Les premiers rayons du soleil pénétraient timidement dans l'appartement de Jeanne lorsqu'elle ouvrit les yeux, encore engourdie par une nuit agitée. Comme chaque matin, elle attrapa son téléphone pour vérifier ses messages. Mais cette fois, ce n'étaient pas les rappels académiques ou les alertes de son agenda qui l'accueillirent, mais une avalanche de notifications.
Elle cliqua sur l'une des alertes, un article en ligne affichant une photo d'elle et Nathan côte à côte lors du gala de la semaine précédente. Les mots en gras sous l'image firent battre son cœur plus vite qu'elle ne l'aurait voulu :
**« Amour retrouvé ? Nathan Declan aperçu avec une mystérieuse jeune femme ! »**
La photo avait été prise à son insu, capturant un moment où leurs regards s'étaient croisés avec une intensité qu'elle n'aurait jamais voulu rendre publique.
Elle roula des yeux et murmura pour elle-même : « Sérieusement ? »
Alors qu'elle défilait sur l'écran, elle réalisa que ce n'était pas qu'un article isolé. Les tabloïds semblaient s'être emparés de leur collaboration professionnelle pour tisser une toile de rumeurs enflammées. Une photo d'eux quittant le bureau de Nathan, un extrait flou de leur discussion animée dans un café, et même des spéculations grotesques sur une prétendue réconciliation sentimentale.
Son téléphone vibra. Un appel entrant de... Nathan.
Elle hésita, puis décrocha avec un soupir exaspéré. « Quoi encore ? »
« Bonjour à toi aussi, » répondit-il d'un ton amusé, avant de devenir plus sérieux. « Je suppose que tu as vu les articles. »
« Évidemment, » grogna-t-elle. « Comment auraient-ils pu obtenir ces photos ? »
« Les paparazzis. Ils sont partout. Je suis désolé, Jeanne. C'est l'inconvénient de ce métier. »
« L'inconvénient ? » Elle éclata d'un rire amer. « Nathan, ma vie privée vient d'être piétinée. Tu appelles ça un simple inconvénient ? »
Il resta silencieux un instant, comme s'il cherchait les bons mots. « Écoute, je comprends que tu sois furieuse. Mais laisse-moi gérer ça. Je vais contacter mon agent, faire une déclaration pour clarifier les choses. »
« Et dire quoi ? Que je suis une pauvre étudiante coincée dans ce chaos parce que j'ai eu la brillante idée d'accepter de travailler avec toi ? »
Plus tard dans la journée, Jeanne se rendit au studio avec une boule au ventre. Chaque regard qu'elle croisait semblait porter une teinte de curiosité ou de jugement. Les assistants chuchotaient à voix basse, leurs yeux scrutant ses moindres mouvements.
Dans la salle de réunion, Nathan l'attendait déjà, appuyé contre la table avec une tasse de café à la main. Il leva les yeux lorsqu'elle entra, son expression à mi-chemin entre l'inquiétude et la culpabilité.
« Jeanne, » commença-t-il doucement, mais elle leva la main pour l'interrompre.
« Je n'ai pas envie de parler de ça. Concentrons-nous sur le travail. »
Il hocha la tête, respectant son souhait. Mais au fond de lui, il savait que ce n'était qu'une question de temps avant que la situation ne devienne ingérable.
Après quelques heures de travail en silence, l'interphone de la salle retentit. Nathan répondit, et une voix féminine annonça : « Monsieur Declan, des journalistes attendent à l'entrée. Ils insistent pour obtenir une déclaration. »
Jeanne se figea. « Des journalistes ? Ici ? »
Nathan fronça les sourcils. « Je m'en occupe. Reste ici. »
« Nathan, non ! » s'exclama-t-elle. « Si tu sors maintenant, tu vas juste alimenter leurs rumeurs. »
Il la regarda avec intensité. « Alors quoi ? Tu veux qu'on les laisse faire ? Qu'on leur donne carte blanche pour écrire ce qu'ils veulent ? »
Elle baissa les yeux, consciente qu'il avait raison, mais incapable de supporter l'idée d'être sous le feu des projecteurs.
Quelques minutes plus tard, Nathan revint, visiblement agacé. « Ils ne partiront pas sans avoir quelque chose. »
Jeanne se passa une main dans les cheveux, frustrée. « Et maintenant ? On les ignore jusqu'à ce qu'ils se lassent ? »
« Pas exactement, » répondit-il en s'asseyant en face d'elle. « Écoute, j'ai une idée. Ça ne te plaira peut-être pas, mais ça pourrait marcher. »
Elle croisa les bras, méfiante. « Je t'écoute. »
« Et si on jouait leur jeu ? »
Elle écarquilla les yeux. « Pardon ? »
« Si on leur donnait juste assez pour qu'ils se calment. Une déclaration simple, mais ambiguë. Rien de trop compromettant. »
Jeanne secoua la tête. « Absolument pas. Je ne vais pas alimenter leurs fantasmes. »
Il posa une main sur la table, la fixant avec sérieux. « Tu crois vraiment qu'ils vont s'arrêter autrement ? Jeanne, je ne veux pas que tu souffres à cause de ça. Fais-moi confiance. »
Après une longue discussion, elle finit par céder à contrecœur. Le soir même, une déclaration officielle fut publiée, affirmant que leur relation était strictement professionnelle. Mais comme elle le craignait, cela ne fit qu'attiser la curiosité des médias.
Les jours suivants furent un enfer. Des photographes attendaient parfois devant chez elle, des collègues de l'université murmuraient dans son dos, et même ses parents l'appelèrent pour lui demander si elle fréquentait vraiment « la star ».
Un soir, alors qu'elle était sur le point de rentrer chez elle, Nathan la rattrapa à la sortie du studio.
« Jeanne, attends. »
Elle se retourna, fatiguée. « Quoi encore, Nathan ? »
« Viens dîner avec moi ce soir. »
Elle haussa un sourcil. « Pardon ? »
« Juste pour parler, » insista-t-il. « Pas de travail, pas de médias. Juste toi et moi. »
Elle hésita, puis finit par accepter, se disant qu'il valait mieux mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes.
Le dîner se déroula dans un restaurant discret, loin des regards indiscrets. Nathan tenta de détendre l'atmosphère avec des anecdotes sur sa carrière, mais Jeanne resta sur la défensive.
« Pourquoi fais-tu tout ça, Nathan ? » finit-elle par demander, le regard planté dans le sien.
Il posa sa fourchette, visiblement pris de court. « Tout quoi ? »
« Cette insistance, cette... proximité. Pourquoi ne pas simplement me laisser tranquille ? »
Il soupira, son expression devenant plus sérieuse. « Parce que je tiens à toi, Jeanne. Et parce que je ne veux pas que tu penses que je t'utilise. »
Elle resta silencieuse, touchée malgré elle par ses mots. Mais elle n'était pas prête à baisser sa garde. Pas encore.
Jeanne tapota nerveusement son verre à vin vide, assise à une table au centre d'un restaurant chic et feutré de la ville. Les lumières tamisées et la musique jazz en fond rendaient l'endroit idéal pour un dîner en tête-à-tête, mais elle se sentait tout sauf détendue. Nathan, en face d'elle, était impeccablement vêtu d'une chemise sombre qui soulignait sa silhouette athlétique. Sa présence imposante remplissait la pièce, attirant les regards des autres convives.