Elle avait ce petit quelque chose qui te trouble: ce n'était rien de physique...
Je quitte mon bureau pour aller la voir tout en espérant qu'elle me parle!
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Je frappe avant d'entrer, elle ne dormait pas, ses larmes coulaient encore sur son visage.
Je m'assois près d'elle, elle ne daigna point me regarder.
Moi: Comment tu t'appelle?
J'arrêtais pas de penser quel est son nom.
Je n'ai pas revu la femme qui l'a amené ici depuis avant-hier quand je lui ai annoncé de ne pas s'inquiéter pour l'argent c'est réglé...
Sa voix faible à la fois douce me fait sortir de mes pensées.
Elle: Binta! Prononça t-elle avec beaucoup d'efforts toujours avec cette envie de sangloter
Moi: Tu as mal?
Elle: Très mal!
J'eus un pincement de coeur!
Moi: Tout à l'heure l'infirmière viendra changer tes bandages.
Elle: Je veux mourir!
Moi: Ne dis pas ça! Dis toi que tu vas s'arranger.
Elle: Je suis à bout de souffle!
Moi: Tu n'as pas de famille? Tu vis où?
Elle: Je vis chez mon père avec ma belle-mère!
Moi: Et ta mère?
Elle: Ma mère est décédée!
Moi: Que le tout puissant l'accueil dans son paradis. Désolée de te demander ça: est-ce ta belle-mère qui t'a fait ça?
La porte fut brusquement ouverte, une femme fit son apparition. Je pouvais bien lire la peur dans son regard... Cette femme est-elle sa belle-mère?
Elle: Binta qu'est-ce qui t'est arrivée? Je suis vite rentrée de voyage quand Nafi m'a raconté ce qui s'est passé. J'ai dû laisser ton grand-père mourant là bas.
Nafi entre quelques temps après!
Nafi: C'est cet homme généreux qui lui a sauvé la vie.
Elle: Merci beaucoup! Je ne sais pas comment te remercier mon fils.
Moi: C'est normal, je n'ai fait que mon devoir!
Ces deux femmes sont loin d'être ce qu'elles prétendent.
L'autre femme: Je peux lui parler seule?
Moi: D'accord! Mais qu'elle ne fournisse pas trop d'efforts. Elle est encore faible.
Nafi: Merci mon fils!
Je me retourne vers Binta qui me suppliait du regard de ne pas la laisser seule. C'est à contre-coeur que je sors de la pièce.
Dans la peau de Diarra:
Durant ces derniers jours, je me devais de réfléchir à un plan. Comment m'en sortir vu que cette fille est toujours vivante.
Il faut que je la fasse sortir d'ici avant qu'elle ne raconte ce qui s'est passé à quelqu'un.
J'en ai pas encore fini avec elle.
Je la serre par les mâchoires avec mes ongles.
Moi: Nopileu! (Tais-toi) cesse de pleurer! Si quelqu'un te demande ce qui s'est passé tu ne t'en souviens plus. Tu m'as entendu?
Elle répond en clignant les yeux!
Je ne souhaite pas rester une minute de plus dans cette pièce.
Moi: Demain InchAllah tu rentres à la maison! Je vais venir te chercher.
Je pars avec Nafi!
Elle: Tu n'aurais pas aimé qu'on fasse ça à ta fille! N'as-tu pas pitié d'elle? Elle n'a que 17ans!
Moi: Ne me fais pas parlé! Allons-y!
Dans la peau de Binta:
Je me suis réveillée dans un lit d'hôpital, incapable de me lever. Mon corps était bandait de la poitrine au bas ventre.
J'avais tellement mal, plus quand l'infirmière est venue changer les bandages.
Je ne ressemblait à rien, à rien, rien du tout, la peau toute brûlée. Ce qui me tue le plus c'est de savoir que j'en ai pas encore fini de souffrir.
Je déteste mon père! Je le rends responsable de ma situation. Il s'est laissé diriger par sa femme, il m'a d'abord abandonné, même quand il a l'opportunité de réparer ses erreurs, il a échoué. Il a préféré me rendre la vie impossible.
Était-il là quand j'ai dû passer la nuit dans la rue sur un carton avec ma mère?
Était-il là pour me défendre quand on me traitait de bâtarde?
Était-il là quand j'allais à l'école le ventre vide, portant les mêmes vêtements que la veille?
Était-il là pour essuyer mes larmes?
Était-il là pour veiller sur mon éducation?
Était-il là quand j'ai perdu ma mère?
Était-il là quand sa femme m'a versé de l'eau chaude dessus?
Est-il présent en ce moment pour me réconforter?
Il n'a jamais été présent dans tout ce qui m'arrive dans ma vie.
Ma vie sans lui était misérable, ma vie avec lui est pire: aucun mot n'est assez puissant pour définir ma misérable et pitoyable vie à ses côtés.
J'ai tant pleuré son absence, voilà que je suis avec lui j'ai cette envie suicidaire.
Cette femme me fait peur, elle m'a prouvé qu'elle est capable de tuer! J'ai songé à partir plusieurs fois mais pour aller où? Chez qui? Je ne connais personne dans cette vie pouvant m'aider...
Un peu plus tôt, elle est venue me menacer et me prévenir que demain je retourne à la maison. J'imagine que je dois m'attendre au pire à mon retour.
D'après ce que j'ai compris c'est ce médecin qui m'a sauvé la vie.
Il a l'air de quelqu'un de bien mais comme me le répétait si bien ma mère "il faut se méfier des apparences".
Je me sens redevable envers lui, qu'est-ce qu'une fille comme moi peut-elle offrir à un homme comme lui qui à l'air de ne manquer de rien?
Ce dernier me sort de mes pensées en m'appelant!
Lui: Binta!
Je porte mon regard sur lui, il était accompagné d'une femme...
Moi: Vous êtes revenu?
Lui: Oui! Et arrête de me vouvoyer. Je te présente ma tante, c'est elle qui a payé tous les frais d'hospitalisation. Elle demande souvent de tes nouvelles.
Moi: Merci! Je vous serai éternellement reconnaissante. Que Dieu vous accorde une longue vie remplie de bonheur!
Elle vint essuyer mes larmes!
Elle: Arrête de pleurer toi aussi! Ça va aller! Regarde moi, je suis là pour toi: tu n'es pas seul.
Moi: Je ne sais pas quoi dire!
Elle: Tu me fais penser à ma fille: Myriam, elle est âgée de 27ans et vit chez son mari. J'ai aussi un fils: le cadet, il a 20ans son nom c'est Thierno.
Le médecin nous laissa seules, elle me parlait de sa vie, ses enfants en particulier Thierno. Je me contentais d'écouter.