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MIA
Quatre jours étaient passé depuis notre petit rendez-vous avec le groupe, le lendemain du repas de Noël chez moi. Les jumeaux nous avaient tous confirmés qu'on ferait bien le nouvel an chez eux et Liam m'avait prévenu que toute sa famille serait à New York. La maison serait libre pour organiser une grande fête et faire dormir un maximum de gens chez eux. Tout le monde avait hâte d'y être, et moi, je ne savais pas pourquoi, mais j'appréhendais cette soirée. Je ne serais pas surprise qu'on se retrouve plus que dans aucune autre soirée, comme c'était chez les jumeaux, et j'avais peur que cette fête devienne incontrôlable.
Une autre partie de moi était excitée à l'idée de faire mon premier réveillon avec eux. Et surtout, avec Liam. Peut-être qu'il était plus tendu, ces jours-ci, mais il faisait tout pour me le cacher. Son frère n'avait pas réapparu depuis ce fameux soir et j'espérais que ça continu comme ça. J'avais peur d'assister une nouvelle fois à un conflit familiale. Surtout que depuis hier, son père n'était pas là pour s'interposer. Alors, qui sait ce qui pourrait se passer jusqu'à son retour ?
J'allais dormir chez Liam ce soir, et j'étais contente que mon père me laisse plus de liberté. J'allais les aider à préparer les lieux pour demain et j'avouais que de ne pas l'avoir vu pendant quatre jours, ça me manquait.
Pendant ces quelques jours, je m'étais reposée un maximum. J'étais juste sortie pour aller voir Alyssa, et bien sûr, Tony était là. Il m'avait parlé tout à fait normalement, mais je n'arrivais pas à ignorer que je l'avais embrassé. Même si je ne ressentais rien d'autre que de l'amitié pour lui, c'était difficile pour moi de faire comme si rien ne s'était passé.
Hier, j'avais vu Aria, qui avait des doutes sur la relation avec mon frère. Bien sûr, si j'avais pu éviter cette conversation, je l'aurais fait. Elle pensait que leur relation n'était basée que sur du sexe, et je n'avais pas su quoi répondre. Mais, heureusement pour moi, quand j'avais mentionné le réveillon chez Liam en plein milieu de son monologue, elle avait vite attaqué sur ce sujet. Elle avait hâte d'y être.
– Bonjour.
Je descendais à la cuisine à dix heures ce matin-là, pour prendre mon petit-déjeuner. Karen finissait de ranger de la vaisselle avant de se retourner pour me dire bonjour.
– Ah, Mia, tu as bien dormis ?
– Très bien, et toi ?
– Bien.
Je sortais un bol et mes céréales avant de me poser sur la table.
– Papa est au boulot ?
– Euh, non, il a un rendez-vous.
– Un rendez-vous ?
Je fronçais les sourcils, inquiète et étonnée.
– Oui, rien de grave, ne t'inquiète pas. Il a un rendez-vous chez le médecin.
– Il est malade ? Dis-je en la regardant ranger le plan de travail.
– Non, ne t'inquiète pas. Il a juste quelques examens à faire. C'est juste une visite de contrôle.
– Seulement une visite de contrôle ?
– Oui, ne t'inquiète pas. Après, il va directement au travail.
Elle partait dans le salon avec un tas de magazines et je restais planter sur mon tabouret. J'essayais de ne pas m'inquiéter, mais j'avais quand même un drôle de pressentiment. Ne pas m'inquiéter, ne pas m'inquiéter.
Je me servais des céréales, en essayant de ne pas m'imaginer un tas de scénarios dans ma tête. Juste une visite de contrôle, il n'y a rien de grave. Je me répétais cette phrase dans ma tête, jusqu'à ce que mon esprit commence à essayer d'y croire.
– Tu vas bien ?
Je sursautais en voyant Karen revenir dans la cuisine.
– Oui, je rêvassais.
– Qu'est-ce que tu fais, aujourd'hui ?
– Rien du tout. Enfin, ce soir, je vais chez Liam.
– Oh, Liam.
Elle souriait en disant son nom et je rougissais.
– Quoi ?
– Rien. Tu passes beaucoup de temps avec lui, c'est tout.
– Je ne l'ai pas vue depuis quatre jours.
– Oh, c'est vrai que ça fait beaucoup.
Elle se moquait de moi et je rigolais nerveusement.
Oui, pour moi, ça faisait beaucoup. Il me manquait tout le temps, même quand j'étais avec lui.
– Tu ne l'aimes pas ? Finis-je par dire.
– Oh, pas du tout. Je l'aime beaucoup. Il est très gentil et il te respecte beaucoup. Je suis contente que tu sois bien avec lui. En plus, il est très mignon.
– Merci. Dis-je, le cœur lourd.
– Je crois que même ton père l'aime bien. Il ne l'avouera jamais, c'est tout.
On se mettait à rigoler et je tournais la tête en entendant quelqu'un descendre les escaliers. C'était Jason. Il ne portait qu'un short et avait les cheveux tout emmêlés. Je me mettais à rire encore plus en voyant sa tête.
– Bonjour tout le monde, qu'est-ce qui se passe ?
– Rien, je me moquais juste de ta tête.
– Bah voyons.
Il me contournait pour ouvrir le placard derrière moi et je remarquais des traces d'ongles, dans son dos. Je tournais la tête vers Karen, pour voir si elle voyait la même chose que moi et elle me souriait en levant un sourcil.
– Dis-donc, Jason, tu as vue Aria, récemment ? Lui demandait Karen.
– Je l'ai vue hier, pourquoi ?
– Il me semblait.
Il se retournait complètement pour nous regarder, ne sachant pas du tout pourquoi elle lui avait dit ça.
– Pourquoi cette question ?
– Je ne sais pas. Je ne savais pas que des ongles pouvaient autant marquer.
Il posait son bol sur la table et j'en profitais pour appuyer mes doigts froids sur le haut de son dos, sur les traces qu'Aria lui avait faites.
– Rappelez-moi de mettre un T-shirt, la prochaine fois que je descendrais.
Je rigolais en le voyant secouer ses cheveux avec sa main.
Je finissais de manger tranquillement en parlant avec Karen. Jason était sur son portable et ne prêtait pas attention à notre discussion de filles. Quand je montais les escaliers, j'entendais un son de vidéo venir de la chambre de Jack. Je frappais à sa porte, attendant qu'il me donne la permission de rentrer.
– Ouais ?
J'ouvrais, plissant les yeux pour distinguer le corps de Jack dans l'obscurité. Il était allongé sur le ventre sur son lit, la tête dans le vide, en train de regarder l'écran de son téléphone.
– Tout va bien ?
Je m'appuyais contre son mur, attendant sa réponse. J'essayais d'être plus présent pour lui depuis qu'il m'avait dit qu'Adrian l'avait officiellement quitté, il y a deux jours. Il n'avait eu aucune explication et j'avais de la peine de le voir se renfermer sur lui-même. Lui qui était toujours si joyeux, se morfondait tout seul dans sa chambre.
– Tranquille, et toi ?
– Oui. Qu'est-ce que tu fais ?
– Je regarde des vidéos.
Sa voix détachée me faisait grimacer.
– Et tu veux qu'on fasse un truc, aujourd'hui ?
– Non, je suis fatigué.
– Tu m'as déjà dit ça, hier.
– Oui, parce que c'est vrai.
Je soupirais intérieurement.
– Tu sais, ça te ferait du bien de sortir prendre l'air frais. Je peux t'accompagner. On pourrait aller se promener.
– Non, Mia, s'il te plaît. Je veux juste être tranquille.
Autrement dit : « tu me fais chier ». Je grinçais des dents, sachant que sa mauvaise humeur venait de sa rupture et non de ma présence.
– Tu ferais mieux d'aller voir Liam, tu passerais sûrement une meilleure journée qu'avec moi.
– Je vais déjà le voir ce soir. Dis-je en m'approchant de lui. J'aimerais juste passer un peu de temps avec toi.
– Tu dis ça parce que tu as pitié de moi. Combien de fois il faudra que je le dise pour qu'on me laisse tranquille. JE. VAIS. BIEN.
Il se redressait dans son lit et je soupirais bruyamment, cette fois.
– Tu sais, Jack, il est dans mon devoir de demi-sœur de te remonter le moral. Alors, si tu ne veux pas aller prendre l'air dehors, je peux aussi faire rentrer l'air.
Je me dirigeais vers sa fenêtre pour l'ouvrir et remonter les volets.
– Pitié, Mia, non.
Il cachait son visage avec son oreiller et j'ouvrais la fenêtre au maximum. Je frissonnais en sentant l'air frais rentrer et me tournais vers Jack, qui ne bougeait plus, assis sur son lit. Je n'aimais pas le voir comme ça.
– Jack, s'il te plaît, tu ne peux pas rester comme ça.
– Laisse-moi. Me répondait-il avec une voix de robot.
Je restais plantée à côté de son lit et au bout de quelques secondes, il me jetait l'oreiller qui couvrait sa tête et je l'arrêtais avec mon bras.
– La soirée de demain te fera du bien. Tu rencontreras sûrement des garçons très sexy qui ne pourront pas te résister.
– Je m'en fous.
– Ah oui, vraiment ? Tu comptes t'apitoyer sur ton sort alors ?
– Oui.
Je levais les yeux au ciel, seulement parce que je savais qu'il fixait ses pieds. Ses cheveux foncés étaient tous décoiffés et son expression donnait à penser qu'il portait toutes les peines du monde sur ses épaules. Je devenais très mal pour lui.
– Racontes-moi comment tu vas et, est-ce que tu as eu de ses nouvelles ?
– Non, aucune nouvelle. Je vais bien, enfin, je crois. C'est juste que je suis fatigué et que je ne sais pas comment gérer cette situation.
– Oui, je te comprends. Est-ce que tu l'aimais vraiment ? Dis-je, en redoutant sa réponse.
La vérité, c'était que je ne savais pas non plus comment gérer cette situation. Il avait le cœur brisé, et je savais à quel point ça faisait mal. Mais maintenant, tout était rentré dans l'ordre pour moi, et j'espérais que lui puisse tourner la page rapidement.
– Je crois, oui. J'ai juste l'impression que notre histoire n'est pas finie. Je ne comprends pas pourquoi il m'a quitté. C'était tendu, ces derniers temps, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras. J'ai tout fait pour qu'il reste, et maintenant, il est parti et c'est mort.
Il ne pleurait pas, mais je ressentais toute sa tristesse, dans sa voix. Le pauvre n'avait eu aucune explication.
– Si une personne t'aime, elle revient toujours. Dis-je, pour tenter de le rassurer. Des fois, ça peut prendre du temps, mais les gens qui nous aiment finissent toujours par revenir, parce qu'ils leur faut du temps pour comprendre qu'ils ont besoin de nous.
Il levait rapidement la tête vers moi et un tas d'expressions traversaient son visage. Je le laissais méditer jusqu'à ce qu'il me sourit.
– Merci Mia. Je sais que ce que tu dis est vrai, mais il me faudra du temps pour oublier ou comprendre tout ça.
Je haussais les épaules avec un sourire innocent.
– Je vais prendre une douche et descendre pour manger un morceau.
– Sage décision.
Je commençais à sortir, mais me retournais une dernière fois pour le regarder. Je savais qu'il lui faudrait du temps pour oublier Adrian, mais j'avais au moins réussit à le faire lever de son lit.