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Chapitre 3 : La Patience du Prédateur
La nuit était tombée, enveloppant la villa dans une obscurité paisible. Marco se tenait devant la fenêtre de son bureau, les bras croisés, les yeux fixés sur la mer lointaine qui scintillait sous la lumière des étoiles. C'était là, dans cette solitude, qu'il se sentait le plus vivant. C'était là qu'il pouvait rassembler ses pensées, faire taire les voix de la culpabilité qui se faisaient parfois entendre dans les recoins de son esprit.
Mais pas ce soir. Ce soir, la haine était son seul compagnon.
Alessio, toujours aussi discret, entra dans la pièce sans frapper. Il savait que Marco ne l'avait pas entendu arriver. À la place, il fixa l'homme dans l'ombre de la pièce, observant ses gestes, cherchant à comprendre ce qui se passait dans la tête de son cousin.
"Je vois que tu n'as toujours pas dormi", dit Alessio, d'une voix calme mais pleine de préoccupations. "C'est une mauvaise idée de s'isoler trop longtemps."
Marco tourna lentement la tête vers lui, son regard aussi glacial que l'air nocturne. "Je n'ai pas besoin de dormir, Alessio. Pas encore."
Il se détourna de la fenêtre, s'approcha de son bureau et prit un verre de whisky. Un verre, puis un autre. Il en avait besoin pour étouffer l'angoisse qui montait en lui chaque fois qu'il pensait à Sarah.
"Je suis prêt", murmura-t-il pour lui-même, en jetant un coup d'œil à l'écran de son ordinateur où il avait ouvert un dossier contenant toutes les informations qu'il avait réunies sur elle. Il connaissait chaque détail de sa vie actuelle. La maison dans le quartier huppé de Milan, son mari, un homme d'affaires respecté, et leurs deux enfants. Marco se leva brusquement, la colère bouillonnant sous sa peau. Pourquoi elle ? Pourquoi lui avoir infligé cette trahison ?
"Marco, tu n'as pas encore tout vu", dit doucement Alessio, s'approchant. "Elle a changé, toi aussi. Ce n'est pas le moment de se précipiter."
Mais Marco ne l'écoutait plus. La vision de Sarah, manipulatrice, faussement douce, envahissait toutes ses pensées. Elle l'avait trahi pour des raisons qu'il n'arrivait même pas à comprendre. Il n'avait jamais voulu qu'elle parte, mais elle l'avait fait, et de la pire des manières. Elle avait détruit sa vie, tout ce pour quoi il s'était battu. Et maintenant, elle vivait dans le confort, avec un homme qui n'avait pas fait les sacrifices qu'il avait faits.
"Elle doit souffrir", dit Marco d'une voix froide.
Alessio se contenta de le regarder, les bras croisés. Il savait que son cousin était sur le point de franchir une ligne. La question était : serait-il capable de revenir en arrière une fois qu'il l'aurait franchie ?
"Je t'ai dit que la vengeance te consumera", répondit Alessio calmement. "Tu crois que cela te soulagera, mais au fond, cela ne fera que te plonger dans plus de ténèbres."
Marco resta silencieux, le regard fixé sur le verre de whisky qu'il tenait dans ses mains. Il savait que son cousin avait raison. Mais il savait aussi que cette vengeance était la seule chose qui lui permettait de tenir. C'était tout ce qu'il lui restait.
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Les jours qui suivirent furent remplis d'une activité frénétique. Marco se plongea dans ses affaires, mais chaque moment de répit était consacré à Sarah. Il ne voulait pas se précipiter. Non, il devait tout préparer avec soin, jouer chaque mouvement, attendre le bon moment. Et ce moment arriverait bientôt.
Il savait où elle vivait maintenant, il savait où elle travaillait. Mais il ne voulait pas simplement la confronter. Il voulait la briser, la faire tomber comme il était tombé. Il voulait que chaque instant de sa vie soit hanté par le souvenir de ce qu'elle lui avait fait.
Il engagea plusieurs enquêteurs privés pour suivre Sarah. Il savait qu'ils avaient tous les moyens nécessaires pour découvrir tout ce qu'il y avait à savoir sur elle. Les informations affluent. Elle se rendait dans des cafés, discutait avec des amis, se promenait avec ses enfants dans les parcs. Rien n'échappait à son œil attentif.
Puis, un jour, l'enquêteur privé lui apporta un détail qu'il attendait : Sarah avait reçu une lettre anonyme.
Le cœur de Marco se serra. C'était un message subtil, mais efficace. Quelqu'un, peut-être lui-même, avait envoyé cette lettre. Mais il n'était pas encore prêt à se dévoiler. Pas encore. Il voulait encore plus de détails. Une rencontre avec un informateur le lendemain matin dans un hôtel discret. Il n'avait pas de temps à perdre.
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Ce soir-là, Marco se retrouva seul dans son bureau, les mains posées sur le clavier de son ordinateur. Il avait une décision à prendre. S'engager pleinement dans cette vengeance était une chose, mais était-ce la seule voie ? Les doutes s'installaient, mais il les chassait comme des mouches agaçantes. Il n'avait pas de place pour la pitié. Pas maintenant.
Le téléphone vibra sur son bureau. Un message de Donato. "Je t'ai organisé une réunion avec tes anciens partenaires. Ils insistent pour te voir demain. Je pense que tu devrais y aller."
Marco sourit sans joie. Le monde des affaires l'attendait, mais il n'était pas encore prêt à s'y plonger. Ce n'était pas l'heure des négociations. Pas encore. Sarah, sa trahison, et la vengeance étaient bien plus importants que l'argent à cet instant.
Alors qu'il se levait pour quitter la pièce, un éclat de lumière perça la fenêtre. Il se tourna une dernière fois vers son bureau, la silhouette de l'homme qu'il était devenu se dessinant dans l'ombre. Le prédateur était prêt. Mais serait-il capable de tout détruire sans tout perdre ?
Dans un murmure à peine audible, il se dit : "Elle ne sait pas ce qui l'attend."
Chapitre 4 : Le Masque de la Sérénité
Le matin suivant, le soleil perça les nuages, apportant avec lui une chaleur soudaine et intense. Marco se tenait à la fenêtre de sa chambre, une tasse de café à la main, observant les champs de vignes qui s'étendaient à perte de vue. L'Italie était belle, paisible. Mais dans son cœur, il ne ressentait que l'ombre d'un vide qu'il ne pourrait jamais combler.
Il avait fait beaucoup de choses depuis son retour. Il avait retrouvé ses alliés, il avait réorganisé ses entreprises, et maintenant, il se préparait à affronter son passé. Un passé qu'il ne pourrait jamais effacer, mais qu'il pouvait manipuler, détruire. Sarah, celle qui l'avait trahi, allait enfin comprendre ce que signifiait jouer avec lui.
Le téléphone vibra à nouveau. Un message de son avocat, Donato. "La réunion de demain avec tes anciens partenaires est confirmée. Ils veulent discuter de la direction de l'entreprise."
Marco esquissa un sourire glacé. Il n'était pas pressé d'y aller, mais il savait que ce genre de réunion pouvait aussi servir ses intérêts. Le pouvoir était un outil, pas une fin en soi. Ce n'était pas l'argent qui comptait désormais. C'était la vengeance. Le pouvoir serait un moyen d'atteindre son but. Il se leva, se dirigeant vers le dressing pour enfiler son costume, ce même costume qu'il portait lors de ses premiers grands succès, celui qui, paradoxalement, symbolisait à la fois sa montée et sa chute.
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À 10 heures précises, Marco entra dans la grande salle de conférence où l'attendaient ses partenaires. Ils étaient tous là : des hommes et des femmes puissants, représentants des secteurs dans lesquels il avait investi. Ils étaient là pour lui, pour sa vision. Mais Marco, avec son regard froid et calculateur, ne les voyait pas comme des alliés. Ils n'étaient rien comparés à ce qu'il allait accomplir.
"Marco, ça fait plaisir de te revoir parmi nous", lança un homme en s'avançant. C'était Giancarlo, un vieil ami devenu un associé influent dans plusieurs de ses projets. Marco lui tendit la main avec un sourire courtois mais sans chaleur. Il savait ce que voulait Giancarlo : retrouver son pouvoir, son influence. Mais Marco savait mieux que quiconque que dans ce monde, personne n'était irremplaçable.
"Je vois que vous avez hâte de discuter de l'avenir", répondit Marco d'une voix calme. "Mais je vous en prie, commencez sans moi. Je suis là pour écouter."
La réunion débuta sur un ton de coopération, de propositions de nouvelles stratégies commerciales, d'investissements à réaliser. Mais Marco était absent. Ses pensées étaient ailleurs. Il pensait à Sarah, à la façon dont il allait la faire tomber. À chaque mot prononcé par ses associés, il voyait la scène qui se déroulerait un jour : elle, face à lui, tremblante, regretteuse. Peut-être même en larmes. Il sourit intérieurement.
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La réunion se termina en fin d'après-midi, sans que Marco n'ait véritablement pris part aux discussions. Il avait écouté, observé, mais ne s'était engagé sur aucun projet. Ce n'était pas ce qu'il recherchait. Ce qu'il voulait, c'était que tout le monde voie sa présence comme une force inébranlable, un homme qui pouvait se retirer à tout moment, mais dont le pouvoir restait entier.
Lorsqu'il monta dans sa voiture, Alessio l'attendait déjà, son regard insistant.
"Comment ça s'est passé ?" demanda-t-il, sans poser la question de manière intrusive, mais plus comme un constat. Il savait que Marco avait ses propres méthodes.
"Bien", répondit Marco en jetant un coup d'œil au paysage qui défilait. "Tout va bien. Mais ce n'était pas la priorité."
Alessio fronça les sourcils. "Tu as l'air distant, encore plus que d'habitude. Tu penses toujours à elle, n'est-ce pas ?"
Marco tourna son regard vers lui. "Elle n'a pas encore souffert. Mais elle va le faire. D'une manière que personne ne pourra prévoir."
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Les jours qui suivirent furent remplis de préparatifs méticuleux. Marco savait que Sarah était protégée par son mari, un homme influent et respecté, mais cela ne l'effrayait pas. Il savait comment contourner ces obstacles. Il avait tout prévu, chaque détail. Il s'était entouré de personnes de confiance, de ceux qui connaissaient l'art de manipuler sans laisser de traces. Il savait où Sarah allait chaque jour, ce qu'elle faisait, qui elle rencontrait.
Un matin, il eut la confirmation qu'il attendait depuis des semaines. Sarah se rendait régulièrement dans un club privé à Milan, un endroit discret, réservé à l'élite. Ce club, avec ses membres influents et ses conversations secrètes, serait le terrain idéal pour lancer sa dernière attaque. Une rencontre soigneusement orchestrée. Et quand elle y arriverait, il serait là, dans l'ombre, prêt à la confronter.
Mais avant cela, Marco savait qu'il devait en apprendre plus sur l'homme qu'elle avait épousé. Ce mari qu'elle avait choisi pour remplacer l'homme qu'elle avait trahi. Un homme qu'il pourrait utiliser à son avantage.
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Le soir avant sa confrontation avec Sarah, Marco se retrouva à nouveau dans son bureau, seul, la tête pleine de calculs. La vengeance se dessinait lentement, méthodiquement, chaque étape préparée comme un chef-d'œuvre en devenir. Mais une part de lui, une toute petite part, doutait. Et si la vengeance ne comblait pas le vide ?
Il repoussa cette pensée. Ce n'était pas le moment de faiblir. La haine était son moteur, et la vengeance, la seule chose qui avait du sens. Il se leva et se dirigea vers la porte.
"Elle va regretter", murmura-t-il une dernière fois, comme pour se convaincre.
Il savait ce qu'il avait à faire. La partie n'était pas encore terminée, mais le jeu venait juste de commencer.