Je porte mes sandales, prends ce dont j'ai besoin, et je monte au plus haut étage.
Les ascenseurs sont réservés uniquement à la famille royale. Je ne peux donc pas les emprunter. Tant mieux, je me dis. Je suis claustrophobe alors, non merci.
Je salue les gardes qui se trouvent dans le couloir de la maison...du monstre.
Peut être qu'hier il était juste..un peu fatigué.
Il sera certainement sympa aujourd'hui.
J'entre alors dans la pièce spacieuse.
Je dépose mes affaires. Je m'approche du lit, mais je me rends compte qu'il n'est pas dessus.
Se pourrait-il que l'univers essaie de me protéger ?
J'ai envie de sauter de joie mais je ne peux pas.
Je garde quand même en moi un petit pressentiment.
Je me mets alors à ranger la première pièce.
Tous les livres que j'avais rangé hier sont à présent désordonnés.
Je ris à l'intérieur de moi. Ce monsieur est vraiment bordélique.
Je nettoie les étagères, et je range les livres. Quand je finis le compartiment, je m'apprête à faire autre chose mais je bute contre un mur très dur.
Je me retrouve projetée sur mes fesses, et le voile que j'ai simplement posé sur mes cheveux tombe, sous la violence du choc.
-Aïe..maudit mur.
J'ai les yeux fermés et je me masse la tête en cherchant mon voile quand un raclement de gorge effrayant m'empêche de continuer un quelconque mouvement.
Je m'arrête, et relève lentement mes yeux.
Je vois des pieds devant moi. Mes yeux entrent ensuite en contact avec un torse parsemé de muscles, et tombent sur ce visage qui me terrifie depuis que je suis ici.
Je recule avec force, en étouffant un cri.
-J..j..je suis désolée. Je ne vous avais pas vu, je-
Lui : Le son de votre voix m'insupporte. Taisez-vous simplement, et travaillez.
J'écarquille mes yeux.
Il prend un livre au niveau de l'étage, faisant ainsi tomber plein d'autres.
Il se dirige vers le balcon sans m'adresser un quelconque regard.
Je baisse les yeux de peine. Je dois avouer que sa phrase était très blessante. Mais bon. Le plus important est que je fasse mon travail. Je vais donc ranger les livres qui sont tombés, et je continue de faire le ménage de cet endroit immense.
Quelques instants plus tard
Je m'apprête à aller au balcon pour le nettoyer.
L'homme se lève simplement, pendant que je me décalle vite et que je détourne la tête.
Je vais simplement au balcon, fais ce que j'ai à faire et je sors de cet endroit aussi vite que comme je suis entrée.
Je souffle de soulagement.
C'est enfin fini.
Je descends donc, et je retrouve encore la vieille Ifue qui comme d'habitude fait de très beaux tissus.
Elle le sourit.
Je lui rends timidement son sourire et je m'approche d'elle.
Ifue : Comment s'est passée ta matinée ?
-Mieux qu'hier..
Ifue : Ah bon ? Tu as pu discuter avec sa maj..avec lui...?
-Non non. Je l'ai cogné sans savoir qu'il était là. Il m'a simplement demandé de me taire parce que le son de ma voix l'agace.
Je ne sais pas pourquoi cela m'a touché, parce que quand j'en parle je sens un pincement au cœur.
Je regarde la vieille femme qui a simplement les yeux baissés.
-Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
Elle me sourit simplement.
Ifue : Non ma belle. Je me suis juste perdue dans mes pensées. Ne lui en veux pas pour ce qu'il a dit...il est juste un peu..grognon.
-Je comprends.
Ifue : Regarde un peu ce tissu. Tu auras une très belle robe avec. C'est juste pour toi.
Quelques heures plus tard
J'ai tenu à me reposer avant de faire quoi que ce soit, et je viens à peine de me lever.
Je suis en train d'aider en cuisine actuellement avec Isapha, le cuisinier royal.
Isapha : Tu es vraiment très talentueuse. Ton poulet Yassa a très bon goût..
Je souris.
-Merci de m'avoir fait confiance.
J'entends que quelqu'un m'appelle de l'étage où je suis.
Isapha : Mâ Ifue t'appelle. Je peux me débrouiller pour le reste. Merci.
Je lui souris, et je descends avec rapidité les escaliers.
Je longe le couloir, et je trouve mâ Ifue assise dans son salon, avec un homme que je ne me souviens pas avoir vu.
Il est âgé, et se tient droit.
Son visage est sérieux, mais a quand même une douceur que je trouve très paternelle.
Ifue : Viens ici ma fille.
Je m'approche, assez intimidée par la présence de cet homme.
Ifue : Je te présente Yawo, le conseiller du roi.
-Bonjour monsieur. Je suis enchantée de vous connaître.
Il incliné légèrement sa tête.
Yawo : Moi de même, demoiselle. Vous avez un appel important, vous pouvez me suivre ?
Je regarde mâ Ifue qui hoche la tête.
-D'accord.
Il sort alors de l'appartement et je le suis.
Nous arrivons dans une pièce, tout aussi fraîche que les autres, ou repose un téléphone fixe qui clignote.
Yawo : Allez-y.
J'ouvre les yeux légèrement.
J'ai déjà vu comment l'utiliser sur une affiche publicitaire.
Je dois avouer que je n'ai jamais utilisé de téléphone, et encore moins des écrans plats, pourtant quand je suis arrivée en ville, tout le monde en avait un.
Je me saisis du téléphone et le calme à mon oreille.
-Allo ?
? : Ma fille, c'est maman.
Mon coeur bondit de joie.
-Maman, comment ça va ? Il y a tellement longtemps.
Maman : Je sais ma chérie. Je pense souvent à toi. Moi je vais très bien. Et toi ?
-Moi aussi ça va maman.
Maman : J'en suis heureuse. Tu arrives à bien t'intégrer ?
-Oui. Je fais de mon mieux.
Maman : Je suis fière de toi...je voulais te dire quelque chose.
-Je t'écoute..
Maman : Ta soeur Mara se marie dans quelques mois. J'espère que tu pourras y assister ?
-Ah bon ? C'est une très bonne nouvelle. D'accord , je demanderais la permission pour y assister.
Maman : D'accord ma fille. Alors, raconte moi un peu comment ça se passe.
-Eh bien, je fais souvent le ménage, et la vaisselle, j'aide en cuisine. Il n'y a pas vraiment longtemps que je suis là donc...
Maman : Je comprends. Sois bien sage ma fille.
-Oui, je le serais. Et à la maison ? Dis moi que tu te sens bien et que tout va pour le mieux ?
Maman : Ne t'inquiètes pas. Je vais très bien. Dis moi ma fille..
-Oui ?
Maman : Trouve toi un bon mari..
Je souffle, en me retenant de lever les yeux au courant ciel.
-Je ne suis pas prête à me marier maman.
Maman : Oh tu sais, on ne sait pas quand ça peut te tomber dessus.
Je me contente de ricaner.
Nous parlons pendant une vingtaine de minutes avant que la communication ne se coupe. Ma mère est vraiment une femme extraordinaire.
Je viens à peine de raccrocher qu'elle me manque déjà.
Je me retourne et vois le monsieur Yawo que mâ Ifue m'a présenté tout à l'heure.
Yawo : La discussion était elle agréable ?
-Oui, merci beaucoup.
Yawo : Tout le plaisir est pour moi.
Je retourne donc sur mes pas.
J'ai un rendez-vous avec Assan, et je ne veux pas être en retard.
Il est très sympa, et a l'air d'être vraiment sage. Il m'aide à passer le temps dans ce grand bâtiment.