/Dans une cantine, Léo essaye de passer devant une foule d'élèves qui chacun s'excuse et présente ses condoléances. Il rejoint une table où se trouve Léa./
LÉA : Comment ça se fait qu'il y ait une foule venue se présenter à toi ? Tu leur a dit pour ton copain ?
LÉO : Je n'ai rien dit. Tu as croisé Héloïse ?
LÉA : Non je ne l'ai pas vu. Mais comment t'expliques ce monde ?
LÉO : À ton avis, si je te parle d'Héloïse ?
LÉA : Non, ne me dit pas que...
LÉO : Elle l'a dit en pleine classe devant le prof, et le bruit a fui. Maintenant tout le monde le sait.
/Quelqu'un s'approche de Léo et lui présente ses condoléances./
LÉA : La connasse... Elle a osé te faire ça sans réfléchir aux conséquences.
LÉO : Juste pour une putain de punition.
LÉA : Comment ça ?
LÉO : Elle n'arrêtait pas de me parler d'Eric, me posant des questions dont je n'avais pas envie d'y répondre. J'ai craqué, je lui ai dit de se taire, le prof nous a cramé, il allait me mettre une punition et t'as Héloïse qui, sous prétexte que je ne vais pas bien, veut pas qu'on m'en mette une et elle lui balance l'histoire.
/Quelqu'un d'autre s'approche de Léo et lui présente ses condoléances aussi./
LÉA : Mais elle n'est vraiment pas possible celle-la.
LÉO : Je te jure.
LÉA : Je te le dis, ne lui parle plus, ignore la. D'ailleurs c'est ce que je vais faire.
LÉO : Désolé de te contredire mais cela sera impossible.
LÉA : Et pourquoi ça ?
/Il pointe du doigt derrière Léa où se trouve Héloïse et Manon qui viennent vers eux./
HÉLOÏSE : Léo, ça va ?
LÉA : Dégage.
HÉLOÏSE : Tu peux me parler plus poliment s'il te plaît.
LÉA : T'as pas vu ce que t'as fait ?
HÉLOÏSE : Qu'est-ce que j'ai fait ?
LÉA : Tu te fous de moi là.
HÉLOÏSE : Mais qu'est-ce que j'ai fait ?
MANON : Au fait Léo, je suis désolé pour ton copain.
LÉA : Ça ! T'as fait ça !
HÉLOÏSE : Tu voulais que je fasse quoi ?! Léo ne va pas bien !
LÉA : Justement ! Et tu viens d'aggraver la situation en le disant à tout le monde !
HÉLOÏSE : Ce n'est pas moi qui ai voulu que tout le monde soit au courant. Ça a fait le tour du lycée à cause de gens qui ne savent pas tenir leur langue.
LÉA : Des gens comme toi.
HÉLOÏSE : Eh, je ne voulais pas que le prof le rende plus mal qu'il ne l'est avec un truc en plus.
LÉA : Et tu t'es dit que tu allais le faire à sa place.
HÉLOÏSE : Mais je ne le voulais pas, bordel. Comment dois-je l'expliquer ?
LÉA : Tu n'as pas à t'expliquer car c'est trop tard !
HÉLOÏSE : Bon, Léo, qu'est-ce que tu veux que je fasse pour me racheter ?
LÉA : Tu crois vraiment pouvoir lui pardonner comme ça, comme si de rien n'était ?
HÉLOÏSE : Toi, arrête de me parler.
LÉA : Alors toi, dégage.
LÉO : Vous allez arrêter, bordel de merde !
/Il frappa mais à plat sur la table et fit revenir le calme./
LÉO : Est-ce que vous allez arrêter de ne penser qu'à moi, de ma situation et d'en créer un sujet de dispute ? Je m'en fous que des gens viennent me dire qu'ils sont désolés, qu'ils me soutiennent, qu'ils présentent ce qu'ils veulent, je m'en contrefiche parce que le seul fautif dans ce lieu, à cette table c'est moi. C'est moi parce que jamais je n'aurais dû vous dire ce qui est arrivé à mon copain au final. J'aurais du vous sortir une excuse de merde, tout simplement. J'aurais dû dire "Ah bah on est plus ensemble" , point final. Au lieu de ça, j'ai agi comme un con à vous le dire. Même mes parents ne sont même pas au courant, et j'ai eu le culot de le dire à vous, pour qu'au final tout le monde le sache. Vraiment, je m'applaudis, quel exploit !
LÉA : Mais Léo... Qu'est-ce que tu...
LÉO : Qu'est-ce que je fais ? Et bah je fais que j'en ai marre. J'en ai marre de tout ! Et par-dessus tout, je me déteste d'être comme je suis en ce moment. Pourquoi ? Parce que je pense à lui, mais je n'arrive même pas à pleurer ne serait-ce qu'un instant. Et avec tout ce qui est en train d'arriver, cela ne va pas beaucoup m'aider à avancer.
LÉA : Léo, je t'ai expliqué, personne ne...
LÉO : Ne réagit de la même façon, je le sais. Mais le problème qui se pose est de savoir quand ce moment arrivera. Quand est-ce que je m'écroulerai face au monde et chialer comme pas possible ?
HÉLOÏSE : Le temps t'aidera à t'expulser de cette souffrance.
LÉO : Mais quand ? Quand ? Quand Héloïse ! Pour l'instant tout ce que je ressens c'est un énorme vide en moi et que je n'arriverai jamais à trouver comment le combler.
MANON : Léo, écoute Héloïse.
LÉO : Manon, déjà que tu te portais bien depuis le début, ne viens pas me mettre une autre couche s'il te plaît.
HÉLOÏSE : Léo, tout ce qu'on veut c'est t'aider à aller mieux.
LÉA : Pour une fois qu'elle ne dit pas une connerie.
HÉLOÏSE : Mais toi tu...
LÉO : Mais ce n'est pas comme ça que je vais aller mieux je vous signale. Donc si vous voulez bien m'excuser, je voudrais être seul pour l'instant, et peut-être pour toujours par la même occasion.
/Quelqu'un s'approche de lui et lui présente ses excuses./
LÉO : Oui moi aussi je suis désolé !
/Léo s'en va avec son plateau et sort par la cour./
HÉLOÏSE /en regardant Léa/ : Tout ça c'est de ta faute !
LÉA : Comment ça c'est de ma faute ? Moi je veux l'aider et toi tu envenimes la situation !
HÉLOÏSE : C'est pas moi qui ai insulté l'autre je te rappelle.
LÉA : C'est pas moi qui ait gueuler sur tous les toits ce qui arrive à Léo, je te rappelle. Bref, de toute façon, ça ne va pas faire avancer la situation.
/Léa s'en va à son tour./