Chapitre 10 Chapitre 10

Chapitre 10

Le silence entre eux était lourd, presque oppressant. La tension dans l'air ne faisait qu'intensifier chaque instant. Jonas pouvait sentir son cœur battre à un rythme plus rapide que d'habitude, mais ce n'était pas la peur, ni la menace de Gabriel qui lui pesait, c'était elle. Lysandra. Cette femme qu'il avait perdue, puis retrouvée, mais dont l'ombre restait aussi persistante que son amour secret.

Elle se tenait là, les bras croisés, regardant fixement un point invisible. Il savait qu'elle était en guerre avec elle-même. Il l'avait toujours su. Lysandra, toujours la plus forte, toujours celle qui refusait de se laisser déstabiliser. Et pourtant, à cet instant, il pouvait lire sur son visage l'incertitude qu'elle avait toujours cachée.

Il s'approcha d'elle sans un mot. Pas besoin d'en dire davantage. Elle savait ce qu'il pensait. Elle savait ce qu'il ressentait. Tout comme lui, elle savait que leur attirance n'avait jamais disparu, malgré les années, malgré tout ce qui les séparait. Leur amour avait été enterré sous des couches de mensonges et de trahisons, mais il n'était jamais parti.

Lysandra tourna son visage vers lui, et dans ses yeux, il y avait une intensité qu'il n'avait pas vue depuis trop longtemps. Elle s'avança lentement, et Jonas n'eut pas à bouger. Elle se glissa dans ses bras, son corps se pressant contre le sien. La chaleur de sa peau, la douceur de ses cheveux contre son menton. C'était tout ce dont il avait rêvé depuis leur séparation, mais aussi tout ce qu'il avait redouté.

Il la serra plus fort, comme s'il avait peur de la perdre à nouveau. Comme si tout pouvait disparaître à tout moment. Mais il savait, au fond de lui, que ce qui se passait entre eux ne se limitait pas à une simple retrouvaille. Ce n'était pas juste le désir. C'était la conviction que leur lien n'avait jamais été brisé, malgré tout.

Elle leva les yeux vers lui, son regard vibrant d'une émotion qu'elle ne pouvait plus dissimuler.

- Jonas, souffla-t-elle, sa voix brisée par l'émotion. Je... Je n'ai jamais cessé de t'aimer.

Ces mots, prononcés doucement mais fermement, résonnèrent en lui comme un coup de tonnerre. Elle, Lysandra, celle qui avait toujours été si forte, si indépendante, avouait enfin ce qu'elle ressentait. Le poids de ses paroles, chargé de regrets et de désirs refoulés, fit vaciller sa propre résolution.

Il ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de la regarder, de lire dans ses yeux tout ce qu'elle n'avait jamais osé dire. Tout ce qu'ils avaient laissé derrière eux.

- Pourquoi... pourquoi m'as-tu laissé partir ? murmura-t-il, la douleur de la séparation rongeant encore ses mots.

Elle baissa les yeux, comme si la question lui brûlait la peau. Son corps se tendit un instant avant qu'elle ne réponde, d'une voix à peine audible.

- Parce que j'étais une partie de la meute, et que ma loyauté n'était pas seulement envers toi. C'était envers eux, envers Gabriel.

Il sentit son cœur se serrer. Cette fidélité à la meute, à un homme qui n'avait jamais valu son dévouement, la déchirait encore. Lysandra avait dû choisir entre son devoir et son amour, et elle avait choisi la meute. La trahison de Gabriel n'avait pas suffi à lui ouvrir les yeux à ce moment-là. Mais maintenant, tout semblait si clair.

Jonas déglutit, tentant de chasser la colère qui montait en lui. La colère envers Gabriel, envers le système qui les avait séparés, mais aussi envers elle, parce qu'elle avait accepté ce monde. Mais il savait que ce n'était pas le moment. Ils étaient trop proches, trop vulnérables l'un à l'autre pour s'emporter.

- Et maintenant ? lui demanda-t-il, une pointe d'espoir dans sa voix. Que va-t-il se passer maintenant, Lysandra ?

Elle se détourna légèrement, cherchant ses mots. Elle savait ce qu'il attendait, mais elle n'était pas prête à répondre sans réfléchir. Elle avait tout à perdre en prenant une décision, tout comme lui.

- Je suis toujours liée à eux, Jonas. À Gabriel. À la meute. Ils... ils comptent sur moi pour maintenir l'ordre. Mais toi... toi tu es là, et tout en moi me dit que je devrais te suivre. Mais je ne peux pas tourner le dos à la meute, à ma place.

Les mots frappèrent Jonas comme un coup de poing. Il savait ce qu'elle disait, mais entendre sa voix trembler en le disant le brisait. Elle était partagée, entre deux mondes qui ne pouvaient pas coexister.

- Tu sais ce que je veux, Lysandra. Murmura-t-il, sa voix chargée de désir et de frustration. Je veux que tu choisisses moi, que tu choisisses nous. Je sais ce que ça implique, je sais que ce n'est pas simple. Mais je ne peux pas... Je ne peux pas te laisser dans ce monde, à cause d'un homme qui ne mérite même pas ton respect.

Elle s'éloigna légèrement, une tristesse profonde dans ses yeux.

- Ce n'est pas aussi simple, Jonas. Gabriel est un Alpha. Il a la meute derrière lui. Mais toi... tu veux me faire abandonner tout ce que j'ai construit, tout ce que j'ai juré de protéger ? Tu me demandes de trahir tout ce que j'ai connu.

Elle avait raison. Il savait qu'il ne pouvait pas simplement lui demander de tout effacer, de tout oublier. Mais il le voulait. Il le désirait plus que tout.

- Tu n'as pas à tout effacer. Juste à choisir ce qui compte vraiment. Ce qui compte vraiment, c'est nous.

Elle le regarda, un éclat de douleur dans ses yeux. Elle savait qu'il avait raison, mais la réalité était bien plus complexe. Les murs qu'elle avait érigés autour d'elle étaient solides, et elle n'avait pas la force de tout détruire pour lui. Pas encore.

- Je... je ne peux pas, Jonas. Pas encore.

Il sentait son cœur se serrer, mais il ne la força pas. Il savait qu'il ne pouvait pas. Ils étaient trop loin de la ligne de départ pour revenir en arrière, mais la route vers ce qu'ils voulaient ne serait pas facile.

- Alors attends-moi, Lysandra. Attends-moi. Je vais t'offrir un avenir où tu pourras choisir.

Elle ne répondit pas immédiatement, mais ses yeux brillaient d'une lueur qu'il connaissait trop bien.

- Je... je vais essayer. Mais je ne te promets rien.

Jonas se rapprocha d'elle, la tenant dans ses bras comme un espoir fragile. L'amour persisterait. Même si le chemin serait semé d'embûches, même si la guerre ne ferait que commencer. Il ne l'abandonnerait pas. Il ne les abandonnerait pas.

            
            

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