- Moi : Bonjour et au revoir.
- Martha Enumedi : Eh eh eh ! Tu crois que je ne vois pas ce que tu essayes de faire?
- Moi : Madame laissez-moi entrer dans ma voiture.
- Martha Enumedi : Tu essayes de rentrer en contact avec Patrick.
- Moi : Hum ! Laissez-moi entrer dans ma voiture.
- Martha Enumedi : Je ne vais pas te laisser venir gâter encore sa vie. Tu as compris ?
- Moi : Hum ! Vous pouvez rester avec votre fils. Allez au diable avec lui. Et maintenant poussez-vous.
- Martha Enumedi : C'est pour ça que tu viens le suivre ici hein ! Petite manipulatrice.
J'étais déjà entré dans ma voiture quand elle avait dit ça mais j'avais tout entendu. Ça m'a fait un choc. Mais je ne voulais pas qu'elle le voit. Je voulais qu'elle comprenne bien que j'avais tourné la page sur sa famille de malade. Et puis je devais mettre Daniela au chaud. Pendant tout le trajet, je n'ai pas arrêté de penser au fait que le père de Daniela était au Cameroun et qu'il n'avait même pas daigné venir voir sa fille. Il ne se demandait même pas si elle était en bonne santé, si elle ne souffrait pas de son absence. Quand je pense que nous étions dans la même clinique et que nous nous étions manqués de peu. Mais plus j'y pensais, plus je me disais que c'était mieux ainsi. Il ne servait à rien que Patrick revienne dans ma vie, bien au contraire.
Lorsque j'étais allé supplier Patrick de m'écouter et qu'au contraire j'étais tombé sur sa mère, j'avais dit à sa mère que j'étais enceinte. Par la suite je m'étais dit qu'étant donné qu'elle me détestait elle ne dirait sans doute rien à Patrick. Alors je lui ai envoyé un message sur son téléphone. Mais rien. Aucune réponse. Je lui en voulais. Mais encore plus à sa mère. Cette femme était une véritable mégère. Priver un enfant qui n'avait rien fait de son père, c'était tout simplement cruel.
- Moi : Allo ma co ! C'est comment ?
- Stephy : ça va et toi ?
- Moi : ça ne va pas du tout.
- Stephy : Hein ?
- Moi : Je reçois des messages de menaces de je ne sais qui. Daniela est malade et voilà que j'apprends que Patrick est à Douala.
- Stephy : Whattt ?? Tu l'as vu ?
- Moi : Non. C'est sur sa psychopathe de mère que je suis tombée. Elle a commencé à m'agresser pour rien.
- Stephy : Attends racontes bien.
- Moi : j'étais à la clinique avec Daniela. Alors que je voulais entrer dans ma voiture, je tombe sur elle. Elle a cru que j'étais là pour suivre Patrick. Donc apparemment il était dans cette clinique.
- Stephy : Il faisait quoi là-bas ?
- Moi : Mami tu me demandes ? Je ne sais pas. Mais mon cœur bat à cent à l'heure-là. Il aurait pu tomber sur Daniela.
- Stephy : Je te dis.
- Moi : Je ne veux pas ça. Je ne veux plus avoir de liens avec cette famille.
- Stephy : Bien sûr. En tout cas, fais tout pour les éviter.
- Moi : Oui c'est ce que je ferai.
Je n'avais pas vraiment envisagé qu'un jour j'entendrais encore parler de Patrick. Ou qu'il remettrait ses pieds au Cameroun. Alors maintenant que je savais qu'il était là, je ne savais même plus quelle attitude adopter. Et même si je devais en parler à Serges. Je savais que ce serait une nouvelle qui devait le faire flipper aussi. Il savait à propos de ma relation avec Patrick. Et en plus il se voyait déjà comme un père pour Dani. Franchement, il ne pouvait pas rester dans son mbeng là ? Il venait faire quoi ici ?
............
Je faisais les cent pas dans la maison pour essayer de réfléchir. Et si Patrick venait réclamer ses droits sur Daniela ? Et si lui et sa cruelle de mère essayaient de me l'enlever ? Non ! Hors de question. Même s'il fallait que je disparaisse de cette ville ou de ce pays pour qu'ils ne puissent pas me la prendre. Mais il pouvait aussi chercher à me revoir, à se remettre avec moi et à vouloir se rattraper avec sa fille. Comment allait-on gérer cette situation ? Surtout avec Serges dans les parages ? Non ! Non ! Non ! Il ne fallait même pas que je pense à ça. Interdiction d'envisager une chose pareille. Patrick et moi c'est de l'histoire ancienne. Et pour que ce soit le cas, il ne faut absolument pas qu'il voit Daniela. Si il était vraiment au courant de ma grossesse, je n'aurais qu'à lui dire que j'avais fait une fausse couche. Sauf que la sorcière là avait dû voir Dani dans la voiture. Mince ! Je trouverais une histoire à raconter.
Je donnais à manger à Dani quand Serges est arrivé à la maison. En le voyant, je me demandais si je devais lui parler du fait que le père de Daniela était de retour au pays. Et finalement, je me suis dit que je ne lui dirai rien. Pourquoi s'affoler ? Certainement il était juste de passage. Et puis, s'il ne s'était pas manifesté pendant toute ma grossesse et durant ces trois ans, je ne voyais vraiment pas pourquoi il le ferait maintenant.
- Serges : ça va Danichou ? Tu es malade ?
- Daniela : Oui.
- Serges : Allez viens dans mes bras. Je vais te faire un gros câlin pour te guérir.
- Daniela : Oui ye veux.
- Serges : Allez viens-là.
Oui c'était clair, Patrick devait se tenir loin de moi. Quoi demander de plus quand on avait la chance d'avoir un compagnon comme Serges ? Il m'aimait profondément et aimait aussi Daniela comme sa propre fille. En plus de cela, l'expérience m'avait prouvé que lorsque Patrick entrait dans ma vie, une série de drames survenait aussi. Donc vraiment mieux le tenir à distance.
- Serges : Toi ça va ? Tu m'as l'air loin.
- Moi : Oui. Euh oui ça va.
- Serges : Tu es sûr ? C'est cette histoire de sms qui te perturbe ?
- Moi : Bon oui c'est vrai. Alors ? Tu en sais plus ?
- Serges : Malheureusement non. Christian dit qu'on interdit maintenant de donner les identités des clients à des tiers.
- Moi : Hein ? Depuis quand ?
- Serges : J'en sais rien.
- Moi : C'est bizarre. Moi je ne vais pas continuer à recevoir des messages d'insultes tout le temps. Ce sont des conneries ça. Dans ce cas, je vais porter plainte et nous allons obtenir l'identité de cette personne.
- Serges : Tu veux porter plainte ? Non ! Laisse tomber. Je t'assure, la personne va se fatiguer.
- Moi : Hum ! Laisser tomber ?? Tu es sérieux ? Non je ne suis pas d'accord.
- Serges : Chéri, franchement laisse tomber. Quand elle va voir que tu l'ignores, elle va arrêter. Elle va se fatiguer.
- Moi : Hum ! C'est sûr que c'est ta go.
- Serges : N'importe quoi !
- Moi : On vous connait ici dehors.
- Serges : N'est-ce pas ? Viens d'abord ici me faire un câlin.
- Moi : Non hein !
Honnêtement, j'avais confiance à Serges. Je ne pensais qu'il était un sain mais j'avais confiance en son amour pour moi. Même s'il lui arrivait de partir voir ailleurs, je ne me doutais de rien. Et je savais que c'était uniquement avec moi qu'il voulait être. J'avais appris à comprendre qu'aucun homme sur cette terre n'avait la faculté d'être fidèle. Même avec toute la volonté du monde, la malédiction du village allait les rattraper. Tout ce qui importait pour moi maintenant c'était le respect et les preuves d'amour. Bien entendu, le connard a intérêt à bien se cacher, à se protéger et à ne pas ramasser des maladies ou un enfant dehors. S'il fait l'enfant dehors, franchement il fallait qu'il garde l'enfant là loin de ma vie. Je ne voulais même pas en entendre parler.
...............
« Grosse pute ! Tu crois que c'est en ignorant mes messages que ça va changer quelque chose ? Tu te crois supérieure à moi ? Grosse Pétasse !!! Je sais ce que tu as fait de ton précédent mariage. Tu te réveilleras bientôt de ton faux rêve et tu comprendras qu'il est à moi. Salope !!! »
Encore elle ? Ça fait trois jours que je n'avais pas reçu de message de cette personne. Je me disais déjà qu'elle avait fini par se fatiguer. C'en était trop là. Je n'allais pas la laisser s'en tirer comme ça. Même si Serges me l'avait déconseillé, j'allais porter plainte. Je n'allais quand même pas la laisser m'insulter et me harceler impunément. Peut-être que c'était une malade mentale et qu'elle pouvait essayer de m'agresser physiquement. Je devais l'empêcher de nuire.
- Papy : Nyango, c'est how ? On part tchop non ?
- Moi: Oui oui.
Aujourd'hui c'était enfin vendredi. C'était aussi l'anniversaire de Papy. Je l'avais charrié qu'il devait personnellement m'offrir un restaurant. Tout ça alors que le gars organisait déjà un repas chez lui ce soir auquel Serges et moi étions conviés. Mais à relation particulière, traitement particulier. Nous sommes donc partis dans un petit restaurant à Bonadibong où on fait de la bonne bouf appelé « La Marlotte ». Le restaurant appartenait à la mère d'une amie à Papy.
- Papy : Donc toi-même tu vas manger plus que ma go à mon anniversaire.
- Moi : Elle c'est qui devant moi ? Les cinq doigts de la main n'ont pas la même taille.
- Papy : N'est-ce pas ?
Nous avions déjà commandé notre repas, quand un ami de Papy est arrivé.
- Papy : Thierry Cathy, Cathy Thierry.
- Thierry: Enchanté.
- Moi: Moi aussi.
- Papy: Assieds-toi non. Tu ne manges pas avec nous?
- Thierry : Pourquoi pas ?
- Papy : Gars, comme cadeau tu ne me fais pas un transfert même de vingt kolo (mille) ? Je ne peux pas avoir un ami d'Orange et je souffre.
- Moi : Tu es à Orange ?
- Thierry : Oui.
- Moi : C'est vrai que si je te donne un numéro, tu ne pourras pas me donner l'identité de la personne ?
- Thierry : Comment ça
- Papy : Toi aussi explique bien. Elle reçoit des messages d'insultes depuis lundi. Donc elle voudrait connaître l'identité de la personne.
- Thierry : Ah bon ? Tu as fait quoi à qui ici dehors ?
- Moi : Hum ! Moi-même je me pose cette question.
- Thierry : Donne-moi le numéro. J'appelle une collègue, elle va regarder ça tout de suite.
- Moi : Ah bon ? Donc ce n'est pas interdit ?
- Thierry : Bon on ne fera pas ça pour tout le monde. Mais nous avons la possibilité nous en interne d'avoir les identités.
Hum ! Pourquoi l'ami de Serges n'a pas voulu faire ça pour lui ? il a un très bon poste là-bas. En plus je connaissais Christian, il n'était quand même pas le gars droit pour qui il se faisait passer. Hum ! Trop bizarre ! Ou alors c'était Serges ? Oui parce qu'il avait tellement insisté pour que je ne porte pas plainte que je commençais à trouver tout ça louche. Dans tous les cas, dans quelques minutes je saurai qui passe son temps à m'insulter. La collègue de Thierry avait dit qu'elle rappellerait.
- Papy : Quand tu auras le nom de la personne, tu feras quoi ?
- Moi : Je ne sais pas encore exactement mais elle va me sentir passer. J'ai hâte de savoir qui c'est.
- Papy : Moi-même j'ai hâte.
La collègue n'avait pas rappelé tout de suite elle l'avait dit. Ça me faisait encore plus stressé. Même si les garçons avaient engagé d'autres conversations, mon cœur était seulement sur cette histoire de numéro. Je voulais à tout prix mettre un terme à ce problème. Avec tout ce que j'avais comme problème et comme projets, je n'avais vraiment pas besoin de ça. Surtout que Serges venait voir ma famille demain pour toquer à la porte.
Nous avions fini de manger et nous nous sommes séparés. Thierry a promis de relancer sa collègue et de nous appeler dès qu'il aurait l'information. J'avais tellement hâte d'avoir l'identité de cette personne que je trouvais louche de ne pas déjà l'avoir. Je n'arrêtais pas de râler sur le chemin du retour. Et le pire c'est que ça faisait rire Papy. Lui il était capable de rire de tout.
- Papy : Attends, Thierry m'appelle.
Ouf ! Enfin ! En espérant vraiment que ce serait une bonne nouvelle. J'en avais marre d'attendre pour avoir un petit nom.
- Papy : Uhum ! Oui. Ok merci, mollah. Tu voyages bien alors.
- Moi : Alors ?
- Papy : Tu as quoi ?
- Moi : Hein ?
- Papy : Tu me payes combien ?
- Moi : Oh dis-donc. Ne me fatigue pas Papy. Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Papy : Tsuip ! Ok. Le numéro est enregistré au nom de Pemha Madeleine Gertrude.
- Moi : Tu as dit quoi ?
- Papy : Pemha Madeleine Gertrude.
- Moi : Mince !!! Je connais les deux premiers noms.
- Papy : Ah bon ?
- Moi : Oui. Je crois bien. Nous sommes à la paroisse ensemble.
- Papy : Voilà ! Les filles de l'église là. De vraies sorcières en réalité. Vous vous parlez souvent ?
- Moi : Pas vraiment. Souvent dans le cadre des activités du mouvement. Mais elle est toujours souriante et tout.
- Papy : Le sourire du Diable. Krkrkr
Alors là j'étais complètement larguée. Pourquoi cette fille m'envoyait ces messages ? Nous n'avions pas vraiment des rapports amicaux mais on se côtoyait très fréquemment à l'église. D'ailleurs la dernière fois c'était dimanche. Après la messe, alors que je discutais avec la présidente du mouvement, elle s'était approchée de nous pour principalement saluer cette dernière. Mais elle m'avait aussi salué avec son large sourire légendaire. Elle avait même câliné Daniela qui s'était laissé faire. Tout ça pour m'insulter le lendemain. Vraiment ! Et pour quel gars ? Serges ? Y avait-il eu quelque chose entre eux ?
- Papy : Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Créer une bagarre en plein église ?
- Moi : Mof ! Je vais d'abord en discuter avec Serges.
- Papy : Un gars a chaud.
Papy ne croyait pas si bien dire. Ça allait chauffer pour Serges ce soir. Durant l'après-midi au boulot, je n'avais pas arrêté de compter les heures. C'était comme si j'étais en pleine désillusion. Pourquoi Serges m'avait menti ? Avait-il vraiment une relation avec cette fille ? Ça me paraissait invraisemblable. Cette fille était si calme, si discrète. Le genre de fille que l'on pouvait très bien assimiler à une sainte. En plus je ne la voyais pas du tout comme étant le style de Serges. En tout cas, si cette fille perdait son temps à m'envoyer des messages d'insultes, c'est bien parce qu'elle avait compris que Serges ne lui appartenait pas.
Maintenant, je me préparais pour la soirée chez Papy. Serges devait venir me chercher. Et en y allant, nous allions d'abord déposer Daniela chez Tata Alice. C'est après l'avoir laissé que j'entamerais le sujet avec Serges. Je regardais les minutes passer tellement j'avais envie qu'il vienne et que je puisse le passer au tribunal. Et comme s'il avait senti mon impatience, il entra dans l'appartement.
- Serges : Bonsoir mes princesses !
- Daniela : Bonsoi Tonton Ser
Je ne répondais pas. Je voulais qu'il voie bien que je le boudais. Il fallait qu'il commence à avoir les chocottes. Mais c'était dur. Il était d'une beauté déconcertante ce soir. Si sexy que je le soupçonnais de s'être habillé ainsi pour m'attendrir. Pourtant il ne savait même pas ce que j'avais dans la tête. Cette chemise noire le rendait beau comme un diable. Son jean noir moulé à ses cuisses laissait entrevoir chaque trace de son corps. Pour casser cette tenue sombre, il avait une paire de mocassin rouge et une montre au bracelet de la même couleur. C'était assez marrant parce que lui et moi étions assortis. Je portais une combinaison rouge et gris, que j'avais accompagnée d'escarpins noirs et d'une pochette de la même couleur.
- Serges : Ça va ? Tu es silencieuse.
- Moi : Ça va.
- Serges : Je ne suis pas convaincue de ta réponse. Je te connais bébé quand tu boudes
- Moi : ...
- Daniela : Mama n'est pas un bébé. C'est moi ye bébé.
- Serges : Oui tu as raison mon cœur.
Sans répondre à Serges, j'ai pris ma pochette et le sac de Daniela et je me suis dirigé vers la porte afin qu'il comprenne qu'on devait y aller.
- Serges : C'est quoi ? C'est parce que je suis arrivé légèrement en retard ?
- Moi : On pourra discuter après avoir déposé Dani.
- Serges : Ok
Dans la voiture, personne ne parlait. Du moins, Serges et moi ne nous parlions pas. Nous ne parlions qu'avec la petite qui à son habitude était très bavarde.
- Serges : Ma puce fais-moi bisous avant de partir... Voilà... Tu restes sage.
Tellement j'étais pressée d'engager les hostilités avec Serges, je m'étais seulement assuré que Tata Alice était bien là. Quand j'ai eu ma réponse, j'ai fait un rapide bisou à Daniela et je me suis dépêché de retrouver Serges dans la voiture. Il a avancé de quelques mètres et s'est subitement arrêté au « carrefour Maçon ».
- Serges : Bon je t'écoute. Qu'est ce qui ne va pas ?