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LIAM
J'arrivais chez moi à dix-sept heures. Je ne me rappelais pas que faire les courses étaient aussi chiant, mais bon, c'était pour la bonne cause. Mia venait ce soir, et pour une fois qu'on mangeait chez moi tranquillement, je voulais faire les choses bien. Je ne savais pas quand Josh allait rentrer. Il avait dormi chez une meuf et je n'avais pas eu de nouvelles depuis. Je ne serais pas étonné qu'il reste une nuit de plus chez elle, s'il avait été satisfait.
Je rentrais et posais les sacs de courses sur la table de la cuisine, rangeant les pâtes fraiches et les autres aliments dans le frigo. Je laissais les bouteilles d'alcool que j'avais acheté pour demain dans mon sac et le posais dans un coin de la cuisine.
DIX-NEUF HEURES CHEZ TOI ?
Je répondais un « oui » au message de Mia avant de mettre mes clés de voiture dans ma poche de pantalon et de monter. J'enlevais ma veste qui me tenait trop chaud et entrais dans ma chambre. J'avais un mouvement de recul en voyant quelqu'un assis sur mon lit, et quand je reconnaissais cette personne, une rage folle venait me posséder. La même que je ressentais à chaque fois que je le voyais, lui.
– Qu'est-ce que tu fous ici ? Dégage de ma chambre, tout de suite.
Mon ton était calme, mais tout de même menaçant. Je serrais les poings, résistant à l'envi de lui sauter dessus. Putain. Je vais craquer, bordel.
– Rassure-toi, je ne vais pas rester longtemps.
Kyle se levait de mon lit et je clignais plusieurs fois des yeux. Il avait vraiment osé revenir un jour où j'étais seul à la maison ? Putain, il fallait que je garde mon calme.
– Je voudrais juste parler.
Je rigolais nerveusement. Putain, il se foutait de moi ou quoi ?
– Juste parler ? Est-ce que tu te fous de moi ? Tu savais que j'étais seul à la maison ?
– Je savais que papa était à New York, mais je ne savais pas sur qui j'allais tomber en premier. Mais bon, c'est à toi que je dois parler, dans tous les cas.
– Ah oui ? De quoi tu veux parler, putain ?
Il regardait mes poings serrés et un sourire se formait sur son visage. Je mourais d'envie de le frapper jusqu'à ce qu'il retire ce sourire satisfait, mais je ne devais pas. Je devais garder mon calme.
– Tu n'arrives toujours pas à contrôler ta colère ?
– Ne fais pas genre que tu me connais. Tu as bien vu comment j'ai réagi la dernière fois. Ne me provoque pas, tu pourrais le regretter.
Il souriait encore plus et je serrais un peu plus mes poings. Rester calme, rester calme.
– Je sais que tu n'as pas changé, ça se voit.
– Si, j'ai changé. Mais apparemment, pas toi.
– Attends de voir avant de juger.
– Tu es venu ici pour me provoquer ou pour parler ? Dis-je, au bord de l'explosion.
– Peut-être bien les deux.
Il se dirigeait vers ma fenêtre et restait dos à moi. Je reconnaissais son T-shirt. Mon T-shirt. Je serrais les dents, me retenant de dire quelque chose. A travers celui-ci, je distinguais des tatouages dans son dos. Il en avait beaucoup plus qu'avant. Ses cheveux étaient coupés très court et j'avais envie de vomir rien qu'en le regardant. Ce n'était pas possible de détester quelqu'un autant que je le détestais.
– Tu étais où ?
– Quoi ?
– Tu étais où avant de revenir ici ?
– Chez un pote.
– Je croyais qu'ils étaient tous en prison. Crachais-je.
– Non, pas tous.
Il se retournait, les mains dans les poches, et je ne le quittais pas des yeux.
– Et toi, tu étais où ? Chez ta meuf ?
– Ça ne te regarde pas.
– Je l'ai vue, la dernière fois. Elle est plutôt jolie.
Je penchais la tête de côté. Qu'il parle de Mia me rendait complètement fou. Ce connard le faisait exprès, il ne fallait pas que je rentre dans son jeu.
– Oui, elle l'est.
– Je ne pensais pas que tu serais du genre à t'engager avec une meuf, mais si tu es heureux, c'est tout ce qui compte.
– Ne joue pas les grands-frères.
– Nick et Josh sont toujours des joueurs. Me disait-il en ignorant mon pic.
– Et alors ? Ils font ce qu'ils veulent.
– Je sais, je sais. C'est quelque chose qui m'avait manqué, tu vois. Je n'ai vu que quatre filles depuis que je suis sorti, et je suis ravie de voir que ça les excitent toutes de savoir que j'ai été en prison.
– Les prostitués veulent juste de l'argent, elles s'en foutent de ta putain d'histoire.
– Tu crois que je suis obligé de me taper des putes ? Les Johnson ont toujours su plaire naturellement, pas vrai ?
Je ne répondais rien, le regardant rire tout seul comme un débile. Putain, qu'est-ce qu'il m'énervait.
– Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
– Du calme, on a tout notre temps.
Il s'asseyait à nouveau sur le lit et je desserrais les poings. Penser à Mia me calmait, alors je gardais son image dans ma tête.
– Tu sais que je suis allé en prison à cause de toi. Mon frère, mon propre sang, m'a dénoncé. Pourtant, la première règle d'une famille, c'est de toujours se soutenir.
– Mais de quelle famille tu parles ?
– Maintenant, je n'en ai plus aucune. Mais, ça ne change pas au fait que tu m'as trahi, moi et tous les autres.
– Et je ne le regrette pas du tout. Je le referais, si je pouvais.
Son regard devenait plus sombre, et je ne faiblissais pas. Il n'avait plus aucun contrôle sur moi, et j'avais changé.
– Tu savais à quoi t'en tenir en t'engageant.
– Ah oui ? M'utiliser parce que je n'étais qu'un gamin, ça faisait parti du deal ? Je ne crois pas. Tu sais très bien pourquoi je me suis engagé et je te faisais confiance. Je t'ai dénoncé parce que tu méritais d'être puni pour ce que tu avais fait.
– Arrêtes d'utiliser la mort de Gia comme excuse parce que tu avais envie de faire partie de notre groupe.
Entendre le nom de Gia était comme un coup de teaser. Ma colère grimpait en flèche et je serrais à nouveau les poings. Gia, putain.
– Et toi, arrêtes de parler d'elle, putain.
– Quoi ? Ce n'est pas la vérité ? Tu te sens toujours responsable, c'est ça ?
Mon cœur se serrait et j'avalais ma salive. Le connard faisait tout pour me faire craquer. Et ça marchait. Il se levait du lit en s'approchant de moi.
– Ne parle pas d'elle. Si tu parles encore d'elle, je vais...
– Quoi ? Tu vas me frapper ? Mais je n'attends que ça, vas-y. Tu veux me frapper parce que tu sais que je dis la vérité ou parce que ma gueule te devient de plus en plus insupportable ?
– Je te dis juste de fermer ta gueule, putain. Et casse-toi d'ici, ok ? Si parler à ton frère signifie pour toi de lui faire encore plus de mal que tu n'en as déjà fait, je préfère que tu partes maintenant et que tu ne reviennes plus jamais te repointer devant moi.
– Ne t'inquiète pas, la discussion n'est pas terminée. Elle est loin d'être terminée. Mais j'avais vue juste. Tu te sens toujours responsable de la mort de Gia, et ça te ronge de l'intérieur. Je crois que c'est pour ça que tu te mets en colère si vite, et que tu n'arrives pas à te contrôler. Mais Liam, Gia est morte, tu ne peux plus rien faire à présent. Laisse-la partir, comme tu l'as fait ce jour-là.
Je ne pouvais plus me retenir et je le retournais pour le plaquer contre le mur.
– Ferme ta gueule, putain.
Il rigolait alors que j'écrasais sa glotte avec mon avant-bras, levant le bras pour le frapper au visage. Mais avant que le poing n'atteigne sa joue, je me sentais tirer en arrière.
– Liam !
Je me retournais en entendant la voix de Josh. Il m'éloignait le plus loin possible de Kyle et je serrais le poing en reprenant ma respiration. Putain.
– Qu'est-ce que tu fous ici ?
– C'est bon, je reviendrais plus tard.
Il me lançait un dernier regard avant de se barrer de la chambre. Mon sang bouillonnait toujours dans mes veines et je passais une main dans mes cheveux, frémissant de colère. Finalement, je décidais de passer devant Josh pour aller le retrouver. Je ne pouvais pas faire autrement.
– Liam !
Josh me tirait le bras et je me dégageais. Il me suivait dans le couloir alors que je ne voyais déjà plus Kyle. Putain.
– Arrêtes-toi, bordel.
Josh me tirait une nouvelle fois le bras et je me tournais vers lui.
– Ne te mêle pas de ça, Josh. Laisse-moi régler ça.
– Ah oui, et comment ? En le tuant ?
Je baissais la tête, soupirant une nouvelle fois. Oui, j'avais envie de le tuer, là, tout de suite.
– Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
– Rien, putain. C'est bon, je vais aller faire un tour.
– Ah non, pas comme ça, ou alors, je t'accompagne.
– C'est bon, je ne vais pas aller le retrouver, si c'est ça qui t'effraie. J'ai juste besoin de me défouler.
– En allant te saouler dans un bar, c'est ça ?
– Josh, s'il te plaît, laisse-moi sortir d'ici.
– Non, pas comme ça.
Il posait une main sur mon bras et je la retirais sèchement. Je sentais que j'allais étouffer, ici. Il fallait à tout prix que je sorte.
– C'est bon, retourne tirer ton coup et laisse-moi faire ce que je veux. Je suis majeur et vacciner, je n'ai pas besoin de ta permission.
Je partais en ignorant ses protestations. Il n'essayait pas de me retenir une nouvelle fois et je me sentais enfin libre de pouvoir respirer. Il fallait à tout prix que je trouve de l'alcool pour me vider la tête, j'en avais besoin plus que jamais.
J'arrivais devant un bar que je fréquentais bien à l'époque quinze minutes plus tard. Il n'y avait pas beaucoup de monde à l'intérieur et je mettais ça sur le compte de l'heure de la journée. Il était à peine dix-huit heures.
– Hey, salut ! Ça fait un bail, dis-donc.
La serveuse, Maggie, que je reconnaissais tout de suite en entrant m'avait reconnu également. J'étais heureux de tomber sur elle. Elle pourrait me servir tout ce que je voudrais sans aucun problème.
– Salut Maggie.
– Je ne pensais pas que tu pourrais devenir encore plus beau avec l'âge. Contente de te revoir.
– Ouais, moi aussi. Mets-moi un Whisky. Un double.
– Tout de suite.
Elle posait le verre devant moi et je n'attendais plus pour le boire cul-sec. L'alcool ne me brûlait même pas la gorge. J'étais complètement mort à l'intérieur, et je détestais cette sensation.
– Mets-en moi un autre.
Elle s'exécutait et je me tournais en entendant des gloussements. Deux filles d'environ mon âge me regardaient d'une table et s'arrêtaient de rigoler quand je croisais leurs regards. Elles devenaient toutes rouges et je reportais mon attention sur ce qui comptait : mon verre de Whisky.
– Alors, qu'est-ce qui se passe, beau gosse ? Tu as des soucis ?
– Ouais, comme d'habitude. Un tas de soucis.
Le visage de Gia tournait en boucle dans ma tête et je faisais tout pour essayer de l'effacer. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'il est encore réussi à me retourner le crâne. Il savait que notre sœur était un sujet sensible, surtout pour moi, et il avait dit la seule chose qui pouvait encore m'atteindre.
– Tu veux en parler ?
– Non.
Je finissais mon deuxième verre et en commandais un autre. Maggie me regardait d'un air interrogateur et je l'ignorais. Tout ce que je voulais, c'était boire, et je ne comptais pas m'arrêter de sitôt.
Je n'étais qu'un putain de déchet, putain.