" La rumeur court que ses fiançailles ont été rompues, je n'en sais pas plus. "
Je secoue la tête et je me tourne vers la fenêtre. Tout le monde autour de moi cesse de parler, ils observent tous la moindre de mes réactions. Ça m'agace au plus haut point. Le seul à prendre la parole et qui n'a pas peur de ma réaction c'est Christopher, mon meilleur ami.
" Depuis quand t'intéresses tu aux potins au sujet de Gallagher ? " Demande-t-il en tapotant son stylo sur la table.
" Depuis que j'ai décidé qu'il en serait ainsi. "
Le silence devient pesant et Nathalie ma secrétaire se racle la gorge.
" Vous avez rendez-vous dans deux heures avec le
" Annulez le. "
Je me retourne pour leur faire face et je croise le regard de Christopher, je sais ce qu'il pense et je m'en moque. Je me lève et je me dirige vers la sortie et je claque la porte derrière moi. Je marche droit vers mon bureau, j'entends les pas de Chris derrière moi.
" Putain Oliver tune ne peux pas continuer comme ça. "
" Non seulement je le peux, mais je le veux aussi . Je refuse d'être associé à des personnes ça "
Mon ami tire le fauteuil juste en face de moi et prend place. Christopher et moi sommes amis depuis que nous sommes gamins, il me connaît aussi bien que moi je le connais. Il sait d'où je viens et ce que j'ai dû faire pour arriver là où je suis aujourd'hui. C'est pour cette raison qu'il sait que je ne peux pas accepter ce qu'il me demande. Ces personnes sont fausses et vivent dans un monde où ce sont les apparences qui comptent. Pas pour moi, je ne peux pas faire semblant devant ces gens.
" Qu'est-ce qui se passe ? " Demande mon ami en prenant une voix douce.
" Ne me parle pas comme si tu étais mon psy. "
" Non, je ne le suis pas, mais je suis ton ami. Et j'ai constaté que depuis quelques jours, tu n'es pas dans ton assiette. "
Je lève les yeux au ciel et je me tourne, je n'ai pas envie d'avoir cette conversation maintenant et surtout pas avec lui.
" Tu as décidé de te lancer dans cette histoire d'élection, alors maintenant, il va falloir que tu assumes les conséquences de tes actes. "
" Tu connais très bien les raisons qui m'ont poussé à agir de la sorte. Cette mascarade ne m'intéresse même pas. "
" Je sais, mais tu as poussé les choses trop loin. Et tu vas devoir te conformer à tout ça. Si tu veux atteindre tes ennemis, comporte toi comme eux. Tu dois les côtoyer pour apprendre qui ils sont et ainsi avoir toutes les cartes en main pour les anéantir. "
Je secoue la tête sans rien dire. Je sais qu'il a raison, mais ça me coûte de devoir l'accepter.
" Très bien, j'irais à cette soirée avec cet homme dégoûtant. "
Christopher s'adosse et sourit d'un air satisfait. Je déteste cette lueur de satisfaction dans yeux.
" Si tu veux mon avis, tu es pour moi le seul candidat qui mérite d'être élu Maire dans cette ville. "
" Tu oublies Marc Gallagher. " Dis-je d'un ton acide.
" Nous savons tous ce que font les Gallagher pour parvenir au sommet. Tu peux faire de cette ville un endroit plus sûr, où la force, les menaces ne seront plus au centre de celle-ci. "
Ce n'est pas mon combat, le combat que je mène et qui se cache derrière tout ça est plus personnel. Pour une raison qui me tient à cœur. Je pose la main sur le précieux dossier qui est posé sur la table juste à côté de moi, j'ai pris pour habitude de tapoter dessus sans raison. Christopher suit mon geste pendant de longues secondes sans rien dire. Je déteste quand il fait ça, il m'étudie, me psychanalyse, pourtant je ne suis pas son patient. Christopher est psychologue depuis six ans, il adore son métier. Entrer dans la tête des gens, comprendre ce qui les dérange, quels sont leurs plus grands secrets et surtout leur venir en aide. Il a une clinique au centre-ville, son père lui aussi est médecin, j'ai quasiment grandi chez eux, ils sont ma deuxième famille. Mais il n'a pas besoin de m'avoir comme patient, parce qu'il connaît tous mes plus sombres secrets, parfois, j'ai même l'impression qu'il arrive à lire dans mes pensées.
" Tu as pu la revoir ? "
" Qui ? " Demandais-je en feignant de ne pas savoir de qui est-ce qu'il parle.
" Pas avec moi. "
" Oui je l'ai revu. " Dis-je en souriant. " Il lui fait du mal. " Dis-je d'une voix dure.
Je me lève et je marche vers la table pour nous servir à boire, je reviens vers mon ami et lui donne son
" Qu'en sais-tu ? Si elle est avec lui, ça veut dire que quelque part elle tolère ce qu'il fait. "
" Il l'a trompé. "
" Alors je comprends pourquoi tu as demandé des nouvelles de Gallagher, tu veux savoir s'ils se sont revus. Et si c'était le cas Oliver, que ferais-
Honnêtement, je n'en sais rien. Ça me ferait un espèce de pincement au cœur, mais je ne sais pas très bien comment nommer ça. Cette fille m'intrigue, je veux mieux la connaître.
" Au moins je suis content que quelque chose ou quelqu'un sur cette terre te fasse encore ressentir des émotions autre que la colère. "
Je ne relève pas sa question et je m'assois derrière mon ordinateur. L'invitation à ce stupide bal de charité me rit au nez et je sais que je n'ai pas d'autr choix que d'y aller.
" Si j'y vais, tu viens avec moi. " Dis-je en plantant mon regard dans les yeux de Chris.
" Quoi mais ? J'ai un dîner moi. "
" M'en fiche, 19h. "
Chris se lève en bougonnant et je sais d'office que j'ai gagné alors, je veux bien y aller mais hors de question que je le fasse seul. Je passe la journée au travail, puis à dix-huit heures, je rentre chez moi me préparer. Chris est venu de lui même, je n'ai pas eu à aller le chercher. Nous nous sommes ensuite rendus dans une salle de fête que le sénateur a loué à cet effet. Chris et moi montons les marchés d'un air sombre, des journalistes nous accostent et bien sûr, nous nous devons de jouer le jeu. Je réponds donc devant les caméras que je suis heureux d'être ici, les enfants sont l'avenir de notre pays et faire des dons pour eux, dans le but de les aider est un honneur. Et bien sûr mes entreprises seront ravis d'offrir des bourses d'études à ces orphelins. Les yeux de la journaliste s'embuent de larmes, elle semble en ce moment précis me prendre pour Dieu. Je me tourne et je continue de monter les escaliers. J'entre dans la salle de fête et l'opulence me frappe aux yeux. Ils ont même fait une immense statut de chocolat. Je lève les yeux au ciel agacé par tout ça. Chris s'approche de moi et me tend une coupe de champagne.
" Souris un peu, tu fais peur à tout le monde. "
" Je signe un chèque et je m'en vais. "
" J'ai annulé mon rendez-vous pour pouvoir être ici avec toi, nous sommes venus alors on reste. "
" Oliver Wright ? "
Mon sang ne fait qu'un tour, je me fige. Cette voix, je pourrais la reconnaître entre autres. Même dans mes rêves je l'entends, cette voix hante chacun de mes cauchemars, la voix du sénateur Dan Gallagher. Je me retourne dans sa direction et je dessine une grimace que j'espère qu'il prendra pour un sourire sur mon visage.
" Monsieur le Sénateur, comment allez-vous ? "
" Bien et je suis enchanté de faire enfin votre connaissance. " Dit-il en me prenant la main. " Vous semblez être un homme très occupé. "
" Entre le travail et ma campagne, je n'ai pas vraiment le temps pour moi, Christopher que voici a dû me traîner ici de force. "
" Alors c'est à vous que je devrais dire merci. " Dit-il en se tournant vers Chris pour le saluer. " Dites-moi monsieur Wright, que pensez-vous de notre magnifique ville ? "
Le Sénateur se tourne en direction de la porte qui mène au jardin, je comprends alors qu'il aimerait que je le suive. Je lui emboîte le pas avant de le suivre dehors.
" Il ne fait aucun doute que je l'adore, sinon je ne me serais jamais lancé dans une aventure pareille. "
" Ça ne fait aucun doute. Ce n'est pas commun que quelqu'un sorti de nulle part, qui semble avoir autant réussi dans la vie, se lance dans une campagne électorale dans une ville étrangère. " Dit-il d'un ton plein de sous-
" Qui vous dit que cette ville inconnue ? "
" Croyez-moi, je connais tous les habitants de Portland, mais pas vous. "
Un sourire sarcastique naît sur mon visage et je plonge la main dans la poche de mon
" C'est peut-être mieux ainsi, vous ne pensez ? Ce ne serait pas du jeu sinon. "
Il plisse les yeux et ne rajoute rien, mais s'arrête de marcher.
" Vous jouez au poker mon garçon ? "
C'est grâce au poker que je me retrouve là en quelques sortes pensais-je.
" Non, mais je serais ravi. "
" Nous organisons une soirée la semaine dans deux mois, pour des associations bien entendus, vous devriez y venir. "
Une seule question me taraudait l'esprit, pourquoi cet homme voudrait inviter le concurrent de son fils à une partie de poker ? Serait-ce pour avoir des informations contre moi ? Ou plutôt pour avoir des inform sur moi tout court ? La seule manière de le savoir était d'aller à cette fichue soirée.
" Ce serait avec plaisir. "
Le Sénateur semble ravi et me serra la main.
" Eh bien, vous m'en voyez ravi. Je vous ferais parvenir une invitation. Eh bien sûr, vous pouvez venir accompagné. "
Je ne répondis pas et je me contentais de le regarder partir. Je connaissais déjà à qui je demanderais de m'accompagner à cette partie. Je Pose les yeux sur la main que le Sénateur vient de serrer. L'ironie a voulu qu'il serre la main de l'homme qui va le détruire.