Chapitre 6 6

Je soupire, profondément exaspérée.

« C'est un gigantesque malentendu. Il s'attendait à recevoir une gouvernante-chef cuisinière, alors que moi, je pensais que j'allais être son assistante éditoriale pour l'aider avec son livre. »

« Attends, QUOI ? » s'étrangle Jess, totalement scandalisée. « Une femme de ménage ?! »

Je hoche la tête avec amertume.

« Je te jure que c'est vrai. Quand il a compris que j'étais là pour l'assister avec son manuscrit et non pour lui préparer des petits plats, il est entré dans une rage folle. J'ai cru qu'il allait littéralement me jeter dehors sous la tempête, mais comme il neigeait à s'en arracher les cheveux et que ma voiture ne tiendrait pas cinq minutes sur cette route, je suis coincée ici. »

Jess grimace. « Bon, en même temps, ta voiture est une épave ambulante... »

Je lève les yeux au ciel. « Merci pour ton soutien, VRAIMENT. »

« Désolée, désolée ! Mais alors... il t'a quand même laissée rester ? »

« Oh oui, mais pas sans conditions. Figure-toi qu'il m'a regardée avec ce mépris légendaire, a insulté ma voiture et, par extension, mon intelligence, puis m'a donné une serpillière et m'a ordonné de faire le ménage ! J'espère qu'il est prêt à me payer une fortune pour ça, parce que ce mec va sentir passer la facture ! » dis-je en serrant les dents.

Au lieu d'être indignée comme elle le devrait, Jess éclate de rire, tellement fort que j'ai peur qu'elle s'étouffe.

« Tu... tu es sérieuse ?! » halète-t-elle entre deux hoquets d'hilarité. « Bo North veut que TU fasses le ménage ?! »

Je croise les bras. « C'est pas drôle, Jess ! »

« Si, c'est HILARANT ! » réussit-elle à articuler. « Attends, il est comment ? Un vieux grincheux avec une barbe pleine de miettes et un ventre bedonnant ? »

Je soupire dramatiquement. « Dis-moi... tu as déjà regardé la photo de l'auteur à l'arrière de ses bouquins ? »

Elle plisse les yeux, cherchant à se souvenir, puis son visage s'illumine soudainement d'un air choqué.

« Oh. Mon. Dieu. BO NORTH EST CANON, NON ?! »

Je hoche la tête. « Oh oui. Mais en vrai, c'est encore pire. Ce type est une incarnation vivante du mâle alpha, avec une aura de testostérone qui vous frappe en pleine figure. »

Jess pousse un soupir rêveur. « J'accepterais de récurer des toilettes pour un homme pareil. »

Je grogne. « Comment ai-je pu devenir amie avec toi ?! »

Elle éclate à nouveau de rire. « Avoue que tu l'aimes bien quand même ! Alors, tu comptes rester combien de temps ? »

Je roule des yeux. « Comme je viens de te dire, on a convenu que je partirais demain. J'aurais déjà pris mes cliques et mes claques si ce fichu blizzard ne s'acharnait pas sur moi. »

Jess bat des cils, visiblement en train de fantasmer. « Awww... c'est presque romantique ! Il refuse de te laisser partir dans le froid glacial. Comme un preux chevalier ! »

Je la fusille du regard. « OMG, Jess, TU DÉLIRE ! Ce n'est pas un prince, c'est LA BÊTE ! »

Elle rit. « Oh allez, peut-être qu'il n'est pas si terrible que tu le penses. Donne-lui une chance ! Il est sexy, talentueux, richissime... et probablement très, très bien équipé, si tu vois ce que je veux dire. »

Je pousse un cri indigné. « JESS ! »

Elle rit, un sourire narquois aux lèvres.

« Je plaisante... enfin, à moitié. Je veux dire, tu décris ce mec comme une combinaison parfaite de beauté sauvage et d'attitude insupportable, et tout ce qui te dérange, c'est qu'il veuille une femme de ménage ? Franchement, c'est un malentendu administratif, n'importe qui serait un peu agacé. »

J'inspire profondément, cherchant à ignorer son ton moqueur, mais Jess, elle, continue sur sa lancée.

« Et puis, s'il est du genre connard sexy, ça pourrait mener à des nuits torrides et inoubliables, tu ne crois pas ? »

Je pousse un gémissement exaspéré. « Jessica ! »

Elle hausse les épaules, imperturbable.

« Je dis juste que si jamais quelque chose arrivait... eh bien, je ne te jugerais pas. Genre, s'il te glisse un petit quelque chose en plus en guise de... pourboire. » Son regard devient pétillant. « Il est grand ? Parce que sur ces photos d'auteur, c'est difficile à dire. »

Je reste muette, refusant de rentrer dans son jeu, mais son rire éclate à nouveau.

« Oh allez, Haley ! On sait tous ce que "grand" signifie... Et je parie qu'il l'est ! Cet homme est riche, canon, probablement bien membré, et en plus, il a une arrogance insupportable. La recette parfaite pour une nuit sauvage. Fais-le pour moi, s'il te plaît. Passe une nuit avec lui, juste une ! Pourquoi pas ? Tu pars demain matin, c'est maintenant ou jamais. Et ce n'est pas comme si vous aviez besoin de parler pendant que vous... tu sais... »

Elle agite les sourcils suggestivement.

Je roule les yeux, une grimace sur le visage.

« Tu sais quoi ? Je raccroche. »

Jess éclate de rire alors que je fais semblant de vomir, puis l'écran de mon téléphone s'éteint. Mais même après notre appel, je reste assise, pensive. Pourquoi a-t-elle fallu qu'elle dise ça ? Maintenant, mon esprit refuse de lâcher l'idée.

Et si... ?

Bo North a cette aura brute et dominante, ce regard perçant qui donne l'impression qu'il pourrait vous brûler sur place. Et son corps... Je ferme les yeux un instant, imaginant ce que ça donnerait. Il serait sauvage, exigeant, sans doute du genre à me plaquer contre un mur ou me jeter sur le lit avant de me montrer exactement qui commande...

Je secoue violemment la tête.

Non ! Je ne peux pas penser comme ça ! Ce type est un parfait enfoiré.

Mmmh... enfoiré.

Je cligne des yeux. Bon sang, je suis foutue.

Je suis en plein dilemme intérieur quand soudain, un coup sec retentit à ma porte. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Oh merde.

Et si... et s'il avait entendu ma conversation avec Jess ?

Mais avant que la panique ne m'envahisse complètement, sa voix grave traverse la porte en bois.

« J'ai préparé le dîner. Viens manger. Tu dois avoir faim. »

Son ton est toujours aussi autoritaire. Ce n'est pas une invitation, c'est un ordre.

Et pourtant... il y a cette note râpeuse dans sa voix, un quelque chose qui me fait frissonner.

Je déglutis, sentant mes joues s'échauffer.

« Euh... d'accord ! J'arrive tout de suite ! »

Aucune réponse.

Je tends l'oreille. Est-ce qu'il est déjà parti ?

Je m'attendais à entendre ses pas lourds sur le plancher, mais rien.

Je fronce les sourcils.

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'il est encore là... et qu'il m'observe à travers la porte ?