Ce matin-là, le froid mordant de décembre semblait s'accorder avec son humeur glaciale. Les rues scintillaient sous la lumière des décorations de Noël, mais Élodie ne voyait que des souvenirs douloureux se refléter dans les vitrines.
Clara, en revanche, avait une énergie débordante.
- On peut faire un bonhomme de neige après l'école ? demanda-t-elle avec enthousiasme.
Élodie força un sourire.
- On verra, ma puce.
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En arrivant à l'entrepôt, l'ambiance était effervescente. Les commandes affluaient pour les fêtes, et les employés s'activaient dans une joyeuse frénésie.
- Élodie ! interpella Claire, visiblement excitée. Tu sais ce qui se passe ?
Élodie haussa les sourcils.
- Non, quoi donc ?
- Julien... enfin, M. Dupont, a organisé une surprise pour tout le personnel. On parle d'un énorme geste pour Noël !
Le cœur d'Élodie se serra. Pourquoi Julien continuait-il à faire des vagues dans sa vie ?
- Génial, répondit-elle, feignant l'indifférence.
Mais au fond, une part d'elle était curieuse.
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À midi, les employés furent invités à sortir dans la cour arrière. Une grande scène avait été installée, décorée de guirlandes lumineuses et de sapins enneigés. Des tables garnies de friandises et de boissons chaudes parsemaient l'espace.
Julien, vêtu d'un manteau sombre qui lui donnait une allure imposante, se tenait au centre de la scène.
- Merci à tous d'être ici aujourd'hui, lança-t-il d'une voix forte et assurée.
Les murmures se calmèrent.
- Cette année a été pleine de défis, mais je voulais vous montrer ma reconnaissance pour votre dévouement.
Il fit un signe de la main, et une série de camions s'avancèrent. Des cadeaux, des paniers garnis, et même des chèques de prime de fin d'année furent distribués sous les applaudissements enthousiastes des employés.
Élodie resta à l'écart, observant la scène avec une méfiance grandissante.
Claire lui donna un léger coup de coude.
- Franchement, il sait comment se faire pardonner, non ?
- Pardonner quoi ? répliqua Élodie sèchement.
Claire haussa les épaules, perplexe.
- Bah, peu importe ce qu'il a fait. C'est un bon gars, ça se voit.
Élodie serra les dents.
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Après la fête, alors que les employés se dispersaient, Julien s'approcha discrètement d'Élodie.
- On peut parler ? demanda-t-il d'une voix calme.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, répondit-elle froidement.
Il posa une main sur son bras, la forçant à le regarder.
- Je ne lâcherai pas, Élodie. Pas toi.
Le ton de sa voix la déstabilisa.
- Tu veux quoi, Julien ? Que je fasse comme si tout allait bien ? Comme si tu n'avais pas menti pendant des mois ?
- Je veux que tu voies au-delà de mon erreur, insista-t-il. Je t'aime, Élodie. Toi et Clara.
Ces mots, bien qu'attendus, firent vaciller ses certitudes.
- L'amour ne suffit pas, murmura-t-elle.
Il plongea son regard dans le sien.
- Alors dis-moi ce que je dois faire. Je suis prêt à tout pour toi.
Elle déglutit, tiraillée entre ses émotions contradictoires.
- Prends le temps de réfléchir, Julien. Moi aussi, j'en ai besoin.
Elle se détourna, laissant Julien seul sous les flocons qui tombaient doucement.
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Cette nuit-là, alors qu'Élodie peinait à trouver le sommeil, Clara se glissa dans sa chambre.
- Tu penses encore à Julien ? demanda-t-elle innocemment.
Élodie soupira.
- Pourquoi tu dis ça, ma puce ?
Clara haussa les épaules.
- Parce que tu es triste depuis qu'il n'est plus là. Moi aussi, il me manque.
Ces mots transpercèrent Élodie. Elle réalisa que Clara avait raison. L'absence de Julien avait laissé un vide qu'elle avait tenté de combler en vain.
Mais pouvait-elle vraiment lui pardonner ?
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Le lendemain, une nouvelle inattendue vint bouleverser l'équilibre fragile qu'Élodie essayait de maintenir.
- Élodie ! cria Claire en courant vers elle.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Julien... Il y a eu un accident sur la route ce matin. Il est à l'hôpital.
Le monde d'Élodie vacilla. Sans réfléchir, elle attrapa son manteau et se précipita vers la sortie, le cœur battant à tout rompre.
La peur la submergeait. Et au milieu de cette panique, une certitude émergea : elle ne pouvait pas perdre Julien. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'ils avaient traversé.