Chapitre 4 Chapitre 4

La menace est toujours là, invisible et persistante, tapie dans l'ombre, attendant le moment idéal pour frapper. Ava le ressentait chaque jour un peu plus, comme une présence invisible qui l'épiait, la suivait sans répit.

C'était le genre de sensation qu'on ne pouvait pas vraiment expliquer, juste un malaise profond qui s'insinuait sous la peau, une peur sourde, déraisonnable. Elle n'aimait pas ça.

Depuis cette rencontre avec Ezra, tout semblait avoir pris un tournant étrange. Ses nuits étaient hantées par des rêves fiévreux, où des visages inconnus surgissaient dans des ruelles sombres. Le matin, elle se réveillait avec le sentiment d'être épiée, comme si ses pas étaient observés, épiés par des yeux invisibles.

Elle haussait les épaules, tentant de repousser la sensation, de se convaincre que tout ça n'était que le fruit de son imagination. Mais l'inquiétude ne la quittait jamais. Elle se surprenait parfois à se retourner brusquement en plein milieu de la rue, à scruter les ombres derrière elle, à observer les passants qui la croisaient, se demandant si l'un d'eux n'était pas là pour la suivre.

Ce soir-là, alors qu'elle traversait le parc pour rejoindre son appartement, elle eut cette sensation encore plus forte. Les arbres se balançaient sous le vent, les feuilles craquant sous ses pas, et l'ombre s'étendait en d'innombrables recoins. Ava se tourna brusquement, son cœur s'accélérant. Un frisson glacé parcourut sa colonne vertébrale. Elle n'avait vu personne, mais le malaise était tel que ses jambes semblaient figées sur place.

- C'est absurde, murmura-t-elle pour elle-même.

Elle s'éloigna rapidement, se sentant stupide. Mais cette sensation de surveillance ne la quittait pas.

***

Ezra, lui, n'avait pas oublié Ava.

Son esprit tourmenté par l'idée de sa compagne, il ne cessait de la scruter, d'enquêter sur ce qui se passait autour d'elle. Mais plus il cherchait des réponses, plus les mystères s'épaississaient.

Il avait rapidement compris que ce qui se passait n'était pas le fruit du hasard. Des rumeurs circulaient, des murmures dans la nuit, des déplacements suspects. Des chasseurs, ceux qui traquaient les créatures surnaturelles, se faisaient de plus en plus actifs en ville. Il savait qu'ils ne la cherchaient pas, pas encore, mais que leur présence risquait de bouleverser l'équilibre fragile qu'il essayait de maintenir.

Le Conseil l'avait mis en garde : la magie d'Ava ne pouvait rester cachée éternellement. Quelque chose de puissant, de dangereux, sommeillait en elle. Et s'il ne la protégeait pas, des forces extérieures risquaient de se manifester pour la récupérer.

Ce soir-là, il se tenait dans l'ombre, observant les rues, scrutant les allées, avec la sensation que quelque chose était sur le point de se passer. Il ne savait pas encore quoi, mais il savait que c'était inévitable.

Une vibration dans l'air, un frisson qui lui secoua les entrailles, et la silhouette qu'il cherchait apparut. Ava.

Elle marchait seule dans la rue, inconsciente du danger qui rôdait autour d'elle. Il l'observa un moment, hésitant. Puis, son regard s'assombrit. Il savait qu'il devait agir. Elle ne le savait pas, mais elle était en danger.

C'est alors qu'il perçut un mouvement dans l'ombre, une silhouette se faufilant entre les ruelles sombres, un bruit de pas furtifs. Ezra plissa les yeux, ses sens en alerte.

Les chasseurs étaient là.

Il ne fallait pas perdre de temps.

Il s'élança dans les rues désertes, sa silhouette se fondant dans les ombres alors qu'il s'approchait de la jeune femme. Les bruits se rapprochaient, plus nets, plus rapides.

Ava n'avait toujours aucune idée de ce qui se tramait dans l'ombre. Elle continuait sa route, la tête basse, les mains dans les poches, l'esprit ailleurs. Mais quand la première silhouette émergea d'une ruelle, son cœur se serra.

Elle s'arrêta net, les yeux écarquillés, se figeant devant l'homme encapuchonné qui s'avançait vers elle.

- Tu es perdue, mademoiselle ? demanda l'individu d'une voix froide, presque mécanique.

Ava sentit son ventre se nouer. Un frisson de terreur traversa son corps, mais elle ne pouvait pas bouger. Elle aurait voulu crier, fuir, mais ses jambes étaient comme paralysées.

Avant qu'elle ne puisse réagir, d'autres silhouettes émergèrent de l'obscurité, encerclant la jeune femme. Des hommes, tous portant des vêtements sombres, des gants noirs.

Ava inspira profondément, cherchant à calmer sa panique, mais une partie d'elle savait que quelque chose de bien plus terrible que ce qu'elle imaginait se préparait. Elle tenta de reculer, mais ils la bloquèrent rapidement.

- Vous ne pouvez pas fuir, mademoiselle Sinclair, dit l'un des hommes. Vous êtes la proie que nous avons cherchée.

Elle déglutit. Comment savaient-ils son nom ? Qui étaient-ils ? Pourquoi elle ?

Un cri étranglé s'échappa de sa gorge lorsqu'elle sentit une main se poser sur son bras, serrant comme un étau.

Mais à cet instant, un rugissement brisé déchira la nuit, une force brute surgissant des ténèbres. Ezra.

Il était là.

Ses yeux brillaient d'une lueur dorée, ses griffes dégagées, prêtes à fendre la chair de ceux qui se tenaient devant lui.

L'instant suivant, tout se passa en un éclair. Un des chasseurs s'effondra, son corps fracassé contre le mur de briques. Ezra fit un bond, atterrissant sur le second, l'attrapant par le col et le projetant contre le sol. Les autres s'élancèrent, mais ils n'avaient aucune chance. Ezra se mouvait avec une rapidité inhumaine, ses muscles tendus comme des câbles prêts à céder.

Chaque mouvement était fatal. Un coup de poing. Un coup de pied. Les hommes tombaient comme des poupées de chiffon, incapables de lutter contre la puissance brute de l'Alpha.

Le dernier assaillant tenta de s'enfuir, mais Ezra le rattrapa en quelques foulées. Il attrapa l'homme par le cou et le plaqua contre le sol. Le souffle court, il le souleva d'une main et grogna, sa voix basse, menaçante.

- Qui vous envoie ?

L'homme toussa, la panique dans les yeux.

- Nous... Nous...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Ezra pressa un peu plus sa prise et l'homme s'éteignit, son corps inerte dans ses bras.

Tout s'arrêta.

La rue était silencieuse.

Ava, tremblante, observait la scène, les yeux écarquillés, les lèvres tremblantes. Elle venait de voir l'impossible. Et elle comprenait enfin la vérité : Ezra Blackwood n'était pas un simple homme.