C'est justement ça le problème. L'ancien était un enfer...
Moi: J'ai pas besoin d'amie tant que je t'ai toi. Et puis des amies je pourrais facilement en trouver sur les réseaux sociaux. J'ai pas besoin d'aller dans un lycée pour m'en faire.
Maman: On ne devient pas ami avec quelqu'un après quelques heures passées devant un ordinateur ou un téléphone à tchater ma chérie. On le devient en ayant l'occasion d'apprendre à connaître cette personne à chaque jour qui passe. À la voir , à rire avec elle, à pleurer, à compter sur elle quoiqu'il arrive et à être une aide aussi pour cette personne et c'est ce que je veux pour toi tu comprends?
Elle ne comprend pas...
Conscience: Explique lui...
Je peux pas...
Je détourne le regard, contrariée ce qui la fait soupirer avant de finalement prendre place sur la chaise à ma droite. Je sentis sa main se poser délicatement sur ma joue.
Maman: Ma princesse regarde-moi.
J'arrimai mon regard au sien et l'amour que j'y vis me bouleversa comme toujours.
Maman : Je t'aime et je veux le meilleur pour toi. Et c'est pourquoi je souffre tant à chaque fois que ton équilibre se retrouve chamboulé par mes... responsabilités. Tu commençais à peine à t'intégrer à Westford que nous avons dû déménager ici et je sais que cela t'a complètement bouleversée. J'en suis désolée.
Moi: Nooon! Pourquoi tu t'excuses? C'est pas ta faute. Je-...
Maman : Bien sûr que c'est ma faute. Je suis ta mère. C'est à moi de veiller à ce que tu sois heureuse mais même une vie normale d'adolescente je n'ai pas pu te la donner. Je...je ne peux pas m'empêcher de me dire que...le moins que je puisse faire c'est m'assurer que tu puisses t'épanouir dans une bonne école et pouvoir être heureuse au milieu de gens de ton âge. Est-ce que j'ai tort?
Moi: Non! Evidemment que non!
Maman : Pourquoi tu ne veux pas y aller alors ? Donne-moi une seule bonne raison de ne pas t'amener dans cette école et tu n'iras pas.
Conscience: Vas-y c'est le moment de le faire. Dis-lui comme ça tu n'auras plus à souffrir. Allez Chelsea c'est maintenant ou jamais.
Moi: Je...je...
Je ne peux pas...
Moi: Y en a aucune.
Soufflai-je en baissant la tête.
Moi: Je vais me changer...mon pull est tout tâché.
Maman: Chelsea...Tu me le dirais si quelque chose te tracassait n'est-ce pas ?
Piètre menteuse que j'étais...je préférai monter dans ma chambre en silence soupirant une fois à l'intérieur en me laissant retomber sur mon lit.
Conscience : Tu viens de signer ton arrêt de mort. Tu le sais au moins?
Un peu que je le sais mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Elle était tellement triste que je refuse d'y aller.
Conscience :Elle le sera encore plus en découvrant la mascarade.
Pas moyen. Pour ça faudrait que Westford se déplace miraculeusement ici.
Conscience :Ou que ce qui s'est passé là-bas se reproduise ici aussi.
Impossible...On est au milieu de nulle part dans cette ville. Comment les choses pourraient-elles être pareilles? Clairement non! Westford et ses démons sont derrière moi. Rost High School est un nouveau départ...
***
Maman: Prête ?
Moi: Hm hmm.
Maman: Ne sois pas si morne ma princesse. On dirait que tu vas à ton enterrement.
Ce que tu peux avoir raison maman... ce que tu peux avoir raison...
Moi: T'inquiètes pas. Tout va bien.
Maman : Tu en es sûre ? Tu es aussi sûre que tu veux garder ce pull? Il fait au moins vingt degrés.
Moi: Sûre sûre maman. On peut y aller s'il te plaît ? Tu risques de rater ta réunion.
Maman : Cela m'importe peu. Je veux savoir si tu vas bien. Je sais que c'est nouveau pour toi tout ça; cette ville, cette maison, ce lycée mais je suis convaincue que tu vas réussir à prendre tes marques et te faire tout plein d'amis. Tu sais pourquoi j'en suis convaincu ?
Moi: Parce que t'es ma mère ?
Maman : Parce que tu es la fille la plus géniale du monde. Une princesse avec un cœur capable d'engloutir le monde entier et qui plus est la mienne. Alors fais-moi ton plus beau sourire et répète avec moi: Je vais cartonner grave!
Moi: Mamaaan...
Maman : Je vais cartonner grave. Je vais cartonner grave. Je...
Moi: Je vais cartonner grave.
Maman : J'ai rien entendu.
Moi: Je vais cartonner grave !
Maman : Plus fort. Je veux refaire les vitres de cette maison.
Moi: JE VAIS CARTONNER GRAVE ET CASSER LA BARAQUE !
Maman : Tout compte fait on va laisser les vitres intactes. Pour le bien de mon portefeuille.
Moi: Radine va.
Je ris.
Maman : Bah voilà. Enfin je te retrouve et maintenant allons-y sinon on va vraiment être en retard.
Moi: Je te l'avais dit.
Maman : Bon dernière chance. Tu es sûre que tu ne veux pas enlever ce pull?
Moi: Mamaaaan...
Maman : Ok d'accord je n'insiste plus. Oh mon Dieu cette fille et ces pulls...
Jura-t-elle en levant les yeux au ciel.
*
Maman : Tu m'appelles s'il y a un problème ok?
Moi: Oui oui.
Maman : Tu as tout ce qu'il te faut tu es sûre ?
Moi: Hein hein.
Maman : Tu as de quoi prendre un taxi au cas où ?
Moi: Oui maman.
Maman : Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'accompagne à l'intérieur ?
Moi: Non maman ça ira.
Maman : Hum et...
Moi: Maman tout va bien se passer.
Enfin j'espère....
Maman: D'accord.
Murmura-t-elle pas du tout rassurée. À croire qu'on avait échangé nos rôles dans la voiture. C'est moi qui étais censée m'inquiéter et maintenant c'est moi qui la rassure.
Moi: je vais y aller alors.
Maman : D'accord. Tout va bien se passer ma chérie d'accord ?
Moi: Je vais cartonner.
Maman : Tu vas cartonner.
Moi: Bonne journée alors...
Maman : Bonne journée ma puce. Je t'aime...
Dit-elle la voix tremblotante. Émue, je répliquai que moi aussi puis regardai la voiture s'en aller. J'inspirai ensuite un bon coup en pivotant pour observer la façade du lycée.
Wow! Maman n'avait pas menti. La devanture du lycée était tout en vitre et marbre , abordée par de larges marches d'escaliers en béton, en un mot : élégant...
Comme Westford Highschool...
Pas rassurant du tout...
Mais non...je ne dois pas être négative. C'est pas un crime d'être présentable. C'est un lycée normal avec des élèves normaux. Tout va bien se passer et je vais cartonner grave.
Oui! Au nom de ma collection de nounours au chocolat tout ira bien!
Boostée, je gravis les marches en rajustant nerveusement les sangles de mon sac à dos non sans me faire bousculer par quelques élèves au passage et je profitai que l'un d'eux ait ouvert la porte pour m'y engouffrer le plus vite possible seulement, aussitôt que ce fût fait je regrettai mon geste.