Monsieur Alpha,C'est à mon tour de vous rejeter
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Chapitre 3 Chapitre 3

Je fis un pas de plus.

- Tu as organisé cette humiliation. Tu savais que je viendrais, vêtue, préparée, confiée à toi. Et tu as attendu le dernier moment. Pourquoi ? Tu aurais pu me l'annoncer en privé. Tu aurais pu m'épargner ça.

- Je ne t'ai rien promis, Luna.

Cette phrase me glaça.

Je clignai des yeux, lentement, comme si mon esprit peinait à comprendre la bassesse de ses mots.

- C'était un mariage contractuel, dit-il, les termes ont été fixés par les anciens. Mon cœur n'y était pas. J'ai attendu parce que je devais peser ce choix.

- Non. Tu as attendu parce que tu savais que si tu le faisais avant, ton honneur aurait été mis en cause. En public, tu sais qu'on me tiendra pour responsable. Tu voulais ça.

- Ne dramatise pas, dit-il calmement.

Je sentis le sang affluer à mes joues.

- Je dramatise ? J'ai grandi avec la certitude que ma vie serait liée à la tienne. On m'a dressée pour ça, Kaelthorn. On m'a appris à t'aimer avant même que je ne sache qui tu étais.

Je ne criai pas. Je n'en avais pas besoin. Le silence de la foule faisait écho à chaque mot que je prononçais.

- Et tu m'effaces sans un regard. Sans une justification. Parce que quoi ? Parce qu'une autre a des arguments plus séduisants ?

Je tournai les yeux vers Nyssia. Elle ne détourna pas le regard.

- Je suis désolé que tu le vives ainsi, déclara-t-il d'un ton détaché. Mais la décision est prise. Je n'ai rien contre toi. Tu n'étais simplement pas la bonne.

Je ris. Un rire bref, étranglé, acide.

- Tu m'as laissé croire que j'étais la bonne pendant des années. Tu m'as regardée dans les yeux et tu as menti. Et maintenant tu veux me faire croire que je dramatise ?

Je fis un pas en arrière.

- Tu sais quoi, Kaelthorn ? Je ne suis pas venue pour te supplier. Je suis venue pour te dire que ta décision a des conséquences. Tu ne m'as pas rejetée comme une amante. Tu m'as rejetée comme si je n'étais rien. Mais je suis quelque chose. Et tu vas t'en souvenir.

Il ne répondit pas. Mais ses mâchoires s'étaient contractées.

Je tournai le dos, une nouvelle fois.

Et cette fois, chaque regard que je croisai sur le chemin semblait différent. Certains étaient gênés. D'autres compatissants. Et quelques-uns... admiratifs.

Je descendis les marches lentement, avec dignité, même si chaque pas me coûtait. Ma robe blanche frôlait le sol, témoin silencieux de ce qui n'aurait jamais lieu.

Une femme de la meute me tendit une étole, en silence. Je la pris sans un mot.

Serah m'attendait à l'ombre d'un vieux chêne. Elle ne disait rien, mais ses yeux brillaient d'une colère que je reconnaissais bien.

- Tu as bien fait, dit-elle. Tu lui as montré que tu ne te briserais pas.

Je hochai la tête. Mais je savais que ce n'était qu'un début.

Ma réputation était entachée. Ma meute allait me voir comme une honte, une fiancée déchue. Les autres clans allaient parler. Les anciens allaient vouloir que je me taise.

Mais moi...

Je venais de découvrir qu'il y avait en moi quelque chose de plus fort que la honte.

Il y avait cette flamme. Cette envie féroce de me tenir droite. De prouver que je n'étais pas la victime d'une trahison, mais l'instigatrice d'un renouveau.

Kaelthorn ne m'avait pas seulement rejetée. Il avait libéré ce que j'avais toujours retenu.

Et ce qu'il avait réveillé, il n'allait pas pouvoir le recoucher.

La meute dormait. Ou feignait de dormir. Les maisons à demi enfouies dans la roche ne laissaient filtrer aucune lumière, mais je savais que derrière les murs épais, les oreilles s'allongeaient, avides de rumeurs, affamées de scandales. Mon nom, je l'entendais déjà serpenter les rêves des autres, susurré comme une malédiction.

Je n'avais pas pleuré. Pas encore. Les larmes, c'était pour les faibles. Ou pour celles qui avaient encore quelque chose à perdre.

Mes doigts tremblaient légèrement pendant que je nouais ma cape autour de mes épaules. Ce n'était pas la peur. C'était l'adrénaline.

Je connaissais chaque détour de cette maison, chaque planche qui grince, chaque fenêtre qu'on peut forcer sans bruit. Elle n'était pas mienne, mais on m'y avait élevée comme une pièce d'échiquier qu'on garde bien au chaud avant de la sacrifier au bon moment.

Mon sac était prêt depuis des jours. Depuis cette lettre. Je crois que, quelque part, j'avais senti venir l'éclatement. Je m'étais préparée, en silence, à cette rupture. J'avais glissé de la nourriture sèche, des vêtements de rechange, une dague courte – pas faite pour tuer, mais pour trancher ce qu'on refuse de porter trop longtemps.

Je posai ma main contre le cadre de la porte une dernière fois. Il y avait, dans le bois, des gravures anciennes. Les mêmes qu'on m'avait appris à respecter, à craindre. Elles m'avaient protégée. Ou emprisonnée. Difficile de savoir, maintenant.

Puis je franchis le seuil.

L'air nocturne était vif. Coupant. Chaque bruit m'apparaissait amplifié : le frottement de ma cape contre mes bottes, le cri lointain d'un corbeau, la respiration du vent entre les branches. Mais personne ne me suivait. Pas encore.

Je marchai vite, mais sans courir. Courir, c'est ce qu'on fait quand on veut être poursuivie. Je ne fuyais pas par peur. Je m'échappais. Il y avait une nuance. Une énorme.

Les sentiers menant à l'extérieur de la vallée serpentaient à travers une forêt dense, familière. C'était là que je m'étais entraînée enfant, que je m'étais perdue pour mieux me retrouver. Kaelthorn m'y avait même emmenée une fois, des années plus tôt, lorsque j'avais à peine treize ans. Il m'avait pris la main. Il m'avait dit que mon cœur serait en sécurité tant qu'il serait là.

Je me surpris à sourire. Un sourire sec, amer. Les mots des Alphas, décidément, n'étaient que de jolies chaînes.

Je m'arrêtai au bord de la rivière, là où le sol devenait plus meuble, là où l'eau chantait sans se soucier des tragédies humaines. Je m'agenouillai et touchai la surface glacée.

- Tu pars vraiment.

Je sursautai. La voix venait de derrière moi.

Serah.

Elle émergea de l'ombre, la cape mal boutonnée, les cheveux noués à la hâte. Son regard me transperça.

- Tu le savais, dis-je.

- Je l'espérais.

Elle s'approcha.

- Ils vont t'accuser de trahison. Rompre un contrat de mariage... tu sais ce que cela implique.

- Un contrat signé dans le sang de mon silence, répondis-je. Ce n'était pas un mariage. C'était une condamnation.

Serah hocha lentement la tête.

- Et tu vas aller où ?

Je secouai la tête.

- Je ne sais pas encore. Mais je ne resterai pas ici. Je ne me laisserai pas consumer par leur honte.

Elle me tendit un petit paquet.

- De quoi tenir trois jours. Et une fiole d'extrait de sureau. Pour les blessures. Ou les cauchemars.

Je la pris sans discuter.

- Tu ne peux pas m'accompagner ?

- Si je pars avec toi, ils enverront des traqueurs immédiatement. Mais si tu disparais seule, ils croiront d'abord à une crise. À une fuite passagère. Ils tarderont. Et tu gagneras du temps.

Je la serrai dans mes bras.

- Tu étais la seule à me voir. La vraie moi.

- Alors va la chercher. Et reviens quand tu seras prête à leur montrer ce qu'ils ont rejeté.

Je repris ma route sans me retourner.

Plus j'avançais, plus la forêt se resserrait. Les arbres s'étiraient comme des géants endormis, leurs racines cherchant à m'attraper. J'aimais ça. Ce danger. Cette incertitude.

            
            

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