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LIAM
Je ne pensais pas être aussi énervé en arrivant devant chez moi. La Porsche noire de mon père était garée dans l'allée, près du portail. Ce qui indiquait qu'il était de visite avant de repartir travailler. Il n'était presque jamais à la maison, et maintenant que je voulais l'éviter, je devais lui faire face alors que je n'en avais pas la moindre envie. Il allait me questionner, essayer de me parler comme il ne le faisait jamais, et rien que d'y penser, cela m'énervais encore plus.
Heureusement pour moi, il n'était pas à la cuisine quand je rentrais. Je me dépêchais de monter les escaliers jusqu'à ma chambre et refermais la porte doucement en essayant d'être le plus discret possible dans ma maison. Je ne savais même pas si Josh était sorti. Même si je l'avais vu tout à l'heure, je préférais l'éviter depuis ce fameux soir.
J'écrivais un message à Mia pour la remercier pour ces derniers jours passés chez elle et m'allongeais sur mon lit en déchaussant mes baskets. La porte ouverte de mon placard attirait mon attention. Je ne prenais même pas le temps d'appuyer sur « envoyé » que je me levais d'un bon, en réalisant que quelqu'un avait fouillé dans mes affaires.
Je posais une main sur l'étagère de mes T-shirts, essayant de visualiser ceux en ma possession, mais malgré les centaines que je possédais, je n'arrivais pas à discerner s'il me manquait un vêtement ou non.
– Putain.
Je ne savais pas pourquoi, mais une rage folle m'envahissait en réalisant que peut-être, mon enfoiré de faux-frère avait pénétré dans ma chambre pour fouiller dans mes affaires, ou même me prendre mes vêtements.
Je toquais rapidement à la porte de Josh et entrais avant même d'attendre sa réponse.
– Oh, qu'est-ce qui se passe ?
Il se redressait sur le bord de son lit, tenant fermement sa manette de Playstation.
– Dis-moi que c'est toi qui as fouillé dans mon armoire ?
– Quoi ? Pourquoi je ferais ça ?
– Donc, ce n'est pas toi ?
– Comment tu sais que quelqu'un a fouillé dans ton armoire ?
– Parce que je le sais quand quelqu'un touche à mes affaires. Dis-je, excédé.
– Eh bien, ce n'est pas moi.
Il regardait un instant son armoire, se demandant probablement si on avait également fouillé dans la sienne.
– Tu as dû te tromper.
– Je ne me trompe jamais.
Un sourire en coin apparaissait sur son visage et il jetait sa manette à côté de lui. Il savait que j'avais toujours raison.
– Est-ce que Kyle est revenu depuis mardi ?
J'avais l'impression que ça faisait une éternité, alors que cela ne faisait que deux jours. J'aurais préféré rester plus longtemps chez Mia, au moins, j'aurais continué de penser à autre chose.
– Quoi ? Non. Enfin, pas que je sache en tout cas. J'essaie d'éviter aussi papa.
– Ah oui ? Pourtant, tu es bien resté avec lui, mardi soir, ainsi qu'hier matin.
– Et alors ? Si tu crois que je jouais le petit-enfant modèle devant lui, tu te trompes. Si Nick n'avait pas été là, je serais partis autant en vrille que toi.
– Je ne suis pas parti en vrille. Dis-je en serrant les dents.
– Ah oui ? Tu as bu, Liam, et pas qu'un peu. Tu sais que ça ne t'arrivais plus, de te retrouver dans des états comme ça. Toi qui souhaite toujours tout contrôler...
Il baissait la tête, ne souhaitant pas poursuivre son petit discours de leçon de morale. Je prenais une grande inspiration, espérant que cela puisse me calmer un peu, mais j'avais davantage envie de passer mes nerfs sur lui.
– Ne remets pas ça sur le tapis. J'ai bu parce que j'étais énervé.
– Et maintenant, tu vas reboire ?
Je fronçais les sourcils.
– Pourquoi tu me demandes ça ?
– Pour rien.
Il baissait la tête en arrière et se laissait tomber sur le lit.
– Dis-moi, Josh. Dis-je, après quelques secondes.
– Rien. Disait-il en se relevant à nouveau. C'est juste que...
– Que quoi ?
– Que mardi soir, tu n'étais plus vraiment là. Tu as pété les plombs, et tu as à peine réussi à te contrôler. J'avais l'impression de te revoir, il y a trois ans.
Savoir qu'il m'imaginait à nouveau comme le garçon toxico et violent que j'étais autrefois me hérissait les poils. Toute colère disparaissait et je levais les yeux vers le grand miroir qui longeait son armoire. A ce moment-là, me voir dans la glace m'insupportait.
– J'ai juste pété les plombs en voyant Kyle. Tu sais que j'ai changé et que je n'ai pas fait de grosse crise depuis longtemps.
– Ouais, je sais. Je veux juste que tu me dises si ça ne va pas, ok ? Je sais que tu penses aussi que Kyle reviendra. Nous voir deux minutes en sortant de prison ne lui a sûrement pas suffi, d'autant plus qu'il avait l'air décidé à nous parler. Je ne connais pas ses nouvelles attentions envers nous, mais j'espère qu'il va rester loin de cette maison pour un moment. On était bien sans lui.
Je mordais l'intérieur de mes joues, ne trouvant rien à redire à sa tirade. Imaginer que Kyle puisse revenir ici me donnait envie de vomir ou de frapper un mur.
– Je sais que maintenant, tu passes du temps avec Mia. Mais, j'aimerais être au courant, si quelque chose ne va pas.
– Je vais très bien.
– Je sais. Mais, je sais aussi que ça peut vite dégénérer, quand il s'agit de toi.
– Tu essayes de jouer les grands-frères ?
– Eh bien, sans moi, l'autre soir, tu aurais sûrement fait un coma sur ta chaise. Tu t'es enfilé un bon litre de Whisky, putain.
– Ah. Ah. N'empêche, ça m'a bien détendu.
– Tu sais, il y a d'autre moyen de se détendre.
Il me faisait un petit clin d'œil et je levais les yeux au ciel.
– Papa est là ?
– Je n'en sais rien.
– Il t'a pas reparlé depuis hier ?
– Non. Je ne veux pas l'écouter.
– D'accord.
Je sortais de la chambre de Josh et marchais rapidement jusqu'aux escaliers. Cette fois, je le trouvais dans la cuisine, en train de ranger une boîte dans un placard, son portable sur l'oreille.
– Oh, Liam.
Il raccrochait au moment où il me voyait entrer dans la cuisine. Sa sacoche de travail posée devant lui.
– C'était bien, chez Mia ?
En voyant mon expression, il prenait une grande inspiration, passant une main sur sa barbe naissante pour tenter de calmer son trouble.
– Tu retournes travailler ?
– Oui.
Il maintenait mon regard, cherchant à savoir pourquoi j'étais venu le trouver alors que je cherchais à l'éviter depuis mardi.
– Est-ce que Kyle est revenu ?
Il fronçait les sourcils, peut-être un peu surpris que j'aborde ce sujet sensible.
– Hier soir. Me disait-il finalement.
Tout mon corps se crispait, et je me donnais un mal fou à ne pas m'énerver.
– Donc, il est toujours dans les parages.
– Oui.
– Où ça ?
– Quoi ?
– Où il est ?
– Je ne sais pas exactement.
Il savait, c'était clair. Il ne voulait juste pas me le dire.
– Pourquoi tu lui reparles comme si de rien ne s'était passé ? Dis-je plus sèchement.
Il avait toujours été clair en me disant que jamais il ne l'accepterait ici après tout ce qui s'était passé, et pourtant, il le laissait revenir dans nos vies après tout ce temps.
– Parce que c'est mon fils.
Sa réponse me faisait frémir. Je détestais me rappeler que c'était bien mon frère. On avait le même sang, du moins, en partie. Mais, frère ou pas, jamais je ne le laisserais revenir. Jamais.
– Ton fils qui a fait du mal à tes autres fils.
– Je pense simplement qu'on a tous droit à une seconde chance. Surtout si cette personne fait partie de notre famille.
– Alors, tu es convaincu qu'il a changé ?
Sans m'en rendre compte, je me trouvais maintenant tout près de lui.
– Non. Il m'a appelé, on s'est parlé, il essaie seulement d'arranger les choses.
– Avec toi ?
– Non, avec nous tous. Maintenant qu'il a purgé sa peine, il est près à revenir dans nos vies, en abandonnant tout ce qu'il a fait avant d'aller en prison.
– Et tu y crois ? Dis-je, le souffle court.
– Je ne sais pas.
Il détournait enfin les yeux, et je m'autorisais à souffler pour tenter de reprendre mon calme. Surtout, rester calme.
– Est-ce qu'il a essayé de parler à Josh ?
Ce n'est pas que je ne croyais pas mon frère, mais je voulais être sûr qu'ils n'avaient pas déjà communiqué ensemble.
– Non. Et Nick a été clair, il ne veut plus le revoir non plus. Il est déjà retourné à New York.
– Il a bien de la chance. En tout cas, je veux que tu saches que je suis du même avis. Je ne veux pas qu'il m'approche. Tu te feras un plaisir de lui dire quand tu le reverras. (Je me tournais, commençant à sortir de la cuisine.) Oh, et, tu lui diras qu'il n'a pas intérêt à refoutre un pied dans ma chambre.
Sur ce, je quittais la cuisine en laissant mon père soupirer derrière mon dos.