/0/23868/coverbig.jpg?v=305f5e8db67be45195e8ca0d0cdb9186)
Chapitre 5 : La Danse des Ombres
La nuit était épaisse, comme un voile qui couvrait la ville de Milan. Le club privé était une forteresse invisible, protégée par des murs épais, des portes sécurisées et des membres qui connaissaient l'art de garder des secrets. Marco n'était pas un étranger à cet endroit. Il y avait été plusieurs fois par le passé, pour des affaires, pour des rencontres stratégiques. Mais ce soir, il n'était pas là pour négocier. Ce soir, il avait un but bien précis.
Il s'installa dans un coin sombre du club, là où les lumières tamisées mettaient en valeur les silhouettes qui se mouvaient dans l'ombre. L'ambiance était feutrée, presque irréelle. Des conversations s'élevaient, rythmées par le cliquetis des verres de cristal. Les hommes et les femmes autour de lui étaient habillés avec soin, leurs regards furtifs glissant sur les visages sans jamais s'arrêter. Ils savaient tous qu'ici, les secrets étaient aussi précieux que l'argent.
"Elle sera ici dans une heure", murmura Luca à son oreille, comme un spectre dans la pénombre. Marco n'eut même pas à tourner la tête pour voir son vieil ami à ses côtés. Luca était aussi silencieux que la nuit, une présence discrète mais fiable.
"Bien", répondit Marco, sa voix calme, presque dénuée d'émotion. "Nous allons l'attendre."
Ils n'échangèrent plus un mot, leurs regards se perdant dans l'ombre de la pièce. Marco observa les gens qui entraient et sortaient, des visages qu'il avait croisés auparavant, des rivaux, des alliés, des inconnus. Ce monde-là, il le connaissait bien. Mais ce soir, ce n'était pas d'affaires qu'il s'agissait.
La porte d'entrée du club s'ouvrit enfin, et une silhouette familière apparut, fendant la foule avec une élégance froide. Sarah.
Elle était aussi belle qu'il s'en souvenait, presque irréelle sous les éclairages doux du club. Ses cheveux blonds tombant en vagues élégantes, son regard glacé, ses gestes mesurés. Elle semblait insensible à l'attention qu'elle attirait. Tout était parfait, comme un masque qu'elle portait depuis des années. Mais derrière ce masque, il savait ce qu'il y avait. La trahison, le mensonge, la froideur.
Sarah s'avança, sans se rendre compte de la présence de Marco. Elle n'avait aucune idée que l'homme qu'elle avait trahi l'observait dans l'ombre. Elle échangea quelques paroles avec des connaissances, buvant un verre, souriant, riant. Elle jouait son rôle, comme elle l'avait toujours fait. Mais ce soir, il n'y aurait plus de sourire. Pas pour elle.
Luca se leva à côté de Marco, prêt à agir si nécessaire. Mais Marco le retint d'un geste de la main. Il n'était pas question d'agir trop vite. Il devait être patient. Ce moment devait être parfait, une rencontre sous le signe de la domination subtile.
Il attendit encore quelques minutes. Puis, alors que Sarah passait à quelques pas de lui, il se leva lentement et s'approcha.
"Sarah", dit-il d'une voix basse mais ferme, la surprenant de l'autre côté de la pièce.
Elle s'arrêta net, ses yeux cherchant immédiatement celui qui l'avait appelée. Lorsqu'ils se croisèrent, un frisson d'inquiétude traversa son regard, mais elle se ressaisit rapidement. Il y avait une surprise dans ses yeux, mais pas de peur, pas encore. Elle garda son calme, comme une actrice qui s'apprêtait à jouer un rôle qu'elle maîtrisait parfaitement.
"Marco", répondit-elle, son sourire poli mais un peu trop forcé. "Je ne m'attendais pas à te voir ici. Cela fait... longtemps."
Elle était belle, mais Marco ne se laissa pas distraire. Son esprit, affûté par des années de solitude et de réflexion, était concentré. Il savait exactement ce qu'il faisait.
"En effet", dit-il, un petit sourire froid étirant ses lèvres. "Mais je pense que nous avons des choses à discuter, n'est-ce pas ?"
Il la regarda un instant, puis se dirigea vers un coin plus privé, un salon isolé du reste du club. Elle hésita, mais le suivit, une lueur de curiosité dans le regard.
---
Assis dans le canapé en cuir, Marco attendit qu'elle prenne place en face de lui. Il la scrutait sans un mot, son regard perçant. Sarah prit une profonde inspiration, tentant de retrouver son contrôle. Mais quelque chose avait changé en elle, une conscience silencieuse de la gravité du moment.
"Tu es donc revenu", commença-t-elle, brisant le silence. "Je suppose que tu vas me dire que tu veux... me détruire, n'est-ce pas ?"
Marco la regarda, ses yeux brillants d'une intensité glacée. "Je ne veux pas te détruire, Sarah", dit-il calmement, "Je veux que tu comprennes ce que tu as fait. Ce que tu m'as fait."
Elle baissa les yeux, le masque de confiance tombant un instant. Elle le savait, bien sûr. Elle savait qu'il ne s'agissait pas d'une simple confrontation. Ce n'était pas le type de personne qu'il était devenu.
"Je n'ai jamais voulu ça", dit-elle, presque en murmurant. "Je croyais que j'étais... enfin, je pensais que..."
Marco la coupa brusquement. "Non, Sarah. Tu n'as jamais voulu comprendre. Tu m'as manipulé, tu m'as trahi. Et tu m'as laissé dans un trou, sans aucun moyen de sortir. Tu as fait cela pour ton propre bénéfice, pour ton confort, et maintenant tu crois pouvoir jouer à nouveau la victime ?"
Elle se redressa alors, la rage se dessinant dans ses yeux. "Tu ne sais pas ce que tu dis. Tu n'as jamais compris mes raisons."
"Je ne veux pas comprendre tes raisons", répliqua Marco froidement. "Ce qui m'intéresse, c'est la vérité. Et la vérité, c'est que tu m'as utilisé. Mais maintenant, Sarah, c'est moi qui vais te faire comprendre ce que ça fait d'être piégé."
Il se leva alors, s'approchant d'elle avec une lenteur presque menaçante. "Tu vas payer pour tout ça", dit-il, ses mots tranchants comme des lames de rasoir. "Mais pas maintenant. Pas encore. Pas tant que je n'aurai pas eu tout ce que je veux."
Il se détourna, quittant la pièce sans un regard en arrière, laissant Sarah seule, figée par la tension de la rencontre. Elle resta un instant là, sous le choc de ses paroles. Elle savait qu'il ne plaisantait pas.
---
Marco sortit du club, une expression déterminée sur le visage. La scène de ce soir n'était qu'une première étape. Un avertissement. La vraie vengeance prendrait encore du temps. Mais chaque minute qui passait le rapprochait de son but.
Il n'était plus l'homme naïf qu'il avait été. Il savait que, dans ce monde, personne n'était à l'abri des conséquences. Et Sarah n'échapperait pas à la sienne.
Chapitre 6 : Le Temps des Illusions Brisées
Les jours qui suivirent furent marqués par un silence lourd, un silence qui pesait sur Milan et sur la vie de Marco. Après cette confrontation dans le club privé, il n'avait plus eu de contact direct avec Sarah. Il l'observait de loin, surveillant ses moindres mouvements. Le temps, dans cette quête de vengeance, semblait à la fois figé et insupportablement long. Il avait semé le doute, créé l'incertitude dans son esprit. Mais il savait que ce n'était qu'un début.
Le soir, dans la solitude de son bureau, Marco revivait chaque instant de cette rencontre. Le regard furtif de Sarah, la tension dans sa voix, la manière dont elle avait essayé de se défendre, tout cela restait gravé dans son esprit. Il avait dit qu'il ne voulait pas la détruire, qu'il voulait qu'elle comprenne ce qu'elle lui avait fait. Mais en réalité, Marco savait que la destruction était inévitable. Elle ne pourrait jamais se défaire de ce qu'il avait semé en elle.
La vengeance, au fond, n'était pas une question de juste retour. Non, elle était plus complexe. Elle était une sorte de purification, un moyen de combler le vide qu'il portait en lui, un vide qu'elle avait provoqué en le trahissant. Marco avait longtemps cru que l'argent et le pouvoir suffiraient à remplir ce vide. Mais la réalité était toute autre. Aujourd'hui, il savait que ce n'était pas la richesse qui comptait, mais l'équilibre entre le désir et la paix intérieure.
---
Ce matin-là, Marco se retrouva dans une nouvelle situation. Un appel inattendu de son avocat, Donato, le fit sortir de ses pensées. "Marco, j'ai des informations à propos de Sarah. Elle ne semble pas du tout aussi tranquille qu'elle le laisse paraître. Elle commence à avoir des doutes sur certaines de ses décisions récentes."
Marco resta silencieux un moment. "Que veux-tu dire exactement, Donato ?"
"Elle a commencé à consulter des experts financiers. Elle se renseigne sur des comptes offshore, sur des investissements douteux qu'elle a faits dans le passé. Il semble qu'elle se prépare à quelque chose, ou qu'elle essaie de cacher quelque chose."
Un rictus froid se dessina sur les lèvres de Marco. "Elle a peur", murmura-t-il, comme une confirmation de ce qu'il savait au fond de lui. Sarah, dans toute sa grandeur et sa puissance, était vulnérable, tout comme n'importe quel autre être humain. Elle avait beau avoir bâti un monde d'illusions autour d'elle, elle ne pouvait échapper à l'inévitable.
"Continue de surveiller tout ça, Donato", ordonna Marco, sa voix se faisant plus ferme. "Je veux tout savoir. Chaque détail."
---
La journée passa dans une routine de travail habituelle, mais Marco sentait une tension particulière dans l'air. Chaque rencontre, chaque échange avec ses collaborateurs, semblait une distraction par rapport à l'obsession grandissante qui l'envahissait. Ce n'était pas la vengeance qui le poussait en avant, mais l'angoisse de ce qui se passerait quand il atteindrait enfin son but. Si la fin de cette quête apportait réellement la paix, il n'en était pas sûr. Et cette pensée seule le troublait plus qu'il ne voulait l'admettre.
Le soir venu, alors qu'il se trouvait sur la terrasse de sa villa, observant le coucher du soleil, il entendit une voiture se garer dans l'allée. Il tourna la tête et aperçut une silhouette qui s'approchait. C'était Alessio, son cousin, qui avait pris l'habitude de le rejoindre après les longues journées de travail. Cette fois, cependant, quelque chose semblait différent. Alessio avait l'air plus tendu que d'habitude.
"Marco", dit-il, s'approchant avec un regard étrange, "nous devons parler."
Marco se tourna vers lui, son visage impassible. "De quoi s'agit-il ?"
"J'ai eu vent de rumeurs. Des rumeurs sur Sarah... et sur ses associés", commença Alessio, ses yeux scrutant le visage de Marco. "Elle ne semble pas aussi isolée que tu le crois. Ses alliés sont plus nombreux, plus puissants que ce que nous pensions. Elle prépare quelque chose... quelque chose de gros."
"Tu veux dire que tu penses qu'elle pourrait riposter ?" demanda Marco, ses yeux se plissant légèrement.
"Oui. Je crois qu'elle commence à se rendre compte que tu n'es pas le seul à pouvoir manipuler le jeu", répondit Alessio d'une voix plus basse, presque inquiète.
Marco resta silencieux, son esprit tournant à une vitesse folle. Sarah était toujours dangereuse. Bien plus qu'il ne l'avait envisagé. Elle avait des alliés, des ressources qu'il n'avait pas anticipées. L'étau se resserrait autour de lui, mais il n'avait pas l'intention de fléchir. Sarah voulait jouer au jeu de la manipulation ? Très bien. Il allait montrer qu'il était un maître dans cet art.
"Tu ne te fais pas de souci", répondit Marco avec une calme glaciale. "Elle va comprendre que les choses ne se passent pas selon ses règles. Ce n'est qu'une question de temps."
Alessio le regarda d'un air inquiet, mais ne répondit rien. Il savait que Marco n'écoutait jamais lorsqu'il était sur le point de sombrer dans ses idées les plus noires. Mais il savait aussi que Marco ne se laissait pas abattre. Il avait cette capacité étrange à toujours revenir, plus fort et plus déterminé.
---
Le lendemain, Marco reçut une nouvelle alerte de son réseau de surveillance. Sarah avait quitté Milan pour Rome, dans une précipitation qui trahissait une urgence. Il n'eut pas besoin de réfléchir pour comprendre que quelque chose se préparait. Elle n'avait jamais agi ainsi dans le passé. Ce déplacement inattendu signifiait qu'elle avait découvert quelque chose.
"Alessio", dit-il en levant les yeux vers son cousin, "prépare-toi à partir. On la suit."
---
Arrivés à Rome, ils suivirent Sarah de près. Elle se rendait dans un endroit qui, selon leurs informations, était lié à l'un de ses anciens associés. Une réunion secrète ? Marco n'en était pas sûr, mais il le découvrirait bientôt. Il avait assez attendu. Ce soir, il entrerait dans l'arène de son ancienne vie, là où tout avait commencé. Mais cette fois-ci, il était prêt à tout pour s'assurer que l'histoire se termine selon ses termes.