Chapitre 3 Chapitre 3

Chapitre 3

Louis se leva lentement, la tension accumulée dans ses muscles le rendant presque lourd. Ses yeux se fixèrent sur Éléonore. Elle n'avait pas bougé, pas un frémissement, comme si tout cela n'était qu'un simple jeu, une formalité. Et peut-être que pour elle, c'était vraiment ça : un jeu. Un moyen d'échapper à l'étreinte de sa famille, une façon de marquer le coup et de s'affirmer. Pour lui, ça allait bien au-delà. C'était la chance de se venger. Pas juste d'Éléonore, mais de tout ce qui l'avait conduit à cette déchéance.

Il avait toujours joué le rôle du type gentil, celui qui supporte, celui qui fait les sacrifices. On lui avait appris à être poli, serviable, gentil. Et maintenant, il n'était plus rien. Il ne contrôlait rien. Camille l'avait quitté pour un autre. Son associé. L'homme qu'il avait vu comme un mentor. Son mentor qui venait de le trahir avec celle qu'il croyait être la femme de sa vie. La colère l'envahissait à chaque pensée. Mais il n'était pas encore prêt à tout brûler, à tout détruire sans rien à quoi se raccrocher.

Éléonore, elle, avait tout l'air d'un iceberg. Elle s'imposait avec cette froideur qui ne laissait aucune place à la faiblesse, ni aux émotions. Elle n'avait pas l'air de craindre quoi que ce soit. Et ça, ça l'intriguait autant que ça l'exaspérait.

« Tu n'as pas l'air de saisir l'étendue de ce que je te propose, » dit-elle enfin, rompant le silence. Elle n'avait pas un regard empli de pitié. Non, elle semblait simplement... pragmatique. « C'est simple. Tu veux te venger. Et moi, je veux m'échapper. Ça s'arrête là. »

Louis croisa les bras. Ses mains étaient serrées autour de ses biceps, comme pour retenir ce qui bouillait en lui. « Et comment on fait ça ? Tu veux qu'on signe un contrat de mariage ? C'est ça ? »

« Oui, un contrat. Rien de plus. Rien de moins. » Elle haussait les épaules comme si c'était une évidence. « Il n'y aura pas de sentiments, pas d'attaches, rien. Juste des engagements clairs. »

Il la scrutait. Cette froideur, cette absence d'émotion, ça le perturbait. Mais ça le fascinait aussi. Parce qu'elle avait le contrôle. Elle savait exactement ce qu'elle voulait. Elle n'avait pas besoin de lui. Et ça, c'était différent. Camille l'avait toujours manipulé en jouant sur ses faiblesses. Mais Éléonore, elle, semblait imperméable. Il avait cette soudaine envie de lui prouver qu'il n'était pas qu'un homme brisé.

« Et qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? » demanda-t-il, les dents serrées.

« Je veux qu'on fasse semblant. Un mariage de façade. Je n'ai pas besoin d'un mari, j'ai juste besoin d'un nom, d'une couverture pour calmer ma famille. » Elle plongea son regard dans le sien, sans une once de doute. « Tu n'as pas à m'aimer. Tu n'as même pas à m'apprécier. Mais tu as besoin de te relever, de leur montrer que tu n'es pas ce que tu crois être. C'est ça l'offre. »

Il fit quelques pas en arrière, incapable de se détacher de son regard. Ses pensées s'affrontaient. Il avait l'impression que tout allait trop vite, trop fort, mais en même temps, il ne pouvait plus s'arrêter. Un marché. Un jeu où il ne perdrait pas. Où il reprendrait le contrôle. Et cette possibilité... C'était plus qu'il n'avait jamais espéré.

« Donc, pas de cœur, pas de sentiments... Juste un nom et une signature ? » Il en avait presque du mal à y croire, à entendre ces mots sortir de sa bouche. Cela semblait si irréel. Et pourtant... il savait que c'était là, à portée de main. Sa chance. Son ticket pour se remettre sur pied.

« Exactement, » répondit-elle, un demi-sourire se formant sur ses lèvres. « Tu veux reprendre le pouvoir ? Commence par contrôler ça. » Elle pointa le contrat sur la table entre eux. « Ce n'est pas juste une signature. C'est un contrat de mariage, mais c'est aussi une promesse : aucun d'entre nous ne reculera. Nous serons unis dans ce jeu. »

Elle lui tendit un stylo, attendant, silencieuse. Un défi, une promesse, et une menace à la fois. Louis le savait. S'il signait, il n'y aurait pas de retour en arrière. Ce ne serait plus un simple mariage. Ce serait une promesse de guerre. Une guerre où il jouerait selon ses propres règles.

Le regard d'Éléonore ne bougea pas, impassible. Elle était là, solide comme une roche, attendant qu'il fasse son choix. Elle n'avait rien à perdre. Lui si. Il avait tout à gagner, tout à prouver. Il pensait à Camille, à ce qu'elle lui avait fait, à l'humiliation qu'il avait ressentie. Il voulait la voir se noyer dans ses regrets. Il voulait qu'elle sache qu'il pouvait faire mieux. Il voulait lui montrer que tout ça n'était que temporaire.

Louis souffla, le regard figé sur le contrat. La solution, toute simple, était devant lui. Un mariage, une façade. Rien d'autre. Juste une chance. Une chance de réussir, de redevenir celui qu'il était avant cette chute. Mais il n'était pas du genre à faire les choses à moitié.

Il prit le stylo.

« J'accepte, » dit-il d'une voix rauque, sans hésiter. « On fait ça. On se marie. »

Éléonore ne réagit pas. Elle se contenta de regarder la signature se poser sur le papier, comme si tout était déjà décidé. Comme si tout était déjà écrit, inéluctable. Elle ne souriait même pas. Elle n'avait pas besoin de sourire. Elle savait que ce n'était pas un acte joyeux. C'était une transaction.

Mais pour Louis, c'était autre chose. C'était un renouveau. Un commencement. Et il se leva, prêt à accepter ce qui allait suivre, sans savoir vraiment ce qui l'attendait. Mais une chose était sûre : il venait de sceller son destin.

Éléonore s'écarta légèrement, la feuille entre les mains. « Bienvenue dans le jeu, Louis. À partir de maintenant, tu es le mien. »

            
            

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