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volumineux sur Gabriel Morel. Assise à son bureau, elle parcourait les pages avec une précision presque obsessionnelle. Elle savait que fouiller dans le passé des gens pouvait révéler des secrets surprenants, et Gabriel n'allait pas faire exception.
Après plusieurs heures de recherche, elle trouva enfin ce qu'elle cherchait : un incident qui avait failli coûter à Gabriel sa licence médicale. Elle lut attentivement le rapport, un sourire satisfait se dessinant sur ses lèvres.
- Parfait, murmura-t-elle en refermant le dossier avec un claquement sec.
Elle composa rapidement le numéro de Gabriel, sa voix mielleuse masquant à peine ses intentions.
- Gabriel, on pourrait se voir ? J'ai quelque chose d'important à te dire.
Curieux, il accepta de la rejoindre dans un café discret en fin d'après-midi. Camille, vêtue d'une robe sobre mais élégante, arriva en avance, son sourire calculé.
- Alors, Camille, qu'est-ce qui est si urgent ? demanda Gabriel en s'asseyant en face d'elle.
- Je vais aller droit au but, répondit-elle en croisant les jambes. Je sais pour l'incident avec ton ancien patient.
Gabriel blêmit légèrement mais garda son calme.
- Je vois que tu as fait tes devoirs.
- Exactement, sourit-elle. Et tu sais aussi que cette information pourrait causer des dégâts si elle venait à être divulguée.
- Qu'est-ce que tu veux, Camille ?
- Simple, dit-elle en se penchant légèrement en avant. Arrête de soutenir Roxane. Si tu continues à l'aider, je n'hésiterai pas à révéler tout ça.
Gabriel la fixa, pesant ses options. Il savait qu'elle était sérieuse, et il savait aussi qu'il ne pouvait pas se permettre de perdre tout ce qu'il avait construit.
Mais alors qu'il se levait, visiblement ébranlé, une pensée lui traversa l'esprit : Roxane méritait-elle qu'il sacrifie sa carrière pour elle ?
Camille, de son côté, observait son départ avec une satisfaction évidente. Elle avait désormais une arme, et elle comptait bien s'en servir pour détruire Roxane.
La lumière tamisée du matin passait à travers les rideaux légèrement tirés du bureau de Roxane. Assise à son bureau, un stylo entre les doigts, elle tentait de se concentrer sur les dossiers médicaux en cours. Mais son esprit revenait sans cesse aux événements récents. La tension palpable entre elle et Victor, l'insistance des enfants à poser des questions sur leur père, et maintenant cette menace voilée que représentait Camille... tout semblait s'entrelacer en une toile oppressante.
Le bruit de la porte qui s'ouvrait doucement la tira de ses pensées. Gabriel entra, l'air visiblement préoccupé.
- Roxane, on doit parler, dit-il en refermant la porte derrière lui.
Elle releva les yeux, notant l'expression grave sur son visage.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Gabriel s'assit en face d'elle, croisant les mains nerveusement sur ses genoux.
- Camille m'a contacté.
Roxane fronça les sourcils.
- Et ?
- Elle sait quelque chose sur moi... sur mon passé. Un incident que j'ai tout fait pour oublier.
Il baissa les yeux, hésitant à poursuivre. Roxane attendait patiemment, mais l'inquiétude commençait à grandir en elle.
- Elle m'a menacé de tout révéler si je continue à te soutenir dans le projet de la clinique.
- Quoi ? s'exclama Roxane, abasourdie. Et tu as accepté ?
- Non, pas encore. Mais elle est sérieuse, Roxane. Si elle parle, je risque de tout perdre : ma carrière, ma réputation...
Roxane posa son stylo et se leva, commençant à faire les cent pas dans la pièce.
- Elle ne s'arrêtera pas là, Gabriel. Si elle peut te manipuler, elle trouvera d'autres moyens de m'atteindre.
- Je suis désolé, murmura-t-il, la voix emplie de regret.
Elle s'arrêta net, le fixant intensément.
- Ne sois pas désolé. Aide-moi à comprendre ce qu'elle a contre toi. Peut-être qu'ensemble, on peut la contrer.
Gabriel secoua la tête.
- Je ne peux pas. C'est trop risqué.
- Et tu penses que céder à ses demandes te sauvera ? Elle n'en aura jamais assez, Gabriel.
Il resta silencieux, le regard fuyant. Roxane sentit une vague de frustration l'envahir. Elle savait qu'il ne lui dirait rien de plus pour le moment, mais elle ne comptait pas en rester là.
Le soir même, dans le cadre feutré d'un gala organisé par la mairie, Lucien Villeneuve faisait acte de présence. Les cheveux soigneusement peignés en arrière et vêtu d'un costume sobre mais élégant, il semblait à l'aise parmi les notables de la ville. Pourtant, ses pensées étaient ailleurs.
Il repéra Camille Besson près du buffet, entourée de quelques sympathisants. Elle riait d'un rire qui sonnait faux à ses oreilles, et il sentit une bouffée de colère monter en lui.
D'un pas décidé, il traversa la pièce et se planta devant elle.
- Camille, un mot, dit-il d'une voix basse mais ferme.
Camille leva les yeux, surprise par son interruption.
- Lucien. Que puis-je pour vous ?
- Vous savez très bien ce que je veux.
Les gens autour d'eux commencèrent à murmurer, intrigués par la tension visible entre les deux. Camille, toujours maîtresse de ses émotions, esquissa un sourire.
- Je crois que nous pouvons parler ailleurs, non ?
- Non, ici, ça ira très bien, répondit Lucien sèchement.
Il se rapprocha, baissant la voix juste assez pour que seuls les plus proches puissent entendre.
- Laissez ma fille tranquille. Si vous continuez à la menacer ou à nuire à ses projets, vous aurez affaire à moi.
Camille haussa un sourcil, visiblement amusée.
- Est-ce une menace ?
- Non, une promesse, rétorqua Lucien.
Un silence tendu s'installa, mais Camille, imperturbable, haussa les épaules.
- Votre fille n'a qu'à rester à sa place, et tout ira bien.
Lucien sentit sa mâchoire se serrer. Il savait qu'elle jouait un jeu dangereux, mais il n'avait pas encore les moyens de la faire plier.
De son côté, Victor attendait seul dans son bureau, l'enveloppe contenant les résultats du test ADN posée devant lui. Son cœur battait la chamade alors qu'il hésitait à l'ouvrir. Depuis des jours, il avait imaginé mille scénarios, mais aucun ne semblait atténuer le poids de cette révélation potentielle.
Il prit finalement une grande inspiration, déchira l'enveloppe et sortit les documents. Ses yeux parcoururent rapidement les lignes jusqu'à ce qu'il tombe sur les mots qu'il redoutait et espérait à la fois : "Résultat positif à 99,9 %."
Les jumeaux étaient ses enfants.
Il passa une main tremblante dans ses cheveux, tentant de digérer l'information. Une part de lui voulait immédiatement confronter Roxane, exiger des explications sur pourquoi elle avait gardé ce secret si longtemps. Mais une autre part, plus calculatrice, lui disait d'attendre.
Il devait être stratégique. Si Roxane avait caché leur existence, elle devait avoir ses raisons. Et si elle avait peur de quelque chose ou de quelqu'un, il devait comprendre quoi avant de faire un pas de plus.
- Très bien, murmura-t-il pour lui-même. Jouons selon tes règles pour l'instant, Roxane.
Mais dans son esprit, une idée commençait déjà à germer. Une confrontation était inévitable. Et cette fois, elle ne pourrait pas fuir.
La salle de réception de l'hôtel de ville brillait de mille feux sous les lustres imposants. La soirée caritative organisée par la clinique de Roxane battait son plein. Des invités en tenues élégantes circulaient avec des flûtes de champagne à la main, échangeant des sourires mondains et des discussions feutrées. Roxane, habillée d'une robe bleu nuit qui mettait en valeur sa silhouette, se déplaçait d'un groupe à l'autre, saluant les donateurs, remerciant les invités, tout en veillant à ce que tout se passe comme prévu.
Elle savait que cette soirée était cruciale pour l'avenir de la clinique. Les fonds collectés permettraient de financer les nouveaux équipements et les programmes médicaux pour les patients démunis. Malgré son assurance affichée, une tension sourde pesait sur ses épaules. Camille était là, et sa présence suffisait à troubler l'atmosphère.
Près de la scène où un micro avait été installé, Gabriel discutait avec un groupe de médecins locaux. Lorsqu'il aperçut Roxane, il s'excusa poliment et s'approcha.
- Tu te débrouilles à merveille, lui dit-il en souriant, son regard cherchant à capter le sien.
- Merci, répondit-elle avec un léger sourire. Mais reste en alerte. Avec Camille dans les parages, rien n'est jamais sûr.
Gabriel hocha la tête, partageant son inquiétude.
Quelques instants plus tard, le maître de cérémonie annonça le discours de Roxane. La salle s'apaisa, et tous les regards se tournèrent vers elle alors qu'elle montait sur scène.
- Mesdames et messieurs, commença-t-elle d'une voix claire, je vous remercie du fond du cœur pour votre présence ce soir. Ce projet de clinique est bien plus qu'une simple structure médicale ; c'est un rêve, une promesse de donner à chacun une chance de se soigner, peu importe sa condition ou ses moyens.
Les applaudissements éclatèrent, et Roxane continua son discours, partageant des anecdotes touchantes sur ses motivations personnelles. Cependant, alors qu'elle concluait, une voix retentit dans la salle, brisant l'harmonie de l'instant.
- Une promesse ? vraiment ? Mais qu'en est-il des promesses que vous avez brisées dans votre propre vie, Roxane ?
Tous les regards se tournèrent vers Camille, qui se tenait au fond de la salle, un sourire suffisant aux lèvres.
- Camille, qu'est-ce que tu fais ? demanda Roxane, la voix plus dure qu'elle ne l'aurait voulu.
- Je pose une simple question, répondit Camille, s'avançant lentement. N'avez-vous pas des choses à cacher, des choses qui pourraient faire réfléchir ces généreux donateurs ?
Un murmure traversa l'assemblée. Roxane sentit son cœur s'emballer, mais elle resta immobile, fixant Camille avec une intensité froide.
- Si tu as quelque chose à dire, fais-le clairement, Camille, lança-t-elle, le menton légèrement relevé.
Camille sembla hésiter, savourant l'attention qui lui était accordée. Mais avant qu'elle ne puisse continuer, Gabriel se leva de sa chaise.
- Cela suffit, Camille, dit-il d'une voix forte qui imposa le silence dans la salle. Cette soirée n'est pas le lieu pour régler vos comptes personnels.
Camille se tourna vers lui, les yeux plissés.
- Toujours prêt à jouer le chevalier servant, Gabriel ?
- Si défendre une femme courageuse et dévouée fait de moi un chevalier, alors oui, je l'assume, répliqua-t-il, un éclat de défi dans le regard.
Les applaudissements reprirent, plus forts cette fois. Camille, rouge de colère, hésita un instant avant de tourner les talons et de quitter la salle d'un pas rageur.