Un amour perdu
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Chapitre 4 Chapitre 4

La peur me prit soudainement, envahissant chaque partie de mon corps, et avant même de comprendre ce qui se passait, j'ai essayé de me dégager de son étreinte. J'avais besoin d'air, de prendre du recul, tandis que la pièce semblait se rétrécir autour de moi. Mon esprit ne cessait de crier une chose : **fuir, il faut que je parte**.

- « Je ne peux pas, » parvins-je à articuler en me levant d'un bond. Je me mis à marcher nerveusement dans la pièce. « Je ne le ferai pas ! »

- « Personne ne t'y force, Ev, » répondit Curtis d'une voix apaisante. « J'ai déjà dit au Dr Brithney que c'était non. »

À ses mots, mon corps se figea en plein milieu du salon. « T'avais pas le droit de faire ça ! » criai-je, la colère éclatant en moi. Mes mains tremblaient alors que la fureur prenait le dessus. Curtis me regarda comme si j'avais perdu l'esprit.

- « De quoi tu parles ? » répliqua-t-il sur un ton agacé. « Regarde-toi ! Comment tu peux dire ça alors que tu sais que j'ai raison ? Jamais tu ne devrais le voir. C'est un monstre ! »

- « C'est **ma** décision, Curtis ! » hurlai-je, furieuse. « J'en ai assez que d'autres décident pour moi. »

Ses mains glissèrent nerveusement dans ses cheveux. Je savais qu'au fond, il tentait simplement de me protéger. Mais une part de moi, cette part abîmée et méfiante, celle qui détestait être contrôlée, refusait de l'accepter. Je détestais l'idée d'être protégée, même si dans ses bras, je me sentais en sécurité.

- « J'ai besoin d'air, » lâchai-je en me dirigeant vers la porte de l'appartement, précipitée.

- « Ne pars pas comme ça, Ev ! » me supplia-t-il, désespéré.

- « Je ne suis pas en colère, » mentis-je, essayant de garder mon calme. « J'ai juste besoin de réfléchir. »

- « D'accord... » répondit-il, résigné. Il savait bien que lorsque je disais ça, il ne servait à rien d'insister. Besoin d'air, c'était mon code pour dire "laisse-moi tranquille". Parfois, j'avais simplement besoin de fuir sans savoir exactement pourquoi.

Je ne sais plus combien de temps j'ai marché dans la ville, errant sans but précis. Tout était flou. Quand mes pensées se remirent en place, je me trouvais près du pont, un endroit familier que je visitais souvent. Le printemps approchait, et la falaise était couverte de fleurs sauvages. Dans ce coin de la ville, tout semblait si paisible, si simple.

Le Golden Gate Bridge se dressait, majestueux, ses immenses piliers rouges contrastant avec le ciel gris-bleu. Assise parmi les petites fleurs jaunes, j'ai tendu la main vers le pont. Il me paraissait si proche, presque à portée de main, mais mes doigts ne touchèrent que de l'air. Le pont, imposant et inébranlable, était comme un rappel de ce que je ne pouvais pas atteindre.

Cet endroit, je le connaissais depuis toujours. Quand j'étais petite, c'était ici que je venais quand je passais d'une famille d'accueil à une autre. Je rêvais que mes parents viendraient un jour me chercher et me sortir de cet enfer. Mais ce jour n'était jamais venu. À un moment donné, j'ai cessé de croire aux contes de fées, comme la plupart des enfants placés. L'espoir s'était dissipé, laissant place à des regrets amers.

Je pensais qu'Antoine serait mon chevalier en armure, mais il s'était révélé être bien pire que tous mes anciens cauchemars.

Je l'ai rencontré à l'âge de dix-huit ans, par hasard dans une boîte de nuit. J'étais bien trop jeune pour être là, mais cette nuit-là, il avait semblé être tout ce que je n'avais jamais eu : protecteur, séduisant, un peu plus âgé, et surtout, il me regardait comme si j'étais spéciale.

Pour nous deux, c'était un coup de foudre. Dès que la musique a commencé à résonner et que nos regards se sont croisés, il n'y avait plus personne d'autre que lui. Il avait vingt-deux ans à l'époque, un homme, un vrai, qui semblait savoir ce qu'il voulait. Moi, j'étais juste une gamine paumée qui rêvait d'évasion.

Je n'ai jamais eu de famille aimante. Grandir en foyer, ça ne laisse pas beaucoup de place aux doux souvenirs. Je me débrouillais toute seule, mais il n'y avait jamais eu quelqu'un pour me dire que l'amour pouvait être destructeur.

Avec Antoine, je me suis laissée consumer. Très vite, il est devenu tout pour moi. J'ai perdu de vue qui j'étais, où je commençais et où il finissait. Il me donnait tout ce dont j'avais besoin : la sécurité, l'affection, et surtout, il ne jugeait jamais mon passé. Avec lui, je me sentais complète.

Mais comme tout conte de fées, celui-ci a rapidement viré au cauchemar. Nous aurions pu avoir une fin heureuse, mais au lieu de cela, ma vie a basculé, devenant un enchevêtrement de mensonges, de manipulations, et de peurs. Rien n'était jamais simple avec moi.

Et c'est là que tout a dérapé.

C'était un matin brumeux, et le silence de la ville ne faisait qu'amplifier le tumulte à l'intérieur de moi. Je ne savais pas vraiment pourquoi cette journée-là, parmi tant d'autres, j'avais ressenti le besoin de sortir marcher, comme pour échapper à quelque chose d'invisible. Pourtant, au fond, je savais très bien à quoi j'essayais d'échapper : à mes propres pensées, aux souvenirs qui me tourmentaient.

Je marchais sans destination précise, mes pas me menant instinctivement vers un vieux parc près du centre-ville. C'était là, dans ce lieu tranquille, que j'avais souvent trouvé un réconfort illusoire. Mais aujourd'hui, il n'y avait pas de réconfort. Il y avait juste la froide réalité qui me rattrapait.

Cela faisait maintenant des années que je partageais ma vie avec Antoine. Au début, tout semblait être parfait, presque trop parfait pour être vrai. Il avait ce charisme fou, cette assurance tranquille qui m'avait attirée dès la première seconde. Il parlait toujours de ses « affaires » avec un sourire en coin, mystérieux, sans jamais vraiment me donner de détails. Chaque fois que je posais une question, il éludait, me caressant doucement la tête et me répondant par une vague explication. "Je travaille à la bourse, tu sais bien", répétait-il, comme si cela suffisait à tout expliquer.

Mais au fond de moi, quelque chose n'allait pas. J'avais cette petite voix intérieure qui murmurait sans cesse que ses activités n'étaient pas aussi claires qu'il le prétendait. J'aurais dû l'écouter, cette petite voix. Mais je l'ai ignorée, aveuglée par les apparences, par la promesse d'un avenir doré à ses côtés.

Les choses ont rapidement changé. Plus il réussissait, plus il devenait possessif, comme si sa réussite l'avait transformé. Son attitude était de plus en plus oppressive, et je me sentais chaque jour un peu plus étouffée. Lors des rares soirées où nous sortions, il surveillait chacun de mes gestes. Un simple regard échangé avec un autre homme, même par inadvertance, déclenchait une tempête. Il me tirait dans une pièce à l'écart, me rappelant violemment à qui j'appartenais, comme s'il avait besoin de prouver encore et encore que j'étais sa propriété.

Et puis, un jour, les sorties cessèrent complètement. Il m'enferma dans une prison dorée, notre maison devenant une cage dont je n'avais plus le droit de sortir. « Tu es à moi. Rien qu'à moi », disait-il sans cesse, comme s'il essayait de me convaincre de quelque chose que je ne pouvais déjà plus nier.

            
            

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