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Elvie s'efforça de masquer l'angoisse qui lui étreignait la gorge tandis qu'elle suivait Adriano dans les couloirs de la villa. Il avançait d'un pas mesuré, comme un prédateur en chasse, et elle n'avait d'autre choix que de le suivre, marchant sur la pointe des pieds pour éviter de faire le moindre bruit. Les murs épais semblaient refléter le poids de la décision qu'il venait de prendre, celle de l'impliquer, elle, une simple assistante, dans ses plans de guerre. Mais ce n'était pas un plan militaire ordinaire.
C'était une guerre invisible, une guerre de manipulation, de mensonges, et de stratagèmes calculés. Adriano ne faisait pas dans la demi-mesure. Il était un homme d'action, un homme d'ambition. Et aujourd'hui, il l'avait choisie.
Ils s'arrêtèrent devant une porte massive, où Adriano toqua trois fois, puis fit entrer Elvie sans attendre. Elle entra dans un bureau sobre, dépouillé de toute décoration inutile, à l'exception d'une grande table en bois sombre sur laquelle reposaient des documents et des dossiers soigneusement classés. Deux autres hommes se tenaient là, l'air froid et impénétrable, comme s'ils étaient faits du même métal que les murs qui les entouraient.
« Voici Elvie », annonça Adriano, la voix dénuée de toute chaleur. « Elle va s'occuper de la logistique pour les prochaines opérations. Elle est capable. N'en doutez pas. »
Les deux hommes la dévisagèrent un instant. L'un d'eux, grand et taciturne, hocha à peine la tête avant de se concentrer à nouveau sur les papiers étalés devant lui. L'autre, plus jeune, aux yeux perçants et au regard scrutateur, esquissa un léger sourire en la détaillant de haut en bas. Ce sourire, bien que discret, n'échappa pas à Elvie. Il était faux, calculé. Comme tout ce qui venait des Corleone. Rien n'était jamais ce qu'il semblait être. Tout était jeu. Manipulation. Et elle, elle était en train de devenir une pièce dans cette stratégie sournoise.
« Nous avons des ennemis qui se rapprochent. La guerre est imminente », continua Adriano, ignorant son air froid. « Il faut préparer les positions, anticiper chaque mouvement. Tu seras en charge de tout ça. Tu travailleras en étroite collaboration avec Marco et Leonardo. »
Elvie acquiesça, son esprit se bousculant déjà. Comment une simple assistante pouvait-elle être responsable d'une telle guerre ? Mais elle savait que refuser n'était pas une option. Pas ici. Pas avec Adriano. Il n'avait pas besoin de la convaincre. Il la forçait à suivre ses ordres, sans poser de questions.
« Je compte sur toi », dit-il enfin, la fixant droit dans les yeux. « N'oublie pas qui tu es ici. »
Elle serra les dents, réprimant l'envie de répondre. Elle était plus que consciente de sa position. Un simple pion. Rien de plus. Mais elle ne laisserait pas cela la définir. Elle devait survivre, comprendre le système de ce monde, et surtout, en sortir vivante. Et pour cela, il lui fallait rester en équilibre, marcher sur le fil du rasoir sans tomber.
Les deux hommes se levèrent sans un mot, signifiant que la conversation était terminée. Elvie fit demi-tour pour quitter la pièce, mais avant qu'elle n'atteigne la porte, une voix la fit s'arrêter.
« Tu n'es pas comme les autres », dit le plus jeune des deux hommes, celui qui l'avait regardée avec ce sourire malsain. « Tu as un air... spécial. Tu es sûre que tu sais où tu mets les pieds ? »
Elle se retourna lentement, et son regard croisa le sien, froid et déterminé. « Je sais ce que je fais. »
Il rit doucement, un son faible mais perçant, avant de se tourner vers Adriano. « Elle a du cran. Intéressant. »
Elle ne répondit pas. La tension dans l'air était palpable, lourde, comme si un jeu silencieux venait de débuter. Elle était désormais un élément du puzzle. Et tout ce qu'elle pouvait faire, c'était avancer, ou se perdre dans les ombres de ce monde impitoyable.
Les jours suivants furent un tourbillon de tâches, de rencontres, et de nouveaux visages. Chaque minute semblait s'égrener lentement, chaque moment semblait peser une tonne. Elvie se rendit vite compte que les Corleone n'étaient pas une famille comme les autres. Les frères Corleone étaient des hommes calculateurs, chacun d'eux portant en lui un pouvoir qui frôlait l'invincibilité. Mais en même temps, ils étaient tous piégés dans des jeux dangereux, où les règles étaient faites pour être brisées. Adriano était sans doute l'alpha, mais Marco et Leonardo n'étaient pas à sous-estimer.
Marco, le second frère, était tout aussi impitoyable que son aîné, mais dans un registre différent. Il avait l'esprit vif, l'intelligence d'un stratège, et une froideur qui rappelait celle d'Adriano. Il n'aimait pas perdre de temps et n'accordait aucune importance à l'apparence des choses. Ses affaires étaient toujours nettes, propres, comme un marché sans émotion.
Leonardo, en revanche, semblait un peu plus détendu. Son apparence soignée et son attitude charmante ne trompaient pas. Derrière ses manières polies se cachait une violence latente, comme un serpent prêt à mordre dès qu'il en avait l'occasion. Il observait tout, écoutait tout, et pourtant il ne semblait jamais pressé. Il laissait Adriano faire le sale travail, lui se contentant de tirer les ficelles dans l'ombre.
Et Elvie, elle était là, une simple assistante, sans grande importance aux yeux de ces hommes puissants. Elle faisait son travail, et au fur et à mesure des jours, elle se rendait compte que ce qu'on attendait d'elle était bien plus que ce qu'elle avait imaginé. Les Corleone ne la considéraient pas comme une simple employée. Ils savaient que son passé avait des zones d'ombre. Et ce passé, ils comptaient bien l'exploiter.
Lorsqu'Elvie se retrouva face à Maxime une nouvelle fois, cette fois dans l'ombre de l'arrière-cour de la villa, un frisson de terreur la saisit. Il était là, seul, comme une apparition de son passé, mais cette fois, la situation était bien différente. Il ne l'avait pas oubliée, et son retour ne portait que des menaces, des promesses de vengeance.
« Tu as cru que tu pouvais m'oublier, hein ? » lança Maxime d'une voix basse, ses yeux noirs plantés dans les siens. « Tu es naïve. Je te connais mieux que tu ne crois."
Elle ne répondit pas tout de suite. Elle savait que chaque mot qu'elle prononcerait l'enfoncerait un peu plus dans son piège. Elle était prisonnière, et cette rencontre ne faisait que le confirmer. Maxime se rapprocha d'elle, son souffle chaud contre sa peau.
« Je veux que tu m'aides », dit-il, un sourire mauvais se dessinant sur ses lèvres. « Sinon, je serai obligé de raconter à Adriano ce que tu fuyais. Ton passé. Tout. »
Elle sentit son estomac se tordre. Les mots de Maxime étaient comme des lames de couteau, tranchantes et impitoyables. « Tu ne peux pas me faire ça », répondit-elle, sa voix tremblant légèrement. « Ne fais pas ça. Je n'ai rien à voir avec cette guerre. »
Maxime éclata de rire, un rire glacé, cruel. « Ne sois pas idiote, Elvie. Tu crois vraiment que ça va se passer comme ça ? Tu vas faire ce que je veux, ou tout sera fini. Pour toi. Pour ta nouvelle vie. Pour tout ce que tu as construit ici. »
Elle se figea, le cœur battant à tout rompre. La menace était réelle. Maxime savait comment la manipuler, comment la pousser dans ses derniers retranchements. Et si elle cédait ? Si elle acceptait de suivre ses ordres ? Que risquait-elle alors ? Une chose était sûre : dans ce monde, personne n'était innocent. Et pour se sortir de l'impasse, elle devrait jouer un jeu bien plus dangereux que ce qu'elle avait imaginé.
La partie venait à peine de commencer.