Chapitre 4 Chapitre 4

Chapitre 4

Jonas n'avait pas l'intention de s'arrêter, de se reposer, mais quelque chose le poussa à s'arrêter, son instinct de chasseur affûté par des années de traque. C'était un bruit étrange, faible mais distinct, celui d'une proie en détresse. Une odeur familière lui parvint avant même qu'il n'eût le temps de réagir, l'odeur du sang, du métal froid, et la peur. Tout en se déplaçant en silence, il suivit cette trace, les instincts en éveil.

Il se glissa derrière un arbre, observant les chasseurs, un groupe de trois, autour d'un seul et unique objectif : une louve, piégée, blessée, presque à bout de forces. Ils la poussaient, la harcelaient comme des animaux, les armes pointées. Une cible facile. Mais la louve ne se laissait pas faire. Elle mordait, griffait, essayait de se défendre, même si ses forces faiblissaient à chaque seconde.

Jonas n'hésita pas. En quelques secondes, il franchit la distance qui le séparait d'eux et s'élança dans une attaque foudroyante, son corps d'Alpha capable de briser les os d'un simple coup. Le premier chasseur se retrouva au sol avant même qu'il n'eût le temps de réagir, son cri de surprise étouffé dans la poussière. Le second tenta de lever son arme, mais Jonas l'attrapa par le bras, le tordit dans une position impossible, brisant l'articulation avant de le projeter à terre. Le troisième, pris de panique, tenta de fuir, mais Jonas n'eut qu'un pas à faire pour l'attraper. Il l'envoya s'écraser contre le tronc d'un arbre avec une violence qui fit craquer le bois.

Il se tourna ensuite vers la louve, la fixant de ses yeux perçants. Elle haletait, sa respiration sifflante. Elle était blessée, mais pas encore brisée. Elle leva les yeux vers lui, méfiante, mais quelque chose dans son regard changea. Elle se redressa lentement, les griffes encore visibles, mais moins menaçantes. Un rictus de douleur traversa ses traits.

« Tu es... Alpha, » murmura-t-elle d'une voix rauque, comme si les mots avaient du mal à sortir.

Jonas hocha lentement la tête, ne se détendant pas pour autant. « Je suis celui qui a sauvé ta vie. Rends-moi la pareille, et restons en vie. »

Elle haussait une oreille, luttant pour rester sur ses pattes. « Rien n'est gratuit, Alpha, » répondit-elle. Elle n'était pas du genre à accepter les faveurs sans contrepartie, et Jonas le savait. Les louves solitaires étaient des âmes fières, indépendantes, et leurs alliances n'étaient jamais basées sur la charité.

« Je n'attends rien, sauf que tu nous rejoignes, » dit-il. « Je vais te soigner, et si tu en as le courage, tu me diras ce qui t'a amenée ici. Il y a des choses qui ne peuvent être accomplies seules. »

Elle l'observa longuement, cherchant quelque chose en lui, une faiblesse peut-être. Mais elle ne le trouva pas. Jonas n'était pas du genre à fléchir, ni dans ses paroles, ni dans ses gestes. Il s'agenouilla auprès d'elle, en silence, et dans un élan qui surprit même la louve, il posa une main ferme sur son épaule. Il brisa l'une des lances des chasseurs pour confectionner un bandage improvisé. C'était la première fois depuis longtemps qu'il agissait ainsi. Chaque geste qu'il faisait avait un but, une précision d'Alpha. Il n'agissait pas par pitié, mais par pragmatisme.

Une fois qu'il eut terminé de panser les blessures superficielles, elle laissa échapper un grognement sourd. « C'est toi qui m'as sauvé, mais pourquoi devrais-je te suivre ? »

Jonas haussait les épaules. « Parce que tu n'as nulle part où aller. Parce que Gabriel va finir par tout détruire. Parce que... ta fierté, ta force, elles comptent. Mais elles ne suffiront pas. Pas contre lui. »

Elle leva les yeux, sondant son visage avec une acuité qui frôlait l'intimidation. « Pourquoi tu veux renverser Gabriel ? Tu n'as pas la meute. »

Il plongea son regard dans le sien, le défi et la rage palpables dans ses prunelles. « Il ne mérite pas d'être Alpha. Il ne protège pas, il se sert. J'étais son Alpha, et je reviendrai pour récupérer ce qui m'appartient. »

Elle éclata de rire, un éclat amer et tranchant. « Tu crois vraiment pouvoir renverser Gabriel tout seul ? »

« Non. Pas tout seul, » répondit-il. « Mais je suis prêt à tout. Et toi aussi, apparemment. »

Le silence qui suivit son propos fut lourd, intense. Elle regarda ses blessures, puis les chasseurs qu'il avait laissés derrière lui, gémissant et gisant dans la boue. Il n'était pas encore en position de lancer une offensive contre Gabriel, mais il avait trouvé une alliée. Une guerrière, fière et sauvage.

« Je m'appelle Faela, » dit-elle enfin, après un long moment de réflexion. « Et je suis prête à écouter ce que tu as à proposer. »

Jonas savait qu'il ne pouvait pas forcer qui que ce soit à se joindre à sa cause. Faela, comme tant d'autres, n'était pas du genre à suivre des ordres. Mais il sentait qu'il avait trouvé un terrain d'entente. Elle avait la soif de vengeance, tout comme lui. Elle avait la rage d'un animal blessé, et lui, il avait tout perdu. Ils se rejoignaient dans cette douleur partagée.

« Nous allons l'abattre, » dit Jonas, une détermination sans faille dans sa voix. « Gabriel n'a pas idée de ce qui l'attend. »

Faela s'éteignit d'un sourire sombre. « Alors allons-y. Et faisons-le avec toute la rage que l'on porte en nous. »

Elle se redressa lentement, bien que la douleur ne fût pas entièrement disparue. Il la regarda, l'esprit déjà en train de courir à mille à l'heure, planifiant chaque mouvement, chaque étape. Il savait que Gabriel ne se laisserait pas détrôner facilement, mais il avait désormais une alliée, une guerrière prête à tout.

Ils n'étaient peut-être pas encore prêts, mais avec cette alliance, Jonas sentait que le vent avait commencé à tourner. Et il n'était pas prêt à s'arrêter. Pas avant que Gabriel, cet Alpha frauduleux, ne paie pour sa trahison.