Son amour insensé, sa fin amère
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Chapitre 2

Audrey s'est réveillée dans un lit d'hôpital, l'odeur stérile de l'antiseptique emplissant ses narines. La première chose qu'elle a vue, c'est le visage sombre du médecin.

« Mademoiselle Lefèvre, votre état se détériore rapidement », a-t-il dit, sa voix douce mais ferme. « Le froid et le stress ont causé des dommages importants. Nous devons agir maintenant. »

Il n'y avait qu'un seul espoir : une opération complexe et à haut risque que seule une personne au monde pouvait réaliser, un chirurgien de renom nommé Dr Antoine Chevalier.

Audrey savait qu'elle ne pouvait pas se le permettre. Mais il y avait une personne qui le pouvait.

Elle a appelé Éléonore de la Roche.

Sa voix était un murmure rauque. « Je disparaîtrai », a-t-elle dit, les mots ayant un goût de poison. « Je signerai tous les papiers que vous voudrez. Je quitterai la vie de Côme pour toujours. Obtenez-moi juste cette opération. Obtenez-moi le Dr Chevalier. »

Il y eut une pause à l'autre bout du fil, puis la voix froide et calculatrice d'Éléonore. « Très bien. Mais vous ne parlerez de cet accord à personne. Vous partirez discrètement après l'opération. »

Audrey a accepté. En raccrochant, une vague de regret amer l'a submergée. Éléonore avait tout su depuis le début. Elle savait qu'Audrey était la donneuse de rein. Un détective privé avait découvert la vérité des années auparavant. Mais une fille malade et boiteuse issue de l'ASE, même si elle avait sauvé la vie de son fils, n'était toujours pas digne de la famille de la Roche. Le boitement qu'Audrey avait contracté en sauvant Côme d'une voiture lorsqu'ils étaient enfants n'était qu'une autre tare à ses yeux.

Éléonore avait déjà essayé de l'acheter, lui offrant des millions pour quitter Côme. Audrey avait toujours refusé, croyant que leur amour n'avait pas de prix. Maintenant, elle suppliait pour sa vie, échangeant ce même amour contre une chance de survivre. Quelle idiote elle avait été.

La porte de sa chambre s'est ouverte et Côme est entré. Il tenait un petit pot de pommade.

Il s'est assis sur le bord de son lit, son expression un mélange de culpabilité et d'exaspération. « Tes genoux doivent être douloureux », a-t-il dit, évitant son regard. Il a commencé à appliquer la crème sur sa peau meurtrie. Son contact était doux, un fantôme de l'attention qu'il lui portait autrefois.

« Tu m'as poussé à bout, Audrey », a-t-il murmuré, comme si cela excusait tout. « Tu n'aurais pas dû t'en prendre à Cassandre. »

Sa gorge était à vif. Parler lui faisait mal. « Tu me crois ? » a-t-elle chuchoté. « Que je ne l'ai pas fait ? »

Son silence fut sa réponse. C'était un mur solide entre eux, construit brique par brique avec sa confiance mal placée en une autre femme.

Il a finalement parlé, la voix basse. « Je suis avec Cassandre pour nous, Audrey. Pour notre avenir. Elle nous donne un enfant. Tu ne vois pas ? Une fois le bébé né, je pourrai enfin te reconnaître. Nous pourrons être une vraie famille. » Il a exposé son plan tordu : Cassandre accoucherait, et ils enregistreraient l'enfant sous le nom d'Audrey. Il présenterait alors officiellement Audrey comme sa femme, la mère de son héritier.

Il a vu l'expression sur son visage et a ricané. « C'est quoi ce regard ? Sois réaliste. Tu es une estropiée sortie d'un foyer. C'est le seul moyen pour que ma famille t'accepte enfin. »

Chaque mot était une nouvelle blessure. Il la voyait non pas comme sa partenaire, son âme sœur de vingt ans, mais comme un cas de charité qu'il devait faire entrer en douce dans sa vie.

« Non », a-t-elle dit, sa voix tremblant d'une force qu'elle ne se connaissait pas. « Je ne veux pas de cet avenir. »

Le visage de Côme s'est durci. Il était sur le point de protester quand un fort coup de tonnerre a fait vibrer la fenêtre. Il s'est immédiatement levé.

« Cassandre a peur de l'orage », a-t-il dit, se dirigeant déjà vers la porte. « Je dois être avec elle. »

Il s'est arrêté sur le seuil, la regardant. « Attends juste un peu plus longtemps, Audrey. Et arrête d'être si difficile. »

Puis il est parti.

Audrey a fixé la porte vide, un rire amer s'échappant de ses lèvres. Elle a baissé la main et s'est frotté la cheville. La vieille blessure, de l'accident où elle l'avait poussé hors de la trajectoire d'une voiture, la lançait toujours quand il pleuvait. Il s'en souvenait, avant. Il s'asseyait avec elle les nuits d'orage, lui massant doucement la cheville, murmurant qu'il était désolé qu'elle ait mal à cause de lui.

Maintenant, il se souvenait seulement que Cassandre avait peur du tonnerre. Il avait tout oublié. Il l'avait oubliée.

Le lendemain, elle les a vus dans le couloir de l'hôpital. Côme sortait du cabinet de l'obstétricien avec Cassandre, tenant un dossier avec la dernière échographie du bébé. Il rayonnait, son visage illuminé d'une joie qu'Audrey n'avait pas vue depuis des années. Il s'est penché et a embrassé le front de Cassandre, sa main posée de manière protectrice sur son ventre.

C'était le même regard tendre qu'il lui adressait autrefois. Le même contact doux.

Le cœur d'Audrey s'est serré. Elle s'est retournée pour partir, mais Cassandre l'a vue.

« Audrey », a-t-elle appelé, sa voix douce comme le miel, son sourire triomphant. Elle s'est approchée, barrant le chemin d'Audrey. Côme a suivi, un léger froncement de sourcils sur son visage.

« Tu as une mine affreuse », a dit Cassandre, ses yeux balayant le visage pâle et la blouse d'hôpital d'Audrey. « Mais je suppose qu'il faut s'y attendre. Les gens de votre milieu vieillissent mal. » Elle a caressé son propre ventre. « Côme est si inquiet pour moi et le bébé. Il dit que je suis tout son monde maintenant. »

Audrey l'a juste regardée, puis a baissé les yeux sur ses propres pieds. Le boitement. Le rappel constant d'un sacrifice qu'il ne valorisait plus.

« Ce boitement », a dit Audrey, sa voix calme mais claire. « Je l'ai eu en lui sauvant la vie. Ce corps, que tu trouves si dégoûtant, lui a donné un rein pour qu'il puisse vivre. Qu'est-ce que tu lui as jamais donné, à part des mensonges ? »

Elle a regardé par-delà Cassandre, directement vers Côme. « Je m'en vais. J'espère que tu pourras le garder avec juste ton joli visage et tes mensonges. »

Le visage de Cassandre s'est tordu dans un éclair de rage. Elle a levé la main pour frapper Audrey.

Mais alors, elle a vu Côme revenir vers elles depuis le poste des infirmières. Son expression a changé en un instant. La main levée qui visait le visage d'Audrey est venue frapper sa propre joue. Violemment.

Avec un cri théâtral, Cassandre Dubois s'est effondrée sur le sol.

            
            

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