Mais moi, je ne suis pas tout à fait convaincu. Oui, elle est magnifique, elle semble vraiment humaine si on fait abstraction à sa poitrine ouverte ; mais pour le reste, est-ce qu'elle pourrait passer pour une des nôtres au milieu des gens ? Sérieusement, je suis certain qu'elle se ferait démasquée en un rien de temps.
- Alors qu'en penses-tu ? Me demande Chad en me tendant une tasse de café.
- Ce que j'en pense. Réfléchis-je en passant ma main dans mes cheveux tout en me tournant vers son androïde.
- Je me demande si elle passerait pour une personne normale au milieu de nous ? Lui dis-je en relevant un sourcil dans sa direction.
- Il suffit de la tester pour le savoir non ? Intervient Dany qui me semble bien emballée par l'idée de Chad.
Honnêtement, je ne suis pas contre son idée qui m'étonne d'ailleurs de lui. Mais ne m'avait-il pas promis qu'il trouverait une solution à mon problème de phobie et le fait que je sois toujours seul ?
Je me souviens de cette nuit où j'avais trop bu ayant encore fait ce cauchemar, et nous avons parlé lui et moi tout le reste de la nuit. Cette nuit-là, je pense que c'est la première fois que j'avouais à quelqu'un combien les contacts humains pouvaient me manquer. Oui, je l'ai avoué une seule fois dans ma vie à cet homme qui ne pense qu'à ses programmes et qui ne vit avec que pour ses ordinateurs.
Peut-être ai-je eu l'impression que lui et moi étions un peu les mêmes pour lui avouer une telle chose ?
Mais cette nuit-là, il m'a fait une promesse. Il m'a promis qu'un jour, il créerait quelque chose d'époustouflant qui me ferait être moins seul et auprès de qui je pourrais me blottir quand je fais des cauchemars. J'ai bien entendu d'abord pensé à une de ses poupées Dol qu'il m'envoie chaque année à mon anniversaire, mais je ne pensais en aucun cas à une telle chose.
- Que dirais-tu de la tester un moment ? Me demande Chad tandis que je pose la tasse de café sur ce qui doit ressembler à une table, si on enlève tous ses papiers de schémas de programmes.
- PTS doit encore être perfectionnée pour les sentiments et apprendre à se familiariser avec les humains pour augmenter les capacités de ses propres émotions si on peut dire. Mais je ne peux pas faire cela moi-même enfermé dans cet entrepôt. Me fait Chad.
- Mais toi. Tu pourrais l'aider à s'habituer au vrai monde.
- Moi ?! M'exclamé-je amusé.
- Tu as oublié que je vis cloitrer chez moi ? Lui rappelé-je.
- Oui, mais elle est conçue à la base pour t'aider à vaincre tes peurs. Me fait Chad en allant la chercher et celle-ci lui prend la main en souriant avant qu'ils ne nous rejoignent. Je n'arrête pas de regarder leurs deux mains entrelacées.
- Tu as besoin de quelqu'un pour te tenir compagnie et qui ne te rende pas fou. Insiste Chad et je relève mon regard dans les yeux noisette de PTS.
- Vous avez des yeux magnifiques. Me fait PTS en souriant. Ils ressemblent à des émeraudes.
Je la regarde ahuri tandis que sa main se pose sur mon visage et je saute limite du tabouret apeuré en me tenant le visage.
- Oh pardon. S'excuse-t-elle et je jurerais qu'elle est gênée.
- PTS, tu ne dois pas toucher les gens comme cela. Lui fait remarquer Chad et je crois halluciner quand son androïde se mord la lèvre en baissant les yeux montrant son embarras. De l'embarras ?! Il est certain que c'est bien une machine ?!
- Je ne voulais pas incommoder, mais tu m'as dit que j'ai été créée pour toucher les gens qui ne pouvaient pas être touché par des gens comme toi. Lui fait-elle remarquer
- Oui, mais tu dois y aller doucement. Rétorque Chad.
Attends, ils ont une conversation normale et elle semble être plus qu'humaine quand elle lui répond ainsi. Elle semble réagir à des tas d'émotions comme nous autre, passant de la joie à l'embarras en étant plus que réaliste. Chad et elle commencent même limite à se disputer devant moi et Dany me faisant esquisser un sourire, en voyant qu'elle semble avoir un fameux caractère dans ses programmes.
- Bon, je vais la tester pendant un mois. Finis-je par dire plus que conquis par son androïde PTS.
Phoebe
Je rentre à l'appartement après le service du restaurant qui a été plus qu'éreintant ce soir, mais c'est peut-être de ma faute. Ma tête était remplie des tortures que je vais faire subir à cet abruti de Pearce ! Je balance mon sac sur mon lit et j'enlève ses foutues chaussures avant d'aller lui arracher les yeux. Je dois d'abord reprendre des forces pour la bataille à venir, car je ne compte pas le laisser ruiner nos vies indéfiniment. Je veux enfin pouvoir respirer un peu et si possible mettre de la tapisserie pour cacher les taches jeunes qui semblent s'agrandir partout sur les murs de ma chambre.
La porte d'entrée s'ouvre et j'entends cet abruti se prendre le petit meuble où j'ai mis la lampe qui sert à illuminer la pièce principale.
- T'es mort ! Claqué-je en sautant de mon lit et je traverse ma mini chambre pour débouler dans la pièce J'attrape mon cher grand-frère qui est à quatre pattes par terre pour le trainer dans la pièce vers la salle de bain.
- Phoebe, mais qu'est-ce que tu fous ?! Crie mon frère d'une voix qui empeste tellement l'alcool que je devrais penser à retenir ma respiration pour ne pas être saoule rien qu'en inhalant.
- Je t'avais prévenu que si tu faisais encore le con, je te raserais la tête ! Claqué-je en lui mettant celle-ci au-dessus de la baignoire sans aucune délicatesse. Je tends l'autre bras pour attraper la tondeuse près de l'évier, tout en faisant une pression avec mon genou sur sa colonne vertébrale pour l'empêcher de bouger.
- Je te jure... Grince mon frère dont la voix résonne dans la baignoire.
- Ferme-la et arrête de bouger ou je te coupe l'oreille. Ragé-je en enclenchant la tondeuse et attaquant en plein milieu de ses cheveux noirs bouclés dont il est si fier.
Fier ! Pourquoi aurait-il droit à de la fierté alors qu'il pourrit ma vie depuis plus de dix ans ?! S'il ne veut pas écouter quand je parle et bien, il se rappellera que j'en ai marre à chaque fois qu'il verra son crâne rasé.
- Arrête ! Hurle Pearce tandis que ses boucles tombent dans la baignoire et que mes larmes de rage coulent de mes yeux.
Il croit franchement que cela me fait plaisir de lui faire ça ! Il croit franchement que ça me plait de me disputer avec lui ?! Non, j'en ai marre ! Je me bats depuis que je suis arrivée en Floride pour essayer de l'aider et de sortir de la merde Mais il ne fait rien pour que cela s'arrange malgré la peine qu'il voit dans mes yeux à chaque fois. Il s'excuse pour mieux recommencer le lendemain et je ne peux plus le tolérer. Je balance la tondeuse dans la baignoire après avoir rasé grossièrement ses cheveux et je sors de la salle de bain en rageant.
Je me tiens debout dans la petite pièce en m'arrachant presque les cheveux en voyant le pack de bières et sa veste par terre où il est tombé.
- Putain, je suis là à bosser me privant de bouffer ! Et toi, tu picoles alors que le frigo est vide ! Claqué-je en attrapant le pack de bière pour le balancer contre le mur.
- Phoebe, calme-toi. Me supplie mon frère en sortant de la salle de bain et je me tourne vers lui limite enragée de l'état dans lequel je suis.
- Me calmer ! Crié-je en fonçant sur lui et le tapant sur la poitrine.
- Tu te rends compte que cela fait dix ans que papa et maman sont morts et que je dois subvenir aux conneries de mon grand-frère ! Ragé-je en pleurant.
- Je suis désolé. Murmure-t-il.
- Putain Pearce ! Je suis ta petite sœur et j'en ai marre de jouer le rôle de maman avec toi ! Continué-je à rager en le tapant encore une fois durement sur la poitrine.
- Phoebe, cela n'arrivera plus. Me fait-il en me prenant mon avant-bras tandis que je baisse la tête.
- Je te promets...
- Non. L'arrêté-je en délivrant doucement mes poignets de ses mains qui me tiennent maintenant.
- C'est fini. Fais-je.
- Oui, c'est fini ! S'exclame-t-il d'une voix heureuse.
- Je ne ferai plus de paris et je vais trouver un boulot pour rembourser Brice.
Je secoue négativement la tête et je me tourne en expirant fort vers ma chambre pour prendre ma veste tandis qu'il continue de parler tout seul dans le salon comme à son habitude, en promettant des choses depuis plus de dix ans maintenant.
Se rend-il compte de son problème ? Se rend-il compte que je dois trouver cinq milles dollars pour dans une semaine et que nous avons encore plus de trente mille dollars de dette à cause de lui et de ses conneries.
Est-ce qu'il se rend compte que je ne peux plus le gérer ? Est-ce qu'il se rend compte que je suis totalement à bout physiquement et émotionnellement ?
- Tu vas où ? Me demande Pearce tandis que je traverse la pièce pour sortir de l'appartement.
Je ne lui réponds pas sentant que je vais finir par craquer totalement et peut-être même lui fracasser la tête dans un excès de rage. Je sors de l'appartement et je traverse le couloir dégoutant en évitant de toucher les murs pour me rendre dans les escaliers où j'entends mon frère me demander de passer prendre des cigarettes.
Non mais il est sérieux !
Je passe au petit magasin où je me prends quelques bouteilles de bière et un paquet de biscuits secs qui seront une fois de plus mon souper. Je marche sans vraiment de but pour me retrouver sur la plage où je finis par m'assoir sur le sable et je décapsule une bière avec mes dents avant de l'affonner.
- Qu'est-ce que je vais faire ? Me demandé-je tout haut comme si je parlais à quelqu'un.
Mais je n'ai personne avec qui parler et cela ne changera jamais. Je ne peux que regarder la mer et à la limite imaginer parler à mes parents.
- Je ne peux plus continuer ainsi maman. Murmuré-je. Il ne veut pas faire d'efforts et je suis vidée.
Je finis par m'allonger sur le dos dans le sable pour regarder les étoiles. Je rage, je parle de partir, mais où irais-je ?
Je n'ai pas d'argents et je n'ai aucun diplôme pour me sortir de la merde dans laquelle nous sommes. Je sais que je ne partirai pas quoi qu'il arrive, parce que c'est mon frère et que je n'ai que lui. Oui moi, l'une des filles les plus populaires du Massachussetts, je ne suis plus rien et je n'ai rien qui puisse me motiver à sortir de la merde dans laquelle je vis...
Chad
- Quoi ?! M'exclamé-je en répondant au téléphone qui sonne dans la voiture tandis que j'ai dû laisser filer le camion pendant que je faisais le plein.
- J'arrive. Raccroché-je paniqué.
Je file sur la nationale et je remarque une file de voitures à l'arrêt. Je descends de la voiture et je me mets à courir à l'avant de la file de la voiture où j'aperçois le camion emboutit par un autre camion.
- Non ! Non ! Non ! M'écrié-je paniqué en voyant la porte arrière défoncée.
Mon cœur s'arrête sans même être monté dans le camion, voyant le liquide des circuits de PTS couler sur la route.
Je tombe à genoux au sol totalement anéanti par ce qui se passe à l'instant.
Dean a besoin de PTS pour aller au diner de son père et elle ne sera jamais prête pour la fin de cette semaine. D'ailleurs, elle risque de ne jamais l'être vu l'état dans lequel elle se trouve. Il va me falloir des semaines, peut-être des mois pour la remettre en état et Dean n'a aucune patience...