Chapitre 1 Un nouveau départ

Le taxi ralentit devant la maison aux volets bleus délavés, nichée au bout d'une ruelle calme bordée de vieux marronniers. Inès observa, le cœur battant un peu plus vite, les branches se balancer doucement sous la lumière du soir.

C'était ici qu'elle allait poser ses valises, sa vie nouvelle, sa volonté de tourner la page. La petite maison partagée semblait calme, presque trop paisible pour ce qu'elle portait en elle.

Elle prit une grande inspiration, saisit son sac, descendit du taxi, et poussa la porte grinçante.

Un léger parfum de bois ancien, mêlé à une odeur subtile de lavande, flottait dans l'air. La lumière chaude du couloir éclairait les cadres accrochés au mur, photographies en noir et blanc d'anciennes locataires, scènes de vie d'un autre temps.

Inès déposa ses affaires dans sa chambre au fond du couloir. Tout était simple, un peu vieillot, mais propre. Le plancher grinçait sous ses pas, rappelant à chaque pas le poids des souvenirs et du temps.

Elle sortit dans la cuisine commune où elle aperçut une silhouette adossée au comptoir, un homme dont le visage se penchait sur un carnet de croquis. Il leva les yeux, surpris, fronça les sourcils.

Adam.

Il n'y avait pas besoin de mots pour saisir l'austérité de cet homme. Son regard froid, son absence d'expression, son silence pesant. Il posa son stylo, la jaugea d'un regard sec.

« Tu es la nouvelle, c'est ça ? »

Sa voix, rauque, presque cassante, tranchait dans l'air.

Inès répondit avec un sourire léger, timide. « Oui. Inès. »

Elle tendit la main, mais il ne bougea pas.

Elle déglutit, sentant l'atmosphère se figer. Puis, presque malgré lui, il lui montra du doigt une chaise. « Assieds-toi. »

La cohabitation promettait d'être délicate.

Le silence s'installa. Adam retourna à ses croquis. Inès, elle, s'autorisa à poser ses doigts sur le bord de la table, à sentir l'odeur un peu âcre du café, à écouter le tic-tac régulier de l'horloge au mur.

Quelques minutes plus tard, Adam se leva brusquement. « Tu joues de la musique ? » demanda-t-il, sans relever les yeux.

Un pincement au cœur, mais elle hocha la tête.

« Sois juste discrète. »

Et il sortit.

Seule, Inès laissa échapper un soupir. La musique, sa passion, sa vie, ne pourrait jamais être aussi libre qu'avant.

Mais quelque part, dans ce silence chargé de non-dits, un tout petit espoir tremblait.