la différence entre la réalité et le rêve, et la haine dans ses yeux était très intense.

Son expression a étonné Stark et il s'est souvenu avoir vu cette même réaction de Jeanne plus tôt. Ses yeux étaient identiques à ceux d'aujourd'hui lorsque Jeanne l'avait giflé le jour de fête.

« Jeanne, réveille-toi. Écoute-moi. Tu n'es plus en train de faire un cauchemar. Tu... »

« Va te faire foutre! Ne me touche pas! »

Jeanne a repoussé avec force la main de Stark qui se tendait vers elle, et son visage a paru troublé en un clin d'œil.

« C'est de cette manière que vous êtes censé traiter les clients VIP de votre hôtel? Eh bien, répondez-moi, responsable Jian. »

Le mot « responsable », a ramené Jeanne sur terre. Elle s'est mordu les lèvres et a baissé le regard pour cacher les émotions furieuses dans ses yeux.

« Je suis vraiment désolée, monsieur Lu. Je ne me sens pas bien en ce moment. Je demanderai à quelqu'un d'autre de nettoyer la chambre pour vous. »

Pendant qu'il regardait la femme au visage cendré qui se précipitait pour s'éloigner de lui, le visage de Stark s'est assombri. Il a attrapé le poignet pâle de Jeanne avec une grande force.

« Vous comptez partir comme ça? Vous vous êtes endormie à la moitié du nettoyage hier soir. Ne devriez-vous pas continuer votre travail inachevé? Ne craignez-vous pas que votre négligence en tant que responsable du hall d'entrée ne compromette l'excellente image de l'hôtel Wonder? »

La scène passée était si vivante dans l'esprit de Jeanne qu'elle ne pouvait refouler le ressentiment du fond de son être.

Elle s'est retournée, a écarté la main de Stark, l'a regardé d'un air furieux et a dit entre ses dents serrées : « Fais ce que tu veux! Si tu désires déposer des plaintes officielles auprès des services compétents, alors vas-y! Tu veux aussi publier cet incident dans un magazine célèbre? Fais-toi plaisir! Personne ne t'en empêche. Si tu n'es pas satisfait de ton séjour ici, alors pars et fous le camp d'ici. Il y a des milliers d'hôtels à la ville B. Tu as la liberté d'aller dans l'hôtel qui te convient le plus! »

Après que Jeanne ait élevé la voix pour le réprimander, le visage de Stark est devenu sévère.

« Tu crois vraiment que je n'ose pas? »

Jeanne a ri de façon moqueuse. « Je suis certaine que tu vas le faire. Monsieur Lu, n'en as-tu pas assez de l'intimidation exercée en utilisant la richesse et l'influence de ta famille? Veux-tu que je les énumère un par un? »

Stark a regardé Jeanne avec des yeux méchants et intimidants. On pouvait entendre le faible son de ses mains se refermant en un poing serré.

Un toc sec a rompu l'atmosphère oppressante.

« Responsable Jian, êtes-vous là? »

Jeanne a regardé Stark, et elle s'est éloignée pour ouvrir la porte. Lina se tenait seule à l'extérieur.

« Oui. En quoi puis-je t'aider? »

Lina a lancé un regard et a remarqué le regard sévère sur le visage de Stark. Elle a détourné rapidement son regard, a baissé la tête et a marmonné maladroitement : « Le directeur Chen vous cherche. Il voudrait vous présenter officiellement à tout le personnel de l'hôtel ce matin. J'étais allée dans votre chambre tout à l'heure et j'ai frappé à la porte, mais vous n'aviez pas répondu. J'ai donc pensé que vous étiez peut-être encore ici, alors je suis venue vérifier. »

Jeanne s'était déjà calmée et elle a répondu calmement : « Ok, j'ai compris. Je vais aller me changer et j'arrive. »

Jeanne est sortie de la suite mais s'est arrêtée après avoir fait deux pas.

« Demandez au service d'entretien ménager d'envoyer quelqu'un pour nettoyer la chambre 103. Si monsieur Lu voudrait partir plus tard, informez le département de la réception pour que cela soit fait le plus rapidement possible. Nous ne devrions pas retarder monsieur Lu son temps lui est précieux. »

Confuse, Lina a regardé Jeanne puis Stark avant de répondre : « Très bien. »

Dès que la porte s'est refermée dans son dos, Stark s'est précipité vers la table basse et a balayé tous les dossiers et journaux sur le sol. Après quoi, il a furieusement et impuissamment frappé le fauteuil.

Une image de Jeanne avec des yeux plein de haine pure a surgi dans son esprit encore et encore.

« Pourquoi me détestes-tu autant? Quel genre de cauchemar a-t-elle fait pour avoir l'air de souffrir autant?

Était-il en quelque sorte lié à lui? », se demandait-il.