POV Alicia
POV Alicia
Je referme l'agence en étant heureuse, d'ailleurs pourquoi ne le serais-je pas ? J'ai un bon poste dans un cabinet juridique, un super fiancé et une famille que j'adore. J'ai passé une agréable journée. C'est vrai que je travaille pour un véritable tyran, mais au moins, j'ai un bon travail. Je prends chaque petit pas que je fais comme un miracle de la vie et il est absolument hors de question que je me plaigne de ça, j'ai failli mourir, alors je suis heureuse d'être encore là. Je marche dans la rue, les mains dans les poches de mon par-dessus, je souris quand je pense à ce qui m'attend, mes joues deviennent toutes rouges et je presse le pas.
Aujourd'hui est un grand jour pour moi, j'ai décidé de passer à l'action avec Marc. Ça fait bientôt un an que nous sommes ensemble et il ne s'est jamais rien passé entre nous deux. Alors pour fêter notre première année de relation, j'ai décidé que c'était le bon moment. Il est tellement attentionné et tendre avec moi qu'il m'a promis que nous ferons l'amour uniquement quand je me sentirais prête, pas que je sois encore vierge non, c'est juste que je n'ai jamais véritablement ressenti de plaisir. Après un an, je pense que c'est le moment. J'ouvre la porte de mon appartement et je la referme derrière moi, j'habite un magnifique deux pièces en plein centre-ville de Portland avec ma meilleure amie Nicole, alors oui j'en suis heureuse. Elle travaille le soir, personnellement, je trouve qu'elle travaille beaucoup trop.
Mon appartement n'est peut-être pas très grand, mais je suis heureuse comme ça. Je marche jusqu'à la salle de bain et je me déshabille. J'ai fait un tour chez le coiffeur et l'esthéticienne en journée, elle m'a d'ailleurs conseillé de retirer mes lunettes pour qu'on puisse faire ressortir la couleur verte de mes yeux. Ou alors d'essayer des lentilles. Après hésitation, j'ai choisi des lentilles que je mettrais après la douche ou pas. Je me suis épilée intégralement le corps, je n'ai jamais eu la peau aussi douce de toute ma vie. Et pour finir, je suis allée prendre un ensemble de lingerie en dentelle que je mettrais sous un manteau sans rien d'autre en bas. Tout ce que j'espère avec cette paire de talons, c'est de ne surtout pas tomber. Je termine donc de me doucher, je m'habille, puis je m'assois devant la coiffeuse pour me maquiller comme me l'a conseillé la maquilleuse, je souligne mes yeux bleus avec du khôl et mes lèvres d'un gloss. J'enfile mes talons et mon manteau, je me contente de libérer mes cheveux, puis je passe la main dessus en les secouant doucement. Je me place devant le miroir pour admirer le résultat. J'ai presque du mal à me reconnaître, ce carré ondulé me va à merveille, mes cheveux rouges n'ont jamais eu autant d'éclats. J'ai presque du mal à me reconnaître, je mets la bouteille de vin que j'ai prévu à cette occasion dans mon sac à main et je sors. Je prends un taxi pour la partie riche de Portland, j'ai même eu du mal à accepter qu'un homme aussi riche que Marc puisse s'intéresser à moi, je ne suis pas vraiment comme toutes ces femmes que l'on aborde dans la rue. J'ai une énorme poitrine et surtout, j'ai encore pris quelques rondeurs. Mais il m'a prouvé que je pouvais lui faire confiance et cet immense amour que je ressens pour lui n'a de cesse de croître. La voiture me laisse devant une immense maison dans un quartier résidentiel. Je souris, puis je monte les quelques marches qui me séparent de la porte d'entrée de son immeuble, je prends l'ascenseur. J'insère mon double des clés sans frapper à la porte, j'ai prévu de lui faire une surprise et j'ai hâte de voir la stupéfaction dans ses yeux. J'ouvre la porte et je marche jusqu'à sa chambre, je ferme les yeux et je compte jusqu'à cinq pour me donner du courage. J'ai l'intention d'entrer, de laisser tomber mon manteau et de ramper jusqu'au lit. Je pose la main sur la poignée de la porte pour l'ouvrir. Je suspends mon geste lorsque j'entends la voix d'une femme.
" Tu ne devrais pas être avec ta petite amie aujourd'hui ? "
Je plisse les yeux lorsque j'entends l'ironie dans sa voix lorsqu'elle parle de moi. Je fronce les sourcils en reconnaissant la voix, c'est celle de Nicole ma meilleure amie, elle m'avait dit qu'elle quittait la ville pour de week-end.
" Pitié, ne m'en parle même pas. Rien que le fait de penser à elle me donne des maux de tête. Elle est si ennuyante, moche avec ses affreuses lunettes qu'elle pose sur son nez. "
Instinctivement, je retire la paire de lunettes que je porte et je les mets dans mon sac.
" En plus, tu as vu son style ? Ses vêtements, on dirait une bibliothécaire de soixante ans. Je suis certain que même son miroir doit en avoir plus qu'assez de voir sa tronche. "
La femme éclate de rire, les larmes me montent aux yeux, je pose une main sur ma bouche pour m'empêcher de pleurer. Si seulement il s'était arrêté là, mais non, il a continué.
" Tu te rends compte que je n'arrive même pas à l'embrasser ? C'est un supplice. En un an, je ne l'ai jamais touchée, elle me donne la gerbe. Je l'imagine recouverte de poils sous ses affreux jupons. Si ce n'était pas parce que j'avais besoin de redorer mon image de playboy pour les élections, je n'aurais jamais posé les yeux sur elle. Elle est vraiment stupide si elle pense une seule seconde qu'elle me plait, on dirait un glaçon. "
Là, ce fut la goutte de trop, je me retournais en pleurant pour dévaler les escaliers et partir d'ici. Il faut que je sorte d'ici. Arrivée au bas des escaliers, ma chaussure se mêle dans le tapis et je tombe face contre terre, ce qui fait un bruit sourd. Ma frustration et ma colère augmentent d'un cran, parce que même sortir avec élégance, ça aussi je ne sais pas le faire. La porte de chambre s'ouvre, je suis morte de honte.
" Alicia ? "
Je rassemble le peu de dignité qu'il me reste et je me lève. Je me tourne en direction des escaliers et je regarde l'homme qui vient de me briser le cœur. Je secoue la tête et je marche vers la porte, comme si ça ne suffisait pas, mon talon s'est cassé ! Je retire mes chaussures et je les jette dans son salon, puis j'ouvre la porte et je sors en la claquant. Il ne prend même pas la peine de me suivre. Je baisse la tête et je marche pieds nus jusqu'au portail, en sortant je croise le regard triste du vigile qui a l'air de me dire tu y croyais vraiment ? Une fois sortie de là, il se met à pleuvoir, je me mets à hyper ventiler au milieu de la route, je ne sais plus très bien ce que je fais, je suis comme désorientée, les phares d'une voiture m'éblouissent et je tombe sur les fesses. J'ai bien failli me faire écraser. La voiture de l'homme se gare un peu plus loin dans un crissement de pneus et j'entends sa portière s'ouvrir.
" Vous allez bien ? "
Je ne réponds pas et je le laisse venir jusqu'à moi, j'ai l'impression que je me suis ouverte l'arrière de la cuisse en tombant. Et je me suis écorchée les mains.
" À votre avis ? Vous avez failli me rentrer dedans ! " Hurlais-je sous l'averse.
" C'est vous qui étiez plantée au beau milieu de la route. "
Ah oui c'est vrai. L'homme met un genou à terre et plante son regard dans le mien. J'arrête pendant une seconde de respirer, les battements de mon cœur s'accélèrent. L'homme devant moi est juste parfait ! Ses yeux rieurs me mettent tout de suite en confiance. Il a des pommettes saillantes, et ses yeux sont d'un marron clair que je n'ai jamais vu. Il est beau, magnifique. Je reste éberluée devant autant de beauté.
" Vous allez bien ? " Me demande-t-il à nouveau.
Sa voix m'interrompt dans ma contemplation, je baisse la tête gênée d'avoir été surprise à le dévorer des yeux. Quelque chose en lui me pousse à obéir, ça fait des années que je n'ai pas ressenti ça.
" Je crois que je suis blessée. "
Il prend mes mains sans ma permission et les regarde.
" Ce n'est pas bien grave mais je préfère vous emmener à l'hôpital. "
" Non. "
Il pose les yeux sur moi pendant quelques secondes, puis regarde à nouveau mes mains. Je continue de regarder cet homme dont les traits me semblent si familiers.
" Ça y est ! Je sais pourquoi votre visage me semble si familier. "
Une expression de surprise et de peur mêlée apparaît sur le visage de mon sauveur.
" Vous êtes candidat à la mairie. "
Et c'est l'un des adversaires les plus coriaces de Marc. Celui qu'il déteste le plus d'ailleurs. Je me rappelle des soirées qu'il a passé à me parler de lui, en mal bien sûr. Je le regarde d'un air méfiant et je recule, bien sûr ma blessure en bas de la cuisse se frotte au goudron et je gémis de douleur.
" Cessez de vous vous frotter les fesses contre le goudron, vos plaies vont s'agrandir. "
" Ne me dites pas quoi faire. " Même si j'adore ça, pensais-je.
" Vous voulez que je vous raccompagne chez vous ? "
Je secoue vivement la tête, je n'ai pas envie de rentrer dans mon appartement. Pour rester seule et triste, voir la désolation sur mon visage. J'ai besoin de partir loin, de fuir la réalité. Soudain une idée diabolique ne vient en tête. Je vais faire mal à Marc autant que lui aussi m'en a fait. Il va payer pour s'être moqué de moi. Je vais me donner à l'homme qu'il déteste le plus au monde et il saura ce que c'est que d'avoir mal, d'être humilié. Je lève la tête vers lui et je souris. J'essaye d'ère coquine, je sais au fond de moi que je suis ridicule. Mais je m'en moque.
" Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, mon fiancé et ma meilleur amie, couchent ensemble, j'ai envie de partir très loin d'ici. "
Il plonge son regard dans le mien et un faible sourire naît sur son visage. Il m'aide à me relever et me porte jusqu'à sa voiture.
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