Finalement, elle trouva refuge près d'une table où étaient disposés des hors-d'œuvre. Elle attrapa un petit canapé et tenta de se calmer.
« Tu sais, tu n'as jamais aimé les mondanités. »
La voix masculine, profonde et familière, la fit sursauter. Elle se retourna et se retrouva face à Nathan.
Il était encore plus impressionnant de près. Ses cheveux étaient légèrement plus courts qu'autrefois, mais ses yeux restaient les mêmes : perçants, d'un bleu intense.
« Pardon ? » balbutia-t-elle, feignant l'indifférence.
Nathan haussa un sourcil, une ombre de confusion traversant son visage. « Je me suis dit que vous n'aviez pas l'air à votre place ici. Comme moi, à vrai dire. »
Il ne la reconnaissait pas. Jeanne sentit un mélange étrange de soulagement et de douleur.
« Peut-être que je ne suis pas à ma place, » répondit-elle en reprenant son sang-froid.
Nathan esquissa un sourire. « Vous êtes étudiante ici ? »
Elle hocha la tête. « Oui, en droit. Et vous ? Qu'est-ce qui vous amène ici ? »
Il posa son verre vide sur une table voisine. « L'un des professeurs m'a invité. Apparemment, il pense que ma présence peut attirer du monde pour la cause. »
« Eh bien, ça semble fonctionner, » répliqua Jeanne en jetant un coup d'œil aux nombreux invités qui continuaient de tourner autour de lui comme des papillons autour d'une flamme.
Nathan eut un petit rire. « Oui, c'est un peu... envahissant, parfois. »
Jeanne sentit sa colère monter. Envahissant ? Il parlait de sa célébrité comme si c'était un inconvénient mineur, alors qu'il avait choisi cette vie en sacrifiant tout, y compris elle.
Mais elle ne dit rien. Pas encore.
Après quelques minutes de conversation anodine, Nathan pencha légèrement la tête, une expression pensive sur le visage.
« Vous me rappelez quelqu'un, » dit-il soudain.
Jeanne sentit son estomac se nouer. « Vraiment ? Je doute que nous nous soyons déjà rencontrés. »
Il plissa les yeux, comme s'il essayait de percer un mystère. « Peut-être... Mais c'est étrange. Vous avez ce regard... »
« Je crois que vous êtes simplement fatigué, » coupa-t-elle sèchement, décidant qu'il était temps de mettre fin à cet échange.
Elle fit un pas en arrière, mais il attrapa doucement son poignet, la retenant.
« Attendez. Je suis désolé si je vous ai mise mal à l'aise. Ce n'était pas mon intention, » dit-il, son ton sincère.
Jeanne le fixa, déchirée entre son envie de fuir et son désir de rester. Ce n'était pas le moment, ni le lieu pour régler leurs comptes, mais la tension entre eux était presque insupportable.
« Vous ne m'avez pas mise mal à l'aise, » mentit-elle.
Nathan la regarda un instant, puis hocha la tête et la lâcha. « D'accord. Dans ce cas, peut-être que nous nous croiserons plus tard. »
Il s'éloigna, laissant Jeanne debout, son cœur battant à tout rompre.
Après le gala, Jeanne retrouva Émilie dans le hall.
« Alors ? Je t'ai vue parler à lui, » dit Émilie, un sourire malicieux sur le visage.
Jeanne leva les yeux au ciel. « Il ne m'a pas reconnue. »
Émilie haussa les sourcils. « Tu plaisantes ? Il était littéralement fou de toi à l'époque. Comment a-t-il pu t'oublier ? »
Jeanne haussa les épaules, feignant l'indifférence. Mais au fond, elle se posait la même question.
Alors qu'elles sortaient du bâtiment, Jeanne sentit un regard sur elle. Elle se retourna et vit Nathan, debout près de sa voiture, les observant.
Leurs regards se croisèrent, et cette fois, elle sentit une étincelle. Quelque chose dans ses yeux suggérait qu'il commençait à se souvenir.
Les rayons du soleil perçaient à travers les rideaux de la petite chambre de Jeanne. Elle s'était réveillée avec une migraine, conséquence des émotions intenses de la veille. Le gala avait laissé une marque plus profonde qu'elle ne voulait l'admettre. Revoir Nathan, sentir son regard perçant, entendre sa voix... Tout cela avait ouvert des plaies qu'elle croyait cicatrisées depuis longtemps.
Elle se redressa lentement, son téléphone vibrant sur sa table de chevet. Un message d'Émilie s'affichait :
** »J'ai entendu dire que Nathan a demandé à te parler à nouveau. C'est quoi cette histoire ? »**
Jeanne soupira. Émilie et son instinct journalistique... Elle répondit rapidement.
** »Rien d'important. On s'est croisés, c'est tout. »**
Avant qu'elle ne puisse poser son téléphone, une autre notification apparut. Cette fois, c'était un numéro inconnu. Curieuse, elle ouvrit le message.
** »Bonjour Jeanne. C'est Nathan. J'aimerais vous parler d'une opportunité professionnelle. Appelez-moi quand vous êtes disponible. »**
Elle fixa l'écran, perplexe. Une opportunité professionnelle ? Depuis quand Nathan était-il impliqué dans quoi que ce soit de « professionnel » qui la concernait ?
Quelques heures plus tard, elle se retrouvait dans un café chic du centre-ville, une table réservée dans un coin isolé. Nathan était déjà là, vêtu d'un blazer décontracté, une tasse de café à la main.
« Merci d'être venue, » dit-il en se levant pour la saluer.
Jeanne hocha la tête, son visage neutre. « Je suis ici parce que votre message était intriguant. Mais je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous attendez de moi. »
Il esquissa un sourire. « Toujours aussi directe, hein ? »
Elle resta impassible, croisant les bras. « Pourquoi ne pas aller droit au but, Nathan ? »
Il prit une profonde inspiration et posa sa tasse sur la table. « J'ai besoin d'un peu d'aide juridique pour gérer mes contrats. Mon avocat principal est très compétent, mais il manque parfois... de souplesse dans certaines négociations. »
Jeanne haussa un sourcil, peu convaincue. « Vous voulez que je remplace un avocat expérimenté ? »
Nathan secoua la tête. « Pas remplacer. Je cherche quelqu'un pour m'assister, pour avoir une autre perspective. Vous êtes en droit, non ? Et vous avez toujours été incroyablement perspicace. »
Un silence s'installa entre eux. Jeanne le dévisageait, cherchant une faille dans son discours. Était-ce une manière détournée de se rapprocher d'elle ? Ou avait-il réellement besoin d'aide ?
« Pourquoi moi ? Vous avez des moyens considérables, Nathan. Vous pourriez engager un expert. »
Il hésita, ses yeux se perdant un instant dans son café. « Peut-être que je voulais travailler avec quelqu'un en qui j'ai confiance. »
Jeanne sentit son cœur se serrer, mais elle se força à garder son calme. « Vous ne pouvez pas me faire confiance. Vous ne me connaissez plus. »
Il releva les yeux vers elle, son expression sérieuse. « Peut-être. Mais j'ai confiance en votre capacité à être honnête. Et c'est plus que ce que je peux dire pour beaucoup de gens autour de moi. »