Elle jeta un coup d'œil à Chloé, qui avait maintenant l'air visiblement nerveuse. « Cette herbe est une substance contrôlée. Très rare. Je suis sûre que si nous appelions la police, ils pourraient en retrouver la source très facilement. »
Le visage de Chloé devint blême. Elle se leva rapidement et attrapa le bras de Cédric. « Cédric, ne nous disputons pas. C'était probablement juste un malentendu. Adèle est une bonne personne. Je suis sûre qu'elle ne ferait pas une chose pareille. »
Sa tentative de calmer les choses était transparente. Elle était terrifiée à l'idée d'une enquête officielle.
Mais Cédric était trop aveuglé par son propre récit pour le voir. « Il ne s'agit pas de logique, Adèle ! Il s'agit du fait que tu es une femme vindicative et jalouse ! »
« Ah oui ? » La voix d'Adèle était glaciale. « Alors appelons la police. Laissons-les régler ça. Je n'ai rien à cacher. »
Elle sortit son téléphone.
« Non ! » glapit Chloé, un peu trop vite.
Adèle et Cédric se tournèrent tous les deux pour la regarder.
Chloé força un sourire tremblant. « C'est... c'est une affaire privée. Nous ne devrions pas impliquer la police. Ce serait mauvais pour l'image de l'entreprise. Pour ta carrière, Cédric. »
Adèle laissa échapper un rire court et sans humour. Elle rangea son téléphone. C'était inutile. Elle quittait ce cirque demain.
Elle s'éloigna sans un mot de plus, s'enfermant dans la chambre.
Le lendemain matin, alors qu'elle approchait des portes de l'entreprise, une foule l'attendait. Ils tenaient des pancartes avec son nom, barré de rouge.
« Briseuse de ménage ! »
« Dégage de notre ville ! »
Ils commencèrent à jeter des choses. Des légumes pourris, des œufs. L'un d'eux lança une petite pierre qui la frappa au front, ouvrant une coupure. Le sang coula sur son visage.
Elle recula en titubant, essayant de se protéger. À travers la foule hurlante, elle vit Chloé, debout sur le côté, un air de satisfaction sinistre sur le visage. C'était son œuvre.
Soudain, une voiture s'arrêta en crissant des pneus. Éric Perrin en sauta.
« Que signifie tout ceci ? » rugit-il, sa voix tranchant le bruit. « Sécurité ! »
Il se fraya un chemin à travers la foule et se plaça devant Adèle, la protégeant. « Adèle, ça va ? »
« Ça va, » dit-elle, sa voix tremblant malgré elle.
À ce moment, Cédric et Chloé arrivèrent. Cédric vit le front ensanglanté d'Adèle, et pendant un instant fugace, une lueur de douleur traversa son visage. Elle disparut aussi vite qu'elle était venue.
La foule, enhardie par sa présence, se remit à crier. « M. Lambert, vous devez faire quelque chose contre cette femme ! Elle a attaqué votre femme ! »
Le visage de Cédric était un chaos d'émotions contradictoires. Il savait que c'était mal, mais son instinct de survie était plus fort. Il regarda la foule en colère, Éric, son ex-femme en sang. Il fit son choix.
Il se tourna vers Adèle, sa voix froide et publique. « Adèle. Excuse-toi auprès de Chloé. Maintenant. Mets fin à tout ça. »
Éric regarda Cédric avec incrédulité. « Tu es sérieux, Lambert ? C'est elle qui est blessée ! »
Adèle posa une main sur le bras d'Éric, l'arrêtant. Elle regarda directement Cédric, ses yeux brûlant d'un feu qu'il n'avait jamais vu auparavant.
« Non, » dit-elle, sa voix résonnant de clarté et de défi. « Je ne le ferai pas. »