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MIA
Liam se remettait à arpenter la pièce du regard, comme il l'avait fait hier soir, avant qu'il ne m'envoie bouler. J'avais peur qu'il le refasse maintenant.
– On parlera de tout ça plus tard. On va bientôt descendre pour manger.
– Tu as peur que je fasse une crise devant tes parents, c'est ça ? Enfin, devant ton père ?
Le fait qu'il est parlé de mes parents me blessait, mais je gardais tout pour moi pour tenter de le calmer avec des mots.
– Une crise ?
– Oui, une putain de crise, comme hier.
– Je sais que tu ne feras rien, Liam.
Son regard s'adoucissait et il me regardait de la tête aux pieds, me faisant rougir légèrement.
– J'en ai marre de toujours être énervé. C'est comme ça depuis hier soir, putain.
Il s'asseyait sur mon lit et se grattait la tête de sa main blessée.
– C'est normal d'être énervé.
Je m'asseyais à côté de lui, posant une main sur son dos pour le caresser doucement. Il ne disait rien. J'entendais seulement sa respiration rapide, et je me concentrais sur sa main blessée. J'avais envie de l'aider à se soigner, mais je ne savais pas quoi faire.
– Tu as besoin de quelque chose ?
– Non.
J'arrêtais de le caresser, et il levait la tête vers moi, en signe de désapprobation. Mais je n'avais pas le temps de recommencer, qu'il me prenait par la taille pour m'attirer sur ses genoux. Je le laissais faire et il me serrait contre lui. Je posais ma tête sur son épaule et passais mes bras derrière son dos. J'étais tellement soulagée de le sentir contre moi que je sentais mes larmes me monter aux yeux.
– Je t'aime, bébé.
Mon cœur faisait un bon, et je répondais, la gorge nouée :
– Je t'aime aussi.
– Merci pour ton cadeau.
Je serrais les dents, ne voulant pas me détacher de lui pour ne pas qu'il me regarde dans les yeux. Je voulais cacher mon embarras.
– Je l'ai posé sur ma table de nuit, à la place de la lampe que j'ai cassée hier soir.
Je souriais bêtement sur son épaule, ravie de savoir qu'il pourra nous voir sur ce cadre, même quand je ne serais pas avec lui.
Il me regardait maintenant dans les yeux.
– Tu sais que c'est grâce à toi que j'ai pu me calmer, ce matin ?
– Pourquoi ?
– Je ne sais pas. C'est très difficile pour moi de me calmer quand je suis en pleine crise...
Il s'arrêtait de parler en plein milieu de sa phrase.
– Ça arrive à tout le monde de péter un câble.
Il me scrutait, et j'aimerais savoir à quoi il pensait en me regardant, assis sur ses genoux.
– Merci d'être toujours là pour moi.
Je fronçais les sourcils. Pourquoi me dire ça maintenant ?
– Tu me dis ça parce que je suis toujours là après ce que tu m'as dit hier soir ?
– Peut-être.
Il me serrait à nouveau dans ses bras, et je repensais au moment qu'on avait partagé ensemble hier, avant que tout ça se transforme en catastrophe.
– J'ai eu peur que tu me quittes. Dis-je timidement.
– Je ne ferais jamais ça. J'étais juste énervé, hier, et jamais je ne te ferais de mal.
– Promis ?
Je me sentais ridicule de poser cette question.
– Oui, promis.
Il posait une main sur ma joue et je fermais les yeux pour apprécier le contact de ses doigts contre ma peau. Juste à ce moment, quelqu'un frappait à la porte, et je me dépêchais de me relever en lissant ma robe.
– Ils sont tous arrivés.
Jack entrait et levait un sourcil en nous voyant tous les deux.
– Salut, Liam, je dérange ?
– Pas du tout. Dis-je avec un petit sourire.
– Salut. Disait Liam en se levant.
Jack nous regardait à tour de rôle.
– Bon, on vous attend en bas.
Il me faisait un clin d'œil avant de sortir de la chambre. Le silence revenait dans la pièce et Liam se tournait vers moi.
– Qu'est-ce que tu as raconté à Jack pour hier soir ?
– Rien. Il a essayé de savoir ce qui s'est passé toute la journée, mais je n'ai rien dit. J'ai simplement dit qu'on s'était engueulé.
– C'est en partie vrai.
– Oui, par ta faute.
Il fronçait les sourcils et un petit sourire amusé étirait ses lèvres.
– Ce n'est pas de ma faute si mon putain de grand-frère de merde...
Je posais violemment mes lèvres sur les siennes pour le faire taire, et il soupirait avant de prendre ma main pour sortir de la chambre.
J'avais déjà envie que cet horrible repas de Noël se finisse.
***
– Mia, tu peux me rapporter la bûche pour que je la remette au frais, s'il te plaît ?
Après avoir passé quatre heures à table, ils étaient enfin tous partis. Plus de questions gênantes venant de la part d'inconnus, ni de blagues pas drôles auxquelles il fallait rire pour ne pas paraître malpolie. Je n'avais envie que d'une chose : m'allonger pour faire une sieste après l'horrible nuit de fatigue que j'avais passée sans Liam.
Je retournais dans la salle à manger pour faire ce qu'elle me demandait de faire, et Liam me rejoignait pour m'aider. Il passait une main dans mon dos et je bloquais ma respiration en prenant la bûche.
– Tu es sûr que tu ne veux pas que je la prenne ?
– Tu as peur que je la fasse tomber ?
Il haussait les épaules et un sourire moqueur se dessinait sur ses lèvres.
– Tiens. Dis-je en lui posant dans les bras. Tu n'as pas intérêt à la faire tomber.
Il secouait la tête en partant dans la cuisine. Jason arrivait en rigolant légèrement. Le regard qu'il me jetait en disait long.
– Quoi ?
– Rien. Je reconnais là la petite enfant que je connaissais si bien.
– Tu dis ça parce que j'arrive à plaisanter ?
– Non. Je dis ça parce que tu es toute excitée.
– Ah ouais ? Je suis seulement contente et soulagée que ce repas soit enfin terminé.
– A qui le dis-tu.
Papa arrivait dans le salon en baillant, et se grattait le ventre par-dessus son T-shirt avant de nous aider à débarrasser.
– Je vais aller faire une sieste. Je ne me rappelais pas que les repas de famille étaient aussi ennuyants.
– John.
Karen arrivait dans le salon avec Liam, qui faisait tout son possible pour cacher sa main enflée depuis le début du repas.
– Pardon, mais, c'est dur pour moi de tenir en place.
Liam me regardait en arquant un sourcil, ce qui me faisait deviner la phrase qu'il voudrait dire si on était que tous les deux : « je sais alors de qui tu tiens ». Mon père remarquait notre échange et je détournais les yeux, mal à l'aise.
– Liam, quand est-ce que tu rentres chez toi ?
– Papa. Dis-je en serrant les dents.
– C'est une simple question. Comme tu es rentrée hier soir, juste après le dîner, je me suis dit que...
– C'est à lui de voir. Liam, tu veux passer la nuit ici ? Le coupait Karen.
Mon père la fusillait gentiment du regard, bien qu'elle ne puisse pas le voir. Liam me regardait, cherchant mon approbation.
– Si tu as envie de rester...
Je ne savais vraiment pas comment formuler ma phrase. La présence de mon père dans la pièce en était la cause.
– Si vous acceptez que je reste chez vous cette nuit, ce sera avec plaisir.
Des millions de papillons s'envolaient dans mon estomac, mais je me retenais d'exploser de joie devant mon père qui devait encore donner son autorisation.
– Tu ne finis pas Noël avec ta famille ?
Cette question me faisait grimacer, et je m'inquiétais maintenant pour Liam. Je savais que la dernière chose qu'il voulait faire, c'était rentrer chez lui pour faire face une nouvelle fois à sa famille.
– Papa. Dis-je, sans savoir quoi dire.
– Non, hier à été amplement suffisant. Disait Liam d'un ton clame.
– Bon. On pourrait peut-être te préparer une chambre, alors...
La phrase de mon père me laissait bouche bée, et je sentais le regard pesant de Liam sur moi.
– John, ça va. (Elle se tournait vers nous). Liam, ne l'écoute pas, il plaisante.
Je remerciais silencieusement Karen d'encore m'aider. C'était la seule personne qui arrivait à raisonner mon père, et là, pour le coup, il y allait fort dans sa tentative de m'éloigner le plus possible de Liam. Il allait recommencer à parler, mais cette fois, je le coupais :
– Tu crois que j'ai une chambre d'amie, quand je vais chez lui ?
Il fronçait les sourcils, et mon air assuré s'évaporait dans l'air. Je sentais presque mes joues rougir. Comment je pouvais encore avoir peur de lui ?
– Non, Mia. C'est vrai que je ne sais pas vraiment tout ce qu'il se passe, que vous soyez dans la même chambre ou non.
Oh mon dieu ! Cette fois, je sentais mes joues rougir. J'avais honte que Liam ait entendu ça. Lui qui avait connu tellement de filles avant moi. Lui qui n'avait pas à supporter ce genre de discussion embarrassante, avant de me rencontrer.
– Je n'ai donc pas besoin de préparer une autre chambre.
Il essayait de sourire pour me rassurer, mais je voyais bien qu'il avait envie de botter le cul de mon petit ami devant moi.
– Bien. Si on finissait de débarrasser ?
Jason me sauvait d'une possible crise cardiaque, et je me tournais doucement vers Liam pour essayer de déchiffrer l'expression de son visage. Il se contentait seulement de me sourire et de hausser les épaules, et je me sentais rassurer quand il me caressait doucement le dos avant de passer devant moi pour aider à débarrasser.
– Enfin seuls.
Ce petit commentaire de la part de Liam, quand on rentrait dans ma chambre, me faisait culpabiliser. Il le comprenait assez vite en voyant ma tête, et ajoutait :
– Non pas que je n'ai pas aimé passer la journée avec ta famille, mais, j'aime mieux t'avoir que pour moi. Et, je crois que c'est mieux que je ne me retrouve pas avec trop de monde trop longtemps, surtout depuis hier.
– Pourquoi ?
Il s'approchait de moi, touchant sa barbe naissante du bout des doigts.
– Je disais ça comme ça.
– Je suis désolé pour mon père. Il est toujours obligé d'envoyer des piques.
– Oui, j'ai vue que ça t'avais mis mal à l'aise. Ne t'inquiète pas, je m'en fous. Il finira bien par m'apprécier un jour. Je suis déjà content qu'il me tolère.
Je ne pouvais m'empêcher de rire en entendant Liam imiter la voix de mon père sur ce dernier mot qu'il avait employé quand mon père lui avait fait une petite leçon de moral.
– Oui, c'est déjà énorme qu'il te laisse dormir avec moi.
– Oui. J'ai eu un peu peur quand il a parlé de chambre séparé. Je ne pensais pas que ça se faisait toujours, ce genre de chose, au vingt-et-unième siècle.
Je rigolais encore et prenais mes cheveux pour les passer derrière mes épaules.
– Arrête de te foutre de mon père. Tu sais que je suis sa petite fille chérie.
– Oui. Sa petite fille chérie qui à dix-huit ans.
Je rigolais et me laissais tomber dans ses bras.
– Ne te moque pas. Tu ne sais pas ce qu'est une relation entre un père et sa fille.
Je culpabilisais en disant ça. Je me rappelais que Liam avait eu une sœur. Je ne savais pas à quel âge elle était morte, et je savais encore moins à quoi ressemblait leur vie de famille avant tout ça.
– Mais bon, l'essentiel, c'est que mon père ne t'ait pas empêché de rester. Dis-je pour détourner son attention.
– Oui.
Il passait ses mains dans mon dos pour me serrer contre lui et je fermais les yeux pour apprécier ce contact. Ses gros bras m'enlaçaient et je me sentais protéger.
– La mère de Jack est vraiment cool.
– Oui, heureusement qu'elle est là.
Je ne disais pas seulement ça parce qu'elle m'aidait à préserver ma relation avec Liam vis-à-vis de mon père, mais aussi parce que je l'appréciais vraiment. Elle était vraiment la belle-mère idéale, et je n'aurais pas pu rêver mieux. Elle me comprenait et j'avais de vraies discussions avec elle. Je lui faisais confiance, et je savais qu'elle ne répétait rien à mon père sur ce que je lui disais de ma relation, comme lorsqu'elle m'a emmené chez le gynécologue pour la première fois.
– Comment va ta main ? Dis-je en me redressant.
– Ça peut aller.
– Oui, c'est ça. Tu crois que je ne t'ai pas vue manger de la main gauche ?
– Ça s'est vu tant que ça ?
– Oui, un peu. Tu ne veux pas que je t'emmène faire une radio ?
– Non, la douleur est supportable. On verra demain.
Il levait son bras pour analyser sa main gonflée.
– Ce n'est pas la première fois que je la vois dans cet état, ne t'inquiète pas.
– Si tu le dis, je ne vais pas m'inquiéter.
Il me souriait, cherchant à repérer la moindre trace d'abandon sur mon visage.
– On se met un film ? Dis-je pour changer de sujet.
– En voilà une bonne idée.
Je rigolais et m'écartais de lui pour ne pas être tentée de faire autre chose.