Chapitre 5 Chapitre 5

Les jours s'étiraient lentement, comme une mer calme avant la tempête. Elvie se sentait prisonnière de la villa, du rôle qu'Adriano lui avait imposé, de ce monde de violence et de trahison dans lequel elle n'avait pas choisi de s'engouffrer. Il y avait des moments où elle se sentait accablée, où la solitude l'envahissait. Mais quelque chose avait changé en elle, un déclic qu'elle ne comprenait pas tout à fait. Elle avait appris à observer, à comprendre les règles de ce jeu de pouvoir, même si elles la dégoûtaient. Elle avait aussi appris à se protéger, à ne plus montrer ses faiblesses.

Elle se surprenait parfois à fixer Adriano, comme si elle essayait de déchiffrer l'homme qu'il était, ce qu'il cachait derrière cette façade impassible et autoritaire. Mais il était une énigme, un homme dont les émotions étaient aussi profondes et inaccessibles que l'océan. Elle savait qu'il la voyait, qu'il la scrutait, mais il ne lui montrait rien. Du moins, c'est ce qu'il pensait.

Giovanni, le cousin d'Adriano, était un homme discret, presque effacé. Mais depuis quelques jours, Elvie avait commencé à le croiser plus souvent, parfois par hasard, parfois dans des moments où elle se sentait particulièrement seule. Giovanni était d'un calme étrange, une sorte de calme menaçant. Mais sous cette tranquillité apparente, Elvie avait commencé à voir des fissures, des indices qui laissaient entrevoir un autre visage. Un visage qu'elle n'aurait jamais cru apercevoir chez un membre des Corleone.

Un soir, après que les autres membres de la famille aient quitté la villa, Giovanni s'approcha d'elle, son regard brillant d'une lueur particulière. Il y avait quelque chose dans sa façon de la regarder, quelque chose de différent. Elle savait qu'elle risquait gros en écoutant ce qu'il avait à dire, mais la curiosité, toujours la même, l'emporta. Giovanni n'était pas un homme de mots, mais ce soir-là, il semblait avoir décidé de tout révéler.

« Tu sais, Elvie, les Corleone ont leurs secrets », dit-il d'une voix basse, presque murmurée, comme si ce qu'il allait dire ne devait jamais quitter cette pièce. Il s'assura que personne ne pouvait les entendre avant de reprendre. « Adriano n'est pas celui qu'il prétend être. Il joue un jeu plus grand que ce que tu peux imaginer. »

Elle le regarda, le cœur battant plus vite, ses yeux accrochés à lui, cherchant à saisir le moindre indice. Giovanni n'était pas du genre à parler sans raison, et elle savait que ces mots n'étaient pas anodins.

« Je sais ce que tu penses », ajouta-t-il, sa voix plus basse encore. « Adriano te manipule, n'est-ce pas ? Il te laisse croire qu'il est juste un homme de pouvoir, mais c'est plus complexe que ça. Il a un plan, un plan qui dépasse les simples conflits familiaux. »

Elvie déglutit, se demandant jusqu'où Giovanni allait aller dans ses révélations. Elle avait toujours su qu'il y avait plus derrière les actions d'Adriano, mais elle n'avait jamais imaginé qu'il pouvait y avoir un secret aussi sombre, aussi profondément enfoui.

« Il cherche à reprendre le contrôle de la famille Corleone, pas seulement ici, mais dans tout le pays », continua Giovanni, les yeux brillants d'une détermination nouvelle. « Il veut éliminer toute opposition, et il est prêt à tout pour y arriver. Tout. »

Le souffle d'Elvie se coupa. Les mots de Giovanni résonnaient dans sa tête comme un écho. Elle avait toujours cru que la guerre entre les familles était une simple question de pouvoir, de territoires, mais il y avait quelque chose de plus grand derrière. Un jeu de dominations, de manipulations, où chaque mouvement comptait. Et Adriano en était le maître.

Elle n'avait pas tout compris, mais une chose était sûre : elle ne pouvait pas rester là sans agir. Elle était déjà trop impliquée, trop connectée à cette famille, et si elle ne faisait pas attention, elle risquait de se retrouver prise dans une toile d'araignée dont elle ne pourrait jamais sortir.

Mais les révélations de Giovanni ne faisaient que commencer. Il lui parla de l'ambition dévorante d'Adriano, de son désir de tout contrôler, de sa volonté de devenir le seul maître, le seul homme capable de diriger le clan. Et cette ambition, Giovanni le savait, pourrait les détruire tous. Ils allaient se déchirer entre eux, et Elvie risquait d'être écrasée au passage.

« Fais attention à lui », conclut Giovanni en la regardant droit dans les yeux. « Il te voit comme une pièce dans son jeu. Mais tu peux être plus que ça, si tu sais où chercher. »

Les paroles de Giovanni résonnaient dans l'esprit d'Elvie comme une alarme, mais elle ne savait pas comment réagir. Elle n'était qu'une simple assistante dans cette guerre de pouvoir, une petite pièce dans un jeu dont elle ignorait les règles. Mais les pièces semblaient se déplacer autour d'elle, et elle n'avait d'autre choix que de suivre le mouvement.

Quelques jours plus tard, Adriano la retrouva dans la salle de réunion, une pièce silencieuse, à l'abri des regards. Il se tenait là, toujours aussi calme, mais son regard trahissait une certaine intensité. Il savait que quelque chose avait changé, mais il ne le montrait pas.

« Tu sais, Elvie », dit-il en s'avançant lentement vers elle, son ton si mesuré qu'il en devenait presque glacial, « tu fais du bon travail. Mais tu sais, tout n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. »

Elvie sentit une boule se former dans son ventre. Elle savait que ce n'était pas un compliment. C'était une mise en garde. Adriano était bien trop intelligent pour se laisser duper, et il savait très bien qu'elle n'était qu'un pion dans son jeu, même si elle avait commencé à avoir ses propres idées sur la façon dont il fonctionnait.

« Je t'observe », dit-il, sa voix basse mais pénétrante. « Tu crois peut-être que tu contrôles tout, mais tu ne fais que jouer un rôle. Et un rôle, Elvie, ça peut se changer en n'importe quel moment. »

Elle essaya de garder son calme, mais elle pouvait sentir la pression se resserrer autour d'elle. Chaque mot qu'Adriano prononçait semblait un peu plus lourd, un peu plus menaçant. Il savait comment manipuler ses émotions, comment jouer avec ses faiblesses. Et cela la terrifiait.

Il la regarda longuement, comme s'il attendait quelque chose. Puis, d'un geste fluide, il s'approcha d'elle, et avant même qu'elle ait eu le temps de réagir, il caressa doucement son bras. Le simple contact de sa main sur sa peau la fit frissonner, mais elle ne laissa rien paraître.

« Tu es plus précieuse que tu ne le crois », murmura-t-il, ses yeux plongés dans les siens. « Et plus vulnérable que tu ne le penses."

Ces mots, prononcés avec une telle conviction, firent écho dans sa tête. Elle savait qu'elle devait se méfier de lui, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être attirée, de se sentir piégée dans ce jeu de pouvoir où chaque mouvement la rapprochait un peu plus de la ligne dangereuse.

Mais la menace la plus pressante n'était pas là. Non, il y avait quelque chose de plus sombre qui se profilait à l'horizon. L'ex d'Elvie. Il était de retour.

Elle n'avait pas eu de nouvelles de lui depuis des mois, et elle avait espéré qu'il l'avait oubliée, qu'il avait trouvé quelqu'un d'autre à manipuler, quelqu'un d'autre à tourmenter. Mais il n'avait pas oublié. Il n'oublierait jamais.

Et il ne tarda pas à faire sentir sa présence. Un message. Un simple message, mais qui en disait long. « Je sais ce que tu caches, Elvie. Et je vais tout dévoiler. Si tu ne viens pas à moi, je me charge de tout. »

La peur s'empara d'Elvie. Elle n'était plus la même personne qu'avant. Elle n'était plus la jeune femme brisée qu'il avait connue. Mais les menaces d'un homme comme lui étaient réelles. Elle savait qu'il avait le pouvoir de détruire ce qu'elle avait reconstruit. Mais elle ne se laisserait pas faire cette fois-ci. Elle avait changé, elle n'était plus une victime. Elle serait prête, cette fois.

                         

COPYRIGHT(©) 2022