- Moi : Wèèè Sandrine. Qu'est-ce que je peux te dire ? Ne pleure plus ma sœur. Au nom puissant de Dieu, tout ira bien pour toi. Laisse l'autre là, c'est lui-même qui viendra réclamer son enfant.
- Sandrine : Mais comment je vais faire sans lui Cathy ?
- Moi : Comment ça ? Tu as un travail Sylvie, tu pourras t'occuper de cet enfant. Et puis tu as ta famille qui t'aidera aussi.
- Sandrine : Ce n'est pas ça. Je l'aime trop Cathy.
Tsuip ! Au lieu de se préoccuper de son bébé qui risque de grandir sans père, elle pleure pour un salop. Certainement cet idiot a une autre femme dans sa vie et il ne peut pas risquer son couple avec cette grossesse.
- Moi : Dis-moi, ton gars-là est marié ou fiancé ?
- Sandrine : Non.
- Moi : Tu es sûr ?
- Sandrine : Oui je suis sûr. Je le connais très bien.
- Moi : Hum ! En tout cas, il a certainement quelqu'un d'autre dans sa vie. Il t'a donné des raisons ?
- Sandrine : Non.
- Moi : Hum ! Ma sœur je ne sais quoi te dire. Il faut prier. Dis-toi que tu as un bout de choux qui va bientôt arriver dans ta vie. Crois-moi, ce bébé va t'apporter un grand bonheur dans ta vie. Et puis tu sais que tu peux compter sur moi.
On aurait dit qu'elle ne m'écoutait pas. Elle pensait seulement à son gars. C'était même qui ce salopard ? Les rares fois qu'elle m'avait parlé de lui, c'était juste des trucs du genre 'il est trop beau, trop gentil ». Je ne savais pas grand-chose de sa relation. D'ailleurs moi-même je ne lui avais rien dit pour moi et Serges, même comme ils se connaissaient bien. On avait décidé de ne pas s'afficher à l'église tant que l'on n'était pas sûr que c'était sérieux entre nous. J'aurais aimé en savoir plus sur le gars de Sandrine et surtout le connaître en personne pour lui cracher tout ce que je pouvais penser de lui au visage. Un idiot comme ça.
..........
Ça faisait plus de trois ans que Stephy était mariée à Franck. Leur couple était plus solide que jamais. Ces deux-là étaient nés pour être ensemble. Pour moi, ils étaient un modèle de couple. C'est vrai que ça ne faisait que trois ans et qu'il y avait encore du temps pour savoir si c'était vraiment un couple solide.
- Stephy : Alors future Madame Bahoï, le mariage c'est quand ?
- Moi : Hum ! Serges voulait qu'on fasse ça en juin là.
- Stephy : Dans trois mois-là ? Ah non hein ! C'est trop limite. En plus il pleut à cette période.
- Moi : Voilà ! Je lui ai dit novembre ou décembre.
- Stephy : En plus il y a la dot. Il va faire ça à quel moment ?
- Moi : Mama le gars me dit qu'on fait ça en même temps que le mariage.
- Stephy : Hein ? Le bassa là fume la moquette ?
- Moi : Hahaha ! On fera la dot en juin et le mariage en fin d'année finalement.
- Stephy : Euh ! Qui va même manger la dot là ?
- Moi : Ah ! Mes oncles non. C'est le cousin de mon géniteur qui va gérer ça.
C'est ainsi que j'appelais désormais mon père. Je ne pouvais tout simplement plus parler de lui en utilisant le mot « papa » ou même « père ». Pour moi, ces deux mots renvoyaient à l'amour que celui qui tient ce rôle devrait avoir envers ses enfants. Celui-là qui avait contribué à ma naissance, était tout simplement dépourvu d'amour. Il était toujours enfermé à la prison de New-Bell, et j'espérais qu'il allait finir ses jours dans cet endroit. Il ne méritait pas de respirer à nouveau l'air de la liberté. Aujourd'hui c'était son cousin, tonton Toko qui faisait d'une certaine manière office de père. Après tous les drames qui étaient arrivés, il avait demandé à me voir. Il avait honte de ce que son frère avait fait et ne souhaitait pas que Yannick et moi nous éloignions de la famille. Dans la famille, il n'y avait qu'avec lui et la sœur du géniteur que j'étais proche.
- Stephy : En tout cas, Il faut déjà commencer les préparatifs. Tu peux pas savoir comment je suis contente de te voir avoir une deuxième chance en amour.
- Moi : Oui. Moi-même je ne pensais pas que ça m'arriverait.
- Stephy : Et tout ça loin de Thomas le psychopathe et de son frère la marionnette.
- Moi : La marionnette ?
- Stephy : Mais oui ! c'est un indécis et quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il veut. Et qu'on peut tourner comme on veut.
- Moi : Oui mais il avait quand même raison de se fâcher. Je lui ai menti.
- Stephy : je suis désolé mais il a fui. Oui tu lui as menti mais quand ça arrive dans un couple, on boude et ensuite on discute. On ne disparait pas comme ça sans jamais plus donner signe de vie. C'est que moi et Franck nous ne serions plus ensemble depuis. Cette histoire s'est passée, tu ne savais même pas qu'il allait revenir.
- Moi : Oui c'est vrai.
- Stephy : Moi je pense plutôt qu'il a utilisé cette histoire pour fuir votre relation. Je pense que tout comme toi, il a eu peur de la perception que les gens auraient sur votre relation. Sans oublier que sa mère a dû lui retourner le cerveau.
- Moi : Ouais. De toute façon, c'est de l'histoire ancienne. Le présent c'est Serges.
- Stephy : Oui et c'est mieux comme ça. Au fait, Franck et moi on a décidé de faire la fécondation in vitro.
- Moi : Quoi ???
Depuis plus de trois ans que Stephy et Franck étaient mariés, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Une situation qui avait créé une crise entre eux durant toute l'année dernière. Mais heureusement, leur amour était plus fort que ça. Le plus difficile pour eux était de ne pas savoir quelle est la cause de ce problème. Les médecins disaient qu'ils ne voyaient aucune anomalie chez Stephy, pouvant l'empêcher de concevoir. Pareil pour Franck. Ils avaient tellement envie de fonder une famille, qu'ils parlaient maintenant de fécondation in vitro ?
- Stephy : Oui. La collègue de Franck a eu recours à cette méthode pour avoir son fils.
- Moi : Mais on passe par cette technique quand on a un problème avec ses trompes. Et je crois me souvenir que ce n'est pas ton cas.
- Stephy : On en est pas sûr tu sais.
- Moi : Vous êtes sûr que vous voulez faire ça ? Parce que moi je crois que rien n'est encore perdu.
- Stephy : Tu connais nos médecins d'ici, non ? Tu pars à l'hôpital pendant des années, on ne voit rien et c'est quand c'est trop tard qu'on détecte que tu as le cancer.
- Moi : Toi aussi. Mais bon, je suppose que si vous avez pris cette décision c'est parce que vous avez bien mûri la question. De toute façon, peu importe ce que vous ferez je vous soutiendrais.
............
- Tata Alice : Ouh Ouh Ouh eh ! Munam a babe é é ! (Ma fille va se marier eh) Wèèè ma fille. Si seulement ta mère était là pour voir ça. Wèèè a Ndome.
Tata Alice a enclenché avec les pleurs. J'avais aussi envie de pleurer mais je me retenais. Si je la suivais, elle n'allait plus s'arrêter. C'est vrai que maman aurait dû être là. Elle aurait dû partager ces moments de bonheur avec moi. Maintenant que j'étais une nouvelle personne, une personne meilleure, maman aurait dû être là. Elle aurait dû me voir épouser l'homme que j'aimais. Pour me consoler, je me disais qu'elle me voyait là où elle était et qu'elle était fière de moi.
- Daniela : Mama Mama ! Mémé pyeure.
- Moi : Oui ma puce. Mémé pleure parce qu'elle est contente. Ça va ? tu t'es bien amusé chez mami ?
- Daniela : Oui on a joué avec Boubou et bébé est malade.
- Moi : Ah bon ? Où est bébé ? je vais le soigner.
- Tata Alice : C'est quoi le programme alors ?
- Moi : On va faire la dot en Juin. Et le mariage en décembre normalement. Je vais aller Tonton Toko, mon oncle, dimanche.
- Tata Alice : D'accord. Ohh je suis contente ma fille. Te voilà qui va bientôt te marier. Maintenant on attend aussi Yannick.
Mince ! J'avais complètement oublié mon petit-frère. Il n'était pas encore au courant de la grande nouvelle. Ça faisait plus d'un an qu'il vivait à Yaoundé. Son travail l'y avait envoyé. Tout roulait pour lui comme sur des roulettes. Il avait su acquérir la confiance de son chef qui l'a récompensé en lui donnant la gestion de son agence de Yaoundé.
- Tata Alice : Tu es venu chercher ma fille ?
C'était comme ça que Tata Alice appelait Daniela. A l'heure-ci, ce n'était pas mon enfant. Si ça ne dépendait même que d'elle, Daniela ne vivait pas avec moi.
- Moi : Oui bien sûr.
- Tata Alice : Wa pè ! O titi na o dja na mum'ango ? (Toi aussi ! Tu ne peux pas rester avec ton mari ?)
- Moi : Mais on est ensemble tout le temps.
- Tata Alice : Quand on vous dit que vous les jeunes filles vous ne savez pas vous occuper de vos hommes. Il faut lui montrer qu'il n'a pas eu tort de te demander en mariage.
- Moi : Aka Tata ! Dis que tu veux rester avec l'enfant. Tes choses que tu fais là jusqu'à ma fille ne me calcule même pas. Je la récupère demain.
Je ne pouvais pas dire non à Tata Alice. Elle avait aujourd'hui pris la place de mère dans ma vie. Elle m'avait soutenu à chaque étape de ma vie depuis que maman était partie. Elle avait été une conseillère et était une grand-mère parfaite pour Daniela. Cette dernière était d'ailleurs, toujours excitée quand elle savait qu'elle devait partir chez sa mamie. En effet, Tata Alice gâtait un peu trop Dani. Je m'étais récemment retrouvée obligée de la remettre à l'ordre au sujet des friandises et des goûters à n'importe quelle heure. L'enfant gonflait déjà comme le ballon.
............
Rentrée à la maison toute seule, j'ai ressorti du congélateur des morceaux de côtes de porc que j'avais braisé auparavant. Je comptais les réchauffer et faire des frites quand Serges serait là. Il était déjà sur le chemin. J'allais faire comme tata avait dit et profiter de mon homme. Il fallait que je commence à accepter le bonheur qui pouvait m'arriver. Il fallait que j'apprenne à le vivre. J'avais vécu pendant tellement de temps persuadée que je n'avais pas le droit d'être heureuse, que lorsque quelque chose de bien m'arrivait je pensais que c'était un leurre. J'avoue que même maintenant j'avais de la peine à croire ce qui m'arrivait. Et je ne pouvais pas m'empêcher de penser que ça ne durerait pas longtemps.
- Serges : Bonsoir toi, Daniela n'est pas là ?
- Moi : Bonsoir, elle est restée avec sa grand-mère. Elle n'a pas voulu me la rendre.
- Serges : Ah ok ! On mange quoi ici ?
- Moi : Porc braisé et frites de pommes.
- Serges : Le cochon ? Bien !
- Moi : Hum ! Devine quoi ? Sandrine est venue ici aujourd'hui. Elle était totalement désemparée.
- Serges : Quoi ?? Elle était ici ?
- Moi : Oui. Son gars l'a laissé tomber alors qu'elle est enceinte. La pauvre !
- Serges : Mais pourquoi elle est venu ici ?
- Moi : Elle avait besoin de parler à quelqu'un. Le pire c'est que le gars est au courant et il dit que ce n'est pas son muna.
- Serges : Peut-être qu'il sait pourquoi il dit ça. On a déjà vu des filles chercher à piéger les hommes.
- Moi : Non mais tu es sérieux là ??? Sandrine ne ferait pas ça.
- Serges : Qu'est-ce que tu en sais ?
- Moi : Je la connais. Ce type est un salopard et un irresponsable. C'est sûr qu'il a une autre go.
- Serges : C'est facile de juger quand on ne connait pas toute une histoire. Et puis je ne savais pas que vous étiez amies à ce point.
- Moi : Eh bien si. Elle est très sympa.
- Serges : Hum ! Tu ne sais pas de qui tu parles. Cette fille a une sale réputation.
- Moi : J'ai appris à ne plus juger les gens sur les « on-dit ».
- Serges : Il ne s'agit pas de « on-dit ». C'est moi qui t'en parle non ? Franchement évite de faire ami-ami avec elle. Fais-moi confiance sur ce coup.
Hum ! C'était quoi ça ? Pourtant depuis que je fréquentais l'église et le mouvement, je n'avais jamais entendu de rumeurs désobligeantes sur Sandrine. J'allais éviter de le montrer à Serges mais j'allais continuer à voir Sandrine. Elle avait besoin d'une amie pour l'aider à surmonter cette épreuve.