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Chapitre 4
La nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre. Les journalistes s'étaient jetés sur l'annonce du mariage avec une avidité dévorante, interrogeant chaque source, traçant des informations au moindre mouvement. Quand la nouvelle de ses fiançailles avec Éléonore avait été officialisée, une partie de Louis s'était tendue, une autre s'était sentie soudainement vivante. L'opération, si elle avait été son idée, avait pris une ampleur qu'il n'avait pas anticipée. C'était plus que ce qu'il avait imaginé, et moins que ce qu'il avait voulu.
La porte de son bureau s'ouvrit brusquement, et Camille entra, furieuse. Les yeux pleins de rage, elle referma violemment la porte derrière elle, sans se soucier de l'impact. L'air dans la pièce semblait plus lourd d'un coup. Louis la regarda, un rictus désabusé sur le visage. Il n'avait pas vu Camille depuis qu'il avait signé ce contrat avec Éléonore. La voir maintenant, dans cette rage maladive, ne faisait que renforcer la distance qu'il avait mise entre eux.
« Tu te fous de moi, Louis ?! » Sa voix éclata, un cri aigre. « Après tout ce que je t'ai donné, après toutes ces années, tu crois vraiment que je vais te laisser faire ça ? » Elle le fusillait du regard, ses bras croisés contre sa poitrine, mais il pouvait lire l'amertume dans ses yeux. La surprise, la colère, le dégoût. Tout ça se mélangeait.
Louis se leva, sans se départir de son calme. « Tu veux parler de toutes les années où tu t'es foutue de moi avec ton 'amour' ? Ou tu parles de l'instant où tu m'as trahi avec ton cher associé ? »
Elle sembla vaciller un instant, son regard se figeant sur lui. Mais rapidement, la colère reprit le dessus. « Tu penses qu'on va te laisser faire ça, Louis ? Tu penses qu'il n'y a pas d'autres moyens de te ramener à la réalité ? » Elle s'avança vers lui d'un pas décidé. « Tu es qu'un pauvre type. Tu te crois malin, mais tu vas voir ce que tu vas récolter. Tu n'es qu'un sous homme, et tu n'as pas d'autre choix que de t'accrocher à une femme plus puissante que toi. »
Louis ricana. « T'es encore bien loin de comprendre. Et tu sais quoi ? Je suis déjà ailleurs. Ce mariage, c'est pas juste pour toi, c'est pour moi. Alors, va pleurer ailleurs. »
Elle fit un geste brusque, comme pour le frapper, mais elle s'arrêta à moitié, se retenant. Elle ne pouvait pas le frapper. Ce n'était plus le même Louis. C'était celui qu'il avait voulu, celui qui lui avait échappé.
« Tu crois vraiment que je vais te laisser faire ce que tu veux ? » Camille le fixa avec un mélange de haine et de désespoir. « Je vais tout faire pour détruire ce mariage, tu m'entends ? Tout. »
Louis ne répondit pas, se contentant de lui lancer un regard glacial. Il n'avait pas besoin de perdre son temps avec ses menaces. Ce n'était plus son problème.
Le lendemain, l'onde de choc se propagea encore. L'associé de Louis, cet homme qui avait tout pris, tout trahi, débarqua dans son bureau avec une violence latente. D'un coup sec, il posa son téléphone portable sur le bureau. L'écran affichait une image de Louis et Éléonore, leurs mains entrelacées, un sourire presque étrange sur leurs visages.
« Tu sais que tu vas regretter ce mariage, n'est-ce pas ? » Il n'avait même pas besoin de le dire pour que Louis sente l'intention derrière ses mots. L'associé savait. Lui aussi, il avait vu ce baiser. Il savait ce que ça signifiait.
Louis soupira, s'appuyant contre le dossier de son fauteuil. « Ce mariage, tu sais aussi bien que moi qu'il ne te concerne pas. »
« Tu crois vraiment que tu peux jouer à ce jeu-là ?! » Il se pencha en avant, les poings serrés. « Tu crois vraiment qu'Éléonore te laissera prendre sa place ? Qu'elle te permettra de faire ce que tu veux sans retour de bâton ? Je vais te faire une promesse : je vais te faire plier, Louis. Je vais te faire regretter d'avoir tourné le dos à ce que tu avais. »
Louis fixa l'associé de ses yeux froids. « T'as oublié une chose. C'est toi qui as tout à perdre, pas moi. »
Il était bien plus fort, plus assuré que ce qu'il avait été quelques mois auparavant. Il avait un pied dans un autre monde maintenant. Et pour la première fois, il avait l'impression de tout contrôler.
Le soir même, Éléonore et Louis firent leur première apparition publique ensemble. Les caméras étaient braquées sur eux. L'air était tendu. Ils se tenaient devant une foule de journalistes, prêts à officialiser leur engagement. Éléonore, en parfaite contrôle, lui lança un regard avant de lui prendre la main. Une main ferme, mais qui, dans ce contexte, ne signifiait rien de plus que l'accomplissement d'un devoir. Mais Louis, pour la première fois depuis longtemps, sentit une excitation monter en lui. Pas seulement la peur d'être observé, mais l'adrénaline de l'opération.
Lorsqu'Éléonore se pencha légèrement vers lui, il comprit ce qui allait suivre. Le baiser. Ce baiser, celui qu'ils avaient tous les deux redouté et anticipé.
Leurs lèvres se rencontrèrent. Un baiser faussement léger, mais électrique. Pas un simple geste. Il y avait une force étrange derrière. Ce n'était pas un baiser d'amour. C'était un baiser stratégique. Calculé. Calculé, mais pourtant, plus perturbant qu'il ne l'aurait imaginé. Elle ne le relâcha pas tout de suite. Ses lèvres restèrent contre les siennes plus longtemps que prévu, et une tension, indéfinissable, naquit dans l'air.
Le flash des caméras éclataient tout autour d'eux. Chaque mouvement était figé. Chaque geste analysé. C'était comme si le monde entier les observait, attendant la prochaine réaction. Le baiser n'était plus un simple échange entre deux individus. Il était devenu un symbole. Un symbole de pouvoir. De manipulation. Et de domination.
Louis sentit son cœur s'accélérer sous l'intensité de l'instant. Ce n'était pas l'extase qu'il aurait pu attendre. C'était un choc. Un besoin incontrôlable de prouver qu'il n'était plus celui qu'il avait été.
Mais lorsque leurs lèvres se séparèrent, il n'y eut pas de douceur. Juste un silence lourd. Éléonore le regarda dans les yeux. « C'était bien, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle avec un petit sourire ironique, son regard perçant.
Louis n'eut pas besoin de répondre. Il savait qu'il était tombé dans le piège. Mais il savait aussi que c'était lui qui allait en sortir avec le plus.