/Devant l'entrée du lycée, des élèves sortent du bâtiment et certains s'avancent vers Léo, fixé sur son téléphone et qui se trouve au centre de la pièce et chacun présentent leurs condoléances. Léa sortit du lycée et le rejoint./
LÉA : Léo.
LÉO : Léa...
LÉA : Est-ce que ça va ?
LÉO /hésitant/ : Bof.
LÉA : Je suis désolé pour ce midi, mais c'est Héloïse qui l'a cherché, et franchement je n'arriverai pas à la supporter une fois de plus.
LÉO : Je t'en veux pas, mais plutôt je m'en veux pas d'avoir...
LÉA : Non Léo. Arrêtes de dire que tu t'en veux parce que ce n'est pas vrai.
LÉO : Tu ne sais même pas sur quoi je m'en veux.
LÉA : Si. Tu t'en veux parce que tu l'as insulté alors que tu ignorais qu'il était mort. Tu t'en veux parce que la dernière chose que tu aies vécu avant qu'il ne meurt c'est une dispute. Et tu t'en veux de nous avoir dit qu'il est mort. Mais tu n'as aucune raison de t'en vouloir pour tout ça Léo. N'en fais pas une fixette sinon tu ne vas pas pouvoir te sortir de ce mal qui te ronge.
LÉO : Mais comment oublier cela Léa ?
LÉA : Ne l'oublie pas, mais n'y pense pas. Penses juste aux bons moments que tu as eu avec lui. Tu dois en avoir pleins.
LÉO : Mouais...
LÉA : Comment ça "Mouais" ?
LÉO : Les meilleurs moments que j'ai eu avec lui c'était quand on était au lit.
LÉA : Non, non et encore non, Léo. Je te parle de vrais moments, et pas des moments intimes où même si le plaisir est présent c'est quand même des souvenirs qu'on ne qualifierait pas comme de bons moments, mais des moments... érotiques ou privés, si tu vois ce que je veux dire.
LÉO : Ouais, si tu le dis.
LÉA : Par exemple, la première fois que vous vous êtes rencontrés c'était comment ?
LÉO : On se connaissait de base, alors on a parlé même si moi et lui était timide. Mais quand il est venu ce jour-là pour dormir chez moi, le premier réflexe qu'on a fait c'était de se jeter dans le lit.
LÉA : Ah... Juste oublies ce passage de votre... affaire. Mais penses plutôt quand tu parlais avec lui pour la première fois face à face.
LÉO : Euh...
LÉA : Quoi encore ?
LÉO : Bah je sais qu'on a parlé, logique. Mais je sais plus comment c'était.
LÉA : Me dis pas que le seul truc dont tu te souviens en détail de cette journée c'était le soir ?
LÉO : Il faut croire que... si.
LÉA : Mais tu n'es pas possible, Léo !
LÉO : Je le sais.
LÉA : Non mais je rigole pas Léo ! Prends au moins au sérieux ce que je te dis parce que je suis ton amie et je veux t'aider. Et toi au lieu de prendre l'effort de m'écouter sérieusement tu me sors des trucs qui vont à l'encontre de ce que je veux que tu dises. Vraiment, soit sensé Léo, bordel !
LÉO : Mais Léa, calme toi.
LÉA : Non je ne me calmerai pas devant ça, Léo. Tu viens de perdre ton copain, tout le monde te présente ses condoléances, et toi en retour tu ne réagis pas, et ça m'énerve. On dirait que tu ne l'aimes pas.
LÉO : Mais je l'ai aimé, Léa.
LÉA : Et l'aimes-tu encore ?
LÉO : Je...
/Moment de silence./
LÉA : Tu vois ? Tu n'oses même pas me dire que tu l'aimes, et cela me suffit pour me douter fort de toi. Tu sais quoi, viens plus me parler tant que je n'aurais pas une preuve que tu l'aimes vraiment.
Elle commence à s'en aller.
LÉO : Léa s'il te plaît, attends...
LÉA : Non Léo. Je t'ai laissé une chance de me prouver qui tu es vraiment. Alors ne compte pas gâcher la seconde.
/Elle sort par le jardin. Un klaxon de bus se fait entendre, Léo se retourne et sort par la cour./