/Dans les couloirs d'un lycée, des élèves passent. Léo se trouve au centre. Léa arrive du jardin./
LÉA : Salut...
LÉO : Salut...
/Elle le prend dans ses bras./
LÉA : Je suis vraiment désolée de ce qui s'est passé pour ton copain.
/Moment de silence. Ils se libèrent de leur étreinte./
LÉA : Ça va quand même ?
LÉO : Je pense...
LÉA : Qu'est-ce qui s'est passé ?
LÉO : Et bien quand je suis rentré chez moi, j'ai reçu un message de sa sœur, Sarah. Elle voulait m'avertir de ça.
LÉA : C'est normal.
LÉO : Bref, elle m'en a averti, et m'a raconté qu'en fait ce jour-là, il n'y avait personne chez lui, et lui était encore dans sa chambre. Sa mère croyait qu'il dormait encore un peu alors elle est partie directement à son travail.
LÉA : C'est qui qui l'a découvert ?
LÉO : Sa petite sœur.
LÉA : Mon dieu...
LÉO : Elle était rentrée en même temps que sa mère vers les 16h, vu que c'est elle qui l'a ramenée de la garderie. La porte de sa chambre était fermée et par curiosité sa petite sœur est entrée dedans. Elle a vu Eric, allongé sur son lit, inerte, et elle croyait qu'il dormait. Alors elle a essayé de le réveiller en l'appelant, le secouant, et sa mère a débarqué à son tour, et quand elle a vu qu'il ne respirait plus, elle a criée et paniquée.
LÉA : Oh mon dieu...
LÉO : Elle a appeléE les pompiers pour leur expliquer la situation. Ils sont venus, et même s'ils ont essayé de le réanimer, ça n'a servi à rien. Il était bel et bien mort.
/Léa commence à pleurer./
LÉA : Oh Léo je...
/Moment de silence. Léa sanglote./
LÉA : Je suis vraiment désolée. C'est horrible ce qui lui est arrivé.
/Léo la prend dans ses bras./
LÉO : Je m'en veux...
LÉA : Ne dis pas ça.
LÉO : Si, je suis sérieux. Je m'en veux vraiment, Léa.
LÉA : Mais pourquoi ? Tu n'as rien à te reprocher.
/Ils se libèrent de leur étreinte et Léa commence à arrêter de sangloter./
LÉO : Si, j'en ai beaucoup. Pour commencer, la prise de tête que j'ai eu avec lui, je m'en veux. Ensuite, que je lui en ai mis encore une couche vendredi alors que j'ignorais qu'il était mort. Et le pire, c'est ma réaction.
LÉA : Comment ça ?
LÉO : Quand sa sœur m'a annoncée qu'il était mort, je n'ai pas réagi. Aucune larme n'est venu à mes yeux, je n'ai pas crié, je n'ai rien. J'étais juste là, assis dans mon lit, à ne rien faire, mon téléphone. Je ressentais un énorme vide en moi, et le moi que j'ai sorti c'est "d'accord". Qui dit ça sérieusement ? Je devrais pleurer en ce moment même, et je ne devrais même pas être là.
LÉA : Léo, personne ne réagit de la même façon. C'est logique. Est-ce que t'as déjà connu une perte ?
LÉO : Non... C'est ma première.
LÉA : Ah. C'est encore pire comme ça...
LÉO : Tu vois.
LÉA : Mais ça n'en explique pas, tu sais. Rassure-toi. Tu vas voir, un moment, tu ne vas pas t'y attendre et ça va venir tout seul.
LÉO : Tu as déjà connu une perte ?
LÉA : Oui. Ma grand-mère quand j'étais petite. Je l'aimais, ce n'était pas que ma grand-mère, je la considérais comme mon amie, ma confidente. Et quand j'étais petite, j'ai énormément pleuré et je croyais que je n'avancerais jamais.
LÉO : Oui mais toi c'était ta grand-mère, tu l'as considéré comme ton amie, moi j'ai perdu mon copain. Je l'ai vraiment aimé et je ne comprends pas pourquoi je ne réagis pas !
LÉA : Léo, ne t'énerve pas pour ça ! Ça va venir tout seul.
LÉO : Et comment tu peux l'affirmer ?
LÉA : Tout le monde passe par le deuil. Pour l'instant, tu ne le vis pas, mais après ses funérailles, tu commenceras à ressentir ça jusqu'à ce que tu l'acceptes. Rassure moi, tu iras à ses funérailles ?
LÉO : Je ne sais pas...
LÉA : Vas-y.
LÉO : Et pourquoi ?
LÉA : Tu le regretteras et tu ne pourras pas faire ton deuil. Les regrets te resteront et sincèrement, aucune personne ne peut en vivre.
LÉO : Et comment je pourrai m'y rendre à ses funérailles ? Il habite loin de chez moi.
LÉA : Tes parents t'accompagneront, évidemment.
LÉO : Ils ne savent même pas qui est Eric.
LÉA : Tu ne leur a pas dit ?
LÉO : Non, parce que je n'en vois pas l'utilité.
LÉA : Léo, ils doivent être au courant.
LÉO : Qu'est-ce que ça leur apporterait ?
LÉA : Ils doivent l'être, je suis sérieuse.
LÉO : Bon, d'accord...
LÉA : Je te remercie.
/La sonnerie retentit./
LÉO : Je dois te laisser, je vais en cours.
LÉA : OK. On se voit ce midi ?
LÉO : Comme d'habitude.
LÉA : À t'a l'heure.
LÉO : À t'a l'heure...
/Léo sort par le jardin et Léa par la cour./