Toujours en marmonnant, je croise les bras et plante mon regard dans ses yeux bleus perçants. « Pourquoi ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? » demandai-je avec une pointe d'exaspération. S'il n'était pas un tel tyran, son autorité naturelle aurait presque pu être séduisante.

Bo North haussa les épaules d'un air désinvolte.

« J'ai besoin d'une gouvernante et d'un cuisinier. Et puisque tu es là, autant te rendre utile. Je suis sûr que tu sais manier un balai. »

Je restai figée, la bouche entrouverte.

« Quoi ? Je t'ai déjà dit que je ne suis PAS une servante ! »

Il haussa les épaules une seconde fois, imperturbable.

« Malheureusement pour toi, c'est le seul poste disponible. Et tu devras bien faire quelque chose si tu veux rester ici. Alors, Haley, qu'en dis-tu ? Es-tu prête à te salir les mains ? »

La rage explosa en moi. Mon sang bouillonnait, et si cela avait été physiquement possible, de la vapeur se serait échappée de mes oreilles. Qui diable pensait-il être ? Mais avais-je vraiment le choix ? Cet homme, aussi insupportable soit-il, détenait toutes les cartes. J'étais à sa merci.

« Une... bonne ? » répétai-je d'une voix tremblante, luttant pour ne pas hurler.

Il me lança un regard impassible.

« C'est simple. Quelques tâches ménagères, préparer les repas... Rien de bien sorcier. »

Je balayai la pièce du regard et faillis pousser un cri d'horreur.

« Ta cabane est un dépotoir ! Tu n'as pas besoin d'une femme de ménage, mais d'une équipe de nettoyage spécialisée en catastrophes naturelles ! »

Bo eut le culot d'afficher un sourire amusé.

« Bon point. D'accord, oublions le ménage en profondeur. Juste l'entretien basique. Mais la cuisine, elle, est non négociable. À moins que tu ne préfères passer une semaine entière sans rien faire du tout ? »

Je serrai les poings. Une semaine d'inactivité forcée ? L'enfer absolu.

Voyant mon hésitation, Bo avança son atout final.

« Je te paierai le triple de ce que ton agence t'offre habituellement. En liquide. Personne n'a besoin d'être au courant, et tu gardes la totalité de la somme. »

Mes yeux s'agrandirent. Une telle somme... C'était tentant. Dangereusement tentant. Bo, sentant qu'il avait gagné, appuya encore un peu plus.

« Ça ne te demande rien d'extraordinaire. Juste un peu de cuisine, de lessive et un passage d'aspirateur. Mon bureau est hors-limite, donc une pièce de moins à gérer. »

Je mordis ma lèvre, pesant mentalement le pour et le contre. Ce type était odieux, mais l'offre était alléchante.

Bo me regarda, sûr de lui. Il savait déjà quelle serait ma réponse.

D'accord, très bien," lâcha-t-elle finalement, croisant les bras avec une moue contrariée.

Je hochai la tête, satisfait. "Bonne décision. De toute façon, il n'y a ni télévision ni connexion internet stable ici. Si la tempête continue, on risque même de se retrouver complètement coupés du monde. Autant en profiter pour gagner un peu d'argent, non ? Plutôt que de rester à ne rien faire."

Elle me lança un regard mi-moqueur, mi-amusé. "Peut-être... Mais tu as une sacrée bibliothèque dans cette cabane. Je pourrais aussi bien passer mon temps à lire tes livres."

Je ris en secouant la tête. "Bien essayé, mais pour l'instant, on commence par récupérer les affaires nécessaires." Je lui indiquai une porte près du garde-manger. "Le placard à balais est là, tu devrais y trouver une vadrouille et un seau. Sous l'évier, il y a des produits de nettoyage, et quelques chiffons dans la buanderie. Dis-moi si tu as besoin d'ingrédients particuliers pour les repas. Je ne sais pas comment on se les procurera avec cette tempête, mais je peux toujours dresser une liste. Ah, et je m'attends à un déjeuner prêt pour midi."

Son joli visage s'assombrit, et je vis ses lèvres se crisper sous l'effet de la frustration. Clairement, elle n'aimait pas recevoir des ordres. Mais c'était presque attendrissant. Elle était encore plus séduisante quand elle était en colère.

"Après ça, tu pourras prendre un peu de temps pour toi, si tu veux," ajoutai-je avec un sourire en coin avant de m'éclipser vers mon bureau. "Je ne voudrais pas t'épuiser, après tout."

Avant qu'elle ne puisse répliquer, la porte se referma derrière moi, la laissant seule avec sa nouvelle mission. Un sourire étira mes lèvres. Cette charmante brune avait du pain sur la planche. Maintenant, il était temps que je m'attelle à mon propre travail.

Haley

Quel salaud ! Bo de balancer ses ordres et de disparaître comme si tout cela était parfaitement normal ! J'étais furieuse. J'avais besoin d'évacuer cette rage, mais crier après mon "employeur" n'était sans doute pas la meilleure idée. Alors, j'appelai Jess.

Elle décrocha dès la première sonnerie. "Hé, c'est tôt, ma belle. Qu'est-ce qui se passe ? T'as de la chance que je sois réveillée, Pebbles a eu un petit accident et j'ai dû la sortir."

Je soupirai. Pebbles, son bouledogue français hors de prix, était traité comme une princesse, et Jess parlait d'elle comme si c'était un bébé en or massif.

"Je suis coincée ici pendant une semaine entière !" geignis-je. "Une semaine complète !"

Jess éclata de rire. "Oh mon dieu, tu veux dire que tu es coincée avec Bo North pendant sept jours entiers ? Dis-moi tout. Il t'a sautée cette nuit ou pas ?"

Je soufflai bruyamment. "Non, bien sûr que non ! Ce type est un imbécile fini, tu te souviens ?"

Elle rit de plus belle. "Ouais, mais c'est bien ce qui rend le sexe meilleur, non ? Alors, qu'est-ce que tu comptes faire pendant toute une semaine ?"

Je me laissai tomber sur une chaise en soupirant. "Il me paie pour être sa femme de ménage et sa cuisinière. Il a dit que tant qu'à être coincée ici, je pouvais au moins me faire un peu d'argent. Et il m'offre le triple de mon tarif habituel. En liquide."

Le silence de Jess dura une demi-seconde avant qu'elle ne s'exclame : "Attends... QUOI ?!"