Elle prit une profonde inspiration et saisit son téléphone. Avant de pouvoir changer d'avis, elle composa le numéro qu'il lui avait donné.
« Jeanne, » répondit-il presque immédiatement, sa voix chaleureuse.
« J'ai réfléchi à votre offre, » dit-elle d'un ton neutre.
Il attendit en silence, lui laissant le temps de continuer.
« J'accepte. Mais à une condition : il n'y aura rien de personnel entre nous. Strictement professionnel. »
Un léger silence suivit, puis il répondit doucement : « D'accord. Je respecte cela. »
Le lendemain matin, Jeanne se présenta dans un studio d'enregistrement luxueux où Nathan l'avait conviée pour un premier rendez-vous professionnel. Le lieu débordait de techniciens, de producteurs, et d'assistants qui couraient dans tous les sens.
Nathan l'attendait dans une salle de réunion vitrée, un dossier de contrats posé devant lui.
« Merci d'être venue, » dit-il en se levant pour lui serrer la main.
Jeanne resta professionnelle, son regard fixé sur les papiers. « Commençons. »
Ils passèrent plusieurs heures à examiner des clauses, à discuter des points litigieux et des éventuels ajustements. Jeanne était surprise par la complexité des contrats et le nombre de demandes exagérées des différentes parties.
À un moment, Nathan laissa échapper un rire. « Vous êtes incroyablement minutieuse. Je crois que même mon avocat principal ne pose pas autant de questions. »
Elle haussa les épaules. « Si vous voulez quelqu'un d'honnête, attendez-vous à ce qu'il ne vous laisse pas tout passer. »
Il sourit, mais ses yeux trahissaient une certaine admiration.
Alors qu'ils terminaient leur session, Jeanne rassembla ses affaires, prête à partir. Mais Nathan l'arrêta avant qu'elle ne franchisse la porte.
« Jeanne... Je voulais te remercier. Je sais que ce n'est pas facile pour toi. »
Elle s'arrêta, sa main sur la poignée. « Pourquoi dites-vous ça ? »
Il hésita, cherchant ses mots. « Parce que je sais que j'ai fait des erreurs. Peut-être que je t'ai blessée, autrefois. Et pourtant, tu es ici. Ça compte pour moi. »
Elle se tourna lentement vers lui, son regard froid. « Nathan, si je suis ici, c'est uniquement parce que j'ai besoin de ce travail. Pas pour toi. »
Il hocha la tête, respectant sa réponse, mais elle pouvait voir une ombre de tristesse passer sur son visage.
Alors qu'elle quittait la pièce, Jeanne sentit un mélange d'émotions contradictoires. Elle avait été claire avec lui, mais pourquoi avait-elle l'impression que tout cela devenait déjà plus compliqué qu'elle ne l'avait prévu ?
Jeanne poussa la porte de la salle de réunion du studio, un dossier serré contre elle. C'était leur première réunion officielle depuis qu'elle avait accepté de travailler avec Nathan. La pièce était inondée de lumière, grâce à de larges baies vitrées offrant une vue imprenable sur la ville. Nathan était déjà là, assis nonchalamment, un café à la main et son téléphone posé devant lui.
« Bonjour, » lança-t-il en se levant. Il lui adressa un sourire décontracté, comme si leur passé n'était qu'un lointain souvenir sans importance.
« Bonjour, » répondit-elle d'un ton neutre en prenant place. Elle posa ses affaires sur la table et se mit immédiatement à déballer les documents nécessaires. Elle avait décidé qu'aujourd'hui serait une journée purement professionnelle. Aucune place pour les souvenirs ou les émotions malvenues.
Nathan sembla capter son humeur et s'éclaircit la gorge avant de reprendre. « Bien, avant de commencer, je voulais te remercier encore une fois pour ton travail. J'ai déjà parcouru quelques notes que tu as laissées sur le contrat principal, et je dois dire que c'est impressionnant. »
« C'est mon travail, » répondit-elle sans lever les yeux, ses doigts feuilletant les pages. « Alors, commençons. Vous avez mentionné vouloir revoir les clauses de distribution. »
Nathan sourit légèrement, comme amusé par son professionnalisme rigide. « Oui, mais avant ça, je pense qu'on devrait parler de quelque chose d'important. »
Jeanne releva enfin la tête, ses sourcils se fronçant. « De quoi parlez-vous ? »
Il se pencha en avant, posant ses coudes sur la table. « De toi et moi. »
Elle sentit son estomac se nouer, mais elle se força à rester impassible. « Il n'y a pas de 'toi et moi', Nathan. Nous sommes collègues, rien de plus. »
Il hocha la tête lentement, mais son regard restait fixe sur elle, comme s'il cherchait à lire entre les lignes. « Tu sais très bien que ce n'est pas si simple. Nous avons un passé, Jeanne. Pourquoi faire semblant qu'il n'existe pas ? »
Sa mâchoire se serra, et elle repoussa son dossier. Elle avait attendu ce moment. Elle savait qu'il finirait par évoquer leur histoire, et elle s'était juré de ne pas le laisser la déstabiliser.
« Très bien, parlons-en, » dit-elle d'un ton tranchant. « Oui, nous avons un passé. Mais il n'a rien d'important aujourd'hui. Toi, une star montante. Moi, une étudiante en droit qui essaie de boucler ses fins de mois. On vit dans deux mondes différents, Nathan. Ce que nous avons eu n'était rien d'autre qu'une erreur. »
Ses paroles claquèrent dans l'air comme un coup de fouet. Nathan recula légèrement, surpris par sa dureté.
« Une erreur ? » répéta-t-il, sa voix teintée d'incrédulité. « C'est tout ce que ça représentait pour toi ? »
Jeanne croisa les bras et le fixa droit dans les yeux. « Oui. Une erreur que je ne compte pas répéter. »
Un silence tendu s'installa dans la pièce. Nathan semblait lutter pour trouver les mots justes. Puis il éclata d'un rire amer.
« Tu es incroyable, tu sais ça ? » dit-il en secouant la tête. « Tu prétends que tout ça n'a jamais compté pour toi, mais si c'était vrai, pourquoi es-tu aussi en colère ? »
« Je ne suis pas en colère, » répliqua-t-elle immédiatement, sa voix plus forte qu'elle ne l'aurait voulu.
« Ah, vraiment ? » Il se redressa, son regard devenant plus intense. « Alors pourquoi évites-tu de me regarder ? Pourquoi refuses-tu de parler de ce qui s'est passé ? »
Jeanne sentit une vague de frustration monter en elle. Il avait toujours eu ce talent pour la pousser dans ses retranchements.
« Parce que ça n'a aucune importance, Nathan ! » explosa-t-elle finalement. « Ce que tu veux que je dise ? Que tu m'as brisée ? Que j'ai passé des mois à essayer de comprendre pourquoi tu m'avais laissée tomber comme une vieille chaussette ? Non, merci. Je ne vais pas te donner ce pouvoir sur moi. »
Ses mots étaient acérés, tranchants. Mais elle ne pouvait plus les retenir.
Nathan la fixa, silencieux, son expression passant de la colère à quelque chose de plus doux, presque triste.
« Jeanne... je n'ai jamais voulu te blesser, » dit-il finalement, sa voix presque un murmure. « Si j'ai fait des erreurs, c'est parce que j'étais jeune, stupide, et complètement dépassé. Je ne savais pas comment gérer ce que je ressentais pour toi. »