J'ai fini par me coucher sur le lit, encore habillée en regardant cette énorme chambre, me demandant si je rêve. Ma main caresse ce drap soyeux sous mon épaule mon épaule dénudée, me rendant compte de ce que certaines personnes ont que je ne pourrai jamais rêvée. Je serais déjà heureuse d'avoir ne fusse un matelas où les ressorts ne me rentrent pas dans les côtes. Et ici, tout semble sortir d'un conte de fée, dans lequel je vais vivre pendant un mois. Enfin, je dis un conte de fée, mais je vais surtout devoir supporter cet abruti en bas et contenir mon caractère devant lui. Bon, j'avoue que la somme que m'a proposée Chad pour ce travail n'est pas du tout dérisoire ; et je pourrai enfin nous faire déménager de ce taudis miteux.
D'ailleurs, je me demande ce que mon abruti de frère fait ? Est-ce qu'il est rentré à l'appartement à cette heure-ci ? Ou est-il encore en train de boire et de profiter du fait que je ne sois pas là pour le surveiller ? Avec lui, je pencherais pour la deuxième option.
Je devrais peut-être prendre des nouvelles de lui demain, quand ce mec sera parti travailler.
Je me redresse horrifié par le cri que je viens d'entendre, et qui semble résonner dans toute la maison. Je saute du lit, et j'entrouvre la porte pour essayer de savoir ce qui se passe au juste dans cette maison. Elle n'est quand même pas hantée ?! Un frisson me traverse, alors que je sors doucement de la chambre, et je vais jusqu'au-dessus de l'escalier pour écouter d'où viennent ses cris.
- Cela semble venir d'en haut. Fais-je à voix haute, comme si je me donnais du courage d'avancer vers l'escalier qui monte à l'étage suivant. Les cris sont vraiment stridents, et je jurerais que quelqu'un est terrifié là-haut. Mais ce qui me surprend, c'est que ce mec ne bouge pas de son lit pour aller voir ce qui se passe. Je m'arrête en mettant le pied sur la première marche.
- Mais, Chad m'a dit qu'il vivait tout seul non ? Me dis-je en regardant l'étage.
Donc, la voix que j'entends doit être celle de Dean...
Je monte à tâtons les marches de marbres froides sous mes pieds nus, tout en me demandant si je peux vraiment faire cela. Mais c'est plus fort que moi, on dirait les cris de quelqu'un qu'on égorge maintenant et les frissons que cela me fait sont de plus en plus palpables. Arrivée à l'étage, je commence à entendre plus distinctement des paroles entre les cris. Je prête l'oreille vers le son de sa voix, et je m'arrête à quelques pas d'une porte entrouverte. Les cris viennent de cette chambre, et je me mords la lèvre me demandant si c'est une bonne idée que j'aille voir tout compte fait. Pourtant, à cet instant, il semble crier à l'aide.
Je serre mon poing le long de mon ventre, essayant de réfléchir à ce qui est le mieux. Mais les cris reprennent de plus belles et entendant la douleur qui en sort, je me précipite dans la chambre pour le trouver sur son lit ; criant et se tordant comme s'il était en pleine souffrance. Une souffrance qui me transperce dès que je pose mon regard sur son visage, dégoulinant de sueur. Les muscles de son corps sont tellement tendus, qu'on a l'impression qu'il va exploser. Sans parler de ses cris qui sortent de sa bouche, tordue par la douleur qu'il ressent.
- Sortez-moi de là ! Hurle-t-il les yeux fermés et je m'approche plus près du lit, la main tendue hésitante. Mon dieu, il est en plein cauchemar, et je ne sais pas si je fais bien de faire cela. Mais la souffrance qu'il dégage, me pousse à le faire et je pose ma main doucement sur son bras.
- Dean ? Dean ? L'appelé-je.
- Aidez-nous ! Hurle-t-il et tout son corps se met à trembler comme s'il était possédé. Son visage se tord encore plus de douleur et, j'enlève ma main de son épaule en voyant les larmes couler de ses yeux. Ses mains attrapent le bras en-dessous de lui et il les serre tellement, que j'ai l'impression qu'il va les déchirer.
Je ne sais vraiment pas quoi faire, et je porte ma main à ma poitrine le regardant se battre avec sa douleur. Je me mords presque la lèvre en le voyant ainsi. Dire que ce mec semblait impassible tout à l'heure dans le salon, même plus qu'arrogant et que là, il est totalement démuni dans son lit sous la souffrance de son cauchemar.
"Dean a développé cette maladie depuis l'accident qu'il a eu il y a treize ans..."
Les mots de Chad me reviennent en mémoire, alors que je me battais avec mon manque de sommeil pendant qu'il m'expliquait les raisons de son mal-être. Il doit revivre ce jour-là. Je ne vois que ça qui puisse le faire autant souffrir.
Je prends une bonne respiration en le regardant pleurer de douleur, et je décide qu'il est temps que je fasse ce pourquoi je suis là. Je ramène ma main vers le visage de Dean. Je reste un instant hésitante, me disant que c'est vraiment mal placé de faire ce genre de chose avec un garçon que je ne connais pas. Mais son visage et sa souffrance me font tellement mal, que mes doigts glissent doucement dans ses cours cheveux bruns, mouillé de la transpiration de sa douleur. Je fais abstraction de ce détail, et je commence à bouger mes doigts.
- Il faut que tu te calmes. Lui fais-je doucement, alors qu'il a un sursaut à mon toucher tout en grimaçant toujours de douleur.
- Tu n'es plus dans ce train. Continué-je sentant que je vais céder à sa douleur en me mettant à pleurer.
- Il ne t'arrivera rien, il faut que tu te calmes. Finis-je par dire en frottant mes yeux avec ma main libre.
Dean
Je suffoque sous son corps, et je n'arrive pas à voir ce qui se passe autour de nous avec cette épaisse fumée qui nous entoure. Les gens crient, pleurent partout dans le wagon. Les câbles électriques qui doivent être dénudés font un bruit d'horreur autour de moi, alors qu'un liquide semble envahir mon visage. Je n'arrive pas à faire le moindre mouvement, et ce liquide coule sur mes lèvres doucement, s'immisçant maintenant à l'intérieur de ma bouche. Le contact de ma langue avec ce liquide me fait presque mourir sur place à l'arrêt de mon coeur comprenant ce que c'est.
Ce gout métallique dans ma bouche ne me fait aucun doute sur ce qui est en train d'entrer en moi à cet instant. Je sens mon corps se raidir sous ce contact, et je suffoque encore plus, essayant de trouver de l'air qui était déjà introuvable avant cela. Non, je ne veux pas rester là ! Son sang ! Je suis en train d'avaler son sang et je ne peux rien y faire. Je serre mes poings complètement écœuré et terrifié par ce que cela signifie. Il y en a tellement, je ne peux plus que sentir cette odeur métallique qui prend le dessus sur celle de la fumée qui nous entoure.
Je ferme à nouveau les yeux et j'essaye de me calmer, je dois nous sortir de là. Je dois me reprendre et appeler de l'aide.
- Aidez- nous ! Hurlé-je.
Je serre mes poings plus forts me rendant compte qu'on ne nous entend vraiment pas, et je me mets à pleurer sachant que c'est la fin. Jamais, nous ne sortirons de ce wagon. Plus jamais, je ne reverrai son magnifique visage illuminé et ces magnifiques yeux bleu. Plus jamais, je ne la serrerai contre moi comme cette nuit.
Une nuit, où nous avons enfin franchi la frontière de notre désir pour l'autre. Cette nuit qui me liait à elle pour toujours. Mais je en pensais pas à ce genre de lien. Je voulais juste qu'elle soit ma première et peut-être unique fille dans mon coeur pour les années à venir ; et non la seule qui aurait à jamais fait partie de ma vie. Non, je ne voulais pas qu'on meurt maintenant tous les deux, alors que nous avons tellement de choses à faire ensemble. Je voulais lui apprendre à jouer au base-ball ; elle devait m'apprendre à faire de l'équitation, voulant me faire dépasser ma crainte de ses chevaux. Nous avions tellement de projets tous les deux à faire, et de choses à découvrir ensemble ; que je ne peux que souffrir de savoir que tout ceci n'arrivera jamais à cause de moi.
Car oui, si je n'avais pas désobéi à papa en m'enfuyant avec elle, au lieu d'aller à la fête d'anniversaire de grand-père...
- Chut, il faut que tu te calmes.
Une voix me parvient. Une voix douce et calme, qui me demande de me calmer résonne dans mon esprit. Mais j'ai trop mal pour l'écouter, et je crie une nouvelle fois qu'on vienne nous aider. Pourtant, cette vois continue de me demander de me calmer, mais je ne peux pas. Si j'arrête de crier, nous allons mourir. J'essaie de crier à nouveau, mais ce goût de métal me donne la nausée. Mon estomac fait remonter un liquide acide, et je me redresse d'un coup pour vomir.
- Génial ! S'exclame une voix, alors que je viens de vomir sur le sol.
Enfin, c'est ce que je pensais, puisque quand je reprends enfin mes esprits ; je remarque que j'ai vomi sur quelque chose de noir. Je cligne des yeux en reprenant le rythme de ma respiration, et je remarque que cette chose noire a des jambes.
- PTS ? Demandé-je encore vaseux.
- Vous faisiez un cauchemar. Fait la voix de PTS, alors que j'essuie ma bouche avec un mouchoir qui se trouve sous mon oreiller avant d'allumer la lampe.
- Oh ! M'exclamé-je confus en voyant que j'ai vomis sur PTS qui reste droite comme un i devant loi, les bras serrés le long du corps, en regardant sa robe. Je passe ma main, ennuyé et honteux de ce qui vient de se passer. Mais je me rends compte que mon attitude est stupide, puisque ce n'est qu'un robot. Je me tourne de l'autre côté pour descendre du lit, et je vais me chercher une bouteille d'eau dans le frigo près de la fenêtre. Ces cauchemars me semblent toujours aussi réalistes, jusqu'au gout du métal qui persiste encore dans ma bouche.
- Si vous n'avez plus besoin de moi, je vais y aller. Fait PTS et je ne prends même pas la peine de me retourner pour acquiescer.
- PTS. Finis-je par dire une fois ma gorgée d'eau avalée.
- Oui.
- Ne rentre plus jamais dans cette chambre. Lui ordonné-je froidement.
- Bien. Me répond-elle et la porte de ma chambre se ferme bruyamment quelques secondes après. Si elle n'était pas un robot, j'aurais pu croire qu'elle venait de claquer la porte de rage. Mais ce n'est qu'une machine, elle ne ressent pas ce genre de chose.
Par contre moi, je suis totalement vidée mentalement et physiquement, comme à chaque fois que je fais ce rêve. Je fais quelques pas dans la chambre et je décide de me rendre dans mon bureau qui se trouve à côté. Entré dans celui-ci, j'attrape le T-Shirt qui y traine encore et je l'enfile, avant de m'assoir à mon bureau. Je pousse sur l'ordinateur, et je m'appuie contre le dossier de ma chaise de bureau en regardant le plafond.
Combien de temps, vais-je encore devoir supporter ces cauchemars ? Est-ce toi qui me punis d'être vivant, alors que tu es morte de ma faute ?
Oui, je suis vivant mais à quel prix ? Je ne supporte plus la foule, et le contact des gens me rend dingue au point d'en attraper des plaques d'urticaires. Et par-dessus tout, me voilà contraint de vivre avec un robot comme seule compagnie. Je ramène mon regard sur mes mains.
- Vivre sans pouvoir sentir la chaleur de quelqu'un d'autre est le pire des cauchemars. Soufflé-je le coeur oppressé.
- Mais au moins, je te serai fidèle comme je te l'ai promis cette nuit-là...