Au milieu de cette agitation, Élodie Marchal, gestionnaire de l'entrepôt, traversait les couloirs d'un pas rapide, son manteau serré contre elle. La trentaine bien entamée, elle affichait une mine déterminée malgré les cernes qui alourdissaient son regard noisette. Mère célibataire depuis trois ans, elle avait dû apprendre à jongler entre ses responsabilités professionnelles et l'éducation de sa nièce Clara, une adolescente vive et débrouillarde qu'elle élevait comme sa propre fille.
- Élodie ! appela Ludivine, son assistante, en courant à sa suite. Les stocks de jouets sont bloqués à l'entrepôt nord. Si on ne débloque pas la situation rapidement, on va avoir une émeute en magasin !
Élodie soupira, ralentissant à peine.
- Appelle le responsable de l'entrepôt nord et demande-lui de prioriser notre livraison. Et si ça ne bouge pas dans une heure, je veux les appeler moi-même. Compris ?
Ludivine hocha la tête avant de s'éloigner en pianotant sur son téléphone. Élodie continua son chemin jusqu'à la salle de pause où une réunion improvisée l'attendait.
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- Silence, tout le monde ! lança Élodie en frappant dans ses mains.
Les discussions s'éteignirent progressivement. Devant elle, une dizaine d'employés attendaient ses instructions, visiblement fatigués mais prêts à en découdre.
- Merci à tous d'être là. Je sais que cette période est un enfer, mais on doit tenir bon. Les commandes explosent, les rayons doivent être remplis, et les clients comptent sur nous. Si vous avez des problèmes, vous me le dites immédiatement. Pas de panique inutile, d'accord ?
Un murmure d'assentiment parcourut l'assemblée.
- Très bien. On reprend dans dix minutes.
Alors que les employés se dispersaient, Élodie sentit une présence à ses côtés. Elle se retourna et tomba nez à nez avec un homme qu'elle n'avait encore jamais vu. Grand, brun, avec une barbe soigneusement taillée et des yeux gris perçants, il portait la veste bleue des saisonniers.
- Bonjour, dit-il en tendant la main. Julien Morel, nouvel employé pour la période de Noël.
Élodie haussa un sourcil tout en serrant sa main.
- Bienvenue, Julien. J'espère que vous êtes prêt à affronter la tempête.
- Toujours, répondit-il avec un sourire énigmatique.
Il y avait quelque chose d'intrigant chez lui, mais Élodie n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage. Ludivine surgit à nouveau, visiblement paniquée.
- Élodie, on a un problème avec la caisse centrale ! Le système a planté et on ne peut plus scanner les produits.
- Génial... grogna Élodie. Ludivine, appelle l'informatique. Julien, suivez-moi. Vous allez découvrir ce qu'est une vraie journée en enfer.
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À la fin de la journée, Élodie était exténuée. Malgré les imprévus, elle avait réussi à maintenir l'équilibre. Julien s'était révélé étonnamment efficace et débrouillard, prenant des initiatives qui avaient allégé la charge de travail de l'équipe. Clara, qui l'avait croisé dans les allées, n'avait pas cessé de parler de lui tout le trajet du retour.
- Il est cool, ton nouveau collègue, lança-t-elle en se servant une tasse de chocolat chaud.
- C'est juste un employé saisonnier, répondit Élodie en retirant son manteau.
- N'empêche, il a réussi à réparer ma trottinette en deux secondes. Tu devrais peut-être lui proposer de rester après Noël, non ?
Élodie esquissa un sourire malgré elle. Clara avait raison : Julien semblait avoir plus d'un tour dans son sac.
Ce qu'elle ignorait, c'est qu'il cachait un secret bien plus grand que ses compétences en mécanique. Dans un bureau luxueux situé au siège de SuperMarché, un cadre supérieur surveillait discrètement les opérations de l'entrepôt.
- Alors, M. Morel, murmura-t-il en observant une photo de Julien sur son écran. Voyons combien de temps vous tiendrez votre couverture.
Le ton de l'histoire venait de changer. Les fêtes de Noël promettaient d'être plus mouvementées que prévu.