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LIAM
Fixer cette putain de bouteille qui se vidait de plus en plus était devenu mon occupation préférée. Je ne me rappelais pas que ça soulageait tellement de boire à ne plus pouvoir penser. Ma gorge était déjà bien anesthésiée, mais je continuais à boire par le goulot, en espérant que cette fichue soirée soit oubliée au plus vite. Mon portable était posé à côté d'elle, et je ne savais même plus pourquoi je l'avais gardé près de moi. Sûrement en espérant que Mia me rappelle ? Pourquoi elle le ferait après tout, je lui avais parlé comme de la merde. Au fond, j'étais mieux tout seul assis sur cette putain de chaise, à me saouler pour essayer d'oublier ces dernières heures de cauchemar. Je me rattrapais à la commode, en réalisant que je venais presque de tomber par terre. Putain.
Quelqu'un frappait à la porte, et j'ignorais Josh, qui me demandait s'il pouvait entrer. Mais comme je m'y attendais, la porte s'ouvrait, et je le fusillais du regard.
– Liam, putain, t'es sérieux ?
Il s'avançait jusqu'à moi, et je détournais les yeux en voyant la déception sur son visage.
– Qu'est-ce que tu veux ? Tu n'es pas avec Kyle ?
– Tu as vidé toute la bouteille ?
Il me l'arrachait des mains et je le fusillais du regard. J'étais énervé qu'il ne me réponde pas.
– Tu n'as pas répondu à ma question.
– Toi non plus.
Je soupirais en essayant de le regarder sans que ma vision ne se trouble. J'étais complètement bourré, putain.
– Je l'ai pris dans ma réserve personnelle, en cas de besoin.
– En cas de besoin ? Tu ne vas pas te remettre à boire, non ?
– C'est bon. Ce n'est pas parce que je viens de boire, que je vais boire tous les jours, putain.
Il soupirait aussi, et ça me faisait chier qu'il soit déçu de moi. Mais bon, je crois que j'étais trop bourré pour m'en rendre compte.
– Ouais, bah, tu sais comment ça va se terminer.
– Tu veux dire quoi, par là ? Dis-je d'une voix dure.
– Tu le sais très bien.
– Non, dis-moi.
– Liam, putain, non. Je veux juste que tu arrêtes de boire.
– Ce n'est pas ce que je veux. Et d'abord, je fais ce que je veux.
Je lui arrachais la bouteille des mains, et il tentait de la reprendre, mais je le poussais pour l'éloigner de moi.
– Liam, putain, c'est quoi ce comportement ?
– Ta gueule. Tu n'as qu'à me laisser tranquille. Tu n'es pas mon père.
Je rigolais nerveusement en repensant à ce que je venais de dire, et portais le goulot à ma bouche pour boire quelques gorgées. Il n'en restait plus beaucoup. Fait chier.
– Et une fois que la bouteille sera vide, tu vas faire quoi ?
– J'en ai d'autres en réserve, ne t'inquiète pas.
Mon sourire fier se transformait en petit rire. Je pensais qu'il allait rire avec moi, mais il se contentait de me regarder de haut en fronçant les sourcils.
– Liam, tu ne bois jamais. Enfin, tu ne buvais plus depuis...
– Depuis ?
Il se ravisait en voyant mon regard noir.
– Va demander à Nick de venir boire un coup avec moi. Il voulait voir de l'ancien Liam, alors, il faut qu'il en profite.
Je soupirais et me grattais la tête en réalisant ce que je venais de dire. L'ancien Liam ? Bordel, jamais je ne voudrais redevenir cette personne.
– Il est partit dans sa chambre, mais, je peux le remplacer.
Il tirait une chaise et s'asseyait à côté de moi. Il me prenait la bouteille des mains et buvait le fond de la bouteille, jusqu'à la dernière goutte.
– Satisfait ? Me disait-il, manifestement énervé de me voir dans cet état pitoyable. Maintenant, dis-moi à quel point tu es fier de redevenir la personne que tu haïssais.
Je le fusillais encore du regard. L'alcool me tenait à peine en place, mais sans ça, j'aurais continué à tout casser dans ma putain de chambre.
– Ferme ta gueule, putain.
– Quoi, c'est toi qui l'as dit.
– Ne me cherche pas. Je ne suis pas d'humeur.
– Tu crois que je le suis ?
– On dirait bien. Tu n'en as rien à foutre qu'il soit là, putain.
– Rien à foutre ? Tu es sérieux. Je me suis juste contrôlé, maintenant, il s'est cassé.
– Tu me reproche de lui avoir cassé la gueule ? Dis-je d'une voix ferme.
Il maintenait mon regard en soupirant. Voilà que je recommençais à être énervé. Heureusement pour moi, je savais que je ne pourrais pas me lever sans me casser la gueule, à cause de tout cet alcool présent dans mon sang.
– Je ne te reproche rien du tout. J'ai seulement peur que tu craques, comme tu le fais ce soir.
– Que je craque ? J'ai juste bu un peu, ça va.
– Un peu ? Tu as vidé toute une bouteille !
– Et alors ? Ça me détend.
– C'est ce que je vois.
Il regardait mon torse et je baissais les yeux pour découvrir que je n'avais plus ma chemise. Quand l'avais-je enlevée ? Je ne m'en souvenais plus.
– Pourquoi Mia est partie en pleurant ?
Sa question était comme un coup de teaser qu'on m'envoyait directement dans le cœur. Repenser à elle me donnait encore plus envie de boire.
– Elle est partie.
– Je sais, ça. Je te demande pourquoi elle est partie en pleurant.
– Je ne sais plus vraiment. Je crois que je l'ai plus ou moins quitté.
Dire ces mots était plus dur que je le pensais. Est-ce que je l'avais vraiment quitté ? Je n'arrivais pas à me souvenir de ce que je lui avais dit avant qu'elle ne parte.
– Quoi ? Tu plaisantes ?
– Non, putain. Ne fais pas chier. Je fais ce que je veux.
Il m'analysait le visage, comme si c'était la première fois qu'il me voyait.
– Liam, putain, pourquoi tu as fait ça ? Elle n'a rien à voir dans cette histoire. Tu n'as pas le droit de t'en prendre aux autres, simplement parce que tu es énervé.
Je me mettais à rire, et je m'arrêtais en réalisant que ce rire n'était pas le même que d'habitude.
– Depuis quand tu t'intéresses aux autres, toi ? Tu n'en as jamais eu quelque chose à foutre des gens, et maintenant, tu me donnes une petite leçon de moral, mais qui es-tu ?
– Qui je suis ? T'es sérieux ? Toi, qui es-tu ? Tu as vu comment tu parles ? Comment tu te comportes, ce soir ?
– Ta gueule, putain. Qu'est-ce que ça peut te foutre que Mia soit parti ? Tu l'aimes, c'est ça ?
Ses sourcils se fronçaient un peu plus et il prenait une grande inspiration, avant de me dire :
– Mais c'est quoi ton problème ? Tu t'entends parler ? Tu ne sais même plus ce que tu dis.
Je passais encore une main dans mes cheveux et fixais mes mains tremblantes, posées sur mes cuisses. La main avec laquelle j'avais frappé plusieurs fois dans le mur, y compris sur le visage de mon putain de faux-frère virait au bleu, mais je ne sentais rien. Je ne ressentais rien.
– Je te rappelle qu'elle te plaisait, au départ.
Pourquoi je revenais là-dessus, d'abord ?
– Oui, au départ, comme tu le dis si bien. Je l'apprécie parce qu'elle te rend heureux, voilà tout. Elle est celle qu'il te faut. Mais ce soir, j'en doute fort.
Je le fusillais du regard, parce que je savais qu'il avait raison. Je me comportais comme un connard, ce soir, simplement parce que j'avais revu la personne que je détestais le plus au monde.
– Laisse Mia en dehors de ça.
– C'est toi qui me dis ça ? Putain, Liam, tu perds la tête, là. Tu devrais aller te coucher pour dessoûler.
– Me dessoûler ? Pour une fois que je bois, tu ne veux pas me laisser tranquille ? Quand tu te bourres la gueule en soirée, je ne te dis jamais rien.
Je venais de réaliser qu'il était debout devant moi, et plus assis sur cette maudite chaise à côté de moi.
– Boire en soirée pour s'éclater et boire tout seul dans sa chambre pour échapper à la réalité sont deux choses complètement différentes.
– Qu'est-ce que tu viens de dire ?
– Que tu bois seulement pour ne plus repenser à ce soir, mais tu sais quoi, demain matin, la réalité va te rattraper. Kyle est revenu, et tu devrais l'accepter.
– Putain, ta gueule.
Je prenais la bouteille vide et l'éclatais sur le mur en face de moi. Josh ne cillait pas, mais me regardait d'un air désespéré.
– Tu es en train de dire que tu as accepté qu'il soit de retour ?
– Bien sûr que non. Il est déjà parti. Je sais que jamais je ne lui reparlerais, alors je n'ai pas de raison de faire ce que tu es en train de faire. Il est parti, je t'ai dit.
– Et pour combien de temps ? Tu sais aussi bien que moi qu'il ne peut pas se racheter une putain de conduite. C'est qu'un manipulateur, une grosse...
– Oui, ça je le sais. Me disait-il pour m'empêcher de finir ma phrase. Mais qu'est-ce que tu veux qu'il nous fasse ? On est plus des gamins. Il n'a plus ses potes et on a changé. Tu as changé, et ça, c'est en grande partie grâce à Mia.
Je ne répondais rien. Il avait toujours raison. Toujours, putain.
– Maintenant, arrêtes de boire et va prendre une douche. Tu rappelleras Mia demain. Tout va rentrer dans l'ordre, comme d'habitude.
Il se baissait et m'aidait à me relever. Je fixais mon pansement en me relevant. Son bras m'entourait la taille et je soupirais.
– Ça rappelle des mauvais souvenirs, hein ?
– Ouais. Dis-je d'un air détaché. T'es pas obligé de jouer le grand-frère, je sais me doucher tout seul.
Il ne suffisait que d'une seconde d'inattention de sa part pour que je tombe par terre en avant. Je me rattrapais de justesse sur le parquet de ma chambre pour ne pas tomber la tête la première.
– T'es bourré comme un coin, Liam.
Il se moquait de moi et je me mettais à rire de mes conneries. En même temps, ça faisait tellement du bien d'être bourré. Ça m'avait manqué, plus que je ne le pensais.
– Laisse tomber pour la douche, je vais dormir et la prendre demain matin.
– Ouais, je crois que c'est ce qui a de mieux à faire. En plus, tu es trop lourd pour que je te porte.
– Ne soit pas jaloux parce que je suis plus musclé que toi.
– Dans tes rêves.
Il me poussait sur le lit et j'atterrissais sur ma couette avant même que je m'en rende compte. Il retirait mes chaussures et essayait de tirer sur mon pantalon qui ne descendait pas d'un centimètre.
– Tu es vraiment en train de me déshabiller ?
– J'essaye seulement.
– Quoi, tu veux mater mon cul, c'est ça ? Dis-je, le nez enfouis dans la couette.
– Ta gueule, je veux juste t'enlever ce pantalon couvert de Whisky.
– Putain.
Je me soulevais légèrement pour enlever mon bouton et ma braguette. Je le sentais légèrement glisser le long de mes jambes et je m'imaginais maintenant en caleçon, couché dans un état pitoyable sur ce lit de merde. C'était Mia qui aurait dû faire ça. Pas mon frère. Si cette soirée n'était pas autant partie en couilles, elle aurait été à côté de moi. Elle dormirait dans mes bras et on se serait réveillé ensemble pour aller chez son père demain midi. Ou peut-être tout à l'heure, parce que je ne savais pas l'heure qu'il était.
– Je ne suis qu'un con, putain.
– Ce soir seulement. Me disait-il.
Je ne pouvais m'empêcher de rire, alors que je me sentais vider de mes forces. La joie provoquée par l'alcool avait fait place au vide. A un putain de vide que je ne savais pas comment remplir. Peut-être que je devrais ouvrir une autre bouteille ? Si je dormais maintenant, j'allais me réveiller plus vite pour retrouver ce putain de faux-frère dans ma maison. Il était parti, me rappelait la petite voix dans ma tête.
– J'ai envoyé chier Mia parce que je n'arrivais pas à me contrôler.
– Je t'ai vue dans des pires états que ce soir. Tu as quand même assez bien géré la situation. Mia te pardonnera, ne t'inquiète pas pour ça.
Je le voyais se baisser vers ma porte pour ramasser les débris de verre.
– Vous n'auriez pas été là, je l'aurais tué. Dis-je d'une voix à peine audible.
Il s'arrêtait de ramasser, et me regardait.
– Si papa n'avait pas été là, je t'aurais sûrement aidé.
C'était la dernière phrase que j'entendais avant que mes paupières ne soient trop lourdes pour que je puisse protester contre l'envie de continuer à boire.