Je n'ai pas lésé les moyens pour lui offrir l'anniversaire de ses rêves comme elle l'avait expliqué en détail. Ses nombreux cadeaux font encore office de vue devant nos yeux. Des cadeaux de la part de toute la famille et les amis. Tout le monde a été présent lors du découpage du gâteau sauf bien sûr le padré. C'est un habitué des faits mais encore une fois, ça fait mal de voir combien le bonheur de sa fille compte pour lui.
Moi : d'accord viens je vais t'accompagner dans ta chambre. Ton père doit être sûrement retenu par l'embouteillage mais t'inquiète dès demain on va lui tirer les oreilles.
Khadija : mais il est plus fort que toi.
Moi : oh non regarde mon bras, maman est très forte.
Khadija (riant) : haha
Moi : allez viens madame la reine de Saba
Khadija : descendant d'une lignée de grandes souveraines guerrières
Moi : tu es ma guerrière
On arrive dans sa chambre, je l'aide à se déshabiller pour changer sa tenue contre un pyjama avant de lui demander d'aller se brosser les dents.
Puis je me laisse tomber sur son lit, la main sur la tête. Je ferme les yeux quand un mal de tête terrible me saisit au même moment. J'ai envie de vider ma tête mais je n'y arrive pas trop de choses s'y bousculent, mon passé défile devant mes yeux et je ne peux le réfuter en sachant tout ce que j'ai fait de mal.
C'est le retour de ma fille qui me sort de mon état de nervosité.
Khadija : je t'aime maman
Moi : moi aussi je t'aime, tu veux je te lise une histoire ?
Khadija : oui j'aimerais bien Sira et le sorcier
Moi : d'accord alors écoute : Il était une fois dans la savane Ouest Africaine une belle fille. Elle s'appelait Sira. Sira était belle comme l'aurore. Elle avait les dents blanches, on dirait du coton au soleil. Sira avait un cou droit, une poitrine bien dégagée. Les perles qu'elle portait autour de ses reins chantaient et louangeaient sa beauté et son charme. Bref Sira était tout ce qui peut évoquer chez un homme l'envie de la posséder, de l'épouser, de la garder jalousement au fond de sa case.
Quand Sira était enfant, elle avait un ami du nom de Bani. Bani et Sira avaient grandi ensemble et étaient très proches. le village les appelait mari et femme s'était tissé une certaine connivence entre les deux familles. Elles s'associaient mutuellement pour de bonnes et aux mauvaises causes...
Dès qu'elle s'endorme, j'éteins la veilleuse avant de me diriger vers ma chambre, le pas lourd et lasse de cette journée. Je vais penser à déballer les cadeaux avec Khadija demain. Pour le moment, tout ce que je veux, c'est avoir la force pour le confronter dès son retour.
Heureusement, la chambre de notre fille se trouve dans l'autre couloir. Parce qu'aujourd'hui je ne suis pas prêt à laisser passer.
Je l'avais prévenu avant son départ et il m'avait dit être là avant dix-huit heures puis vers dix-sept heures je l'avais rappelé et je suis tombée directement dans sa boîte vocale. J'avais réessayé encore et encore mais c'était toujours la boîte vocale qui me répondait. J'ai joins son boulot, mais ils m'ont dit qu'il avait quitté depuis ce matin.
Je ne le comprends pas, même pour une seule journée, pour sa fille, il ne peut pas le lui accorder.
PLUS TARD*
C'est aux environs de trois heures du matin que la serrure fait bruit en s'ouvrant. Couverte, je fais semblant de dormir alors que je sens ses pas presque partout dans la chambre. Quand il entre et ferme la porte de la salle de bain, je décide de me relever en me posant sur l'accoudoir.
Il ne faut pas longtemps avant de voir la porte se rouvrir comme il avait une serviette sur la tête, il faut du temps avant qu'il ne s'aperçoive que je le regarde.
Yatma : tu ne dors pas ?
Je le fixe avec toute la haine que je peux ressentir à son égard, je le regarde alors que si j'avais des mitrailleuses à la place des yeux, il serait en ce moment sous pied sous terre.
Moi (furieuse) : je me demande parfois si tu connais la honte.
Il soupire et tire la couverture de son côté pour se placer.
Moi (gueulant) : pourquoi tu es sans vergogne Yatma Dièye ?
Il se stoppe net en me fixant ahuri
Yatma (me regardant) : eh ! je ne te le permets pas.
Moi (hurlant) : me permettre quoi ? De te qualifier de sans vergogne, de salaud, de bon en rien.
Il se rapproche dangereusement de moi et tout ce qui attire mon attention, c'est ce parfum suave de femme qui sent à des kilomètres. Je m'empresse de me lever pour lui faire face avec le dégoût qu'il m'inspire.
Moi (hors de moi) : salopard
Yatma (me fixant) : tu commences à dépasser la limite Asma et je ne te permets pas.
Moi (le bousculant) : tu n'as rien à me permettre je te le répète. Tu es un sal égoïste, un poison silencieux. Aujourd'hui pour la chatte de tes maîtresses, tu as loupé l'anniversaire de ta fille.
Yatma (silence) : ...
Moi (énervé) : c'était la tour de qui cette fois ci ? Fatima, Nafissatou... oh non celle-là, tu l'as jeté aux oubliettes (la main sur le menton) laisse-moi réfléchir... oh cela doit être ta nouvelle coqueluche Éva ?
Il soupire en secouant la tête, il ne va rien dire parce qu'il sait que c'est la vérité, que tout ce que je suis en train de dire est la stricte et pure vérité.
Moi : bravo, tu m'épates de jour en jour.
Yatma : ça suffit !
Moi (haussant le ton) : crie autant que tu veux, ça ne m'empêchera pas de parler, que tu le veuilles ou non. Je te le répéterai. Je ne suis pas une femme parfaite certes mais au moins, je connais mes priorités.
Yatma (pouffant) : tu me fatigue à la fin, je vais dormir dans une autre chambre.
Moi : que tu dors ici ou non je m'en contrefous, après tout ça ne change rien de d'habitude.
Yatma (sortant) : pff
Dès qu'il claque la porte en partant, je laisse couler mon amertume, ma douleur, mon chagrin. J'ai l'impression de suffoquer que mon cœur va me lâcher, cette sensation est tellement pénible que je sens qu'un jour ou l'autre elle me conduira dans la tombe.