Chapitre 6 Chapitre 6

Pendant ce temps, dans un autre quartier de la ville, Camille Besson était plongée dans un dossier

Peu après, dans un couloir isolé, Victor intercepta Roxane. Il avait attendu ce moment toute la soirée, et son regard déterminé trahissait sa résolution.

- Roxane, on doit parler, maintenant.

Elle s'arrêta, surprise par son ton.

- Je suis occupée, Victor. Ce n'est ni le moment ni l'endroit.

- Je m'en fiche. Ça fait des jours que j'attends des réponses. Alors tu vas m'écouter.

Elle croisa les bras, tentant de masquer son malaise.

- Très bien. Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Les jumeaux, Roxane. Ils sont à moi, n'est-ce pas ?

Un silence pesant s'installa. Les mots de Victor résonnaient encore dans le couloir, et Roxane sentit une boule se former dans sa gorge.

- Pourquoi est-ce que tu crois ça ? finit-elle par demander, sa voix tremblante malgré elle.

- Ne joue pas à ce jeu avec moi, répondit-il, le regard brûlant de colère et de douleur. J'ai fait un test ADN. Je sais qu'Éléa et Mathias sont mes enfants.

Roxane recula d'un pas, comme si les mots avaient été un coup physique.

- Tu as osé faire ça ? Sans me demander, sans même parler aux enfants ?

- Et toi, tu as osé me cacher leur existence ! Tu les as arrachés à leur père, Roxane. Pourquoi ?

Elle détourna les yeux, incapable de soutenir son regard.

- Ce n'est pas si simple, murmura-t-elle.

- Alors explique-moi ! cria Victor, sa voix résonnant dans le couloir désert.

Mais Roxane secoua la tête, les larmes aux yeux.

- Pas ici. Pas maintenant.

Avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle s'éloigna rapidement, laissant Victor seul avec sa colère et ses questions.

De retour dans la salle de réception, Gabriel se tenait à nouveau au micro. Son intervention précédente avait suscité des discussions animées parmi les invités, et il savait que les prochaines minutes étaient cruciales.

- Mesdames et messieurs, reprit-il, je tiens à souligner que ce projet n'est pas seulement celui de Roxane, mais aussi celui de toutes les personnes qui croient en une médecine accessible à tous.

Il continua sur ce ton, parvenant à regagner l'attention et la confiance des donateurs. Cependant, dans un coin de la salle, les pensées de Camille bouillonnaient. Elle ne comptait pas laisser Roxane s'en tirer si facilement.

Alors qu'elle quittait les lieux, elle sortit son téléphone et composa un numéro.

- C'est moi, dit-elle sèchement. J'ai besoin de ton aide pour régler un problème. Une bonne fois pour toutes.

Son ton était glacial, et sa détermination, implacable.

Roxane parcourait les papiers sur son bureau avec une rapidité presque frénétique. La plainte qu'elle venait de recevoir, une menace directe contre la clinique, ne laissait plus aucune place au doute : la situation venait de franchir un nouveau seuil. Les mots sur le document étaient durs et précis. Une plainte déposée par un concurrent local, soutenue par des témoignages de patients insatisfaits, accusait la clinique de négligence et de pratiques douteuses. Le texte se terminait par une phrase glaciale : "Si aucune action corrective n'est entreprise dans les plus brefs délais, nous demanderons la fermeture immédiate de vos installations."

Roxane sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Tout ce qu'elle avait bâti, tout ce qu'elle avait sacrifié, risquait de partir en fumée à cause de cette accusation. Elle aurait voulu balancer les papiers à travers la pièce, mais au lieu de ça, elle les reposa lentement, sa respiration se faisant plus courte. Ses yeux se posèrent sur son téléphone. Il fallait qu'elle parle à Gabriel. Même s'il était médecin et qu'il n'avait pas forcément une expertise juridique, il était toujours prêt à l'aider.

Elle composa son numéro avec une certaine précipitation.

- Gabriel, c'est Roxane, commença-t-elle d'une voix rauque. J'ai un problème... un gros problème. J'ai reçu une plainte officielle contre la clinique. Ils veulent nous faire fermer.

Il y eut un silence à l'autre bout du fil. Puis, Gabriel répondit calmement, sa voix rassurante.

- Ne panique pas, je vais t'aider. On va voir ça ensemble. Je vais contacter un avocat et je vais m'occuper de parler à certains patients pour qu'ils témoignent en ta faveur.

Roxane se laissa aller dans son fauteuil, fermant les yeux un instant. Un frisson de soulagement la parcourut en entendant la détermination dans la voix de Gabriel. Il allait l'aider. Mais une question persistait : qui avait bien pu monter un coup pareil contre elle ? Et pourquoi maintenant ?

- Merci, murmura-t-elle. Mais... je ne sais même pas par où commencer.

- D'abord, reste calme, lui répondit-il. Je vais te guider à travers tout ça. On va leur montrer qu'il n'y a rien à cacher, et qu'on est prêts à se défendre. Ne t'inquiète pas.

Les mots de Gabriel, même si réconfortants, n'arrivaient pas à dissiper complètement le malaise qui l'envahissait. Après avoir raccroché, Roxane resta un moment dans son bureau, les yeux dans le vide, réfléchissant à la meilleure façon de réagir. Mais une autre pensée, plus urgente encore, s'imposa à son esprit. Où était Éléa ?

Elle se leva brusquement et quitta précipitamment son bureau. La maison était calme, trop calme. En entrant dans le salon, elle appela Éléa, mais personne ne répondit. Un léger frisson parcourut son dos. Ce n'était pas normal.

Elle monta les escaliers en courant, vérifiant chaque pièce. Aucun signe de sa fille. La panique monta en elle. Éléa n'aurait jamais disparu sans prévenir.

Elle chercha dans le jardin, dans la rue, mais il n'y avait toujours aucune trace de la petite. Elle s'apprêtait à appeler la police lorsque, soudainement, son téléphone vibra dans sa poche. C'était un message. De Victor.

"Ne t'inquiète pas, Roxane. Éléa est avec moi. On a fait une petite promenade. Tout va bien."

Roxane sentit une vague de colère déferler sur elle, en même temps qu'un sentiment d'impuissance. Elle avait cherché sa fille partout, pendant des heures, et lui, il s'était permis de l'emmener sans prévenir. La colère fit place à l'inquiétude, et elle appuya sur le bouton d'appel.

- Victor, tu es vraiment malade ?! Comment as-tu osé prendre Éléa sans me le dire ?!

Il la laissa s'emporter, sans rien dire au début.

- Je voulais juste passer un moment avec elle, répondit-il calmement, comme si de rien n'était. Elle me posait des questions, Roxane. Elle voulait savoir qui j'étais pour elle.

- Elle est ma fille, Victor ! cria-t-elle, les larmes aux yeux. Tu n'as aucun droit de l'emmener comme ça.

- Ce n'est pas ce que tu crois, Roxane. Je voulais juste lui montrer qu'elle pouvait me faire confiance. Elle a besoin de savoir qui tu es pour elle, mais aussi qui je suis. Elle a besoin de ses deux parents.

- Arrête de jouer à ce jeu, Victor, tu ne sais même pas ce que tu veux.

Roxane raccrocha brutalement, son cœur battant la chamade. Elle se laissa tomber dans le canapé, les yeux pleins de larmes. Tout devenait incontrôlable. Même son passé, qu'elle croyait enfoui, semblait ressurgir à chaque instant.

Quelques heures plus tard, la situation prit une tournure encore plus dramatique. La rumeur, cette rumeur qui menaçait tout, se propagea comme une traînée de poudre dans la ville. Camille, fidèle à son rôle, n'avait pas tardé à alimenter le feu. À la radio locale, dans les cafés, chez les commerçants, partout, la rumeur circulait. Camille avait fait une annonce publique. Elle avait accusé Roxane d'avoir eu une liaison pendant son mariage avec Victor. Cette accusation, lancée sans aucune preuve tangible, fit l'effet d'une bombe.

Roxane était sous le choc. Camille avait franchi la ligne rouge. Cette fois, il ne s'agissait plus de rumeurs futiles, mais de menaces concrètes contre sa réputation et son avenir. Elle savait que Camille avait toujours cherché à détruire tout ce qu'elle avait construit, mais cette fois, c'était différent. Camille visait plus haut, plus fort, et la cible n'était pas seulement Roxane, mais sa famille entière.

- Ça ne va pas se passer comme ça, marmonna Roxane entre ses dents, les poings serrés.

Elle se leva brusquement, prenant son manteau. Elle devait réagir. Pas seulement pour elle, mais pour ses enfants. Elle avait l'intention de confronter Camille. Mais elle ignorait encore que, cette fois, elle allait trouver un allié inattendu.

Lorsqu'elle arriva chez Camille, le vent soufflait fort, comme une menace silencieuse. Elle n'avait pas prévenu Camille de sa visite, mais elle savait que c'était maintenant ou jamais.

Elle sonna à la porte, et bientôt, Camille apparut, un sourire sarcastique sur le visage.

- Ah, Roxane, tu es venue me voir enfin. Tu veux peut-être t'excuser pour ce que tu as fait à Victor, n'est-ce pas ? Ou peut-être pour ton mariage raté, qui est maintenant la risée de la ville ?

Roxane ne répondit pas immédiatement. Son regard perça Camille, froid, déterminé.

- Je vais te dire une chose, Camille, commença-t-elle d'une voix ferme. Ce que tu as fait, ça va te revenir en plein visage. Tu vas regretter chaque mot que tu as prononcé.

Camille éclata de rire. Mais Roxane, avec une calme menaçante, continua.

- Je ne vais pas partir tant que je n'aurai pas toutes les réponses, Camille. Tu veux jouer à ce jeu-là ? On va jouer.

Mais au moment où elle s'apprêtait à continuer, une silhouette se dessina dans l'ombre de la porte. Un homme, grand, sûr de lui, se tenait derrière Camille.

C'était Gabriel.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022