Chapitre 6 Yuri

Mon caractère est de plus en plus volatile. Tous mes frères d'armes le savent. Un de mes rivaux, le Pakhan de la ville de Perm a encore tenté de faire passer sa marchandise par mon territoire sans payer la taxe.

En plus, ce mudak, désirais faire passer de la saloperie de drogue.

Depuis que je suis le nouveau Pakhan de Moscou, il y a deux choses que j'essaie d'éradiquer: le trafic de drogue et le trafic humain. Ces deux saloperies, je n'en veux pas sur mon territoire, même si ce n'est que pour transiter vers le territoire d'un autre!

Je fais bruler toute la cargaison de drogue.

Le feu s'élève dans la nuit, à la sortie de la ville de Moscou, le long de la voie ferrée qui devait acheminer la cargaison dans tout l'est de la Russie. Agenouillés sur le sol dans la neige, les Boyeviks au service de ce Pakhan du nom de Zakhar ne me supplient aucunement d'épargner leur vie.

J'ai la réputation d'être cruel et impitoyable.

Mais ces Boyeviks sont aussi prêts à mourir pour leur Pakhan, comme n'importe quel autre membre de notre belle confrérie de la Bravta.

Les pans de mon long manteau de fourrure flottent dans le vent alors que je m'avance d'un air impitoyable en direction de la bande de gros durs que mes hommes ont alignés devant moi en rang d'oignon, agenouillés dans la neige épaisse de ce champ en bordure de la ville.

Je tire mon revolver, un glock automatique de ma ceinture et je le pointe en direction du crâne du premier des Boyeviks appartenant à la bande de mon rival.

Bang!

Je me déplace lentement et je leur éclate la cervelle un à un.

Mais cela ne suffit pas à apaiser ma colère et ma frustration.

Quand j'arrive au dernier d'entre eux, je lui explose le genou droit.

- Brat!(mon frère) Va dire à Zakhar, que votre saloperie, je n'en veux pas sur mon territoire, même en transite et encore, moins si vous refusez de payer la taxe du droit de passage!

Je tourne les talons sans tarder et je me dirige vers une berline noire aux vitres teintées, stationner le long de la route. Derrière moi, j'entends Andreï et Maxime, deux de mes Boyeviks de la catégorie des bulls, des guerriers pur jus, qui se disent que, si ça continue, nous pourrions bien entrer en guerre avec la faction de l'Est, uniquement parce que le boss a besoin d'une distraction uniquement parce que sa meuf s'est tirée à l'autre bout du monde!

Je les ignore complètement alors que je contourne la voiture pour aller m'asseoir sur le siège passager. Fritz qui me talonnait, prends place au volant de la voiture.

- Ils ont raison boss... me dit-il après un petit moment, alors que nous nous dirigeons vers la ville tout illuminée dans cette nuit de premier décembre.

Le nez rivé sur la vitre, je sais bien ce que Fritz essaie de me dire. Si je ne fais pas preuve d'un peu plus de tolérance, Zakhar, le Pakhan de la ville de Perm, finira par rallier ses troupes et venir me défier ouvertement. Surtout si je lui coupe son approvisionnement en provenance de Biélorussie...

Mais justement! Le fait qu'il continue de faire passer sa marchandise par mon territoire sans jamais payer la taxe du droit de passage démontre clairement que ce Pakhan n'a pas du tout peur de moi.

AH! Il est bien le seul dans ce pays!

Oui, parce que depuis que Romanov m'a défié l'été dernier, tentant d'intercepter une de mes marchandises et kidnappant ma belle Colombienne au passage... plus personne n'ose me défier ici en Russie. Ils ont tous peur de moi...

C'est que, voyez-vous, Romanov n'a pas connu une fin très heureuse!

Hé! Hé!

J'ignore les inquiétudes de Fritz.

J'ai des alliés puissants et ma position est solide ici à Moscou ainsi qu'à Saint-Pétersbourg depuis que je me suis accaparé le territoire de Romanov. Si Zakhar est assez stupide pour me déclarer une guerre ouverte, ce sera lui le plus grand perdant.

Mais à titre de sovietnik, il est du devoir de Fritz de me mettre en garde de toutes les avenues possibles à chacune de mes actions.

- Boss... ose-t-il dire de nouveau après un petit moment et malgré mon silence persistant. Plusieurs de nos frères vous trouvent un peu à cran depuis que votre serdtsevushka* vous a quittés pour cet entrainement militaire... Si vous vous en faites pour elle... Vous pourriez toujours, euh... aller lui faire une petite visite en Colombie... Boss! Moi et les autres on est même prêts à se cotiser pour payer votre billet d'avion si c'est un problème...

Je le dévisage automatiquement avec irritation et le reste de ses paroles se noient dans sa bouche. L'atmosphère dans le véhicule se refroidit et il avance nerveusement la main pour augmenter le chauffage.

Fritz s'enferme dans un silence complet pour le reste du trajet et appuie même sur le champignon pour arriver plus rapidement à destination.

Quand nous franchissons les grilles de l'enceinte de mon manoir ancestral, il est déjà passé minuit. Je suis couvert de sang et de bouts de cervelles, donc je me dirige sans tarder vers ma chambre pour y retirer mes vêtements et prendre une douche dans ma salle de bain personnelle.

Je dois pour ce faire me placer dans le bain à patte qui s'y trouve et refermer le rideau de douche du grand anneau ovale au plafond tout autour de la baignoire, pour faire couler l'eau de la pomme de douche. Une douche-téléphone.

Les chambres dans ce manoir sont très antiques. Hormis ma propre chambre, qui est celle des maitres, la plupart partagent leur salle de bain avec la chambre voisine, tandis que certaines autres n'ont même pas de salle d'eau et doivent aller dans celle du couloir pour prendre une douche.

La tuyauterie est très vieille, elle siffle souvent et nous manquons d'eau chaude si tout le monde prend sa douche au même moment. Pour chance, en temps ordinaire, il n'y a que trois résidents permanents en plus de notre vieux majordome, Radko... Il est donc assez rare que nous prenions toute notre douche en même temps, mais pour les besoins de la cause, nous avons convenu que ceux des chambres qui donnent sur la façade avant prendraient leur douche le matin, et ceux dont la chambre donne sur les jardins la prendrait le soir... ce qui est mon cas.

Ce n'est pas que je sois pauvre.

Je suis même très très riche si on calcule tous mes actifs à l'étranger.

Nous pourrions effectuer des rénovations.

Seulement, je préfère investir mon argent dans des choses plus importantes.

Comme la cause que nous défendons.

Je suis aussi un patriote très fervent qui ne veut que le bien de mon pays et qui fait son possible pour l'empêcher de sombrer dans le chaos.

Vous qui vivez à l'étranger ne pouvez comprendre la détresse de mon peuple, car nous, les Russes, nous sommes un peuple fier qui ne laissons jamais voir à personne nos faiblesses.

Mais apparemment, ce n'est plus mon cas, par que tous mes frères de la Bravta semblent avoir compris d'où vient mon humeur massacrante!

Sous la douche, je ressasse les paroles de Fritz.

Dire que lui et les autres étaient même prêts à se cotiser pour m'offrir un billet d'avion, sans doute pour ne plus m'avoir sur le dos!

Comme si j'avais b'soin qu'on m'fasse la charité!

Un de mes frères m'a déjà demandé par le passé, pourquoi je ne lui mettais pas un bon coup de rein, à ma belle Colombienne! Ainsi, je serais bien moins frustré sexuellement! Ouy alors, si je ne veux vraiment pas teinter sa pureté avant le mariage. je pourrais toujours trouver une petite suka (pute) pour vider mon sac... avait ajouté un autre.

Ils ne comprennent pas.

Ça n'a rien à voir.

Andrea n'était pas vrai avec elle-même. Je voulais que notre première fois se passe dans l'amour et dans la vérité... et quand j'ai enfin senti que ça y'était... Maintenant, c'était Andrea qui ne se sentait plus prête à se donner à moi.

Après que sa couverture fut compromise, que la vérité fut exposée... Andrea s'est refermé comme une huitre.

Moi je voudrais bien faire un pas vers elle... mais chaque fois que je le fais, elle recule de deux autres pas!

Si seulement mes frères de la Bravta savaient le nombre de fois où je fus tenté de réserver un billet pour l'Amérique du Sud. Mais il est clair qu'Andrea ne veut pas m'avoir dans les pattes! En tant que dom, je dois respecter le souhait de ma soumise.

Je me suis entretenu avec Rafael après le diner ce soir... Il m'a dit que son entrainement se déroulait plutôt bien exception faite d'une peur panique des hauteurs... ce qui ne me surprend pas du tout, car j'avais cru le remarquer.

Mais Rafael me dit qu'Andrea affronte cette peur avec courage pour tenter de la surmonter.

Je souris tout en me savonnant le corps.

C'est bien ma petite souris!

Elle est si courageuse.

Elle serait capable d'affronter un tigre et de le vaincre!

Cependant, la dernière photo que m'a envoyée Rafael, et qu'un de ses subordonnés a prise en cachette d'Andrea, me laisse aussi un gout amer.

Andrea a perdu du poids.

Beaucoup de poids.

J'en étais venu à apprécier ses petites poignées d'amour et ses fesses bien dodues.

Mais maintenant elle est toute maigrichonne!

On dirait même qu'elle a maigri des seins!!!!

Quand je me suis fâché contre le chef des Torpederos, Rafael m'a rappelé qu'il m'avait prévenu que l'entrainement des Torpederos est très exigeant et qu'il ne ferait pas d'exception pour elle.

Mais je ne me sens plus aussi rassuré qu'avant son départ...

Dans mon lit, après être sorti de la douche, je me tourne et me retourne...

Quand Andrea se trouvait au quartier général des Torpederos en Espagne, je ne me faisais pas trop de soucis. Je l'ai déjà visité et il y a des dortoirs, la nourriture y est décente. Ils ont même une cuisinière. En dehors des entrainements, ils peuvent aller dans une salle de divertissement ou encore faire un tour sur la plage au pied de la falaise...

Mais aller se faire bronzer sur les plages de sable blond, ce n'est pas son truc.

Andrea est super accroc du gaming. J'ai même déjà été forcé d'intervenir... pour l'obliger à réduire le temps qu'elle passait devant ses écrans. En effet, Andrea ne prenait plus ses repas à heure fixe, son cycle de sommeil, et même son cycle menstruel s'en trouvait déséquilibré.

Je me demande comment elle vit cette coupure totale du monde extérieur, et surtout du monde virtuel, maintenant qu'elle a quitté l'Espagne pour aller en plein cœur de l'Amazonie.

Andrea doit se sentir tellement seule... Il parait qu'elle n'a pas beaucoup d'amis parmi les autres recrues et les disciples un peu plus expérimentés qui suivent cet entrainement. Elle n'est pas non plus très douée dans une cuisine et Rafael juge la nourriture qu'elle prépare indigeste. C'est pourquoi Andrea est la seule recrue qui n'est jamais de corvée de cuisine au sein de leur groupe!!

Bah... je dois dire que sur ce point ils ont raison. Les seuls plats qu'Andrea sait cuisiner, ce sont les ramens, les plats surgelés et les gros burgers juteux avec frites bien grasses.

Bref, elle ne peut même pas compter sur ses compétences culinaires pour se faire des amis. Et comme en plus elle a son franc-parler...

J'essaie de me dire en moi-même qu'il ne reste que trois semaines avant Noël. Andrea aura alors droit à des vacances, nous serons de nouveau réunis...

Mais qui est-ce que j'essaie de convaincre ?

Même Rafael me le disait... Chaque fois qu'il mentionne mon nom, dans leurs échanges privés... et ce, même lorsqu'Andrea se trouvait toujours en Espagne... elle évite soigneusement le sujet et même qu'elle en change.

Rafael croit que je devrais me préparer mentalement... parce qu'il est possible que ce soit sa façon à elle... de me larguer.

Me larguer.

Aucune fille ne m'a jamais largué.

En général, c'est moi qui les jette!

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* Serdtsevushka: équivalent russe de petite chérie ou de sweetheart.