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La tension dans la villa des Corleone était palpable, comme un orage qui grondait au loin, prêt à éclater à tout moment. Elvie se tenait là, figée dans l'ombre, observant la scène qui se déroulait devant elle. Elle n'avait jamais vu les frères Corleone dans un tel état. Ils étaient tous trois là, réunis dans la grande salle du manoir, le visage tendu, les gestes brusques. Mais c'était Adriano qui, cette fois, semblait avoir perdu son calme.
Le bruit des voix s'élevait, puissant et menaçant, et chaque mot qu'ils échangeaient était comme une balle tirée, chaque phrase un coup porté. De l'extérieur, on aurait pu croire qu'il s'agissait d'une discussion banale, mais Elvie savait que la moindre erreur pouvait mener à un bain de sang.
Elle s'efforça de rester invisible dans l'angle de la pièce, la gorge sèche, les mains tremblantes, alors qu'elle écoutait les reproches s'accumuler, les accusations de trahison, les menaces voilées. Chaque parole prononcée par les Corleone était chargée de violence, et Elvie sentait son cœur battre plus vite, chaque battement résonnant dans sa poitrine comme un tambour de guerre.
Adriano, l'homme qu'elle avait appris à craindre et à respecter, était à la tête de cette tempête. Il ne laissait rien paraître, mais Elvie pouvait voir la rage dans ses yeux, les muscles de son cou tendus comme une corde prête à se rompre. Il avait toujours été le plus calme, le plus réfléchi, mais aujourd'hui, il semblait sur le point de tout faire exploser. Et les autres frères Corleone ne facilitaient rien. Marco, le cadet, avec ses manières froides et ses mots acerbes, et Raffaele, le plus jeune, imprévisible et impulsif.
La dispute atteignait son apogée, chaque frère se jetant des regards empoisonnés, des mots acérés. Elvie serra les dents, s'efforçant de se fondre dans l'ombre, mais l'atmosphère dans la pièce était trop lourde. Elle savait que cela pouvait dégénérer en un instant. La violence dans les Corleone n'était jamais bien loin. Elle pouvait sentir le danger, comme une pression sur ses épaules, une sensation de suffocation.
Enfin, Adriano se leva, la pièce se figea instantanément. Son regard balayait chacun des hommes présents, et c'était comme si le temps s'était arrêté. Il n'avait pas besoin de crier pour imposer son autorité. La simple intensité de son regard suffisait à dominer la pièce.
« Vous vous comportez comme des enfants », dit-il d'une voix glacée, presque monotone. « Les Corleone ne sont pas faits pour se disputer comme des animaux. Nous avons des ennemis qui attendent notre moindre faux pas. »
Les autres restèrent silencieux, mais Elvie pouvait voir la tension se resserrer, le fardeau de la guerre qui pesait lourdement sur les épaules de ces hommes. Les Corleone étaient des guerriers dans leur propre domaine, et la moindre fissure dans leur unité pouvait être fatale.
Puis, Adriano tourna son regard vers elle. Ses yeux sombres scrutaient son visage, cherchant quelque chose. Elvie sentit un frisson courir le long de son dos. Il n'avait pas besoin de parler. Elle savait ce qu'il attendait d'elle.
« Viens avec moi », ordonna-t-il d'un ton qui ne souffrait aucune objection.
Elle n'eut d'autre choix que d'obéir, même si son estomac se nouait à l'idée de ce qui l'attendait. Chaque décision prise par Adriano semblait la mener plus profondément dans l'abîme. Chaque moment passé dans cette villa, à travailler pour lui, à jouer ce rôle qu'il lui imposait, la rendait plus vulnérable. Elle n'était qu'un pion, une pièce dans son jeu.
Ils sortirent de la villa en silence, l'air frais du soir frappant son visage alors qu'ils s'engouffraient dans la voiture. Adriano était calme, trop calme, comme s'il était déjà dans un autre monde, plus loin que le simple danger immédiat. Il semblait anticiper tout ce qui allait arriver, et Elvie, quant à elle, se sentait complètement démunie face à ce qui allait suivre.
Elle ne savait pas exactement ce qu'Adriano attendait d'elle, mais elle devinait qu'il n'était jamais question de simple espionnage. Il voulait qu'elle fasse bien plus que ça. Il la poussait à ses limites, à explorer des zones qu'elle ne voulait pas connaître. Et cette fois-ci, elle savait qu'elle ne pouvait pas fuir. Elle n'avait nulle part où aller, et même si elle voulait s'échapper, Adriano veillait à ce qu'elle soit toujours sous son contrôle.
La voiture s'arrêta dans une ruelle sombre. Elvie descendit sans un mot, suivant Adriano dans l'obscurité. Ils s'approchèrent d'un entrepôt abandonné, un endroit qu'Elvie avait déjà vu dans les rumeurs, mais qu'elle n'aurait jamais imaginé visiter. Ici, au milieu de la ville, dans l'ombre de ce bâtiment décrépit, se jouait une guerre silencieuse entre les familles rivales. Et aujourd'hui, elle allait en être témoin.
La rencontre avec le groupe ennemi était aussi risquée qu'elle l'avait imaginé. Les hommes qu'ils rencontraient n'étaient pas des inconnus pour Elvie, mais cela ne faisait pas disparaître la peur qui lui nouait l'estomac. Elle savait qu'à chaque instant, la situation pouvait dégénérer. Les regards échangés étaient glacés, les mains frémissaient, prêtes à se saisir des armes. Un faux pas, une parole mal placée, et tout pouvait se terminer dans le sang.
Adriano était implacable. Il n'éprouvait aucune peur, aucune hésitation. Il était le maître du jeu, et tout ce qui l'entourait n'était qu'un simple décor de plus. Elvie, elle, n'était qu'une spectatrice dans ce monde où les hommes étaient prêts à tout sacrifier pour obtenir plus de pouvoir, plus de contrôle. Mais malgré la terreur qui la paralysait, elle savait qu'elle n'avait d'autre choix que de suivre son maître, de faire ce qu'il attendait d'elle, même si cela signifiait se retrouver au cœur du chaos.
La réunion se déroula dans un climat de tension palpable. Les mots échangés étaient mesurés, mais chaque phrase était lourde de menaces. Elvie se tenait là, au milieu de cette danse dangereuse, sans pouvoir bouger. Elle savait que chaque instant passé ici pouvait être son dernier.
Lorsque la réunion se termina, Elvie se sentit libérée, mais la libération n'était que temporaire. Les Corleone, comme des lions affamés, ne laissaient jamais de place à la tranquillité. Ils se nourrissaient des faiblesses des autres, des erreurs qu'ils pouvaient exploiter. Et alors qu'ils quittaient l'entrepôt, l'odeur de la violence, de la guerre, semblait leur coller à la peau.
Les tensions entre les familles rivales étaient plus fortes que jamais. Ce n'était plus un simple conflit de territoires ou d'influence. C'était une guerre ouverte, une guerre où les morts étaient devenus monnaie courante. Et Elvie savait qu'elle ne pouvait pas échapper à cela. Elle était prise au piège, comme un oiseau dans une cage, et chaque mouvement, chaque parole, l'approchait un peu plus de l'abîme.
Mais ce n'était pas tout. Ce soir-là, un incident dans la ville allait attiser encore davantage la violence qui menaçait de tout engloutir. Une altercation dans un quartier proche de la villa des Corleone s'était terminée dans un bain de sang. Un membre d'une famille rivale avait été tué en pleine rue, sous les yeux des passants. Les rumeurs se répandaient plus vite que la lumière, et en quelques heures, tout le monde savait que la guerre était sur le point de franchir un nouveau seuil.
Elvie était là, dans la villa, alors que les nouvelles arrivaient. Les frères Corleone étaient réunis à nouveau, cette fois dans une salle fermée, leurs visages graves et tendus. Adriano n'avait pas besoin de parler pour que chacun comprenne ce qui se passait. La violence avait franchi une nouvelle étape, et personne n'était à l'abri.
« Tout va changer », dit Adriano d'une voix basse, sans se détourner de la fenêtre qui surplombait la ville. « Nous avons perdu tout contrôle. »
Elvie se tenait en retrait, observant les événements se dérouler comme un spectateur impuissant. Mais au fond d'elle, elle savait que les choses ne seraient plus jamais comme avant. La violence qui montait, le chaos qui dévorait tout sur son passage, elle allait en être une partie intégrante. Et dans ce monde, personne n'échappait à son destin.